L'aveu improbable d'une passion pour les élections départementales surprendrait sans doute les lecteurs habitués de cette chronique. Votre serviteur ne formulera pas non plus de pronostics en espérant pouvoir bientôt se réjouir d'une souhaitable perte, par le parti communiste des deux derniers départements qu'il pollue encore de sa présidence, l'Allier et les Val-de-Marne.
Achever de se débarrasser de l'influence marxiste, laquelle ne se limite pas, hélas, au seul appareil du vieux PCF, pourrait servir de motivation mobilisatrice les 22 et 29 mars dans bon nombre de territoires.
Sans que la corrélation se vérifie obligatoirement, on notera avec bonheur le recul historique du taux des grévistes. Réduit à 9,9 % ce 10 mars, malgré l'appel de la CGT pour la grève à la SNCF, il nous offre, à cet égard, une assez agréable mise en bouche.
Ne nous croyons pas cependant, dès maintenant débarrassés de la nuisance stalinienne.
La vieille hypothèque qui pèse sur ce pauvre pays, créance inscrite frauduleusement par les communistes rebaptisés "patriotes" en 1945 (1)⇓
reste ainsi à l'ordre du jour.L'exemple d'Yves d’Amécourt vaut le détour. Poulain d’Alain Juppé, et tête de liste UMP dans son beau département, sous l'étiquette locale de "Gironde Positive", il théorise d'une façon significative l'hypothèse de l’alliance avec le parti communiste :
"J’ai précisé qu’en cas de deuxième tour, nous appellerions même à voter pour un communiste. Le PC et les gaullistes ont en effet une histoire commune, celle de la guerre et de la Résistance, et je ne mettrai pas une pince à linge sur le nez pour voter communiste". (2)⇓
Ne cherchons pas à enfermer inutilement ce mensonge historique dans un passé aujourd'hui lointain, auquel il se réfère en le déformant : celui-ci ne se meurt que pour renaître, et à certains égards, il éclate donc de santé. Exit Marchais, Liliane a fait ses valises, bonjour Juppé et les sous-Juppé.
Certains admirateurs et continuateurs de l'ère de la stagnation chiraquienne, feignent en effet de "craindre" l'américanisation de l'occident européen. Ils la redoutent comme "la pire perspective" comme s'il s'agissait d'une invasion d'extraterrestres, étrangers à notre monde. Sans trop oser le dire, ils nous invitent à voir là une menace plus dangereuse encore que les assauts des djihadistes, certes adossés aux complaisances de leurs cinquièmes colonnes.
Or, si les commentaires sont libres, les faits restent sacrés, …
Et le fait, c'est que "la pire perspective" était déjà dénoncée, exactement dans les mêmes termes en 1950. Cela se passait au XIIe congrès du parti communiste français à Gennevilliers. Maurice Thorez, secrétaire général du PCF, y énonçait alors, sans contredit ni débat, la ligne du parti. Celle-ci reflétait, sans la moindre nuance, le fameux rapport Jdanov énoncé en septembre 1947, à la réunion de Szklarska Poreba, en Silésie, qui appela à la reconstitution du Komintern sous le nom de Kominform.
Thorez, jusqu'au XIe congrès de Strasbourg de juillet 1947, parlait encore de "nos amis américains". Il suggérait à un gouvernement qu'il venait de quitter, et que les communistes imaginaient encore réintégrer, une meilleure utilisation de la généreuse aide Marshall. Mais trois ans plus tard, il invitait à voir, en Staline et en l'URSS, le "meilleur rempart" contre l'américanisation.
Tous les raisonnements économiques issus du marxisme dont s'agrémentaient alors les rhétoriques de Thorez, de Jdanov et des autres, se sont écroulés. Rappelons qu'à l'époque toute l'école étatiste, protectionniste, et comme elle osait encore se baptiser "socialiste scientifique", prophétisait la catastrophe et la paupérisation auxquelles conduirait la marche occidentale de l'économie. Seuls quelques rétablisseurs à la Sapir ou Piketty (3)⇓
persistent à chercher à les renouveler avec des arguments et raisonnements, à peine nouveaux, très au-dessous de ceux de Marx et Engels faut-il le préciser.Mais en dehors de sa prétendue justification économique, ‑ crise généralisée du "capitalisme", contradictions conduisant à une guerre inéluctable, etc.… – s'affirmait l'idée "géopolitique".
Au contraire des prémices pseudo-économiques dont elle se parait, cette vision a fait florès. Selon la nouvelle doctrine, la mésalliance avec l'Amérique représenterait l'ennemie numéro un des peuples d'Europe, à commencer par la part européenne du peuple russe.
Un tel sophisme continue d'être propagé, non seulement par tous les survivants du KGB, mais aussi par tous les anciens élèves du MGIMO (4)⇓
moscovite, et, en France par toutes sortes de petits roquets et perroquets, champignons vénéneux issus du "chevénementisme", se réclamant plus ou moins hardiment d'un "gaullisme" mythifié et de son ersatz chiraquien. Certains d'entre eux se montrent parfois même désintéressés voire bien intentionnés. Mais, de même qu'il existe des poissons volants, pour paraphraser Audiard, "ils ne constituent pas la majorité du genre."Sans rêver convaincre cette dernière tranche, il faut donc sans relâche prendre la mesure de cette réalité.
JG Malliarakis
Apostilles
- Sur son caractère mensonger, celui du "patriotisme du PCF pendant la seconde guerre mondiale" on lira, parmi tant d'autres, mon . ⇑
- cf. Info Bordeaux le 11 mars. ⇑
- Je me permets de renvoyer à mon propre travail de réponse à Piketty publié en 2012 et dont il reste quelques exemplaires dans "Pour une libération fiscale". Depuis la publication de son absurde "Capital au XXIe siècle", au pittoresque succès de librairie, d'autres auteurs lui ont, à leur tour, brillamment répondu. Hélas inutilement… ⇑
- Créé en 1944 cet "Institut d'État des relations internationales de Moscou", était dirigé au dernière nouvelle par Anatoly Torkounov membre du conseil de surveillance des "Vétérans de l’espionnage et de la diplomatie pour la renaissance morale de la patrie."⇑
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"La vieille hypothèque qui pèse sur ce pauvre pays, créance inscrite frauduleusement par les communistes rebaptisés "patriotes" en 1945 (1)⇓"
Grâce à "la belle et bonne alliance" dixit De Gaulle avec l'URSS(1944) et avec le PCF.
De Gaulle refusant l'Alliance offerte par l'Etat Français.
Rédigé par : Dubitatif | vendredi 13 mar 2015 à 10:29
Vous semblez juger le néo-stalinisme assez marginal. J'ai plutôt l'impression qu'il est majoritaire.
Il est non seulement représenté par les chevènementistes au sens large, mais aussi, et au premier chef, par le Front national, qui à bien des égards est le parti communiste reconstitué.
Marine le Pen vient même de porter plainte contre un journaliste de France 2 auprès du CSA pour... "mépris de classe et racisme social" ! Back to the USSR ! Je sens déjà les gaz d'échappement des Trabant et le parfum du saucisson soviétique !
N'oublions pas le parti pro-russe, fort puissant en France, dont le FN est l'un des piliers, mais où il se retrouve en fort éclectique compagnie : de l'UMP au Front de gauche en passant par le PS, des politiciens aux hommes d'affaires en passant par les universitaires et les médias alternatifs, l'allégeance à Moscou et la haine des Etats-Unis et d'Israël sont les choses les mieux partagées du monde.
Plus que jamais, la France mérite son sobriquet d'URSS qui a réussi (pour le moment).
Rédigé par : Robert Marchenoir | vendredi 13 mar 2015 à 10:43
Pauvre monsieur Sapir qui depuis plusieurs années court derrière "l'inéluctable" annoncé et l'attend encore, comme d'autres l'imam caché.
L'EHESS n'est vraiment pas exigeante dans le recrutement de ses mandarins.
Rédigé par : Catoneo | vendredi 13 mar 2015 à 13:10
En Gironde le PC a autant de chances d'avoir un élu qu'une chatte d'accoucher d'une souris.
C'est dans la perspective des nombreux face à face du second tour avec le FN que le sieur d'Amecourt racle les fonds de tiroir de la volaille gauchiste.
Discours électoral, donc vide de contenu.
Petite réponse : vous avez raison, mais c'est précisément le principe, ici inacceptable, qui importe, au-delà des élections.
Rédigé par : Rouletabille | vendredi 13 mar 2015 à 13:34
Sapir est clairement un agent d'influence et de désinformation piloté par le SVR.
Pour qui connaît les méthodes du KGB, il n'y a pas d'autre explication à son site Russeurope. Ce n'est pas un banal site pro-russe, mais un site qui répercute servilement les bobards de la propagande du Kremlin au moment même où le Kremlin les lance, les uns après les autres, aussi invraisemblables soient-ils, avec une absence de scrupules intellectuels parfaitement incompatible avec la façade universitaire du personnage.
Allez voir si vous ne connaissez pas, c'est ahurissant. Les commentaires ne sont ouverts qu'en apparence, bien sûr. Jamais un seul n'est publié, donc impossible de lui apporter la contradiction ou de lui demander des explications.
Sapir n'aura pas été le seul intellectuel français agent des services secrets russes, mais du temps du KGB, ils s'efforçaient d'être plus discrets. Sous l'ère Poutine, c'est tout juste s'ils ne mettent pas une casquette de l'armée soviétique. Pardon, russe.
Rédigé par : Robert Marchenoir | vendredi 13 mar 2015 à 22:15
Une preuve de plus de ce que j'avance sur Jacques Sapir : alors que toute la Russie, en ce moment même, se demande si Poutine, invisible depuis une semaine, n'est pas mort, alors que l'assassinat de Nemtsov apparaît de plus en plus comme une lutte de clans entre le FSB et Kadyrov, l'âme damnée de Poutine qui dirige la Tchétchénie, alors que Poutine semble perdre l'autorité incontestée qui était la sienne à la tête des différentes factions du pays, alors qu'on est peut-être à un tournant historique du régime, que fait le grand expert de la Russie Sapir sur son site, lui qui est si prompt, d'ordinaire, à répercuter le moindre pet de propagande sur l'actualité en provenance de Moscou ?
Il publie un passionnant article sur l'économie russe dans les années 30, et un autre sur l'économie russe et la guerre de 14 !
Forcément, il doit être un peu en manque d'instructions ces jours-ci, puisqu'ils sont tous occupés à se mettre sur la gueule au plus haut niveau...
Là où un véritable expert, un spécialiste impartial et digne de foi aurait l'oreille collée au sol et multiplierait les échos en provenance des médias russes, les analyses à chaud, les hypothèses, Sapir fait le contraire, se tait complètement, et se redécouvre universitaire distingué passionné par l'histoire de la guerre de 14 !
Rédigé par : Robert Marchenoir | samedi 14 mar 2015 à 00:00
Papa Sapir est intéressant, lui aussi
http://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Sapir
Rédigé par : Emile Koch | samedi 14 mar 2015 à 00:33
La FranSoviétie est bien soutenue par les journalistes
(80% votent extrême-gauche), par les profs (même vote), et les ... banques !
Rédigé par : Dubitatif | samedi 14 mar 2015 à 10:28
Même déconnexion anormale de l'actualité chez un autre agent russe, Aymeric Chauprade, dirigeant du Front national : alors même que les kremlinologues indépendants se demandent si un coup d'Etat n'est pas en cours en Russie, il publie, mercredi dernier, sur son site Realpolitik, un pensum de plus d'Ivan Blot rempli "d'éléments de langage" directement issus de Moscou, mais qui datent de plusieurs années déjà.
On admirera la fin de son article, où il a le culot de prétendre : "Il ne faut donc pas s’attendre à une déstabilisation de la Russie mais plutôt à une déstabilisation en Europe occidentale."
Juste au moment où experts russes et internationaux se demandent si les forces de sécurité ne sont pas en train d'écarter Poutine du pouvoir !
http://bit.ly/1ADmWDW
http://bit.ly/1G4Ev4q
http://bit.ly/1ADn32m
http://bit.ly/1Ch4057
Le tract de propagande poutiniste d'Ivan Blot a été mis en ligne le 11 mars, alors que Poutine a été vu pour la dernière fois en public avec certitude le 5 mars...
Rédigé par : Robert Marchenoir | samedi 14 mar 2015 à 21:52
Catherine Fitzpatrick, l'un des bons observateurs de Moscou, qui vit aux Etats-Unis, faisait la même remarque que moi, le lendemain de mon commentaire et la veille de la réapparition de Poutine, aujourd'hui, à Saint-Pétersbourg :
"What's funny -- eerie funny -- is the Dogs that Do Not Bark. The usual Kremlin propagandists on Twitter and Russian TV and the whole Novorossiya gang are strangely quiet."
Ses hypothèses tiennent toujours :
http://3dblogger.typepad.com/minding_russia/2015/03/what-i-think-is-going-on-in-moscow.html
Rédigé par : Robert Marchenoir | lundi 16 mar 2015 à 18:32