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Jugé spectaculaire par l'éditorialiste du Monde Gérard Courtois, le rejet de Macron traduit, d’une manière plus logique qu’un tel commentaire le suggère, l’échec patent d’un dirigeant politique hors sol et tard venu.
Dans la Rome républicaine, régnait le principe du cursus honorum. On franchissait l'une après l'autre les étapes d'une carrière au gré des magistratures successives. Dans l'Ancien régime français, le pouvoir royal recevait certes la légitimité du sacre, mais il était détenu dans une famille qui régna 800 ans. Et même dans nos républiques, fâcheusement hachées dans la durée par les révolutions, filles successives de la première dont elles étaient issues, sanctionnées par les massacres, les guerres, etc. les rares périodes de stabilité ont également connu un cursus : conseiller municipal puis maire, puis parlementaire, puis ministre, etc. Il s'en est dégagé une qualité au moins aussi importante que le quotient intellectuel ou les diplômes universitaires : l'expérience.
Elle se combine avec "cette toute petite chose à la surface de nous-mêmes"[1] que nous appelons l'intelligence.
Autres dimensions indispensables, pour une personnalité politique : le contact avec les gens. Il ne suffit pas au cours d'une campagne au bonneteau, largement faussée, de leur dire qu'on les aime.
Rien de tout cela chez un Macron sinon la qualité d'ancien élève d'une école fondée en 1945 pour fusionner les hiérarchies administratives[2]. Il ne donna à la fonction publique que 6 années sur les 10 prévues. Il fut certes recruté quelque temps par une maison de banque prestigieuse. On s'étonne que cette référence professionnelle unique n'ait pas encore été retournée contre lui, mais on le lui reprochera bientôt. Il n'y fit pas de vieux os.
Ne nous étonnons donc pas du désamour grandissant qui le frappe. Il peut surprendre, et il détachera de plus en plus, ceux qui attendaient de lui des réformes toujours très vaguement définies.
Faute de gouvernance, certes, que de faire les choses à moitié, de reculer devant des mesures nécessaires, et peut-être plus encore de prétendre "mettre à plat" les questions. On utilise cette dernière expression comme pour signifier que son application demeurera dans le domaine du rêve. Une révision générale baptisée de la sorte, en 60 ans de passion pour la vie publique, l'auteur de ces lignes témoigne ne l'avoir jamais observée, sur aucun dossier géré, toujours dans l'urgence et l'improvisation, par nos gouvernants. L'aplatissement évoqué ou promis ne vient jamais.
Macron devrait logiquement, si les Français faisaient preuve d'un peu de bon sens, se trouver contraint soit de démissionner, solution dangereuse et radicale, soit de dissoudre l'Assemblée. Cette voie raisonnable, conforme à la Constitution n'est entravée que par le fait d'être réclamée par des gens dont les Français ne veulent pas comme gouvernants, mais seulement comme opposants institutionnels.
Dans ce cas, son parti, formé de bric et de broc, perdrait sans doute tout espoir de rester majoritaire dans la législature suivante. Ceci cantonnerait dès lors son rôle dans une présidence largement honorifique de roi d'Angleterre sans couronne.
Les Français raisonnables, ça existe, comprendraient certainement mieux dès lors l'avantage d'une famille royale digne de ce nom.
Mais un tel scénario, comme tous les scénarii du souhaitable, relève sans doute de l'utopie dans la simple mesure où il ne se passe jamais ce que prévoient les scénaristes. Ayant eu le plaisir de lire ce matin ma prose dans la livraison n° 15 de la belle revue L'Incorrect, je crains fort que ne réapparaisse dans ce malheureux pays, ce que j'essaye de cerner dans cet article : son "Goût certain pour la Tyrannie"[3].
JG Malliarakis
Apostilles
[1] définition de Maurice Barrès.
[2] Toujours attribuée à Michel Debré, dont le nom n'apparaît pas, elle doit sa création à une ordonnance 45-2283, signée le 9 octobre et publiée au JO le 10 octobre 1945. Le nom de Maurice Thorez, revenu d’URSS en 1944 où il avait passé la guerre, alors ministre de la Fonction publique ne figure pas au nombre des 19 ministres signataires. Qu'on se rassure les autres ministres PCF, Billoux, Tillon, etc. ont signé. L'historique de cette fondation est caractéristique de celui du modèle social français produit du "roman national". J'avoue quant à moi que ce roman national me semble ... un roman. À part Dostoïevski (et encore, Les Démons et Les Frères Karamazov) et certains bons romans policiers (que je n'ai plus le temps de lire j'ai beaucoup de mal avec les romans.
[3] cf. L'Incorrect n°15 décembre 2018
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Avec son regard de chevillard cantalou, Georges Pompidou disait qu'aucune réforme en France ne passait autrement qu'à chaud.
On dit que ce peuple est le plus "politisé" d'Europe, est-ce sans doute la raison qui veut que l'on se passe de raison et gouverne au précipice.
Rédigé par : Catoneo | jeudi 06 déc 2018 à 09:02
Hélas, vous parler d'or, et il nous reste la consolation de lire vos écrits "de diamant"!
Rédigé par : Marc Létin | jeudi 06 déc 2018 à 10:24
La France est au fond du trou (endettement, chômage, crise du logement, croissance nulle ou presque, 10 millions de laissés-pour-compte)
La cause ? Trop d'État (trop de taxes et trop de réglementations).
Les responsables ? Tous les gouvernements de droite comme de gauche, depuis un demi-siècle.
La faute de Macron ? Être arrivé après les autres. Les quelques taxes et les réglementations qu'il a ajoutées ont atteint le seuil de la douleur chez les gilets jaunes et bien d'autres (les 80% de Français mécontents).
La solution ? Diminuer le domaine d'intervention étatique.
Pas sûr qu'un énarque sache faire çà.
Rédigé par : Jean-Michel Thureau | jeudi 06 déc 2018 à 11:47
En ne désignant pas de représentation jusqu'à présent les Gilets Jaunes ont mis au défit les Institutions de fonctionner. Cela passe donc par le dialogue au sein des Assemblées, entre les Assemblées, et entre l'exécutif et ce législatif. Le président étant garant de cela.
Le président a été élu et le peuple reste souverain sinon nous n'aurions pas de Constitution.
Lorsque qu'une partie significative du peuple manifeste pacifiquement un désespoir motivé, bien réel, le rôle du chef de l'État n'est il pas de résumer les
revendications pour y travailler, sinon à quoi servent les chargés de mission, les préfectures et les Hautes autorités de ci et ça,
et de faire plancher le législatif sur celles ci : les Assemblées de Paris comme celles des Régions, sinon à quoi bon elire des Sénateurs, des députés , des conseillers generaux. Et en cas de désaccord ultime et fondamental de faire un référendum pour s'en remettre au peuple. C'est du moins le sens de la constitution.
Trois mois était le délai que le président avait fixé depuis l'Elysée. Délai ajustable car du temps a été perdu. L'enjeu est, sur le fond, cette transition énergétique (stupide car il n'y a pas de réchauffement, mais ce n'est pas le sujet ici.)
Sagesse de nos institutions, malgré des biais comme la dévotion de l'Assemblée au Président puisque élus dans le même élan, et dominance de L'AN sur le Sénat.
Alors, pourquoi ces bruits de bottes annoncés en boucle sur les radios étatiques : qui émaneraient de l'Elysée : " ils viennent pour tuer " ?
Et celles de l'Intérieur qui envisagerait de " sortir les blindés de la gendarmerie " ? Pour réduire des casseurs hypermobiles : inadapté ;
Ou pour contrer une foule de manifestants pacifiques ? Drôle de dialogue ... plutôt une stratégie folle contraire au " 3 mois de négociation " et qui mettrait en joue la paix civile.
La paix civile tient à la volonté conjointe du peuple et des gouvernants dont le 1er d'entre eux. Si l'Elysée et la place Beauvau sortent des armes lourdes contre ce mouvement pacifique et d'ampleur nationale, le pacte sera malmené.
Le réchauffement climatique (dont notre pays serait une cause infinitésimale) vaut il de briser la paix civile ?
Rédigé par : Dominique | jeudi 06 déc 2018 à 21:20
Je ne vois aucun avantage dans une "république couronnée" qui est rappelons-le de nos jours la seule royauté possible (Renouvin a raison de dénoncer dans le "modèle maurrassien" une illusion). Que je sache, la situation en Espagne (et dans les autres pays "couronnés") n'est pas meilleure que la notre.
@ Robert Marchenoir
Tous les observateurs et hommes politiques sérieux soucieux de nos intérêts savent que la Russie poutinienne est notre alliée naturelle et qu’une bonne entente (qui encore une fois ne signifie pas allégeance) avec elle est plus que souhaitable.
Je ne diffame nullement la police française bien au contraire, je condamne seulement des actes inadmissibles commis sur ordre gouvernemental par certains de ses membres, et de nature par effet d’amalgame à donner d’elle et à son détriment une mauvaise image auprès de la population.
« Le gouvernement évoque ouvertement des projets putschistes pour ce samedi ». Vous êtes bien réceptif aux paroles gouvernementales. Réfléchissez plutôt. Pour faire un putsch, il faut être un groupe important solidement structuré avec obligatoirement un chef digne de ce nom, déterminé à sa tête, sinon ça part dans tous les sens. L’extrême gauche a-t-elle son Lénine ? L’«ultra droite » (pour adopter un terme à la mode en ce moment) a-t-elle son Mussolini ? L’armée a-t-elle son Pinochet ? Et ne me parlez pas de Mélenchon, des abjectes Marine Le Pen et Marion Maréchal, ou encore du Général de Villiers, nous sommes ici sur un blog sérieux.
Rédigé par : RR | vendredi 07 déc 2018 à 06:34
J'ai omis de citer les maires ces interlocuteurs les plus proches des Gilets Jaunes au quotidien.
Rédigé par : Dominique | vendredi 07 déc 2018 à 12:37