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Ce 30 janvier, la droite montait au créneau. Elle se dressait, plus courageusement que d'habitude, contre toute forme de complaisance vis-à-vis du reliquat des djihadistes titulaires abusifs d'un passeport de l'État central parisien.
Le soir, dans son éditorial du Figaro[1], Vincent Tremolet de Villers, posait le problème de façon très claire : "Ils étaient français, écrivait-il en effet, mais ils sont devenus djihadistes. Ils voulaient, c'étaient leurs termes, 'mettre la France à genoux'. Ils ont rejoint l'Irak ou la Syrie pour faire flotter sur le monde le drapeau noir du califat. Frères en crime de ceux qui, depuis 2015, ont fait, sur notre sol, plus de 250 victimes. 'Soldats' de l'État islamique, ils ont perdu leur bataille, pas leur guerre. Le djihadisme est patient mais tenace, il sait s'adapter à des situations mouvantes. On voudrait pourtant que ces bourreaux ou leurs complices bénéficient d'un trésor qu'ils ont combattu de toutes leurs forces : l'État de droit." Et il ajoutait : "Ils ont joué de notre pusillanimité, ils brandiront demain les principes qu'ils voulaient réduire en cendres. Ces droits nous exposent autant qu'ils les protègent." Tout est dit.
Le même jour à l'Assemblée nationale, passe d'armes entre droite et gauche, sur le même sujet. Ne perdons pas de vue que cette ligne de fracture recoupe aussi la réaction de rejet, de la part de nos compatriotes, dans leur majorité, vis-à-vis du surplus de migrants[2] inassimilables.
Sur ce terrain d'ailleurs on pourrait se souvenir du fameux poème d'Aragon, à propos de la résistance, unissant dans un même combat, selon sa formule "ceux qui croyaient au Ciel et ceux qui n'y croyaient pas"[3]. Se rangeant résolument lui-même dans la première catégorie, votre chroniqueur et serviteur préfère définir la seconde comme croyant à la Terre.
Cette bataille d'idées ne doit pas nous faire oublier le dossier très concret de ces retours dans l'Hexagone. Le mot rapatriement semble à cet égard particulièrement mal choisi car très ambigu, puisqu'il renvoie à un concept de patrie, de terre des pères.
La nouvelle ligne du gouvernement de Paris contredit certaines mâles déclarations antérieures, celles, très raisonnables, de Florence Parly ou même de François Hollande par exemple. Le changement de doctrine résulte du fait que la république se sent incapable de s'allier clairement, durablement et matériellement aux Kurdes, de les soutenir et de les armer, ce qui semble la seule carte crédible et fiable dans la région.
Désormais l'argument ministériel consiste à confier les djihadistes aux bons soins de l'institution pénitentiaire que le monde nous envie. Ceci, malgré le manque de moyens dont ses agents se plaignent à juste titre, et donc sous la responsabilité d'une administration de la Justice, elle-même très chichement dotée, et, de surcroît, empêtrée, magistrature comme chancellerie, dans une idéologie de gauche. L'une des dimensions de ce système de pensée consiste à croire en ce qu'on appelle déradicalisation, par l'effet de la bienveillance et de l'efficacité administratives, au terme d'une incarcération d'une durée moyenne ramenée à 5 ans, par l'effet des remises de peine. Autre antienne : la question supposée, bien entendu, attendrissante, des enfants[4], obligatoirement innocents, confondus avec les mineurs, juridiquement inexpulsables, nous assène-t-on doctement.
Tout ceci a été affirmé avec la plus désespérante obstination le 31 janvier, sur RTL, par Nicole Belloubet Garde des Sceaux.
La France s'apprête en effet à remettre en liberté plusieurs dizaines de djihadistes dès cette année 2019. Interrogée à ce sujet, elle a évoqué "une trentaine" d'individus concernés. "J'ai entendu, déclarait-elle, les chiffres les plus farfelus à l'Assemblée nationale hier. Un député parlait d'une centaine, ce n'est pas le cas". Et de nous assurer que ces individus, une fois en liberté, resteront sous le contrôle des autorités. "Lorsque nous sommes face à des détenus de ce type, il y a une évaluation de leur dangerosité, il y a un placement en quartier étanche. À la sortie, il y a évidemment un suivi extrêmement strict par les services de renseignement territoriaux", a souligné la ministre.
N'en déplaise à ce ministre, deux affaires récentes paraissent illustrer, s'il en était besoin, la méfiance que suscite, selon nous à juste titre, la ligne dominante de notre magistrature syndiquée. On vient de condamner, en effet, à de lourdes peines de prison deux policiers de la B.R.I., coupables d'avoir abusé des faveurs d'une apparente mythomane qui les avait clairement dragués, et à seulement 500 euros d'amende avec sursis la responsable de l'intouchable Syndicat de la magistrature dans l'affaire scandaleuse du "mur des cons".
Comment avoir confiance dans cette justice passoire, dans cette justice à deux vitesses, dans cette justice hypocrite, justice hémiplégique qui frappe toujours à droite ?
JG Malliarakis
Apostilles
[1] cf. L'éditorial du Figaro: "Retour impensable" en ligne le 30/01/2019 à 20h53, édition papier datée du 31.
[2] Encouragé par le fameux et calamiteux Wir schaffen das de Merkel du 31 août 2015, n'oublions pas que ce surplus annoncé a engendré, en juin 2016, la victoire du vote majoritaire en faveur du Brexit, en Angleterre et aux Pays de Galles, ainsi, dans les pays continentaux de l'Europe, une vague de mécontentement dont la France n'a pas le monopole.
[3] cf. "La Rose et le Réséda"
[4] Nous ne vivons pas, il est vrai, au royaume du maréchal Idi Amine Dada et de son proverbe africain "il faut tuer le crocodile quand il est petit".
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