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Notre précédente chronique mérite sans doute d'être précisée. Et parmi les commentaires pertinents[1], deux lecteurs me reprochent de ne pas voir, au rebours de ce que suggère l'illustration Godwin, deux traits qui rapprochent selon eux notre époque et celle des années 1930. Indiscutablement en effet la médiocrité du personnel politique français saute aux yeux dans les deux cas et les dangers inhérents à la situation internationale, et aux intrigues perverses des puissances actuellement ou potentiellement ennemies, ne doivent pas nous échapper
Si j'ai donné, au fil de ces "Insolent" l'impression de ne pas m'en rendre compte, je veux bien qu'on me fustige.
Il existe en effet de fortes ressemblances entre toutes les avant-guerres.
Ce que je critique dans le prétendu discours historiciste du jeune Macron c'est justement l'erreur, d'autant plus choquante, qui suggère de nous mobiliser contre des forces qui n'existent plus de la même manière : où est le front populaire ? où sont nos ligues et nos journaux de droite ? où sont nos anciens combattants ? où est notre armée qui, rappelons-le, passait jusqu'en 1939 pour la plus puissante du monde ? quels sont nos ennemis de demain ?
"Dans une Europe qui est divisée par les peurs, le repli nationaliste, croit donc pouvoir affirmer l'actuel président de la république, les conséquences de la crise économique, on voit presque méthodiquement se réarticuler tout ce qui a rythmé la vie de l'Europe de l'après-Première Guerre mondiale à la crise de 1929,… Il faut l'avoir en tête, être lucide, savoir comment on y résiste". Et de lancer un appel à la "vigueur démocratique."
Ne nous y trompons pas cependant. Ce prétendu petit philosophe ne cherche pas à nous faire remarquer, à l'instar de M. de La Palice, combien la paix correspond à l'intervalle séparant deux guerres.
De ce point de vue toutes les entre-deux guerres se ressemblent.
Et le chef de l'État aurait pu aussi bien évoquer les années qui ont précédé n'importe quel conflit. La médiocrité et l'aveuglement du personnel dirigeant sous la cinquième république peut, d'ailleurs, parfaitement être comparée dans ce contexte avec celle de la troisième ou de la quatrième.
Il cherche tout juste à nous effrayer par le spectre des seules années 1930. Et il enjambe avec aisance, au gré de son évocation historique, et la crise américaine de 1929 et la main mise définitive de Joseph Staline sur le pouvoir soviétique en 1931.
Pas la peine de faire un dessin pour identifier, dans son scénario, les méchants du film.
Les propos que nous incriminions ont été tenus en marge d'une visite de l'exposition consacrée à Georges Clemenceau. Ne tenons pas ceci pour un point de détail fortuit. On nous invite encore à rejoindre les rangs des admirateurs du Tigre.
Clemenceau, célébré longtemps comme "le Père la Victoire". Voilà bien une statue virtuelle à déboulonner. Tâche nécessaire mais lourde. Même Beau de Loménie, ordinairement plus sévère, lui trouve, en tant que combattant de la Grande Guerre, des qualités.
Impossible pourtant d'oublier les méfaits de ce radical-socialiste, aggravé d'un tempérament autoritaire.
Son sectarisme anticatholique prolongea la guerre alors même que les propositions de paix séparée défendues par Sixte de Bourbon-Parme et par le pape Benoît XV auraient permis d'y mettre fin en 1917. Elles auraient épargné à l'Europe des dizaines de milliers de vies humaines, mais aussi les catastrophes historiques dont toute l'Europe, France comprise, n'est pas remise.
Il fallait à tout prix dans son esprit détruire l'Autriche-Hongrie, – ce qui allait aboutir à la création de deux États non-viables, la Tchéco-Slovaquie et la Yougoslavie, – le traité de Trianon amputant de moitié le territoire naturel de la Hongrie, etc.
Ne parlons même pas du traité de Versailles, injuste, absurde, mensonger, inapplicable, etc.
Ses obstinations jacobines dans la confection bancale des mauvais traités de 1919 et 1920 portent une large part de responsabilité dans la réapparition de la guerre en 1939…
Faudra-t-il attendre des commémorations du Onze-Novembre qu'elles évoquent ces erreurs, si "républicaines", à ne pas reproduire ? La "lèpre nationaliste" y verrait sans nul doute une Divine surprise.
JG Malliarakis
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Apostilles
J'ai du mal à croire que le Grand Quartier général allemand aurait laissé l'Autriche-Hongrie négocier une paix séparée avec Clemenceau.
Les Allemands seraient-ils allé jusqu'à envoyer leurs sicaires chez le jeune Charles Ier d'Autriche et provoquer un putsch ?
Rédigé par : Catoneo | lundi 05 nov 2018 à 10:08
Pour info
https://fr.wikipedia.org/wiki/Tentatives_de_paix_pendant_la_Première_Guerre_mondiale
Rédigé par : Ronald | lundi 05 nov 2018 à 13:19
Merci Ronald.
Mais les négociations entre quat'zieux n'ont jamais pu s'enclencher. Et si Czernin les bloqua, il prévint le GQG allemande d'avoir à le faire.
Incidemment, quand on sait l'importance des capitaux investis par le IIè Reich à Metz (Triange impérial) et à Strasbourg (la Neustadt) on comprend que cette province faisait partie du Vaterland et n'était pas un pion colonial sur tapis vert.
Rédigé par : Catoneo | mardi 06 nov 2018 à 13:23