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Depuis des mois les négociations sur le Brexit piétinent. Ainsi, la réunion des 27 représentants des États-Membres de l'Union européenne, le 17 octobre à Bruxelles, cherchait-elle à avancer sur ce sujet. Or, à la fin du dîner de travail il fut décidé de ne pas prévoir de réunion du Conseil, ce que les médiats appellent un Sommet, au mois de novembre. Et, faute de progrès suffisants dans les discussions, aucune date n’a été fixée. Michel Barnier, négociateur en chef des Continentaux conserve la confiance des institutions. Il est chargé de décider quand sera convoqué le conseil, mais d'ores et déjà, il est demandé à la Commission européenne de se préparer à une sortie sans accord.
On ne peut pas acter plus clairement la situation d'impasse dans laquelle Britanniques et Continentaux se trouvent donc embourbés.
Dans ce contexte, ce 20 octobre à Londres, se déroulait une manifestation à la fois inédite et imprévue. Elle a rassemblé environ un demi-million de personnes. Le correspondant du Monde à Londres évoque sans réserves le chiffre de 700 000, à comparer avec celui de 100 000 mobilisés en juin, appuyés depuis lors par une pétition en ligne ayant recueilli 900 000 signatures.[1] Défiant l’intoxication de l'opinion par les tabloïds et submergeant les vieux appareils partisans rouillés, ce courant d'opinion réclame résolument, pour les conditions de sortie de l'Angleterre, un nouveau référendum.[2]
Le 24 juin 2016 c'est seulement une courte majorité de Britanniques, de façon disparate selon les quatre nationalités rassemblées dans le Royaume-Uni : les Anglais des villes industrielles votant pour, les Londoniens ou les Écossais votant contre. 51,89 % des 72,21 % de votants, se sont prononcés par référendum en faveur de ce qu'on appelle le Brexit, c’est-à-dire pour la sortie de la Grande Bretagne de l'Union européenne.
Cette orientation a été reprise par un nouveau cabinet britannique, dirigé par Theresa May, alors que celle-ci avait campagne pour le maintien.
Chef du gouvernement depuis 2016, elle s'accroche désormais à l'idée qu'on ne saurait revenir en arrière par rapport à ce qui est présenté pour la volonté irréformable du peuple.
La sortie est donc supposée prendre effet, en vertu de l'article 50 du traité sur l'Union européenne, presque irrévocablement en mars 2019.
Or, depuis deux ans nous avons pu mesurer combien les conséquences pratiques risquaient de s'en révéler catastrophiques ou du moins très lourdes. Le prix matériel le plus élevé sera supporté par le peuple et les entreprises d'outre Manche.
Et ceci se vérifiera quel que soit l’accord adopté ou non, au gré de négociations qui butent sur des points, au départ négligés, mais qui sont devenus cruciaux tel que la frontière entre les deux parties de la verte Érin.
Il n'y aura pas de Brexit heureux : ni pour le Continent, ni pour les îles que nous appelons britanniques[3], ni d'ailleurs pour les îles anglo-normandes, etc. Boris Johnson et quelques autres ont menti, délibérément, sur des points très importants, et désormais tout le monde le sait. Nigel Farage a reconnu lui-même après le vote de 2016 qu'il ne croyait pas à sa victoire. Ses partisans se sont eux rassemblés ce 20 octobre à Londres pour contre-manifester : ils étaient environ 1 200.
L'Europe, la vraie, l'Europe de notre culture commune, survivra à cette épreuve. Elle en a connu d'autres. L'Angleterre et l'Écosse ne cesseront d'en faire partie comme en font aussi partie la Norvège ou la Suisse, indépendamment des institutions.
Mais avant tout, ceci devrait faire réfléchir ceux qui admirent encore les procédures référendaires.
Au gré de telles tromperies, les politiciens demandent aux peuples de répondre à leur, place par oui ou par non, à des questions que les diplomates eux-mêmes peinent à résoudre.
JG Malliarakis
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Apostilles
[1] cf. "Almost 700,000 march to demand ‘people’s vote’ on Brexit deal. Huge London demonstration was largest since the protest against the Iraq war in 2003"
[2] cf. Photos de la manifestation.
[3] appellation que nos amis irlandais récuse. Celle que George Bernard Shaw appelait encore en 1906 "la Seconde île de John Bull" refuse d'être dite britannique…
Il me semblait qu'entrer ou sortir de cette Union européenne - qui est loin de satisfaire les peuples - mérite de demander son avis aux peuples.
Les Suisses qui ont recours souvent à cette procédure à tous leurs niveaux institutionnels, sont certainement mieux "formés" que nous, mais la procédure référendaire du Breixit ne m'avait pas paru condamnable en elle même. D'autant que la question de l'absence de la monnaie commune plombait dès départ la présence du Royaume Uni dans cette Union qui n'est finalement qu'économique, et encore.
Rédigé par : Dominique | lundi 22 oct 2018 à 19:23
Certainement l'Europe de notre chancelière bien aimée vaincra pour le bien commun de tous,gare aux apostates populistes italiens, qui veulent détruire notre patrie et notre culture commune.
Rédigé par : guillaume pqastrdamouh | lundi 22 oct 2018 à 22:39
"Faire Réfléchir ceux qui admirent les processus référendaire ?"
Vous plaisantez ?
Le divorce entre les peuples et les élites est presque total, les "démocraties" sont volées, les candidats tirés dans des listes pipées par des médias qui sont de connivence et vous nous dites que les référendums sont le problème ?
Si le Brexit échoue, c'est uniquement parce que les élites de Bruxelles ont peur de perdre leurs pouvoirs et font tout pour saboter le processus. Les peuples anglais et européens s'arrangeraient très bien pour échanger entre eux sans ces technocrates.
L’Europe était la réponse aux divisions franco-allemandes, d'autres défis sont arrivés, entre autres ceux posés par une monnaie commune à des économies complètement différentes et les technocrates complètement dépassés n'ont su que répondre "plus d’Europe" tout en pondant des lois de plus en plus absconne, obscure, inapplicable et foutraque.
La technocratie européenne ressemble de plus en plus au politburo de la défunte URSS.
Le référendum est la réponse, pas le problème.
Rédigé par : Ilmryn | dimanche 04 nov 2018 à 17:59