Partout dans le monde libre le deuil de Paris a été partagé. Au contraire, le triste débat du Palais Bourbon le 17 novembre a déçu ceux qui croyaient à la durée d'une entente nationale. Quatre jours à peine après les attentats du 13, et au lendemain de la séance du Congrès à Versailles le 16, ceci nous amène à revenir sur les causes du rapide retour aux discordances nationales.
Votre serviteur a donc investi 38 minutes de sa journée du 17 à réécouter, plus attentivement, le discours présidentiel du 16.
Difficile de souscrire entièrement au jugement d'un Juppé, sur RMC le lendemain, qui "salue un très bon discours".(1)⇓
Parler d'un discours "habile", "diplomatique" et/ou "manœuvrier" l'eût qualifié plus exactement. Mais de là "mettre en garde" l'opposition comme le fait le maire de Bordeaux, voilà quand bien de l'audace.
En l'occurrence cependant, dans les propos présidentiels, on pouvait repérer quelques habillages adroits et certaines annonces pertinentes dans la lutte contre Daech.
Son propos commence assez bien par le constat que nous sommes en guerre. Et, du reste, les oppositions n'ont pas manqué, en gros, de reconnaître certaines de leurs idées et suggestions, reprises par le chef de l'État.
On n'a guère insisté, c'est peut-être dommage, mais ce n'est pas fortuit, que le fait même de recourir à une loi du 3 avril 1955 correspond à une réalité de fait : la ressemblance assez étroite, entre les violences que nous vivons, et de nombreux aspects de la guerre d'Algérie. Il ne convenait pas alors d'en dire le nom : il fallait dire et on disait "les événements". La nouveauté réside à peine dans le discours qui les enrobe.
Sur le site internet de l'Élysée en effet on peut lire une forte pensée de Monsieur Hollande diffusée elle-même sur son compte Twitter : "A la barbarie des terroristes, nous devons opposer l'invincible humanité de la culture."
À cet apophtegme, beau comme l'antique, certains pourraient préférer toutefois qu'on souligne plutôt la redoutable efficacité de nos trop rares Rafale.
"L'invincible humanité" (sic), en effet, a connu diverses défaites dans le passé, et ses victoires ont plutôt été enregistrées sur le terrain militaire : Reconquista espagnole, siège de Vienne, libération de la péninsule balkanique, etc.
"Le terrorisme, dit-il, nous le combattons partout". Les mots n'ont pas été choisis par hasard. On répète l'erreur que je relevai dans ma chronique du 16. La France officielle se dit "en guerre" sans qu'elle accepte de désigner clairement son/ses adversaires : qu'on n'emploie pas les généralisations comme "islam", "musulman", "loi coranique", etc. cela heurte le sens commun mais cela découle d'une logique, d'un mot d'ordre absolu : pas d'amalgame, pas d'islamophobie, ne stigmatisons pas.
On pourrait parler des racines de cette violence, à partir notamment de la volonté d'appliquer la "charia" laquelle ne saurait s'imposer autrement que par la coercition, aboutissant notamment à l'oppression des femmes. Faute même d'envisager "l'islamisme", les expressions utilisées contournent la distinction islam/islamisme, évitant de s'interroger sur les racines totalitaires intrinsèques à ce monothéisme radical. On entend ainsi parler d'une "armée djihadiste", du "groupe Daech", du "terrorisme djihadiste" ou même de "combattants étrangers". Ce dernier point est un mensonge : les seuls "étrangers" sont belges, ce qui est une sorte d'exploit puisqu'ils ne sont, à vrai dire, comme le roi des Belges en personne, ni Wallons, ni Flamands.
Plus loin Monsieur Hollande remarque pourtant "ce sont des Français". Et il nous parle enfin de "crimes commis au nom de cette même idéologie djihadiste", des mots destinés à esquiver les choix obligatoires que la France doit imposer à ses ressortissants.
Non par conséquent M. Juppé : même si l'on admet un minimum civique en la circonstance tragique que vit le pays, il n'est pas possible de parler d'un "très bon discours". La France officielle refuse de repérer le fait islamiste. Le monde entier des peuples libres l'a compris, mais notre gouvernement, lui, comme à son habitude, reste dans le déni.
Prochaine conférence de l'Institut d'Histoire sociale
Mercredi 25 novembre de 18h à 20h au café du Pont Neuf 14 quai du Louvre, Paris 1er
par JG Malliarakis autour du livre de "La Faucille et le Croissant"
Congrès de Bakou : Quand le Komintern appelait les musulmans au djihad
http://est-et-ouest.fr/conferences/conf151125.html
À lire en relation avec cette chronique
livres sur l'Islam et l'islamisme à commander aux Éditions du Trident.
Apostilles
- cf. Libération du 17 novembre ⇑
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Merci JG de ce bon article. Le coeur aura raison du nombre !
Rédigé par : C Williamson | mercredi 18 nov 2015 à 17:50
Une chose que je pense, ressens, et qui peut choquer.
Je trouve immonde de mettre sur le même plan les terroristes islamistes et les "veuves noires" et autres Tchétchènes qui ont ou auraient commis des attentats en Russie.
Cet amalgame là est aussi injustifiable que ne l'est - pour les "mieux-pensants" - l'amalgame Islam-islamisme.
Si j'avais vu mes enfants, mes proches enlevés, torturés, assassinés, ma capitale et ses habitants broyés sous les gravats et brûlés vifs sur ordre de Poutine..
..et vu en suite les survivants de mon pays martyrisé jetés sous la botte d'un fou sanguinaire (Kadyrov) et de ses sbires sous la bannière d'une charia vomitive.
.. si j'avais compris que ni en Russie ni en Occident quasi personne ne SAIT et que tout le monde se sent 100000000 de fois plus concerné par le sort de quelques familles palestiennes éduquées dans la haine du Juif
...en constatant que les rares qui SAVENT et qui osent parler en Russie disparaissent, sont assassinées ou finissent par se taire sous les menaces visant leurs amilles..
..quand je constate aussi le silence , la lâcheté, la veulerie des chancelleries occidentales qui SAVENT tout y compris le cynisme de Poutine qui va jusqu'à attribuer à, ou utiliser, des Tchétchènes pour se détacher de l'assassinat de celui (Nemtsov)qui s'apprêtait à des révélations inédites sur... le martyre de la Tchétchénie.
...en voyant ces Occidentaux, au nom de la défense des valeurs d'humanisme, s'associer avec le plus puissant et le plus actif des criminels
..alors, eh beh, me connaissant, et je suis sérieux, j'applaudirais à ceux qui se feraient sauter sur la place Rouge peut-être même en tuant d'innocents passants, je pourrais même le faire moi-même sans besoin de captagon ni alcool ni endoctrinement, simplement parce que je suis UN GARS ORDINAIRE et HUMAIN et que je suis un des rares occidentaux à faire passer ces valeurs tant clamées et proclamées avant ma propre vie.
Rédigé par : Al Cool | mercredi 18 nov 2015 à 18:24