Vingt ans après les attentats de 1995, il était sans doute légitime ce 26 juillet à Paris de les commémorer. Plus utile encore d'en tirer certaines leçons.
Entre juillet et octobre 1995, cette série d’attentats a fait 8 morts et plus de 200 blessés à Paris.
On avait tout dite en son temps sur le principal responsable de cette vague meurtrière, Khaled Kelkal. Né en 1971 à Mostaganem, il avait bénéficié avant la lettre du regroupement familial puisqu'âgé de 2 ans il rejoindra, avec sa mère, ses quatre sœurs et ses trois frères leur père ouvrier immigré dans la banlieue lyonnaise.
Or, il ne fut nullement une victime du décrochage scolaire imputable à un quelconque différentie de culture. Jusqu'à l'âge de 17 ans, en première ses résultats sont plutôt bons.
L'appel de la délinquance précéda l'engagement terroriste dans le Groupe islamique armé, s'explique plutôt, selon son propre discours par son refus personnel d'intégration : "J'ai pas tenu. J'avais les capacités de réussir, mais j'avais pas ma place, parce que je me disais : l'intégration totale, c'est impossible ; oublier ma culture, manger du porc, je ne peux pas. Eux, ils n'avaient jamais vu dans leur classe un Arabe, comme ils disent […] et, quand ils m'ont connu, ils m'ont dit : 'tu es l'exception.' […] Au lycée, dans ma classe, il y avait que les riches." (1)⇓
Le 29 septembre, jour de la Saint-Michel, patron des parachutistes, symbole de la lutte du Bien contre le Mal, Kelkal est abattu par un escadron de gendarmerie, au lieu-dit "la Maison blanche" sur la commune de Vaugneray. Le ministre de l'Intérieur s'appelle alors Jean-Louis Debré, aujourd'hui président du conseil constitutionnel. On osa même, à gauche, parler d'assassinat délibéré. Le 3 octobre le premier ministre Alain Juppé coupe court à tout débat à la rentrée de l'Assemblée nationale en déclarant : "Il a été abattu par des gendarmes sur lesquels il tirait et qui se trouvaient face à lui en état de légitime défense... c'est un point marqué par la loi contre le crime… Je ne laisserai pas des gendarmes ou des policiers sans défense quand on leur tire dessus. ... "Nous aurions préféré prendre Kelkal vivant cela aurait facilité l'enquête ; il a choisi la violence, il en a payé le prix." (2)⇓
Mais l'histoire ne s'arrête pas là.
On va voir, en effet que les ramifications du réseau de Kelkal continuent de nuire, et même de tuer, jusqu'aux attentats de janvier 2015.
Voici quelques faits que rappelle la chroniqueuse judiciaire du Monde Pascale Robert-Diard, toujours fort pertinente et que nous résumons : (3)⇓
On a condamné en 2002 deux membres du réseau Boualem Bensaïd et Smaïn Aït Ali Belkacem. Ils avaient 28 ans au moment des faits, et sont aujourd'hui âgés de 48 ans.
En 2002 Boualem Bensaïd était très agressif, il insultait ceux qu'il appelait "les soi-disant victimes". Il est actuellement incarcéré à la centrale de Saint-Maur (Indre), où il est chargé du ménage du rez-de-chaussée de son bâtiment et demande régulièrement l’augmentation de son salaire.
Smaïn Aït Ali Belkacem vient tout juste de sortir du quartier d’isolement de la prison de Condé-sur-Sarthe. Situé dans l'Orne, cet établissemnt est considéré comme le plus sécurisé de France. Belkacem a réalisé un impressionnant tour de France pénitentiaire, et entrepris deux tentatives d’évasion. ceci lui a valu d'être condamné à 12 années supplémentaires.
En 2010 cherchant à s'évader de la centrale de Clairvauxil a pour complice Djamel Beghal, figure du djihadisme, mais aussi un jeune délinquant de droit commun. Le nom de celui-ci réapparaît en janvier 2015 : il s'agit d'Amedy Coulibaly, l’auteur de la tuerie de l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes et de l’assassinat, la veille, d’une policière municipale de Montrouge.
La procédure enregistre des propos menaçants d'une violence constante, dirigés en particulier contre les juifs, sans périphrase, mais aussi contre certains imams jugés trop modérés, etc.
Faute d’éléments suffisants, le tribunal n’a toutefois pas retenu la qualification aggravante de projet d’évasion "en vue de participer à un attentat terroriste", telle que l’avait initialement envisagé le parquet.
En relisant tout cela on en arrive à se demander si l'incarcération de type classique, même sécurisée, se révèle la solution la plus appropriée pour assurer la sécurité des citoyens.
Apostilles
- cf. Libération et Le Monde datés du 7 octobre 1995 qui citent un interview réalisé en 1992 par un universitaire allemand, sous le titre : "Moi j'espère, Inch Allah, retourner dans mon pays"… ⇑
- cf. sur le site de l'INA ⇑
- la version définitive de son article, en ligne dès le 24 juillet à 6h51, mais qui fut mis à jour le 25 à 15h02 est intitulée "Les attentats de 1995, vingt ans après". Tout nous porte à croire que le titre initial était plus explicitement : "Bensaid et Belkacem combattants à perpetuité". Mais dans tous les journaux les titres donnés à un article par leur auteur sont suceptibles de passer par la moulinette du secrétriat de rédaction.⇑
Vient de paraître: "La Faucille et le Croissant"
– Islamisme et Bolchevisme au congrès de Bakou présenté par Jean-Gilles Malliarakis
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A quoi pensez-vous ? Je fais référence à votre dernière phrase.
Petite réponse
Très bonne question : je m'interroge sur une politique pénitentiaire dépassée, en passe d'être submergée, par un phénomène tel que l'islamo-terrorisme. Je m'interroge : je ne prétends détenir aucune solution
Déjà l'incarcération, on le sait, des jeunes délinquants est une efficace école du crime mais on ferme les yeux sur cette réalité.
Le phénomène islamo-terroriste multiplie par dix les inconvénients de la détention : on sait que nombre de ces individus se sont "radicalisés" au contact des prédicateurs du milieu carcéral.
La question que je pose pourrait aussi s'écrire : dans la lutte contre le terrorisme avons-nous confiance dans un outil pénitentiaire géré par une Mme Taubira ? Or cette outil est une pièce essentielle du dispositif.
Je sais que toute le monde se pose aussi la question de la peine de mort. J'avoue mon incompétence et mon admiration pour les gens qui péremptoirement, dans les conversations de salon, proposent de la rétablir. Il est vrai qu'une telle asymétrie entre des gens qui égorgent et décapitent au nom de la charria et un occident qui boxe avec une main dans le dos ne pourra pas durer éternellement. Il existe hélas manifestement un certain nombre de monstres (et pas seulement les terroristes) pour qui "perpette c'est trop peu", surtout quand perpette devient compressible, dans des lieux où les "fauves" détenus n'ont plus rien à perdre etc.
Mais ce qui me préoccupe le plus c'est le vide que nous opposons à ces fanatiques, qui 20 ans après leurs crimes se préparent tout simplement à recommencer, à faire des émules, etc.
Inutile de vous dire que ce vide n'est pas à mes yeux le monopole des socialistes.
Ai-je répondu à votre question ?
Rédigé par : Robert Marchenoir | lundi 27 juil 2015 à 17:20
Merci de votre réponse, qui est surtout une question pertinente.
Effectivement, Taubira a peut-être raison, "la prison n'est pas une solution". Mais le remède ne consiste certainement pas à les mettre dehors...
Il faut certes s'interroger sur la conception même de la prison contemporaine à la française, qui pour l'instant a surtout l'air de servir de centre de recrutement.
Ne nous interdisons aucune piste :
1. Rétablissement de la peine de mort. A ce sujet, je ne résiste pas au plaisir de partager avec vous la découverte que je viens de faire au gré d'une recherche : la charte de commentaires de la page Facebook de L'Express interdit explicitement à ses lecteurs de se prononcer en faveur de la peine de mort... en insinuant de surcroît que de tels écrits seraient illégaux.
2. Prisons de sécurité maximum, à l'américaine. Du genre de celle où se trouve Zacharia Moussaoui. Il faut savoir que les responsables mêmes de ces prisons reconnaissent qu'elles détruisent les gens à petit feu. Une fois rentré là-dedans, aucune chance de faire du prosélytisme, de diriger des braquages à distance ou de ressortir un jour pour poser des bombes !
3. Rétablissement du bagne, ou du bannissement. Retournons à la sagesse de nos ancêtres. Puisque nous avons des DOM-TOM qui nous coûtent la peau du dos, autant qu'ils nous servent à quelque chose ! La Guyane, c'est français, non ? Taubira est bien placée pour s'occuper de cette réforme !
4. Expulsion systématique des doubles nationaux subversifs vers leur contrée d'origine, que cette dernière soit d'accord ou pas. Nos moyens de pression, militaires, économiques ou diplomatiques, ne manquent pas. Il nous suffit de menacer de fermer le Val-de-Grâce au président Bouteflika. Par exemple.
5. Sous-traitance de l'incarcération de nos délinquants musulmans à des pays "sympathiques", genre Algérie, Maroc, Syrie, Turquie... là où l'apprentissage des droits de l'homme se fait surtout en 220 volts. La CIA le fait déjà, nos propres services secrets l'ont peut-être fait aussi, pourquoi s'interdire de penser aoûte of ze boxe ? Soyons créatifs, bordel !
6. Rétablissement des châtiments corporels et infamants à l'ancienne : fouet, pilori... On pourrait demander à Philippe de Villiers et à ses spécialistes du Puy du Fou de nous pondre un peu de consulting là-dessus. Ce serait certainement plus profitable à l'indépendance nationale que ses actes de reptation devant Poutine en Crimée.
Bon, cette dernière solution serait assez décalée avec l'époque. Quoique, en combinant ça avec la télé-réalité... il y a peut-être moyen de joindre l'utile à l'agréable. Vous êtes condamné à avoir les os brisés sur la roue, en direct à 20 heures... à moins que vous ne gagniez à notre jeu télévisé à la con, auquel cas vous serez expulsé en Algérie / au Sénégal / en Tchétchénie sans espoir de retour. Baisse de la délinquance, augmentation des recettes publicitaires, satisfaction des téléspectateurs... c'est du win-win ou je ne m'y connais pas.
De façon générale, nous avons une marge énooorme pour éradiquer le côté mosquée open bar de nos "prisons". Je ne crois pas qu'il y ait eu beaucoup "d'endoctrinement" à Guantanamo... établissement pourtant marqué par un politiquement correct islamophile tout à fait prononcé.
Le laxisme des prisons françaises est ahurissant. Il suffit de tenir la chronique des évasions réussies... à l'occasion de "sorties de réinsertion" genre balade à bicyclette, promenade en montagne... si on peut appeler ça des évasions, tellement le résultat est prévisible !
Rédigé par : Robert Marchenoir | lundi 27 juil 2015 à 22:37
Le rétablissement de la peine de mort pour les terroristes ne risquerait il pas d'ouvrir la voie au rétablissement de cette peine de mort pour tous ? Je pense au risque de voir condamnés des innocents à la peine capitale.
Car il est dit " Tu ne tueras pas ". A supposer qu'une exception puisse être admise pour ces terroristes, il me semble que le décalogue doit continuer à s'imposer à nous, puisque nous sommes chrétiens.
Rédigé par : Dominique | samedi 01 août 2015 à 11:47