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En 20 ans, le SMIC horaire brut, applicable à des semaines de 35 heures, soit 151 heures par mois est passé de 6,31 à 10,03 soit un multiplicateur de 1,58, nettement supérieur, quand même, à celui du point d'indice de la fonction publique. Car, de son côté, l'indice 100 des fonctionnaires représentait 5 623 euros valeur février 2017 contre 32 998 francs en 1998 soit 5 036 euros : un multiplicateur de 1,12. À l'inverse, on peut citer l'exemple du timbre-poste. Sous coût vient, lui, d'augmenter de 10 % soit pour une lettre prioritaire 1,05 euro contre 0,46 euro 20 ans plus tôt : le multiplicateur est un des plus élevé à 2,3. Pour un service déclinant.
Bien plus, la question lancinante du logement accapare entre 30 et 40 % du budget de nos compatriotes. Elle joue un rôle non négligeable dans les difficultés des jeunes ménages, dans la paupérisation des classes moyennes et dans les inquiétudes grandissantes du peuple français. Or, on l'occulte trop souvent, et l'INSEE la sous-estime[1] dans ses pondérations d'indice.
Ainsi, ce 7 janvier, en milieu de journée, le quotidien Le Monde pouvait titrer, sur ce que ses rédacteurs appellent la hausse inattendue des prix de l'immobilier[2]. À l'enquêtrice, Laurent Vimont, PDG de Century 21, est obligé d'en expliquer l'une des causes, la plus évidente : "l’appétit d’achat immobilier est toujours encouragé par le niveau très bas des taux d’intérêt, parfois même négatif, puisqu’au-dessous de l’inflation."
De la sorte, le prêt à taux zéro, invention contre-nature se voulant sans doute sociale, se retourne contre l'objectif auquel il était censé répondre.
Les vraies données de ce que nous appelons inflation retracent l'érosion monétaire. Or, trop nombreux sont les analystes et les décideurs qui confondent cette donnée avec l'augmentation de la quantité de monnaie, cause véritable de la hausse des prix.
L'irrationnel, l'émotionnel et le ressenti risquent de fausser encore plus la désignation des responsabilités, et par conséquent d'empêcher le rétablissement du libre jeu de l’économie.
Étrangement, dans le procès fait trop sommairement aux institutions communautaires, certes bancales et critiquables, et par conséquent améliorables, de l'Union européenne, appellation elle-même bien grise, la politique de l'une d'entre elle semble échapper à ce dénigrement : celle de la banque centrale de Francfort.
C'est pourtant bien la ligne directrice de Trichet d'abord, de modération des salaires, combinée, à partir de la crise de 2008, aux choix de Mario Draghi qui ont abouti à la distorsion artificielle des prix.
Celle-ci s’est trouvée alourdie par le monstrueux tribut social, institutionnalisé par la réforme Juppé de 1996. Elle a écrasé le pouvoir d'achat disponible : le niveau de vie des Français moyens a été pris désormais en sandwich – entre d'une part les prix contraints et/ou administrés, avec un très gros pourcentage d'immobilier inflationniste, et les charges d'une part, – et des gains stagnants d'autre part. La très lente évolution, voire la chute, des rémunérations des classes moyennes, aussi bien celles des fonctionnaires modestes que celles des travailleurs indépendants, a engendré la réalité de la vie chère. L'euro, en lui-même ne constitue pas la cause centrale.
À cette erreur de conception s'ajoute un préjugé de plus en plus répandu depuis 20 ans. Interrogez par exemple autour de vous à propos du prix de la baguette de pain dite parisienne. Sans même se préoccuper de l'évolution de sa qualité et de son poids, combien coûtait-elle au moment du passage à la monnaie unique. Comme son prix ordinaire chez les boulangers de beaucoup de grandes villes tourne autour de 1 euro
On vous répondra bien souvent qu'elle valait un franc, ce qui se révèle doublement inexact. En fait, en 1998, au prix moyen que l'on qualifiera d'officiel, elle valait 4,05 francs soit 0,62 euro. Cette valeur est passée en moyenne[3] à 0,87 euro : un multiplicateur de 1,4.
L'impression générale demeure, à l'inverse des faits, que l'euro aurait détruit le bon équilibre naturel des prix, autrefois maintenu, pensent les bonnes gens, par une d'administration vigilante dont il conviendrait, affirment les pseudo-économistes de l'absurde, de rétablir l'intervention.
Un tel sentiment pervertit une large part de l'opinion publique jusque dans ses intentions de vote du printemps prochain, où on ne manquera pas d'entendre accuser "l'Europe" de porter les responsabilités de la vie chère. Pour les statisticiens, comme pour un certain nombre d’esprits faux, tel Giscard en son temps, mais aussi pour les fondateurs de l’euro à l’époque où Delors sévissait à la présidence de la Commission européenne, la monnaie ne peut être considéré que comme un instrument de mesure.
Et les conséquences de cette vision réductrice déteint sur la plupart des journalistes et commentateurs agréés. Quand les aveugles conduisent les paralytiques on risque fort de courir à la catastrophe.
JG Malliarakis
Apostilles
[1] Cet organisme, monopolistique dans son principe, créé en 1946, joue, à vrai dire, un rôle central dans la désinformation technocratique qui entoure le sujet.
[2] Cocassement le chapeau a évolué au fil des heures. Initialement, on pouvait lire que "le retournement attendu n'a pas eu lieu" pour devenir à 12 h 45 "contrairement aux prévisions, les prix continuent de grimper." Ces imperceptibles nuances manipulatrices sont accompagnées d'une illustration renvoyant au 16e arrondissement de Paris, citadelle supposée de la bourgeoisie rentière. Pourtant, s'agissant de Paris, qui n'est pas la France les bobos spéculent, quant à eux sur des quartiers plus branchés devenus clairement plus chers.
[3] Pendant la même période, une grande quantité d'offres différenciées s'est développée, notamment dans les supermarchés, avec des variantes selon qu'il s'agit d'une baguette dite de tradition, appellation ne remontant en fait qu'au passage d'Alain Madelin, etc.
INSEE : quand je cherche quelque chose sur son site, je ne le trouve jamais. Quand je cherche quelque chose sur le site d'un des grands organismes internationaux producteurs de statistiques, je le trouve presque toujours.
Baguette de pain : tout le monde se focalise sur "le prix de la baguette", alors que les gens mangent de moins en moins de pain.
Autre facteur à prendre en compte : il n'y a pas si longtemps, le prix de la baguette était fixé par le gouvernement. Et puis, horrible révolution ultra-libérale, on a mis fin à ce régime stupide qui devait bien dater de la Révolution. Du coup, les boulangeries sont redevenues rentables, et l'on a recommencé à trouver du bon pain. Immense surprise, effet complètement inattendu...
En même temps, comme disait l'autre, ceux qui veulent acheter du pain bon marché (et forcément moins bon) peuvent s'en procurer en supermarché. La liberté, une notion neuve en France...
Peut-être devrait-on essayer la même chose pour l'éducation, la Sécurité sociale, la médecine, le train, les autocars, la culture, et toute une série d'autres choses ?
Rédigé par : Robert Marchenoir | mardi 08 jan 2019 à 16:04
Ma casquette d'économiste est tout à fait d'accord. On pourrait ajouter qu'à l'évolution des revenus des fonctionnaires il faut ajouter le fameux GVT, pas négligeable du tout, et que le litre d'essence lors de son sommet de l'automne valait moins de SMIC que lors de son précédent sommet
Rédigé par : Yves Montenay | mardi 08 jan 2019 à 18:14
Oui il y a eu un écrasement progressif du pouvoir d'achat.
- D'abord et principalement par le système SOCIAL français qui depuis les années 70 a constamment augmenté ses charges : les institutions tripartites syndicats-patronats-gouvernants les ont haussé d'année en année, à chaque crise ou pour un progrès social nouveau. Les fameux "acquis".
Système quasi criminel - c'est le mot juste à mon avis - puisqu'il a directement tué des millions d'emplois productifs du secteur privé :
- Aujourd'hui pour un salaire de 2.500 euros net d'un ouvrier professionnel - donc qualifié - les charges sociales sont de 100 pour 100 du net versé, soit un coût pharamineux pour l'employeur de 5.000 euros, et pour le salarié 2.500 seulement. Alors que l'allemand et l'américain gagnent le double.
En effet, plus les charges augmentent - pour financer les hôpitaux, les allocations familiales, l'aide au logement même des étudiants étrangers, l'AME des sans papiers etc, et pas que les charges maladies et retraites des "cotisants" - plus les salaires nets diminuent. Malgré la calamiteuse Csg Rds de Rocard puis Juppé et suivants
Comme la grenouille dont l''eau de sa bassine monte en température : trop tard lorsqu'elle réalise qu'elle est cuite, on se réveille 50 ans après avec un système social qui a mis l'économie en déconfiture : industries, services, artisanats, commerces, agricultures. Tout y est passé. Hormis les erreurs de statégies ( nationalisations / dénationalisations) quasiment toutes les entreprises disparues ont été mises en faillitte par les URSSAF et les ASSEDIC. Mais les médias-menteurs le taisent toujours ... et les politiciens aussi.
Ajoutons que les exonérations de charges sociales pour les bas salaires poussent des entrepreneurs à bloquer les salaires des apprentis et premiers emplois smicards :
effet pervers habituel des mesures technocratiques.
Donc blocage supplémentaire du pouvoir d''achat de ces salariés qui démarrent au bas de l'échelle des salaires, et peinent à la grimper. Tragique pour cette jeunesse.
Au final - avec en plus une formation à la ramasse, fromage énorme pour les syndicats historiques - les jeunes apprentis français démarrent au SMIC et y resteront jusqu'à démissionner. Alors qu'un apprenti formé en Allemagne.par.un organisme professionnel non étatique, démarre à 2.000 euros et plus, et peut progresser rapidement.
Nouvel écrasement du pouvoir d'achat des "petits" par ce retard au démarrage.
Avec un tel Tueur en Série des emplois du secteur privé, ceux ci ne s"en remettront pas puisque les technocrates dépensent tout azimut et sans compter : actuellement 650 MDS par an, soit près de 3 fois les recettes de l'État 240 MDS et l'équivalent 10 fois le budget militaire russe !
Autant pour appauvrir encore plus le pouvoir d'achat des Français.
Et, de 50 mille chômeurs conjoncturels en 1970, voilà 7 millions de chômeurs structurels, plus les exclus. Autant pour appauvrir ces Français privés de travail.
- Comme vous l'écrivez : ne chargeons pas la CEE : en 1992 la Commission Européenne a rédigé une bonne Directive : Les états étaient appelés à mettre en CONCURRENCE les caisses maladie et retraite. La France s'est assise sur cette Directive pourtant forte pour conserver et accroitre un monopole des URSSAF ! Catastrophique déni des réalités :-( Pas de convergence donc vers les systèmes sociaux vertueux de pays membres.
N'accusons donc pas les Institutions européennes. Sinon la Commission et l'Assemblée qui se sont couchées devant la France, membre du Conseil. Un quart de siècle de perdu sans compter la période de 1945 à 1992. Bravo les gouvernants sous de Gaule, Pompidou, Giscard, Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Hollande et maintenant Macron pour ce désastre. A croire qu'ils ne lisent jamais aucun chiffre ni ne cherchent les causes des catastrophes (le chômage massif et la disparition de notre industrie).
Est ce un bon régime politique ?
Aujourd'hui le système social français est moribond. Il survit financièrement par toujours plus de charges sur les entreprises et ... le recours aux prêts étrangers.
Que faire ?
- Il faudra nécessairement un gouvernement fort et intelligent pour remplacer les politiciens et les syndicats par le (vrais) experts. Décréter un état d'urgence des systèmes sociaux : maladie, retraites, sera indispensable pour annuler et remplacer, sur des années longues.
C'est possible : ils n'en manquent pas dans le monde et en Europe de réformes sociales réussies. Je renvois aussi à l'ouvrage de l'économiste Georges LANE : La Sécu et comment s'en sortir ( Éditions du Trident).
Au final notre système social est maintenant complètement nationalisé, son budget de 650 MDS équivaut au budget militaire américain : on peine à y croire. Il est devenu un monstre qui mange ses enfants principale cause d''appauvrissement des Français, année après année. Ils ne l'ont pas encore identifiée par défaut d'information.
Comme la grenouille. Sauf qu'ils se réveillent : trouveront ils la cause, cachée comme un secret d'état ?
* * *
- Deuxième point - je pardonne moins à l'Euro : en France il a, par le différentiel monétaire réel, sur-handicapé nos exportateurs, et surenchéri des prix de détails ( par exemple les prix des fruits et légumes importés sont alignés par les producteurs sur les prix en Allemagne et dans les autres pays riches européens ). J'ai placé un commentaire sur ce point dans un précédent Bulletin de L'Insolent : étude de NATIXIS sur l'échec de l'Euro.
Ce qui a conduit à un écrasement progressif
supplémentaire du pouvoir d'achat du.panier de la ménagère.
Pourra t on se sortir de tout ça en restant dans la monnaie unique ?
Rédigé par : Dominique | mardi 08 jan 2019 à 23:48
PS : la calamiteuse Csg Rds dont l'application a ensuite débordé les revenus du travail pour être étendue à d'autres revenus : les produits financiers, les bénéfices industriels et commerciaux, etc. Une taxe sans fin pour le trou sans fin de la Sécu.
Rédigé par : Dominique | mardi 08 jan 2019 à 23:54
www.securite-sociale.fr/Les-chiffres-cles-2017-de-la-securite-sociale-edition-2018?id_mot=&type=pro
www.economie.gouv.fr/cedef/chiffres-cles-budget-etat
Avertissement : risque de fous rires et de méningite. Par précaution avaler un tube d'aspirine avant de pénétrer chez ces 2 Pères UBU et se munir de fil d'Ariane. Bon courage !
Rédigé par : Dominique | mercredi 09 jan 2019 à 06:11