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Comme trop souvent dans ce qui tient lieu de démocratie, terme qu'on identifie en occident, depuis quelque 2 500 ans à la libre confrontation des points de vue, dans notre pays, l'arbre cache la forêt.
Le fait même, peut-être, que nous confondions représentation nationale, consentement des contribuables à l'impôt, gouvernement du peuple et souveraineté de l'opinion, permet aux manipulateurs du sentiment public d'imposer leurs vues. Et trop souvent, leurs intérêts.
Quel arbre, dans ce qui pourrait être appelé l'affaire Chantal Jouanno, cache ainsi quelle forêt ?
Une première information a conduit à son retraite en tant qu'organisatrice du grand débat national imaginé par l'Élysée pour répondre à la crise des gilets jaunes. La rémunération de la présidente de la CNDP, Commission nationale du débat public, a été révélée inopinément. Elle a immédiatement été jugée fort élevée, et ressentie pratiquement pour disqualifiante, à hauteur de 14 666 euros bruts, avant impôts et charges sociales. Cette somme, qui peut paraître quelque peu excessive aux yeux du plus grand nombre, a pourtant été fixée par l'État.
Dans un pays qui crève d'égalitarisme, cela fait scandale et semble justifier qu'elle renonce au rôle que son organisme exerce dans de nombreux dossiers techniques très sérieux et, disons-le, autrement plus importants, en fait, pour l'avenir du pays tels que les tracés des autoroutes ou des voies de chemin de fer.
Étrangement quelques jours plus tard on découvre que le sacro-saint Défenseur des Droits, le Toubon, dont le rôle et les interventions mériteraient sans doute un examen critique légitime, touche, pour sa modeste part, environ le double. Mais personne n'envisage de demander ni la révision à la baisse de ses émoluments, ni qu’il restitue un quelconque trop perçu, ni, encore moins qu'il déguerpisse. Issu des réseaux chiraquiens, voilà un personnage au-dessus de toute contestation. Remarquez d'ailleurs combien les produits de ce sérail si funeste et si médiocre, font encore partie des personnalités que l'on nous présente comme les plus aimées des Français entre Omar Sy et Jean-Jacques Goldman.
Les sinécures trop bien payées abondent encore en notre république. Et cette plaie ne concerne pas particulièrement la CNDP. On pourrait se demander, par exemple, si ce qu'on appelle l'audiovisuel public en est exempt, avec un budget de 4,5 milliards d'euros que personne n'envisage de revoir à la baisse. Cette situation archaïque d'ensemble, celle des emplois dits publics, que la Constitution réserve au bon vouloir du prince, semble à comparer avec celle de la période de transition 1815-1834 en Angleterre, c'est-à-dire avant la réforme électorale, le règne de Victoria et l'organisation du parti conservateur[1]. Mais nos technocrates, nos commentateurs agréés et autres professionnels de la désinformation ne s'intéressent pas à l'Histoire de la Grande-Bretagne.
Or, de façon tout à fait parallèle, on a appris ce 25 janvier, au gré d'un débat sur LCI[2], que Chantal Jouanno révèle la différence programmée entre la tournée de communication personnelle du chef de l'État, et la manière dont aurait pu et aurait dû être organisée une consultation directe des Français.
Voilà la deuxième affaire, ou le nouvel aspect de l'affaire Chantal Jouanno. Laissons aux complotistes le soin de répondre à la question posée par Emmanuel Galiero dans Le Figaro qui ose demander : "Reste à savoir qui a voulu sa peau en jetant sa rémunération sur la place publique."
Manifestement, en effet, l'Élysée a pris la responsabilité, et le risque, de court-circuiter cette consultation rebaptisée grand débat national : élégamment, telle parut l'impression des premiers jours, lourdement, telle devint l'impression se dégageant par la suite. Après avoir snobé les 550 000 élus locaux au début de son mandat, Jupiter a redécouvert le maillage indispensable des maires, sans lequel le tissu national se déchirerait.
Voilà au moins un [petit] progrès pensera-t-on. Il reste pas mal d'efforts à accomplir encore pour que nous retrouvions l'impression de vivre vraiment dans un pays libre.
JG Malliarakis
Apostilles
[1] Ce que décrit le roman manifeste de la Jeune Angleterre écrit par Disraëli : Coningsby ou la jeune génération.
[2] cf. sur le site du Figaro.
ATTENTION aux fautes d'orthographe qui ne sont que d’inattention ou de non relecture
En toute sympathie.
Petite réponse
Merci de me les avoir signalées. J'ai apporté quelques corrections. Le Canard enchaîné écrirait "pan sur le bec".
Rédigé par : goufio | dimanche 27 jan 2019 à 08:49
Actualité des Gilets jaunes par Michel Drac:
https://www.youtube.com/watch?v=HAJ6vptDD44
Rédigé par : RR | dimanche 27 jan 2019 à 17:17
Raiponse a goufio : c pa d fote dortograf, mé d fote 2 frap. voyez le fond (nourri et instruit) plutôt que la forme. Mersi goufi. ban sur le pec!
Petite réponse
Je suis, quant à moi, toujours reconnaissant à mes lecteurs vigilants qui me signalent fautes de frappes et erreurs.
Cordialement à vous, cher Ami, qui réagissez si souvent avec humour.
Rédigé par : minvielle | lundi 28 jan 2019 à 13:51
Je préférais la Chantal Jouanno qui excellait sur les tatamis.
Comme pour Guy Drut, on peut dire que la politique l’a rendue infréquentable.
La politique professionnelle est une activité qui contrairement aux autres permet souvent à des personnes qui ne sont dotées d’aucune compétence dans aucun domaine de faire carrière et de bénéficier de salaires considérables, et ce sans trop se fatiguer. Il ne faut pas s’étonner alors si elle est très prisée par les bons à rien. Se forment même parfois de véritables dynasties dont la médiocrité et le parasitisme sont les principales caractéristiques.
Rédigé par : RR | lundi 28 jan 2019 à 18:47
"Dans pays qui crève d'égalitarisme". Votre petite phrase hélas bien vraie m'a amené à la conclusion que la situation d'abandon dans laquelle se trouve nos concitoyens des Gilets Jaunes est due à l'inégalitarisme. Ou, autrement dit, tout l'égalitarisme pour certains et rien pour eux. Je m'explique :
Certains s'étonnent que ce qu'on appelle "les banlieues" ne bougent pas. Je propose une explication. Les banlieues ne bougent pas parce que l'égalitarisme républicain n'a pas cessé de leur apporter les investissements, les subventions, les aides et mesures de toutes sortes, qu'il n'a précisément pas apportés - depuis des décades - aux autres citoyens vivant dans les "campagnes", le terme de région serait peut être plus approprié. On se souvient par exemple du plan Borloo et de sa politique dite de la ville qui irriga lesdites banlieues de 10zaines de millards d'euros. Rien n'était trop bien pour chacun des Hlm.. On connaît aussi les efforts déployés par l'Éducation nationale dans les banlieues dites défavorisées ; aujourd'hui les classes sont d'ailleurs dédoublées. Et les instituts de Sciences Po ne manquent pas de ces jeunes des banlieues qui entrent par mesures de faveur républicaine. Ces banlieues ne manquent pas non plus d'hôpitaux modernes, d'équipements de loisirs et sportifs, de bus et de tramways. Etc.
Bref les dénommées banlieues ont tout ce que les grandes villes ont, et même plus.
Elles ont reçues précisément ce dont les campagnes ont été privées. Aux banlieues les équipements modernes et les subventions, les zônes franches et les ateliers d'audiovisuels, comme de textiles, les incubateurs de start up, les clubs sportifs pour la jeunesse avec les formateurs sportifs qui conviennent (d'où les succès sportifs mondiaux des BBB, et la désindustrialisation, avec l'arrêt de la politique d'aménagement du territoire de feu la DATAR, la fermeture des équipements publics (gares, postes). Même le Tgv ne s'y arrête pas.
Vous avez compris que j'en conclu que c'est ce qui a mis une partie de nos compatriotes dans une reelle situation d'abandon républicain - qui les a amené à manifester avec l'énergie du désespoir - C'est l'excès de soins apportés aux banlieues qui ont récolté tous les efforts de l'égalitarisme républicain, ... devenu un inégalitarisme notoire resté inaperçu jusqu'à cette révolution, que le gouvernement républicain veut maintenant écraser par la force. Là est la honte.
C'est ainsi que la République a abandonné ce qui faisait une de ses qualités il faut le rreconnaître : équiper des régions encore mal desservies par la route (Bretagne), créer des industries dans des régions non industrialisées ou en voie de désindustrialisation avec des succès parfois certains (Airbus, Ariane, Fos sur mer et Dunkerque etc.), et permis aussi à des fils de paysans n'ayant pas la culture des bourgeois des villes, d'accéder à Polytechnique.
Encore une fois l'État a créé le mal en pensant faire le bien. Et je ne parle pas ici de l'idéologie dominante de gouvernements qui veut qu'on donne plus aux étrangers qu'aux nationaux. Je constate seulement les faits.
La révolution des Gilets Jaunes trouve donc ses racines plus loin que le seul fiscalisme écologique qui a été un détonateur, elle vient d'une grave fracture créée par l'État qui a abandonné les Français des campagnes.
Une fracture qui n'est pas sociale mais territoriale et dans une certaine mesure ethnique, de facto. Mais les Gilets Jaunes n'en veulent pas aux gens de ces banlieues et c'est tant mieux. Que ce gouvernement et ses médias les accusent ci et là de populisme blanc avec des "on ne voit pas beaucoup de populations issues des banlieues dans vos manifestations ?" ajoute de la honte au désastre. Honte à ce pouvoir tyrannique qui montre qu'il n'a rien compris - ou fait comme - et qui utilise la police comme une armée contre des Français qui appellent pacifiquement au secours. Or ce qui ferait du bien au pays c'est que ces énarques qui monopolisent tous les pouvoirs - que leur prêtent les oligarques mondialistes - comprennent enfin les fondements de cette révolution. Je comprends avec vous pourquoi ils ont évincé Chantal Joanno, ... des fois qu'elle fasse émerger cette réalité d'un abandon républicain, profondément inégalitaire.
Rédigé par : Dominique | lundi 28 jan 2019 à 19:45
https://www.ecfr.eu/article/commentary_can_emmanuel_macrons_great_national_debate_save_his_presidency
Comment manipuler les "populistes français qui s'expriment par les gilets jaunes ", selon une start up parisienne d'opinions travaillant pour le CFR européen basé à Londres. Ou, si on lit entre les lignes, comment le CFR européen est à l'origine de l'idée du "grand débat " exécuté par Macron.
Rédigé par : Dominique | samedi 02 fév 2019 à 12:54