Ce 6 mai une intéressante et stimulante conférence était organisée, dans un bistrot parisien sur le thème de la soviétisation de l'immobilier, en particulier en Ile-de-France. Le sujet allait être traité par Hélène Delsol. Et, incidemment, il me semble à la fois fort dommage, et fort significatif, que cette jeune mère de famille, brillante militante de la Liberté, ait été destituée, pour cause de Manif pour tous, de la conduite de la liste UMP en 2014 dans le 2e arrondissement. Inutile de dire que sa persécutrice s'appelait Nathalie Kosciusko-Morizet.
On reste ici dans le sujet. Car la plaie de nos politiques, y compris dans l'opposition, vient de ce que la plupart d'entre eux, ne cherchant qu'à se creuser un petit trou dans le gruyère, y parviennent le plus souvent, au prix d'un reniement qu'ils s'efforcent d'imposer autour d'eux à l'encontre des convictions les plus fortes.
En matière de logement les chiffres parisiens mettent en évidence l’imposture du propos prétendument "social". On notera ainsi que 63 % des habitants de la Capitale seraient théoriquement éligibles à ces procédures attributives mais que 8 % seulement y postulent, et le quart de ces derniers se recrutent parmi les gens qui sont dès à présent attributaires de ces appartements qui n'ont plus de "social" que le nom.
Les désigner par leur vrai nom amène logiquement à les appeler "nomenclaturistes".
Autrement dit, non seulement le système repose sur le copinage, mais il ne tend à rien d'autre.
La nouvelle équipe Hidalgo a, certes, largement écarté les néfastes écolos qui entouraient l'équipe Delanoé. Les Parisiens y ont gagné le regain du PCF, représenté par le n° 2 de la municipalité en la personne du camarade Ian Brossat, adjoint à la maire de Paris chargé du logement et de l'hébergement.
On se trompe ainsi trop souvent en minimisant le rôle du PCF, en se basant seulement sur les scores électoraux du Front de gauche.
L'important pour le parti de Maurice Thorez ce la fut toujours l'appareil. (1)⇓ Même vieilli, affaibli et appauvri, sa nuisance demeure. Où en sont en effet les autres ?
Tout d'abord d'un point de vue idéologique les adversaires du marxisme semblent incapables, aujourd'hui encore de répliquer sur le simple terrain de la réalité économique. En matière de logement comme pour le reste, la réponse à la pénurie et à la rareté, qui conduisent elles-mêmes à la hausse spéculative des prix ce n'est certainement ni la contrainte ni la réglementation : c'est au contraire l'abondance de l'offre, aussi bien en matière de production de logement que de transports. L'une comme l'autre requiert avant tout l'initiative et l'entreprise privées. (2)⇓
Confier à des communistes, ou à des étatistes de quelque nature que ce soit, des responsabilité et des pouvoirs d'intervention dans ces domaines c'est effectivement prendre Le Corbusier pour un "urbaniste" (3)⇓.
Hélène Delsol a donc raison de rappeler ce que fut l'habitat collectif en URSS aussi bien l'effroyable "Architecture constructiviste" que les appartements partagés, tentatives malodorantes de réponses collectivistes à la pénurie. Nous n'en sommes pas là : mais nous y courons sous l'égide de la gauche la plus intelligente du monde.
JG Malliarakis
Apostilles
- cf. la conclusion de L'Insolent du 8 avril : "Retour dans une France amoindrie" ⇑
- Qu'on me permette de renvoyer le lecteur aux trois articles de réflexions sur les transports publiés successivement en 2013, le 1er août "Transports et Libertés" puis le 15 août "Le transport au service des individus"> et enfin le 20 août "Concurrence dans les services". Nous n'avons pas attendu le texte très ambigu de la loi "Macron"… ⇑
- … un urbaniste qui n'imaginait pas que la ville suppose des entreprises commerciales… La polémique actuelle autour de sa prétendue filiation "fasciste" (?) passe à cet égard à côté de l'essentiel, qui est la parenté entre les totalitarismes tout particulièrement en matière architecturale et l'influence des urbanistes français et du Bauhaus. ⇑
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Le fascisme, le communisme et le nazisme donnnent souvent d'excellents résultats en matière d'architecture et de graphisme.
En la matière, il faut se garder de la pensée-réflexe.
Un architecte est instrinsèquement un fasciste, un communiste, un nazi. Pourquoi ? Eh bien parce qu'il prétend savoir à la place des gens ce qui est bon pour eux, parce qu'il organise l'espace et la vie des gens de façon totalitaire, parce que son travail est précisément de penser à tout.
Contrairement au lassant cliché qui circule depuis plus d'un demi-siècle, le Corbusier est un architecte génial. On lui attribue tout ce qui est détesté dans les barres et les tours HLM. Manque de bol, il n'en a construit aucune. Dans son seul immeuble approchant, la Cité radieuse, les appartements s'arrachent.
Le Corbusier a beaucoup construit des petites villas de luxe, discrètes, dessinées sur commande pour de riches clients (qui sont souvent des merveilles). Par définition, ces derniers étaient demandeurs pour y habiter.
Bien entendu, le Corbusier était d'une arrogance insupportable.
Même quelqu'un d'aussi proche de "la terre qui ne ment pas", comme Frank Lloyd Wright, je veux dire quelqu'un qui avait une approche artisanale, humble de son travail, basée sur les matériaux, sur l'environnement, était connu pour être un "fasciste" lorsqu'il s'agissait de piquer des colères parce que ses clients osaient gâcher ses oeuvres en y mettant leurs meubles de merde.
Raison pour laquelle il dessina ses propres meubles, afin de livrer ses sublimes villas clés en mains, de sorte que ces connards de clients ne puissent pas les saloper.
Les architectes hippies sont très rares. On peut citer Hundertwasser, qui faisait ses conférences de presse à poil et a d'ailleurs construit de fort jolies choses -- en dehors d'être un allumé complet.
La seule façon de contrôler le facho qui sommeille en tout architecte (façon de parler : en général, il hurle à pleins poumons), c'est de lui coller un autre facho en face : le gouvernement commanditaire, le gros client...
Ou alors, de s'agenouiller devant lui en le priant bien humblement qu'il daigne accepter votre commande -- puis de croiser les doigts.
Sur un malentendu, ça peut marcher. Par exemple, l'église de Ronchamp a été construite comme ça.
Rédigé par : Robert Marchenoir | jeudi 07 mai 2015 à 21:59