Le Premier ministre dénonce ce qu'il appelle l'islamo-fascisme. C'est sans doute son droit. Nous nous trouvons en guerre avec un adversaire totalitaire. Et il exista certes, par le passé des jonctions ponctuelles entre "fascistes" et "islamistes". Mais à force d'être utilisé à tort et à travers le vieil épouvantail fasciste, fabriqué par le Komintern en 1935, ne sert plus qu'à discréditer celui qui le dénonce.
En septembre 1920, en effet, sur les bords de la mer Caspienne, s’est forgée une alliance "islamo-bolchevique" autrement plus significative entre communistes et nationalistes musulmans. C'est cette alliance, réactivée dans les années 1960, qui a donné naissance à l'islamo-terrorisme.
Ce "Premier congrès des Peuples de l'orient" avait été réuni à Bakou, par les bolcheviks, à l'appel du Komintern. Il s'agissait de donner une base stratégique à une révolution, certes victorieuse en Russie, mais qui n'avait pas réussi à s'exporter en Europe. Quelques jours à peine avant le Congrès elle avait échoué en Pologne.
À défaut de se développer à l'ouest, Lénine et ses camarades entreprirent de s'allier à l'est aux nationalistes musulmans, de se servir de leurs luttes et de les enrôler sous leur bannière.
Dans le volume "la Faucille et le Croissant" qui vient de paraître je présente l'intégralité du compte rendu, devenu introuvable [j'ai dû commander mon exemplaire personnel de travail chez un bouquiniste de … Caracas !] des débats de ce Congrès.
Qu'on en juge.
Il appartint au chef des révolutionnaires hongrois Béla-Kun, alors mondialement connu mais que sa défaite en 1919 avait contraint de se réfugier à Moscou de justifier le nouvel impérialisme soviétique qui se profilait déjà sous la bannière artificielle de "l'Internationale communiste". Il déclarera ainsi : "Camarades, bien que je ne m’exprime que très difficilement en russe permettez-moi de vous saluer dans cette langue qui est celle de la révolution internationale. (p. 31)
Zinoviev, orateur enflammé, faisait figure de président de l'Internationale. C'est lui qui proclamera dans son discours inaugural : "Nous vous appelons à la guerre sainte, à la guerre sainte tout d’abord contre l’impérialisme anglais !" Le compte rendu du Congrès note alors que cette proclamation du djihad fut suivi d'un "Tonnerre d’applaudissements. Tumulte. Les assistants se lèvent en brandissant leurs armes. Pendant un assez long moment l’orateur ne peut pas continuer son discours. Les délégués, debout, applaudissent. Cris : Nous le jurons !" (p. 58)
Au lendemain de cette première guerre mondiale qui avait vu le génocide des Arméniens perpétré par les Jeunes-Turcs, le congrès accueillit les thèses de leur ancien chef Enver-Pacha. On entendit même un rapport proclamant par la voix de Vagardin-Schakir : "La Turquie ne poursuivit jamais une politique impérialiste et n’eut à aucun moment des buts annexionnistes." (p. 81)
Karl Radek, stratège et secrétaire général du Komintern : "Camarades, en vous appelant à la guerre sainte contre l’Entente et en premier lieu contre le capitalisme anglais, nous savons que ce n’est pas aujourd’hui que nous vaincrons, que notre lutte sera longue parce que les masses populaires de l’Orient seront lentes à se développer. Les nouvelles des victoires de l’Armée Rouge et des luttes du prolétariat anglais, français et italien mettront longtemps à franchir les ravins et les montagnes désertes avant d’arriver au paysan de l’Inde et de l’Égypte, auquel elles diront : debout, peuple des travailleurs, lève-toi ! (p. 75)
Dans sa péroraison Radek lancera encore : "Et quand nous vous remettons, camarades, l’étendard de la lutte fraternelle contre l’ennemi commun, nous savons qu’ensemble nous créerons une civilisation cent fois meilleure que celle des esclavagistes de l’Occident."
"Nous le savons, camarades, nos adversaires diront que nous faisons appel au souvenir de Gengis-Khan et des conquérants, les grands califes musulmans.
"Mais nous sommes convaincus que ce n’est pas dans des buts de conquête et pour faire de l’Europe un cimetière que vous avez tiré hier vos poignards et vos revolvers ; vous les avez tirés pour créer avec les ouvriers du monde entier une nouvelle civilisation, la civilisation du travailleur libre. Et c’est pourquoi, quand les capitalistes disent qu’une nouvelle vague de barbarie, une nouvelle horde de Huns menace l’Europe, nous leur répondons : vive l’Orient rouge qui, avec les ouvriers d’Europe, créera la civilisation nouvelle sous l’étendard du communisme. (Vifs applaudissements.)" (p. 76)
JG Malliarakis
Vient de paraître: "La Faucille et le Croissant" – Islamisme et Bolchevisme au congrès de Bakou présenté par Jean-Gilles Malliarakis ••• ce livre de 225 pages au prix de 20 euros port gratuit est à commander aux Éditions du Trident vente par correspondance 39 rue du Cherche Midi 75006 Paris tel 06 72 87 31 59 ••• on peut commander ce livre:
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Ça fait froid dans l'dos, et en pleine canicule! Bon enfin ils envoyaient les autres faire leur sales boulots en général, facile de hurler des mots historiques.... De toutes façons, le peuple des travailleurs est de moins en moins nombreux, alors...
Rédigé par : minvielle | samedi 04 juil 2015 à 18:40