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Sans aucun lien matériel direct avec le mouvement des Gilets Jaunes, on doit reconnaître que l'affaire Carlos Ghosn tombe cependant à pic. Elle encouragera en effet, mécaniquement sinon légitimement, toutes les démagogies fiscalistes à s'emparer une fois de plus du mécontentement des classes moyennes. Les propos dirigés contre ce qu'on appelle, – d'une manière aujourd'hui péjorative – "les élites" ont déjà été recueillis par les médias avec un soin particulier auprès de certains des bloqueurs.
Et cela permettra bientôt les dérivations fiscalistes d'un mouvement dirigé au départ contre les surtaxations.
Certains se plairont donc de plus en plus à répéter, à l'envi, la revendication de "faire payer les riches", selon le mot d'ordre lancé par Thorez en 1936, à l'époque du Front prétendument "populaire". Indémodable depuis presque un siècle ce slogan inspirait encore, ce 12 novembre, la manifestation des revenants gauchistes d'Attac contre la boutique Apple des Champs Élysées[1]. Expression d'un mouvement aujourd'hui réduit à un groupaillon de 20 personnes, le petit coup de main était complaisamment claironné par France Info[2] le jour même.
Il se trouve aussi que, plus encore que tous ses devanciers depuis les années 1950, le courant actuel de protestation s'est construit de façon spontanée. Sa propagation doit évidemment beaucoup à ces réseaux sociaux, qui n'existaient pas 20 ans plus tôt, et qui connaissent la mode extraordinaire que l'on sait. De ce fait ni porte-parole, ni programme bien précis : du pain bénit pour une reprise en main par les technocrates de Bercy, eux-mêmes épaulés par les discours actuels sur la prétendue transition écologiste.
Qu'on nous permette, sur ce point précis, de réfléchir à une donnée qui devrait sauter aux yeux : cet État central parisien, auquel l'administration des Finances sert de cerveau, est supposé juridiquement propriétaire des cours d'eau du pays. Mais que fait-il contre la pollution des rivières de nos régions ? Que fait-il pour ce patrimoine, productif de valeur au gré des énormes ressources touristiques qu'il génère, et qui s'appelle le paysage. Il l'abandonne à la laideur impunie des poteaux électriques et télégraphiques au bord des routes, et, aggravé de plus en plus de celle des hideuses éoliennes vouées à le défigurer encore plus. Cet État impotent et obèse, et "en même temps" arrogant, aussi mauvais stratège que mauvais éducateur, prétend donc redresser le climat à coups d’impôts se voulant pédagogiques. La coupe de l'incurie et de l'imposture déborde.
Certains politiques ont commencé progressivement à en prendre la mesure. On pourrait presque remonter aux déclarations d'un Pierre Moscovici en 2014 évoquant le ras-le-bol fiscal[3] et suggérant, faussement, de le prendre en compte. L'hypocrisie doit être considérée en tout état de cause comme un hommage du vice à la vertu. Par conséquent dans les discours des politiciens on doit aussi voir le reflet de l'évolution des opinions du public. Quatre ans plus tard les choses ont encore empiré et, de son côté, un Gilles Carrez[4], qui endossa pendant tant d'années la casaque de pilier docile de la Commission des finances, qu'il préside depuis 2012, parle désormais, en vue du budget 2019 dont on débat à l'Assemblée nationale, d'overdose fiscale.
Formulant hardiment son propos dès le 13 novembre un Guillaume Peltier annonçait sa participation au mouvement des Gilets jaunes appelait à la "fronde des territoires" contre les "taxes Macron"[5]. Le 19 novembre interrogé par Ruth Elkrief le député tourangeau allait au nom de son parti en demander l'abrogation.
De son côté, Christian Estrosi, invité de RTL[6], expliquait ne pas avoir porté son gilet jaune, mais il invitait à comparer la différence de taux de la fiscalité pétrolière en France, où elle pèse 57 %, et en Allemagne où elle ne se situe qu'à un niveau de 46 %. Revenir à une parité entre nos deux pays s'impose par conséquent.
Votre serviteur et chroniqueur, ayant travaillé pendant plus de 20 ans sur la question des excès de charges sociales pénalisant l’entreprise donc l’emploi, avait été amené dès 1995 à mettre en garde contre le plan Juppé, qui allait conduire à l'aberrante réforme constitutionnelle de 1996. Ceci l'avait conduit à répondre au projet de Révolution fiscale développé depuis 2011 par le très toxique Piketty, dont les idées restent toujours sous-jacentes dans les discours de gauche. En 2012, cela conduisait à proposer au contraire de ce petit livre rouge, un symétrique bleu[7] : "pour une Libération fiscale." Il s'agissait d'expliquer comment la seule manière de diminuer les impôts suppose de réduire le périmètre de l'économie étatique et la dépense publique. Alors fort peu nombreux, les partisans de cette ligne se sont heureusement multipliés. Les chiffres ont sans doute évolué, hélas ils ont empiré. La nécessité demeure.
JG Malliarakis
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Apostilles
[1] cf. "Attac refait la décoration de l’Apple store des Champs-Elysées."
[2] Action ATTAC contre l'évasion fiscale (12 novembre 2018, Apple Store des Champs Élysées, Paris)
[3] cf. Le Point 20 août 2013 "Pierre Moscovici se dit "sensible au ras-le-bol fiscal" des Français."
[4] cf. L'Opinion le 19 novembre "Gilets jaunes: «Le pays est en situation d’overdose fiscale», prévient Gilles Carrez"
[5] Sur C News cf. La Provence du 13 novembre
[6] Le 20 novembre à 7h45 au micro d'Elisabeth Martichoux, au cours d'un entretien de 11 minutes sur RTL, où il est surtout question de Carlos Ghozn et des propos de Laurent Wauquiez.
[7] cf. Pour une libération fiscale" par JG Malliarakis 202 pages 20 euros, port compris ••• à commander sur le site de l'éditeur [ou par chèque en téléchargeant un bon de commande]
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Cela n'a pas raté : le néo-marxiste Michel Onfray nous explique que si les Gilets jaunes n'ont pas de quoi payer leur plein de diesel, c'est parce que Carlos Ghosn fraude le fisc japonais :
https://michelonfray.com/interventions-hebdomadaires/le-message-clair-des-gilets-jaunes-a-bhl
Carlos Ghosn est accusé d'avoir dissimulé au fisc 39 millions d'euros sur 5 ans. En admettant qu'il ait échappé à un impôt de 50 % sur ces sommes, et en supposant (hypothèse évidemment stupide et malhonnête) que le fruit de cet impôt devrait revenir intégralement aux Français (et non, par exemple, aux citoyens de, peut-être, cent pays où le conglomérat de Ghosn vend ses voitures), l'effroyable crime fiscal de Ghosn le super-riche a privé chaque Français de... 5 centimes de revenu annuel sur les cinq années correspondantes.
On voit l'ampleur de l'arnaque marxiste. On ne peut pas, à la fois, être un prof de philo raté gauchiste, et savoir compter.
Rédigé par : Robert Marchenoir | mardi 20 nov 2018 à 15:39
Je ne comprends point ce rejet des éoliennes, ça sent bon, c'est joli comme un moulin... et ça donne des électrons dont nous sommes aujourd'hui bien tributaires.
Rédigé par : minvielle | mardi 20 nov 2018 à 22:07
La fiscalité pétrolière c’est pour un litre de SP95 : coût du brut (brent) 0,41 ct € + coût raffinage 0,07 ct € + coût distribution 0,11 ct € + taxes 0,91 ct €, celles-ci représentent 159,32 % du prix du litre hors taxes et non 61,40 % qui est la proportion des taxes par rapport au prix TTC , qui est une manière de présenter les taxes pour les minimiser.
Rédigé par : goufio | mercredi 21 nov 2018 à 05:41
Je ne sais pas si le commentaire sur les éoliennes se veut ironique.
Si l'on considère qu'il ne l'est pas, il faut savoir que non seulement en effet les éoliennes sont hideuses (drôles de moulins!) et nous pourrissent de fait nos paysages, mais aussi d'après de nombreux témoignages sont la source de problèmes de santé pour ceux qui vivent dans leur environnement. Et enfin - et ce n'est pas le moins important - ne peuvent fournir que très peu d'électricité (tout comme les panneaux solaires photovoltaïques du reste). Qu'on le veuille ou non, la solution en matière d'énergie reste le nucléaire. C'est le dispositif le moins polluant et de loin le plus productif. En revanche, il exige beaucoup de précautions et il faut s'assurer du maximum de sécurité, bref ne pas faire n'importe quoi; tous les accidents survenus l'ont été à cause de négligences, d'irresponsabilités manifestes, et disons-le de fautes très graves de la part des constructeurs et utilisateurs.
C'est comme tout ce qui présente un danger potentiel: il faut prendre des précautions et "jouer" la sécurité maximale.
Un autre exemple: L'électricité proprement dite (même "domestique" de nos maisons et appartement). C'est dangereux, et ce n'est pas pour rien que les dispositifs de protection (disjoncteurs, régimes de neutres,...) constituent les chapitres les plus fondamentaux des cours dans le domaine. Diplômé en électronique, j'ai pu le constater par moi-même. Encore faut-il en tenir compte quand on passe à la pratique... Et c'est bien là le problème concernant entre autres tout ce qui touche au nucléaire (y compris bien sûr le traitement des "déchets").
Rédigé par : RR | jeudi 22 nov 2018 à 22:27