Dérisoire refrain du discours de François Hollande et de Manuel Valls qui l'utilisent en boucle, comme s'ils éprouvaient le besoin de démontrer leur insignifiance, le mot vient d'être subtilisé par l'adversaire que le pouvoir semble redouter le plus. Concurrence déloyale s'est-on empressé de proclamer dans les ateliers du prêt-à-penser au service de la gauche. On s'est même donné le ridicule de saisir sur ce point la magistrature syndiquée.
Ce 29 mai, fête des changements de nom. Le plus important parti regroupant depuis 2002 ce qu'on appelait autre fois la droite classique a finalisé le processus. Une fois effectué le petit détour judiciaire elle ne se nommera plus l'UMP. Et tout cela lui a permis de se revendiquer d'un héritage, sans doute estimable aux États-Unis, mais, au regard de l'Histoire, assez peu glorieux en France.
La république, en effet, ne devrait être considérée que comme une forme de gouvernement. C'est à ce titre seulement qu'une loi répressive de 1936 interdit de se liguer pour renverser par la force ce contenant formel, dont le contenu reste libre.
Elle ne saurait, par définition, se fonder sur aucune "valeur" métaphysique. La seule définition recevable identifie ce régime à l'absence de roi, c'est-à-dire à la carence de ce noyau central des institutions qu'on appelle, dans les vrais pays libres d'Europe, selon les pays, prérogative royale, permanence de la Couronne.
Les bons esprits empiriques considéreront sans doute qu'au moins une république a fait moins de mal que les autres : la Seconde (1848-1852). Elle s'est révélée la moins néfaste puisque la plus courte et, surtout, la moins agressive à l'encontre de ses voisins européens. En France, après avoir balayé l'imposture orléaniste, elle a permis la confrontation pacifique des idées de Frédéric Bastiat et de Pierre-Joseph Proudhon siégeant au sein de l'assemblée nationale, où le grand théoricien du socialisme fédéraliste français rejoignit celui du libéralisme en juin 1848, au même moment que Victor Hugo.
Le parti en voie de mutation, cette "union pour un mouvement populaire" en phase terminale, avait été initialement fondé en 2002 sous la référence à une "majorité présidentielle". Inventée par Alain Juppé, cette appellation improbable faisait déjà sourire sachant que le chef de l'État, candidat sortant, avait au premier tour rassemblé sur son nom 10,8 % des électeurs inscrits.
Puis la même "union", rassemblant l'ancien RPR avec les restes du centrisme, amenés par Douste-Blazy, et ceux de la droite libérale par Raffarin, avait gardé son sigle n'en ayant transformé que la déclinaison. MP voulait dire désormais "mouvement populaire" sans doute pour conjurer le péril du "populisme".
Elle a donc cette fois changé de nom, et peut-être même ne s'agit-il plus du même concept.
Il est arrivé que ce parti, avant même sa redéfinition, prenne des positions positives.
Tenons-nous ici en à un exemple récent. Quand Mme Pécresse suggère la fin de la tolérance pour la fraude dans les transports en commun en Ile-de-France comment ne pas souscrire à cette très bonne idée, en lever de rideau de sa campagne pour les élections régionales.(1)⇓
Si elle l'emporte sur l'insupportable Bartolone, si cela met un terme à 17 années de présidence Huchon, si elle parvient à mettre en œuvre son programme, ce qui représente beaucoup de conditions par conséquent, alors, oui, l'usager payant du réseau qui, hélas, restera public, pourra s'en féliciter puisque la fraude coûte la bagatelle de 500 millions d'euros par an. Il n'est jamais interdit de rêver, et il est toujours recommandable de conserver l'espoir. Alors, pourquoi pas soutenir cette honorable proposition de loi n° 2058 pour que soit modifié dans ce sens le Code des transports.(2)⇓
Reste que, dans la mémoire plus longue, celle d'une droite qui ne devrait jamais avoir cessé de combattre le jacobinisme, l'usage outrancier du mot républicain reste associé aux "mariages" du même nom qui noyaient les Nantais dans la Loire.
Vous voyez je ne suis pas si sectaire que cela, vis à vis de l'ancienne UMP devenue "les républicains" : je sais gré à Mme Pécresse de se proposer de combattre le fraude dans les transports publics comme je sais gré à Luc Ferry quelques jours plus tôt d'avoir rappelé que "les guerres de Vendée, c’est le premier grand génocide dans l’Histoire de l’Europe, il y eu 500 000 morts ! (…) Plus aucun historien ne le conteste aujourd’hui."(3)⇓
JG Malliarakis
Apostilles
- sur La Chaîne parlementaire⇑
- cf. texte de la proposition sur le site de l'Assemblée nationale>/a>⇑
- sur I>Télé le 18 mai 2015. ⇑
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Moui.... Le beau Luc est cultivé et pas si bête, brillant helléniste, bon causeur, et peut s'avancer sur un fait historiquement prouvé, souvent contesté par contre, voire combattu méchamment (Cf Reynald au pays des bisounours), mais la belle Valérie nous fait juste une annonce. Je pourrais aussi dire que je vais éradiquer la fraude fiscale ou la délinquance routière (1.500.000 sans-permis), et j'aurai derechef une jolie aura de redresseur de comptes afin de conquérir les voix qui me manquent pour prendre une place. Il est vrai aussi qu'elle connaît bien ses dossiers. Et puis je puis aussi changer de nom, mais je serai toujours la même personne. C'est pourquoi je reste intrigué par votre sollicitude...
Rédigé par : minvielle | lundi 01 juin 2015 à 03:38
Juin 1948 ?
Petite réponse : juin 1848, merci de votre vigilance. C'était des élections partielles, qui virent aussi l'élection comme député d'un certain Louis-Napoléon Bonaparte.
Rédigé par : Dubitatif | lundi 01 juin 2015 à 08:44
La République français n'est pas qu'une forme de gouvernement comme un autre, mais bien la mère de la république soviétique. Une république idéologique, expression des "ateliers" où l'on ne spécule qu'en tablier. La surenchère aux "valeurs" (?) de la république tient du moulin à prières.
Rédigé par : Tonton Cristobal | lundi 01 juin 2015 à 09:37
Problème pour publication facebook, l'image n'est pas raccord avec le texte. Seules apparaissent les visuels des Editions du Trident. Dommage pour diffusion plus large et notoriété qui va avec, surtout via FB.
Rédigé par : Grizzli | lundi 01 juin 2015 à 10:25
@grizzli. Visiblement JGM ne s'investit guère (manque de temps? manque de compétence?) dans la popularité de la chronique qu'il semble rédiger pour quelques centaines de privilégiés.
Il existe un moyen simple de la faire connaître : faire circuler le lien. Et sur Facebook "partager l'image", ce qui évite la montée d'images qui n'ont rien à voir avec le texte du jour !
Rédigé par : Emile Koch | lundi 01 juin 2015 à 11:26
En deux siècles la Révolution a substitué la force à la propriété légitime et l'athéisme à la religion. Le pouvoir fut institué en une sorte de contre-Trinité : régicide, déicide, et homicide visant à la destruction de la société. L'affirmation de son « universalisme » s'est révélé être une volonté universelle de domination. Il reste un modèle d'Etat dont l'organisation interdit qu'il coopère avec la communauté des Etats existants, car basée sur la terreur il est la négation de la démocratie. Nous en pâtisssons tous au quotidien : le pays est ruiné et donc faible, sans économie et avec si peu de soldats ; et sans morale, sans arts, et sans joie. La peur comme la haine sont partout.
Malgré ce fiasco les Jacobins sont toujours là : énarques, franc-maçons, gaullistes, communistes, droites ou gauches ... et changer le nom d'un parti ni changera rien évidemment. Ce pouvoir devenu malfaisant sinon maléfique avec la mort du Roi s'acharne encore à détruire la société, et offre à leurs ambitions des carrières autant insolentes qu'inexplicables aux yeux de ceux qui ont la volonté du bien commun. Et finalement que nous soyons toujours vivant et qu'il n'y ait plus de Carrier tient du miracle.
Le miracle sera complet lorsque tous auront que cette Révolution est une imposture, un mensonge, un monstre qui détruit la Vie.
Rédigé par : Dominique | lundi 01 juin 2015 à 13:50
Pour lutter contre la fraude dans les transports, Pécresse propose de... rendre obligatoire le port de la carte d'identité dans le métro.
Je m'excuse, mais je ne vois pas le rapport. Il faudrait que les agents de la RATP commencent par réprimer la fraude, ce qu'ils ne font pas. Des milliers de fraudeurs, beaucoup d'entre eux issus de l'immigration, sautent les portillons sous le regard bovin et passif des fonctionnaires.
Tandis que les usagers qui s'avisent de faire leur travail à leur place, en s'opposant aux fraudeurs, sont réprimandés par ces mêmes agents de la RATP... qui d'ailleurs sont souvent eux aussi issus de l'immigration, comme c'est curieux !
En revanche, je vois très bien en quoi l'obligation du port de la carte d'identité, qui pour l'instant n'existe pas (théoriquement, vous n'êtes mêmes pas tenu d'en posséder une), accroîtrait le pouvoir de contrôle d'un Etat de plus en plus intrusif et totalitaire.
Sarkozy aussi avait, si je me souviens bien, promis d'éradiquer les SDF. Il n'a pas promis l'extinction de la pauvreté après six heures du soir, mais c'est tout juste.
Petite réponse
La dérision de cette réponse répressive de la droite républicaine ne m'avait pas échappé. Merci de la souligner. La prochaine fois j'essaierai de trouver des smileys sur mon clavier :).
Rédigé par : Robert Marchenoir | lundi 01 juin 2015 à 14:53
Et vous avez raison @EmileKoch : il ne faut pas manquer une occasion de diffuser L'Insolent :-)
Rédigé par : Dominique | lundi 01 juin 2015 à 18:07
“Si la droite se nomme "républicaine" alors nous avons affaire à du "révolutionnisme institutionalisé".
Rédigé par : Robert Steuckers | mardi 02 juin 2015 à 15:42
A propos de "révolutionnisme" voici un colloque qui s'annonce passionnant sur la question, et étant donné la qualité des intervenants :
Les Journées Souvarine : Colloque de l’Institut d'Histoire sociale le mercredi 17 juin.
QUEL HÉRITAGE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE AUJOURD’HUI ?
Informations sur le site de l'IHS "Est & Ouest":
http://www.est-et-ouest.fr/conferences/coll150617.html
Rédigé par : sparte | mardi 02 juin 2015 à 17:14
Très bonne synthèse Robert.
Un article intéressant : http://www.lesobservateurs.ch/2015/05/31/republique-cest-quil-reste-on-a-plus-didees/
Rédigé par : Vincent Ampe | mardi 02 juin 2015 à 18:43