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Le 17 novembre, comme chacun commence à le savoir, un blocage du pays d'un type nouveau est prévu. Les automobilistes protestataires manifesteront leur exaspération face au prix de plus en plus lourd du carburant. Le public ignore de moins en moins d'ailleurs que, sur 100 euros dépensés pour un plein de super SP 95, le prix du brut représente seulement 27 %. Un peu moins de 15 euros rémunèrent le transport et la distribution.
Mais, plus de 60 euros représentent les taxes, exactement 61 % de ce que paye le consommateur en France. Elles sont prélevées par l'État au titre de la TVA, bien sûr, mais aussi d'une fiscalité spécifique. La principale taxe pesant sur la consommation de carburants est la TICPE. En 2018, elle était fixée, hors majorations régionales, à 0,68 euros par litre pour le SP95, et 0,59 pour le gazole. L'accélération du rééquilibrage en cours entre gazole et essence a été la goutte de carburant qui a fait déborder la cuve.
Or, la TICPE constitue la 4e recette de l’État après la TVA, l’impôt sur le revenu et l’impôt sur les sociétés.
Son principe de celle-ci remonte à 1925, époque où nos gouvernants découvrirent les diverses facettes la dimension politique de la question du carburant. Dès le mois de décembre 1917 ils avaient été contraints de demander à l'allié américain de leur allouer 100 000 litres d'essence sans lesquels les véhicules militaires seraient tombés en panne sèche. Mais jusqu'en janvier 1920, date à laquelle Clemenceau quitta la présidence du Conseil ils n'avaient en vue que l'intention punitive à l'encontre d'une Allemagne dont paradoxalement ils allaient renforcer l'unité. L'aspect confiscatoire des réparations les amena à mettre la main d’abord sur une partie de ce que les capitaux allemands possédaient dans les pétroles roumains de la Steaua Romana, et surtout sur les 22,75 % de l'ancienne Turkish Petroleum Company détenus par la Deutsche Bank. Cette participation fut attribuée à la France non par l'intérêt de son gouvernement mais par l'entregent de Callouste Gulbenkian.
L'exploitation des gisements de Haute Mésopotamie par cette société renommée Irak Petroleum Company allaient pourtant permettre l'édification de la Compagnie Françaises des Pétroles. Plus tard celle-ci fusionnerait avec le groupe des Pétroles d’Aquitaine pour devenir Total, l’une des plus grosses entreprises françaises.
Mais la plupart de nos politiques ne virent jamais dans ce dossier qu’un instrument financier de l’étatisme, – en dehors sans doute du général De Gaulle qui confia en 1944 la Direction des Carburants à un ancien chef des services spéciaux de la France Libre.
Mais aujourd'hui encore c'est beaucoup moins le rôle géopolitique de l'Or Noir que les recettes fiscales dont sa facturation, en fin de chaîne, permet de combler en partie les trous béants d'une dépense publique qu'on se refuse toujours à restreindre vraiment.
Or, l'une des raisons avancées en faveur de la fiscalité pétrolière se revendiquant du choix que l'État prétend avoir opéré en faveur d'une transition écologique.
Mais personne ne sait vraiment où nous mène celle-ci, sinon à plus de dépense publique.
Dans un pays qui se dit démocratique, le pouvoir se revendique, par définition du régime comme le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple [1]. Quand Céline disait : "par la vinasse" il manifestait déjà ses mauvais penchants. À défaut de s'identifier à une quelconque vague qui serait qualifiée de "populiste" (pouah !), et dont on voit mal ce qui la sépare du principe ci-dessus énoncé, l'auteur de ces lignes se demande si les choix dits écologiques méritent même l'étiquette de technocratie. Quoique péjorative, elle nous rassurerait au moins quant à la compétence, quant aux choix scientifiques, quant au sérieux de nos dirigeants quand ils nous parlent de transition écologique, qui nous semble plutôt le cache-misère d'un étatisme prédateur renforcé.
Ah comme on aimerait pouvoir dire à nos méchants populistes : pas la peine de bloquer nos routes le 17 novembre, n'ayez pas peur, vous êtes entre de bonnes mains. Hélas, la franchise de mon stylo se refuse à l’écrire.
JG Malliarakis
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Apostilles
[1] cf. article 2 § 4 et 5 de la constitution : "La devise de la République est « Liberté, Égalité, Fraternité ». Son principe est : gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple."
Avez-vous remarqué quel genre de mesures le gouvernement envisage afin de réduire la grogne ? Des chèques par-ci, des aides par-là, le tout régi par une armée de fonctionnaires chargés de calculer qui y a droit ou non, en superposant ainsi une bureaucratie onéreuse à des prélèvements confiscatoires. Le tout pour aboutir à un laminage des classes moyennes, puisque les aides en question iront abonder le trou sans fond des aides aux "économiquement faibles", qui n'en sortiront pas renforcés pour autant...
Enarchie, quand tu nous tiens !
Rédigé par : Dominique Perignon | mardi 13 nov 2018 à 21:00
https://www.ecfr.eu/paris/post/la_ligue_des_ligues_la_cooperation_paneuropeenne_contre_lue
https://www.ecfr.eu/paris/post/la_pologne_la_hongrie_et_la_facade_glissante_de_la_democratie
Ceux qui sont aux manettes du paquebot France qui coule se permettent de ridiculiser grossièrement ceux qui ne veulent plus être noyés sous les taxes, c'est parce que les dirigeants autoproclamés de l'Union Européenne leur commandent d'agiter le drapeau "danger" du Populisme.
Pour l'UE l'expression de ces nations représente en effet un " danger contre la démocratie et la liberté ", à éradiquer par tous moyens.
A lire en anglais, la langue toujours usitée à Bruxelles et dans ses succursales européennes. Stupéfiant et effrayant.
Rédigé par : Dominique | mardi 13 nov 2018 à 23:22
L'écologie, c'est vraiment le dernier avatar du marxisme, le crime parfait.
Les communistes pouvaient prétendre massacrer tout le monde au nom du bonheur des prolétaires, mais les prolétaires pouvaient objecter que leur bonheur ne leur paraissait pas spécialement assuré par les communistes. C'est, d'ailleurs, ce qu'ils ont fini par faire.
Les néo-marxistes peuvent maintenant prétendre opprimer tout le monde au nom du bonheur des nouvelles "classes protégées" (expression officielle en Amérique ou en Angleterre, je ne me souviens plus) ; mais les membres de ces dernières (Noirs, immigrés, musulmans, femmes, homosexuels, handicapés...) peuvent toujours dénoncer le piège, et rejeter le protecteur qui en réalité les asservit (certains le font).
Mais la nature ? La "planète" ? Les z'animaux ? Les stato-gauchistes du monde entier peuvent bien les mettre en avant pour taxer et réglementer à mort ; les intéressés ne risquent pas de protester...
Rédigé par : Robert Marchenoir | mercredi 14 nov 2018 à 01:41
La TVA est assise sur le montant hors taxe, ainsi lorsque vous calculez les taxes sur les carburants vous devez prendre pour le SP95 par exemple à 1,53 € le litre:le prix du brut 0,41 ct €, le coût du raffinage 0,07 ct €, le coût de la distribution 0,11 ct € soit un total de de 0, 59 ct € auquel vous appliquez les taxes de 0,94 ct € et vous obtenez 159,32 %.
bonne utilisation
Rédigé par : goufio | mercredi 14 nov 2018 à 07:34
Seuls les imbéciles peuvent croire que ces augmentations de taxes auront un effet bénéfique sur l'environnement. Peu de gens utilisent leur voiture par plaisir pour un déplacement sans utilité qu'ils pourraient décider de ne plus faire.
Rédigé par : Saint Surge | mercredi 14 nov 2018 à 17:33
Je rebondis sur le commentaire de Dominique Perignon. Il me semble que l'on ne relève pas assez ce grand échec de M.Macron : il a voulu faire de la politique « autrement ». Donnons-lui le bénéfice du doute quant à sa sincérité. On se retrouve néanmoins avec ces sempiternelles réformes et contre-réformes, recettes usées jusqu’à la corde. L’État français ne sait faire que du Juppé.
Rédigé par : Emmanuel Trogneux | jeudi 15 nov 2018 à 14:27