Difficile de prévoir ce qui restera du mouvement des gilets jaunes. Au-delà des mécontentements quant au pouvoir d'achat, on entend donc souvent parler, à tort et à travers, d'une éventuelle Sixième république. S'agissant d'une plus grande place accordée à la pratique du référendum, idée centrale, qualifiée de populiste, et associée à un mouvement de gueux, on doit, certes, écarter les solutions creuses et illusoires. Le diable se nichant toujours dans les détails, on doit se garder des chemins conduisant à la tyrannie. Ils s'offriraient très vite à la naïveté des concepteurs. Par exemple, si l'on acceptait de faire voter un impôt par ceux qui ne le payeront pas.
La question essentielle tournera, aussi, autour de la taille du pays, de sa nature centralisée ou fédérale, et, au bout du compte du nombre des pétitionnaires.
Dans l'heureuse et courageuse principauté du Liechtenstein 1 000 signatures de citoyens, récoltées en 30 jours, suffisent à la mise en place d'une votation.
En Suisse il en faut 100 000, rassemblées en moins de 18 mois. L'acceptation d'un projet requiert alors la double majorité des votes du peuple et des cantons.
En Italie, il faut que la proposition soit soutenue par 500 000 électeurs.
En France, une réforme avortée a été mise place par Sarkozy en 2008. On appelle cela, parfois, de manière arbitraire, référendum d’initiative partagée : à l'article 11 de la Constitution de 1958, ont été ajoutés les alinéas 3 à 6 : "un référendum (…) peut être organisé à l'initiative d'un cinquième des membres du Parlement, soutenue par un dixième des électeurs inscrits sur les listes électorales".
Autrement dit, pour fonctionner, un tel dispositif requiert à peu près 10 fois plus de signataires qu'en Italie, adossés, pour bien border le mécanisme, à plus de 185 parlementaires sur les 348 sénateurs et 577 députés.
Il faut également que la proposition "porte sur un objet mentionné au premier alinéa" soit "sur l'organisation des pouvoirs publics, sur des réformes relatives à la politique économique, sociale ou environnementale de la nation et aux services publics qui y concourent, ou tendant à autoriser la ratification d'un traité qui, sans être contraire à la Constitution, aurait des incidences sur le fonctionnement des institutions." Ouf.
Depuis 10 ans qu'il existe, sur le papier, un tel mécanisme n’a jamais été mis en œuvre.
Les partisans d'une démocratie plus honnête et plus directe semblent donc fondés à réclamer, tout simplement, l'allègement des conditions du processus. On pourrait dès lors s'aligner sur l'Italie, pays de taille et de culture comparables.
Ceci ne saurait être conçu comme une attaque "populiste" contre le pouvoir du peuple, encore moins contre les libertés, mais au contraire comme une réponse au caractère décadentiel de notre régime politique dans lequel les Français ne se reconnaissent plus.
Dans notre pays, en effet, les appareils des partis ont repris, de longue date, le dessus au sein de la représentation nationale. À partir de 1988, et des lois qui s'étalèrent jusqu'en 1995, le financement de la vie politique, loin d'être assainie, s'est trouvé parfaitement perverti. Les trésoreries sont alimentées par des mécanismes de subvention et des apparences hypocrites de contrôle financier.
S’il existait une véritable force d’opposition, à moins courte vue, on pourrait entendre d’autres propositions. On se préoccuperait de rétablir une authentique démocratie représentative. On se souviendrait que depuis le XIIIe siècle en Angleterre, et en France à partir de la Grande Ordonnance votée par les États Généraux de 1355, le bon sens impose un principe fondamental : l’impossibilité d’une taxation sans représentation des contribuables. Ceci fut accepté pendant tout l’Ancien Régime, et provoqua même le fin de la monarchie absolue, quand Louis XVI crut devoir[1] recourir aux États en 1789.
Aujourd’hui la démocratie représentative se voit entravée, bafouée, autant dans son appellation démocratique que dans sa légitimité représentative.
Ce régime théoriquement encore parlementaire est parvenu à un abaissement du pouvoir législatif que même les chambres du Consulat, de l'Empire ou des Cent jours n'ont pas subi. Et le dernier refuge sénatorial se bat, pied à pied, le dos au mur, défendant les lambris du palais du Luxembourg.
Pendant ce temps une part substantielle de l'opinion publique se berce d'un goût certain pour la tyrannie[2] et trouve tout à fait logique de penser le rôle du chef de l'État en termes de "pouvoir suprême". On peut employer cette expression dans le cas d'un émule de Basam Dandu, éphémère empereur du Tibet[3]. On ne l'entendait pas entre 1958 et 1969, date du départ de ce général dont le costume constitutionnel avait été si religieusement taillé sur mesures dans l'atelier de Michel Debré et de René Capitant.
JG Malliarakis
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Apostilles
[1] Paradoxe historique rarement évoqué : on dit que la royauté française était alors surendettée, alors que l'Angleterre, après la guerre d'Indépendance américaine l'était encore plus.
[2] cf. article de votre serviteur publié dans "L'Incorrect" n°15 de décembre 2018, disponible dans tous les bons kiosques.
[3] cf. Le Secret de l'Espadon tome Ier.:)
Certains verrouillent, les autres dérouillent.
Rédigé par : Duracuir | samedi 22 déc 2018 à 19:20
La pratique du référendum me semble réservée à des sociétés démocratiques. Je prends pour cela la Suisse en exemple. De plus elle demande du temps pour que les débats soient dépassionnés. Ce ne sera donc pas le remède pour notre malheureux pays, devenu un millefeuille de problèmes gravissimes et occultés. Ils ont été exposés par L'Insolent depuis des années, nous sommes au bord de l'agonie et des explosions ; dont celle des G J
Je ne vois qu'une solution : décommuniser défranc-maçonniser et désénarquiser la France. Faire revenir les capitalistes grands et petits pour privatiser c'est à dire que l'État vende TOUT ce qui n'est pas régalien : à commencer par les hôpitaux, et le système d'assurance sociale (les Suisses ont plus de 200 caisses médicales concurentielles), établir les retraites par capitalisation, la Sncf évidemment, Renault aussi, bref tout ce qui n'est pas du domaine de l'État. J'y inclue écoles lycées et universités.
Aussi rétablir une police, une justice dignes de notre pays (sans ses réseaux franc - maçons) statuant rapidement et avec la responsabilité des fonctionnaires (juges notamment) peut être copier les modèles anglo saxons.
Pour cela décréter un état d'urgence économique - nous sommes face à des deficits budgétaires de 37 pour cent des recettes de l'Etat et plus de 2.000 milliards de dettes- qui permette de freiner les importations le temps que nos industriels, artisans et agriculteur LIBÉRÉS des fardeaux sociaux et fiscaux reconstruisent librement notre économie.
Il y a aussi des détails qui n'en sont pas :comme rebâtir un système éducatif (privé) qui ne soit plus une fabrique de chômeurs marxisés. Et redonner aux professionnels la main sur l'apprentissage.
Tout ceci ne peut se faire ni avec les institutions actuelles, ni avec leurs "acteurs" - au sens de la Comédie du Spectacle de Debord - communistes, franc - maçons et énarques.
Un régime de transition dotés de tous les pouvoirs (Art 16) par des hommes de culture ayant fait leurs humanités et prouvé leurs qualités, il n'en manque pas.
Dans un tel redressement le désastre de la "transition" écologique et des migrations n'auront pas leur place. Le but est de remettre au travail 6 millions de chômeurs secourus, de former la jeunesse et de lui donner du travail, de diminuer par 2 le nombre de fonctionnaires et de les mettre au travail (3 millions) et de refaire de la France un des premiers pays agricoles mondiaux.
C'est possible à condition de neutraliser tout ce qui fait tomber notre beau pays depuis 2 siècles. On ne peut attendre de ceux là qu'ils résolvent les problèmes car ils SONT les problèmes (dixit R Regan)
Je n'évoque pas la question du grand remplacement : à partir du moment où seront supprimées des centaines de types d'allocations existantes, la pompe aspirante des populations malheureuses du tiers monde africain ne fonctionnera plus. Ce qui ne nous empêchera pas de pratiquer la charité à l'échelle internationale et de bâtir également des fabriques et des fermes en Afrique, pour le bonheur de ces familles, chez elles.
Il faudra évidemment faire revenir nos forces armées pour protéger nos frontières et nos libres entreprises.
Rédigé par : Dominique | samedi 22 déc 2018 à 20:28
La démocratie française n'a de démocratie que le nom. Les accès aux hémicycles sont verrouillés et les pouvoirs parlementaires sont bafoués, parfois avec le consentement des députés caporalisés que l'on nomme godillots en souvenir de la grande époque des playmobils gaullistes.
La lutte des pouvoirs en place contre le RIC jaune favorise une dialectique d'explications qui va finir par le faire aimer du corps électoral.
La première réforme à soumettre au peuple, si Macron en a encore dans le pantalon, est la réforme parlementaire, car il est prévisible que le Congrès de Versailles refusera d'étrécir les prébendes.
Viendraient ensuite les "régimes spéciaux" des catégories bunkérisées pour un régime universel de pensions.
On peut organiser un seul RIC avec deux ou trois questions à cocher comme il en va ailleurs.
Trop simple.
Rédigé par : Catoneo | dimanche 23 déc 2018 à 11:17
Ils n'osent pas parler de démocratie, ces Hors sols, ils incantent sans cesse leurs valeurs de la république.
Pour aller vers un régime démocratique, il faudra supprimer le Secret omniprésent dans la société française. Il a permis de mettre en place un régime tyrannique. Rude tâche, contre révolutionnaire, puisqu'un régime tyrannique ne cède pas sa place comme un galant cavalier dans un bal. Il faut le faire chuter. Regardons seulement Cuba et maintenant le Vénézuela : les tyrans tiennent par les violences faites au peuple.
Macron a focalisé la contre révolution des Gilets Jaunes parce qu'il est au sommet d'une société tyrannique : il est le "tyran" : c''est un fait.
S'il était demain touché par la grâce et renonçait à la violence, le système
tyrannique le remplacerait. C'est ma libre opinion
Rédigé par : Dominique | dimanche 23 déc 2018 à 18:41