En dehors de Daniel Cohn-Bendit, fidèle soutien d’Emmanuel Macron, qui n'hésite pas à saluer ce qu'il considère comme un "coup de génie", peu nombreux semblaient en cette après-midi retardataire les enthousiastes du nouveau gouvernement.
Certes l'équipage ne se compose pas uniquement de gens irrespirables. On répétait depuis plusieurs années, par exemple, et à l'envi, que Le Drian connaissait une solide popularité en milieu militaire. Ceci justifiait, pouvait-on penser, qu'il soit maintenu en poste. Eh bien, non : il ne le désirait pas, dit-on, et sa vision de la défense s'écarte de celle du président, le voici donc aux Affaires étrangères.
Quant aux armées, elles seront confiées à Mme Goulard dont on croyait savoir la compétence et l'engagement dans les institutions européennes mais, sans préjudice de sa réussite future, dont on ignorait l'intérêt et la compétence pour la chose militaire.
Finalement les responsables de droite sont restés chez eux, préférant sans doute la proposition hybride de Juppé : je me rallierai, mais après la victoire, et au camp qui l'aura emporté. En bonne chauve souris je trouverai d'excellents arguments prouvant que de toute éternité j'appartiens à cette catégorie politologique qui mérite de s'appeler la droite-gauche : "je suis oiseau voyez mes ailes, je suis souris vivent les rats."
L’absence d’un ministère dédié officiellement à la famille désole, par exemple, les cercles catholiques. Et elle ne peut pas être considérée comme absolument innocente. (1)⇓
Mais observons plutôt les ministères effectifs.
Leur caractère de combinaison typiquement technocratique, de gens, tous ou presque sortis du même moule, et dont les flatteurs vantent la compétence, ne peut échapper à personne.
Faut-il considérer à cet égard comme une heureuse exception le retour de François Bayrou dans les cercles de pouvoir qu'il avait quittés en 1997, il y a donc 20 ans, après 5 années d'immobilisme à l'Éducation nationale, sous Balladur puis Juppé ?
En dehors de son honnête désir de combattre les phénomènes de corruption et les "abus de pouvoir" (2)⇓ on peut se demander si la préoccupation actuelle des Français, en matière de politique pénale et pénitentiaire, dont il reçoit la charge, ne requiert pas d'abord un garde des sceaux enterrant radicalement l'ère Taubira.
Guillaume Tabard dont habituellement nous partageons les conclusions entomologistes relatives à la classe politique, ne nous convainc donc qu'à moitié, quand il écrit : "l'équipe mise en place autour d'Édouard Philippe tourne radicalement la page Hollande." (3)⇓
Tout dépend en effet de ce qu'on appelle la page François Hollande.
Pour l'instant par exemple on ne perçoit guère l'intention macronienne novatrice en matière de lutte contre le totalitarisme islamique.
Hélas, au contraire, dans la foulée de la campagne électorale, on perçoit la même volonté que sous Hollande : celle de ménager l'électorat communautariste, auquel furent vouées tant de déclarations du candidat Macron, parfait héritier sur ce point des pires aspects du hollandisme.
Oui, véritablement, il faut pas mal d'arrivisme pour se rallier, et beaucoup d'optimisme pour applaudir.
JG Malliarakis
Apostilles
- (1) cf. "Après la nomination du gouvernement" par Tugdual Derville. ⇑
- (2) Titre du virulent livre à charge qu'il publia en 2009 contre les années Sarkozy. ⇑
- (1) La gauche tonne et la droite marmonne, développe-t-il dans Le Figaro. Et d'ajouter : Mélenchon est énervé et le Medef soulagé. Les réactions politiques à ce premier gouvernement Macron en montrent le centre de gravité idéologique. ⇑
"[…]on ne perçoit guère l'intention macronienne novatrice en matière de lutte contre le totalitarisme islamique."
Le totalitarisme islamique est principalement la conséquence de l'invasion (pré)musulmane 1000 + les 500 naissances/jour. Macron n'a pas l'intention de bloquer cette invasion.
Rédigé par : Dubitatif | jeudi 18 mai 2017 à 08:57
Il n'y a qu'un choix intéressant dans ce casting: celui de Françoise Nyssen, cofondatrice et patronne de la grande maison d'édition Actes Sud, en Arles, comme ministre de la culture.
Au moins elle a prouvé quelque chose, en étant capable de monter et diriger une maison comme ça. Ce n'est pas rien tout de même. Et il fallait un certain talent.
On ne sait pas encore si elle fera du bon travail au ministère, mais là, j'ai trouvé qu'il y avait de l'idée.
Rédigé par : Zwingli | lundi 22 mai 2017 à 00:14
Cofondatrice - Non le fondateur d'Actes Sud c'est son père Hubert Nyssen.
Rédigé par : Dubitatif | lundi 22 mai 2017 à 20:18
D'après ce qu'on me dit c'est bien son père le fondateur. Mais elle a travaillé avec lui presque depuis le tout début. Ensuite elle a bien développé l'affaire avec son mari, qui est aussi un entrepreneur. Bref c'est une belle entreprise familiale et elle n'est pas simplement une héritière. Franchement, et même si évidemment le ton idéologique de cette maison d'édition n'est pas assez facho pour mon goût, je reconnais l'exploit et je tire mon chapeau.
Je persiste à dire que cette dame est le seul ministre convaincant de ce gouvernement.
Rédigé par : Zwingli | mardi 23 mai 2017 à 12:02
Enfin, je suis quand même un peu déçu quand je lis qu'elle est anthroposophe...
Rédigé par : Zwingli | jeudi 25 mai 2017 à 18:05