Quel raffut, grands dieux, autour de petites phrases prononcées plus ou moins discrètement, au moins en apparence, par le ministre de l'Économie Emmanuel Macron. S'agissant de sa demi-déclaration, ou de sa fausse confidence, sur le statut des fonctionnaires on a donc vu les levées de boucliers de tous les nuisibles ou presque.
Celle qu'on croyait définitivement mise à l'écart, la Aubry, – enfin : la fille Delors, le pauvre Aubry n'y est plus pour rien, – s'est réveillée de sa torpeur. Aucun argument. Juste : ras le bol. Au moins c'est clair.
Qu'aurait donc osé dire Macron à propos du statut de la fonction publique : qu'il n'était plus adapté. Ne remonte-t-il pas à bientôt 70 ans ?
Car ce statut repose sur deux politiques mises en place par des ministres communistes.
En 1946, c'est Maurice Thorez qui le fait voter, après la démission du général De Gaulle, par l'Assemblée constituante, en extension de son mandat, au profit des fonctionnaires de l'État, ceci incorporant l'ensemble du personnel de l'Instruction publique devenue Éducation nationale.
De 1981 à 1984 c'est le passage d'Anicet Le Pors, lui aussi dirigeant du PCF, dans les gouvernements de Pierre Mauroy qui va permettre d'agréger, artificiellement, deux autres catégories de personnels, que l'on va qualifier fictivement, désormais, l'une de "fonction publique hospitalière", l'autre de "fonction publique territoriale".
Tout cela semble intouchable, partie du fameux modèle social français, destiné à s'aggraver, toujours dans le même sens, chaque fois que la gauche revient au pouvoir, et parfois même quand les électeurs de droite ont cru voter pour en chasser ses hommes, tout en gardant leurs idées.
Si on veut mesurer les limites de la liberté de remettre en cause le socialisme en France, la réaction de Marylise Lebranchu vaut à elle seule le déplacement. Intervenant le 21 septembre la Ministre de la fonction publique, a donné son avis sans appel sur les propos prêtés au ministre de l’économie.
"Il faut être extrêmement prudent, a-t-elle dit sur Europe n° 1, parler le moins possible et ne pas oublier qu’y compris dans un petit groupe de réflexion il y a toujours quelqu’un pour reprendre une phrase que vous avez jetée".
Mme Lebranchu, se défend cependant de vouloir "taper sur un collègue du gouvernement". Selon elle pourtant "le statut de la fonction publique permet des droits et des obligations". On l'imagine en effet… Mais le commentaire devient grandiloquent car ce "statut de la fonction publique, ce n’est pas seulement la solidité de l’État, c’est la solidité de la nation". Au drapeau.
Sur le fond Mme Lebranchu prétend aussi que "l’État réforme de façon permanente ses services". On respire.
Tout en se défendant de "taper sur un collègue du gouvernement", ce qu'elle fait en réalité, Mme Lebranchu lui rappelle donc sans discrétion qu'il doit faire passer sa position statutaire au sein de l'administration avant celle de membre du gouvernement.
Or, théoriquement parlementaire, dans la mesure où elle organise la responsabilité solidaire du cabinet, la constitution de la Cinquième république suppose la solidarité ministérielle. Quand la chambre vote la censure c'est l'ensemble des ministres qui se trouvent démis. Mais si on analyse les propos de cette ministre qu'on pourrait considérer comme secondaire, ce principe constitutionnel essentiel semble passer à ses yeux après l'omertà de la technocratie. Elle peut critiquer un autre membre du gouvernement, celui-ci au contraire, ne peut pas s'interroger sur l'obsolescence du statut.
Mais, à vrai dire, ministre de la fonction publique, Mme Lebranchu considère peut-être Emmanuel Macron comme un de ses administrés. En effet, le jeune ministre est sorti de l'Ena en 2004. Il a intégré l'Inspection générale des Finances. Mais en 2008, afin de commencer une carrière de banquier d'affaires, il s'est mis en disponibilité de la fonction publique sans en démissionner. Ce qui lui a permis d’ensuite retrouver son statut en 2012 dès lors qu'il entra au cabinet de François Hollande, qui venait d'être élu chef de l'État.
Bruno Le Maire qui, quant à lui, a démissionné de la Fonction Publique, chose très rare chez un politicien élu – en général ils se mettent en disponibilité –, lui a conseillé d'en faire autant. Faut-il le lui déconseiller ?
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Cher chroniqueur, vous ne pensez quand même pas que ce gros poux dominant va lâcher ses privilèges sur un simple coup d'bégon?
Rédigé par : minvielle | mardi 29 sep 2015 à 19:44
Oui, les réactions à la sortie de Macron sont sidérantes, et montrent bien qui commande en France : les fonctionnaires.
Le ministre de l'Economie (qui n'est pas n'importe qui, en France), évoque très vaguement la remise en cause du statut des fonctionnaires ?
Le président de l’Assemblée nationale : "Il y a des choses qui ne se disent pas. Il faut qu’il fasse attention. Emmanuel, fais attention."
C'est carrément le chef mafieux qui parle : il montre la bosse de son pistolet sous son veston ; il prévient qu'un accident est vite arrivé.
La ministre de la Fonction publique (qui, en principe, n'est jamais que le chef du personnel des fonctionnaires, et ne devrait parler au ministre de l'Economie que les yeux baissés, après avoir fait la révérence) : "Un ministre n’est pas libre de ses propos".
Hallucinant. Un sous-ministre dont personne ne connaît le nom se permet de gronder le ministre de l'Economie en lui expliquant qu'on est en dictature, et que ça s'applique à lui avant tout.
La Dame des 35 heures (qui n'est littéralement rien du tout, selon la constitution, par rapport à Macron), après avoir fustigé son "arrogance" d'un ton suprêmement méprisant : "Il devrait se souvenir qu'il a été fonctionnaire".
Il a fait partie d'un gang, donc il est condamné à la solidarité inconditionnelle à vie. C'est comme l'islam, le KGB ou les Voleurs dans la loi : on n'en démissionne jamais, on n'en sort que les pieds devant.
Peut-on expliquer plus clairement, aux Français, qu'ils vivent sous la tyrannie d'une mafia appelée la fonction publique ? Si même le ministre de l'Economie se fait littéralement menacer de cette manière pour de simples paroles, quel est, alors, le degré de liberté du simple citoyen ?
En Russie, l'Etat et la nation tout entière sont aux mains du KGB. En France, l'Etat et la nation tout entière sont aux mains de la fonction "publique".
Dans les deux pays, la population a le culte de l'Etat. Pas étonnant qu'on trouve tant de poutinophiles en France...
Rédigé par : Robert Marchenoir | mardi 29 sep 2015 à 21:10
Une sorte de troika tient la France : freres trois points + communsites + fonctionnaires. Les fonctionnaires sont les executants
Rédigé par : Hermes | jeudi 01 oct 2015 à 18:18