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Les rencontres atlantiques de ces 11 et 12 juillet, entre Européens et Américains portent sur l'avenir de l'Otan. Peut-être convient-il de mieux situer le contentieux qu'elles s'apprêtent à gérer. Avant même de remonter aux premières années de l'Alliance et à ses principes historiques reportons-nous à 2014.
Le débat remonte en effet à cette année-là. Les pays limitrophes de la Russie avaient assisté, au printemps, à l'affaire de Crimée, puis au développement d'une guerre hybride que Moscou mène dans l'est de l'Ukraine en soutien aux séparatistes.
Les menaces de la Russie poutinienne ressenties dans l'Est européen vont au-delà de la question de frontières théoriquement sanctuarisées par les accords d'Helsinki de 1975. Elles portent sur l'unité, et même sur l'indépendance des pays issus en 1991 de l'Union soviétique. Et cela a conduit à légitimer la marche vers un impératif comptable accepté par tous les alliés.
Il a été situé à échéance de 10 ans, c'est-à-dire pour 2024, à hauteur de 2 % du Produit intérieur brut de chaque pays, à investir dans les moyens matériels de défense. 20 % de cet effort devra être consacré à l'acquisition de nouveaux équipements majeurs, comprenant les dépenses de recherche et développement.
On peut parfaitement s'interroger sur la pertinence de tels ratios statistiques.
En France, par exemple, l'opinion peut désormais paraître majoritairement, sinon unanimement, acquise à la préoccupation militaire. Or, les services de l'Otan en mesurent la concrétisation à seulement 1,81 % en termes de PIB. La Cour des comptes estime, au contraire, que le seuil de 2 % est atteint ou dépassé.
Tout dépend en effet, d'abord, d'une donnée quantitative fluctuante, celle de la richesse produite dans le pays ; et d'autre part une notion qualitative interroge quant à la nature des missions définies par les lois de finances.
Faudra-t-il ainsi incorporer ou non le symbolique projet de service national restreint que la présidence de la république entend instituer et dont l'impact sur la capacité opérationnelle du corps de bataille tendra, de toute évidence, vers zéro ?
Depuis 1960, aussi, la force nucléaire hexagonale a absorbé une part considérable du budget des armées : faut-il la comptabiliser dans le contexte de l'Otan ?
De telles questions font autant de digressions dans un débat où devraient primer celles de l'esprit de défense et de l'effort matériel qu'il suscite.
À y regarder de près, on se rend ainsi compte que seuls quelques gouvernements ont vraiment tenu l'engagement à hauteur de 2 % fixés en 2014. La Grande Bretagne, alliée indéfectible, et à certains égards cavalier du cheval américain, la Grèce dont la préoccupation stratégique est déterminée par la menace d'une Turquie juridiquement alliée mais militairement ennemie, restent hors concours avec respectivement 2,10 % et 2,27 %. Viennent ensuite de manière significative les pays voisins de la Russie : Estonie à 2,14 %, Lettonie à 2 %, Pologne 1,98 %, Lituanie 1,96 %, Roumanie 1,93 %, c'est-à-dire là où les peuples, légitimement et directement, se sentent menacés par la velléité russe affirmée par la maître du pouvoir, de reconstruire l'espace soviétique.
Ce beau résultat de la politique grimaçante de Vladimir Poutine et de ses exactions sanglantes contre la Géorgie en 2008 et contre l'Ukraine depuis 2014, de son ambition de parler comme l'URSS le faisait, d'égal à égal avec l'Occident, doit être mis en perspective avec la réalité d'un budget militaire russe, certes considérable en pourcentage de la richesse effectivement produite par l'économie de ce pays, mais 15 fois plus modeste que celui de l'Otan dont les 2/3 sont assumés par l'Amérique.
Ne perdons pas de vue la part des faux-semblants dans la présentation de cette négociation entre Eurocrates et bureaucrates atlantiques.
Les gros intérêts de l'industrie militaire des États-Unis sont dans de nombreuses circonstances une motivation aussi importante que la nécessaire défense du monde libre.
N'esquivons donc pas non plus la part de bluff dans les propos, et dans les raccourcis sur Twitter, du président Trump. Observons-le désireux de faire pression sur l'Allemagne. On se préoccupe en effet, désormais, après plus de 70 ans de statut punitif, de la faire contribuer plus durement. Rappelons enfin qu'après avoir tenté de resserrer les liens au sein de son propre bloc, l'homme de la Maison Blanche rencontrera le 16 juillet dans la bonne ville d'Helsinki, à défaut de pouvoir le faire à Yalta, son partenaire du Kremlin.
JG Malliarakis
Pour répondre à la question d'inclure ou non la force de dissuasion nucléaire dans le quota OTAN afin d'atteindre les 2% de PIB, je dirais que l'essence même de l'Alliance militaire demande à l'inclure parce que la stratégie du dispositif originel était de dissuader l'Union soviétique d'attaquer (et de la bloquer sur l'Elbe).
Bien sûr, cette force ne participe pas aux manoeuvres d'intimidation ou aux opérations d'essartage du terrorisme à sa source (comme en Afghanistan) mais elle complique la caisse à sable de l'état-major russe et elle participe à l'exigence de niveau technologique qui déteint sur la tranche conventionnelle de la défense.
Sur la question des pays de l'ancien pacte de Varsovie plus dépensiers que nous, il convient de séparer ceux qui "profitent" d'une forte minorité de pieds-noirs russes sur leur territoire, des autres, simples colonies affranchies.
L'Estonie et les deux pays baltes sont dans la configuration de l'Ukraine, à détecter chez eux toute déstabilisation comme il en fut au Donbass. Il y a eu déjà des alertes informatiques qui ont eu valeur de test russe.
La Pologne jouxte l'enclave de Kaliningrad, véritable "crevé" dans le dispositif OTAN, et surveille les moyens russes déployés qui n'ont d'autre raison que de prendre en tenaille les pays baltes justement.
Les autres PECOS ne donnent pas prise et craignent beaucoup moins les rodomontades du pouvoir russe, plus fort au micro que dans le développement des territoires lui appartenant.
Rédigé par : Catoneo | jeudi 12 juil 2018 à 10:32
Laissons un instant les pourcentages aux comptables et regardons la situation en face : depuis la guerre que firent au 19 ème siècle les États américains (alors esclavagistes et protestants) au Mexique (abolitionnistes et catholiques) pour littéralement voler au Mexique fraîchement sorti de la domination espagnole, 4 ou 5 des états actuels des Usa, dont l'actuelle Californie, les USA n'ont cessé d'être un empire de plus en plus mondial.
Aujourd'hui l'armée américaine est présente dans 70/100 des pays de la planète. Le Council of Foreign Relations mène la partition de la politique impériale, et les grands donateurs mènent la danse des
représentants et des sénateurs à coup de dizaines de millions de dollars. Et c'est complexe financier-militaro-industriel qui dirige cet empire. Avec un budget apparent de plus de 700 milliards de dollars, plus le coût des interventions militaires et des guerres qui n'en finissent pas, les pertes humaines ; cette organisation oligarcho-militaire s'impose au monde entier.
Rappelons que la Russie a un budget militaire apparent de 60 millions de dollars soit 12 fois moins que celui des Usa, et a annoncé une baisse de ces dépenses pour pouvoir rehausser le niveau de vie des Russes. Or actuellement des manoeuvres militaires de l'OTAN cernent la Russie et les USA viennent de réactiver la 2ème flotte américaine soit 125 navires dont 3 porte-avions et 25 submersibles mis en oeuvre par 90.000 militaires dans l'atlantique-est pour "assurer la sécurité des Usa ". Tout cela est une immense manoeuvre d'intimidation de la Russie qui rencontre des succès diplomatiques de par le monde, et a contré avec succès jusqu'àlors l'agression contre la Syrie. Mais ces manoeuvres sont bien dangereuses même si on doit espérer qu'elles ne préparent pas une guerre contre
la Russie, ce qui serait une folie, et aussi une catastrophe pour les pays européens ... Alors 1/100 de plus ou de moins nous ne faisons plus le poids (mis à part le Royaume Uni qui joue la carte américaine, tant le MI6 que ses armées)
Les USA sortiront ils de ce comportement impérial ? C'est évidemment souhaitable pour les pays dévastés et c'est également souhaitable pour le peuple américain, qui en paie un prix de plus en plus fort, tant en termes de morts, de niveau de vie, qu'en termes de pertes progressives de ses libertés individuelles.
Beaucoup auront espéré que Donald Trump pourrait mettre en oeuvre son programme. A commencer par "drainer le marécage" (Drain The Swamp) et stopper l'immigration illégale par le sud (Build The Wall). Mais le Deep State a résisté et résiste évidemment d'autant qu'il était partout aux manettes et qu'un président élu par le peuple n'a pas, finalement, de pouvoirs réels face au complexe financier-militaro-industriel.
L'échec de la suppression de l'ObamaCare à 1 voix près des représentants (celle du républicain c Cain), et les prototypes de murs pour sécuriser la frontière sud en attestent, visiblement.
Moins visibles pour les gens moins informés (je pense au peuple américain qui a voté Trump, et aussi aux non américains) ont été les nominations de Niky Haley aux Nations Unis, de Mike Pompéo aux Affaires Étrangères (Secrétariat des Usa) et surtout de BOLTON le va-t-en guerre que des analystes et des militaires (critiques) considèrent comme le "président du Pentagone".
Évidemment on ne parle jamais du Council of Foreign Relations, sauf chez ceux qui viennent d'être censurés par tous les "réseaux sociaux".
Pourquoi Trump a t il donc nommé Bolton et Pompéo qui sont aux antipodes de ceux qu'ils avaient mis en place, pour une politique extérieure qui se voulait " apaisée " ? Et la venue de ces faucons va-t-elle perpétuer 17 années de guerre en Afghanistan et au Moyen Orient, et détruire l'Iran, avec tous les risques et effets domino, etc. ? A contrario du programme de D Trump.
Pourquoi donc cet homme qui s'est imposé à la force de sa parole et de ses dollars fait il depuis quelques mois le contraire de son programme (Bring Our Soldiers Back Home) ?
Évidemment parce que le Deep State a résisté, ne cesse de l'assaillir et de l'injurier quotidiennement : tant les médiats MSM, Hollywood, les Democrats, et les communistes.
Mais surtout parce que les plus grands contributeurs du parti républicain ont imposé Halley, Pompéo, et le terrible faucon qu'est Bolton (depuis Bush) ; et que le parti républicain a besoin de dollars pour faire élire ses représentants. Parmi eux ce serait Adelson, le magnat des casinos et de Las Vegas qui, selon les médiats (y compris les indépendants non MSM) aurait imposé à D Trump d'embaucher Pompéo et Bolton !
Prions pour que le monde ne parte pas en fumée. Cela passe à mon avis par le renoncement des Usa à sa politique impérialiste ininterrompue depuis la guerre faite au Mexique au 19 ème siecle. Ne rêvons pas mais espérons.
Soyons conscients que 2/100 ou 3 ou 5 ne suffiraient pas puisque nous Français n'avons plus que plusieurs dizaines de milliers de soldats, et que les 2/3 de nos matériels terrestres et aériens sont hors d'usage. Et, ... aucun abri nucléaire pour le peuple, contrairement à la Suisse.
Merci Jean - Gilles d'avoir rappelé ce que sont les " gros intérêts de l'industrie militaire des États Unis.".
Rédigé par : Dominique | dimanche 26 août 2018 à 02:30