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On n'entend plus l'expression de "der des ders". De nos jours lorsque nous parlons de "la dernière guerre" nous évoquons la suivante, dernière "en date".
En principe, "les faits sont sacrés, les commentaires sont libres"[1].
Dans la Russie post-communiste, citer certains faits, pourtant avérés, mais supposés contraires au jugement de Nuremberg, expose cependant à des sanctions pénales[2]. Cela nous semble très dommageable et cela dénote chez certains une volonté bien arrêtée de laisser libre cours à la réhabilitation de Staline. Son portrait avait disparu des manifestations communistes, sous l'URSS, depuis 1956. Il a réapparu et on a pu le voir cet été dans les manifestations contre la réforme des retraites.
Dans ce qui tient lieu de débat franco-français, une législation analogue existe depuis la loi Gayssot. On éprouve au contraire un sentiment différent, presqu'inverse. Nous pensons que n'importe qui peut écrire n'importe quoi sur les faits, sauf [évidemment] ce qui tombe sous le coup de ladite Loi Gayssot, sans que les commentaires puissent apparaître librement.
Dans un article mis en ligne le 7 sur Figarovox[3], le colonel Michel Goya, docteur en histoire, rappelle ainsi : "Il existe quelque chose qui s'appelle l'Histoire, qui est l'étude et l'écriture scientifique des faits et des événements passés." (…) et on peut apprendre au paragraphe suivant : "Ce que dit l'Histoire est pourtant simple : l'Allemagne déclare la guerre à la France puis envahit la Belgique neutre avant de pénétrer en France." Cela fut vrai en 1914, encore que la France et l'Angleterre aient déclaré la guerre à l'Autriche-Hongrie dans l'écheveau d'engagements des diverses puissances qui se retrouveront belligérantes.
Les choses ne se sont absolument pas passées de la même manière en 1939 Inutile de rappeler à la plupart de nos lecteurs ce que dit, à l'inverse, l'histoire pour la "dernière" guerre.
Les dates restent les suivantes :
- 23 août 1939, l'Allemagne hitlérienne et l'Union soviétique signent un "pacte de non-agression"[4];
- 1er septembre 1939, invasion allemande de la Pologne occidentale ;
- 16 septembre l'accord Molotov-Togo met fin aux hostilités russo-japonaises en Corée et en Mandchourie ;
- 17 septembre invasion soviétique de la Pologne orientale ;
- 22 septembre défilé militaire germano-soviétique à Brest-Litovsk
- les deux armées effectueront leur jonction et le partage du territoire polonais fut [à sa manière] "équitable", 189 000 km2 à l'Allemagne, 199 430 km2 à l'URSS ;
- 3 octobre 1939, Beria signe le décret 16/91-415 du Politburo autorisant le NKVD à échanger avec les Allemands, du 24 octobre au 23 novembre 1939, 46 000 prisonniers polonais qu'ils détenaient contre 44 000 en sens inverse.
- entre-temps le 3 septembre ce furent les Britanniques et les Français qui avaient déclaré la guerre à l'Allemagne hitlérienne [et non l'inverse].
- l'Union soviétique conquiert dans ce contexte de nombreux territoires en Europe orientale, conquêtes que les Anglais, les Américains et quelques autres[5] confirmeront à Yalta, mais elle échoue piteusement devant la résistance héroïque de la Finlande au cours de la guerre d'hiver à partir du 30 novembre 1939.
- en mai 1940, accessoirement, la Wehtmacht ne fit pas seulement l'impasse sur la neutralité de la Belgique, mais également sur celle des Pays-Bas, et envahit les Ardennes françaises en passant par le Luxembourg, également neutre. Les stratèges de la lIgne Maginot ne l'avait pas prévu. Mais dès l'automne 1939 ils avaient fait évacuer Strasbourg, application avant la lettre du principe de précaution.
- le 23 octobre à Hendaye le dictateur allemand cherche à négocier avec Franco l'entrée en guerre de l'Espagne et une possible prise de contrôle de l'Afrique du nord alors française
- le 24 octobre il passe au retour par la France dont il va rencontrer le nouveau chef d'état
Parmi les reproches que l'on fait au maréchal Pétain figure cette rencontre du 24 octobre 1940 en gare de Montoire, où pour la première fois apparaît le mot – mais non la chose – de "collaboration".[6].
Le bilan véritable de ces deux entretiens fait apparaître que, les 23 et 24 octobre 1940, ni la France occupée, pas plus que l'Espagne de Franco, ne firent la moindre concession réelle au conquérant de l'Europe, qui sortit de ces négociations très contrarié : "j'aurais préféré que l'on m'arrache, déclara-t-il, cinq ou six dents."
JG Malliarakis
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Apostilles
[1] devise du Guardian de Manchester
[2] Le 1er septembre 2016, la Cour suprême de Russie a confirmé la condamnation, en juin, à une amende de 200 000 roubles de Vladimir Luzgin, coupable d'avoir écrit que l'Allemagne hitlérienne et l'Union soviétique avaient envahi la Pologne de commun accord en septembre 1939. Selon la Cour suprême, cette assertion constitue une "négation publique des procès de Nuremberg et la mise en circulation de fausses informations sur les activités de l'Union soviétique durant la Seconde Guerre mondiale". cf. Halya Coynash, "USSR did not invade Poland in 1939’ court ruling upheld", Radio Poland, 2 septembre 2016 et aussi Legal Case of the Week: Vladimir Luzgin
[3] Son aricle est intitulé : "Polémique sur l'hommage à Pétain : Le futur n'efface pas le passé""
[4] L'examen des clauses et de la correspondance permet de parler plutôt d'une alliance. Je ne puis ici que renvoyer à mon livre "L'Alliance Staline Hitler".
[5] Si les historiens (cf. Arthur Conte) et théoriciens gaullistes dans les années 1960 ont utilisé le concept anti-Yalta d'un point de vue mythique, et l'ont développé d'un point de vue rhétorique, il faut reconnaître que la France n'a guère protesté contre les amputations de territoires avalisées par les Alliés anglais et Américains, notamment à Yalta dans la Déclaration sur l'Europe libérée du 11 février 1945.
[5] Le mot fut repris à Paris par les journaux et les partis "collaborationnistes". La "collaboration d'État" ne constitua la ligne officielle du gouvernement siégeant à Vichy, sous l'autorité nominale du Maréchal Pétain, que dans les premiers mois du second gouvernement Laval en 1942, lequel avait déclaré "je souhaite la victoire de l'Allemagne parce que sans cela le bolchevisme s'instaurerait partout". Son prédécesseur à la tête du gouvernement l'amiral Darlan, resté commandant en chef des forces militaires françaises, passera en Afrique du nord le 5 novembre 1942, où les Américains allaient débarquer le 8 novembre.
Merci pour cette info sur l'Arrêt de la Cour Suprême de Russie.
Dire la vérité historique dans la Russie poutinienne = un délit légal à l'instar de tous les Etats communistes
Au moins les choses sont claires.
A Nuremberg, les Soviétiques voulaient aussi mettre Katyn sur le compte des nazis.
Jusqu'à la chute de l'Urss, dans nos livres d'Histoire et les émissions historiques on mettait d'ailleurs un point d'interrogation sur lidentification du responsable de ce massacre de la jeune élite polonaise par les Soviétiques alors que tous les gens qui s'informaient un peu sérieusement n'ont jamais eu de doute à ce sujet.
Le contrôle de l'enseignement de l'Histoire, de sa médiatisation et de son récit via les productions culturelles est capital pour le contrôle des cerveaux et des émotions, pour unir "contre" et "ensemble" le peuple qu'on entend téléguider.
Et chez nous l'ignorance de plus en plus abyssale, même chez certains dirigeants, de l'Histoire factuelle donne le vertige.
De même l'ignorance de nos racines grecques, latines, judéo-chrétiennes, des Lumières, libérales et de l'invention du respect de la dignité de la personne, avec institutions ad hoc; à l'opposé de toute autre civilisation.
Ignorance croissante aussi de ce qu'est la démocratie, de ce qui la distingue des autres systèmes
Et de la nécessité de la défendre par tous les moyens, y compris la guerre contre qui la menace.
Mais il s'agit surtout de déliquescence intérieure laquelle est accentuée par les effets cumulatifs de la cyberguerre menée par la Russie et la Chine.
Il ne s'agit pas non plus de faire de l'autoglorification versus les autres comme on fait partout ailleurs mais de dire les faits et de les enseigner au lieu de s'auto-flageller à perpétuité !
Aussi sur les cancers que la vieille Europe a produits : le nazisme et surtout le marxisme qui continue à faire des ravages dans les vies et les cerveaux sur les trois principaux continents.
Et sur cette constante culpabilisation, quasi pathologique, répétée ad nauseam, d'une histoire falsifiée de l'esclavage et de la colonisation !
On assisterait pas au suicide de la civilisation occidentale ?
Rédigé par : Ronald | lundi 12 nov 2018 à 18:36
http://m.ina.fr/contenus-editoriaux/articles-editoriaux/katyn-des-images-historiques/
Archives de l'institut National de l'audiovisuel : Actualités Françaises -1943
On recourt trop peu aux archives de l'INA, dont le fonds d'archives est un trésor de notre pays. Mais je ne retrouve plus la déclaration faite sur place par le représentant français.
J'ai travaillé - durant quelques heures - avec Pierre Emmanuel qui fut président de l'INA après sa création, à l'éclatement de l'ORTF : belle époque où un poète était placé à la bonne place.
Rédigé par : Dominique | mercredi 14 nov 2018 à 01:49