Pour recevoir les liens de L'Insolent, il suffit de le demander à son rédacteur en cliquant sur ce lien.
Une réforme étatiste de l'assurance chômage a été annoncée ce 26 février par le Premier ministre, flanqué de Muriel Pénicaud. Ses modalités inquiètent déjà une partie non négligeable de l'électorat cible de l'actuelle majorité.
Cette démarche mérite sans doute une réflexion plus radicale.
Elle éclaire d'abord, en effet, un des vices fondamentaux de notre système d'élection présidentielle depuis la réforme de l'article 7 en 1962.
Un peu d'histoire permet de mieux comprendre la question et la situation. Rappelons à cet égard que l'équilibre constitutionnel initial, prévu en 1958, supposait que le chef de l'État fût élu au suffrage indirect, par un collège de grands électeurs ressemblant à celui du Sénat. On ne passa au régime plébiscitaire actuel que pour des raisons circonstancielles, et au prix d'un référendum douloureux. De Gaulle imaginait alors de recourir à l'idée proclamée depuis son discours de Bayeux de 1947, revendiquant l'adossement de l'État à ce qu'il appelait le peuple dans ses profondeurs.
Or, dès la première application, en décembre 1965, du nouveau mode d'élection, au suffrage universel direct, l'illusion se dissipa.
Le fondateur de la cinquième république lui-même, très déçu, et même ulcéré, d'avoir été mis en ballottage, changea d'orientation sur des questions essentielles : "j'irai, déclara-t-il dès 1966, après un second tour qui avait pourtant polarisé un affrontement, alors inédit, entre droite et gauche, plus loin que leur front populaire".
Depuis un demi-siècle, nous subissons de la sorte un détournement de légitimité.
Au gré des campagnes électorales, les candidats énoncent des programmes. Ceux-ci outrepassent à la fois les choix de l'opinion et les prérogatives constitutionnelles de la présidence qu'ils ambitionnent de conquérir.
Tel détail inaperçu de leur plateforme est alors invoqué après coup. On le présente comme une promesse : ainsi de l'affaire de l'assurance chômage.
En 2017, l'actuel chef de l'État fut élu en grande partie par défaut, et sur une image de réformateur, plutôt libéral, destiné à nous prémunir des extrêmes. Mais son programme officiel prévoyait, ou plutôt ouvrait la voie à des choses bien différentes.
Personne n'y prêtait attention mais il disait, parmi tant d'autres choses : "Parce que tous seront désormais couverts quel que soit leur statut, l'État prendra en charge le pilotage du système d'assurance-chômage. Il y associera l'ensemble des parties prenantes, et en particulier les partenaires sociaux".
Combien de Français ont voté pour cette proposition ?
Combien même l'ont lue ?
Les conséquences de cette orientation se révéleront assurément comparables à celle du plan Juppé et des ordonnances signées Barrot de 1995-1996, sur une taille plus réduite, certes, mais assurément aussi funestes.
Dès maintenant, on s'apprête à réduire les garanties accordées aux cadres, sans envisager de diminuer leur contribution.
Avec quelque 31 % des cotisations, les cadres ne reçoivent que 15 % des prestations de l'UNEDIC. Ce dernier pourcentage semble encore trop élevé pour les doctrinaires de la répartition et pour les techniciens de la redistribution.
La pratique de l'étatisme tournera ainsi de plus en plus le dos aux principes de l'assurance.
Cessons par conséquent de prendre au sérieux les prétendues promesses électorales factices. N'hésitons pas d'en dénoncer même le caractère inconstitutionnel. En droit comme en fait, elles n'engagent personne.
Dans cette affaire, notre technocratie régnante dévoile une intention ultime, au mépris du droit, de marche vers le collectivisme. L'urgence impose la réduction du périmètre de l'étatisme : la nationalisation annoncée de ce qu'on appelle toujours l'assurance chômage tend au contraire à l'élargir encore.
Erreur fatale.
JG Malliarakis
"En 2017, l'actuel chef de l'État fut élu en grande partie par défaut"
On ne le répétera jamais assez.
Le pire est que tout est fait pour que ce scénario se reproduise en 2022. D'où la permanente mise en avant par les médias du Système de l'abjecte Marine Le Pen, destinée à faire entrer dans les têtes qu'elle est la seule opposition à M. Macron.
Comme je l'ai déjà dis, si le mouvement des Gilets jaunes pouvait neutraliser cette manœuvre, ça serait déjà en soi une victoire sur le Système (dont là aussi on ne le répétera jamais assez les Le Pen toutes générations confondues font partie et en sont même un élément essentiel; je reconnais comme beaucoup d'autres m'être un temps laissé abuser par le fondateur de cette peu recommandable "dynastie").
Rédigé par : RR | jeudi 28 fév 2019 à 13:57
Complément au précédent message:
Même si je m'honore de n'avoir jamais contrairement à beaucoup été "lepéniste" mais seulement un "compagnon de route". Il s'agissait de soutenir aux élections celui chez lequel je retrouvais quelque peu certaines de mes idées et ce dans le cadre d'un programme de Salut public, mon idéal étant ailleurs (à supposé qu'il y ai eu un idéal au Front National en dehors de "Le Pen président !").
Rédigé par : RR | jeudi 28 fév 2019 à 21:44
J'avoue n'être que faiblement scandalisé par ce mouvement vers l'étatisation du paritarisme.
La Sécurité sociale et les institutions périphériques sont l'incarnation même du coup d'Etat communiste permanent.
Certes, en théorie elles sont (un peu) détachées de l'Etat et gérées par les "partenaires sociaux", mais en pratique, cela veut dire qu'elles échappent encore plus à l'autorité des citoyens que les fonctionnaires, qui ont, tout de même, certaines obligations et certaines habitudes positives à cet égard.
A côté des employés de l'URSSAF et de la Sécurité sociale, les fonctionnaires des impôts sont des parangons de civilité, de rigueur démocratique et de dévouement au contribuable.
Quant aux moeurs syndicales de ces messieurs les paritaires, entre les valises de billets (MEDEF) et le banditisme pur et simple assorti du stockage de milliers de fusils sur le lieu de travail en vue de la révolution (CGT), je ne crois pas qu'on retrouve l'équivalent chez les fonctionnaires.
Et je ne suis pas particulièrement réputé pour dire du bien des fonctionnaires.
Quitte à vivre en régime étatiste, cela ne me choque pas que les responsabilités soient claires et que les gouvernants gouvernent.
Bien entendu, tout cela devrait être largement privatisé, mais c'est une autre question.
Que voulait dire exactement de Gaulle avec son "J'irai plus loin que leur Front populaire " ?
Rédigé par : Robert Marchenoir | jeudi 28 fév 2019 à 23:35