Le recours à l’article 49-3 décidé par l'équipe Valls-Macron affaiblit considérablement, à court terme, le gouvernement de M. Hollande. Il ne dispose plus d'une véritable majorité, ni à l'Assemblée nationale, ni d'ailleurs au Sénat.
L'union du pays, entrevue un instant le 11 janvier, dans le contexte dramatique, des attaques islamo-terroristes s'est évanouie.
Après 82 heures de débats en commission, après 111 heures de séances, y compris le dimanche, après le vote de 559 amendements, dont les 2/3 venaient des parlementaires socialistes, après la multiplication par 3 du nombre de ses articles, la loi fourre-tout de M. Macron n'a pas réussi à rallier la frange gauchiste et/ou marxiste de sa majorité. La gauche archaïque s'acharne à entraver, en France, toute marche évolutive, même timide, vers quelque chose qui ressemblerait à la modernité.
Soulignons à cet égard que la loi Macron ne s'en prend guère qu'à quelques professions comme les notaires, les pharmaciens et les chauffeurs de taxi, – alors que la loi "santé" de Marisol Touraine envisage, de son côté une étatisation finale et létale de toutes les professions médicales, – le tout sans remettre en cause les vrais grands monopoles étatistes qui ruinent et détruisent le pays.
À moyen terme, constatons aussi que l'opposition, votera, certes largement, la motion de censure. Mais, unie de façon factice, et par l'artifice même de cette procédure, elle n'offre aucune perspective alternative. Elle envisage certes le jour où elle reviendrait dans les palais nationaux, pour le reconquête de son confort. Mais elle ne nous révèle pas ce qu'elle accomplirait, qu'elle n'a pas esquissé de 2002, sous Chirac, à 2012, sous Sarkozy. Celui-ci avait laissé rêver d'une rupture au gré d'un ou deux discours prononcés en 2006, rêve vite évanoui, propos soigneusement effacé.
Nous avons pu entendre Mme Pécresse prononcer l'expression de "thérapie de choc". (1)⇓
Mais personne ne dispose des moyens de savoir ce qu'elle entend par là. Pierre Dac nous suggère hélas la réponse : "par là, je n'entends pas grand-chose". Certes nous lui connaissons une très belle et puissante dentition, fort dommageable aux parquets de sa bonne ville de Versailles, mais nous n'en savons pas plus.
Il est bien clair en effet, d'abord, que, sous une apparence de réformes que leurs adversaires appellent "social-libéralisme", les technocrates qui nous gouvernent n'ont absolument pas en vue l'évolution du pays vers une société plus libre. La masse des réformes accomplies depuis 2012 n'a globalement fait que renforcer les contraintes et l'étatisme. La pente déclinante observable depuis 40 ans, presque constante malgré les alternances gouvernementales ne s'est aucunement corrigée.
Comment en sommes-nous arrivés là ?
La réponse est en fait assez simple. Nous voulons bien, en principe que "tout" change, mais à condition qu'en fait rien ne change.
Remarquons ainsi que la plupart de nos prétendus réformateurs parlent plus de "sauver le modèle social" de ce pays exsangue, par la faute de l'ensemble des législations, que nous baptisons "modèle" pour ne pas les abroger. Aurais-je la cruauté de prendre l'exemple d'un Christian Saint-Étienne. On signalera dès lors, qu'adulé par une certaine intelligentsia comme un réformateur à tout casser, il prend bien soin dans ses livres de laisser entendre, ou de dire même parfois explicitement, qu'il se propose de "sauver" ce qui, précisément, constitue le mal profond dont souffre la France: son affreux, son déplorable, son archaïque "modèle".
C'est donc bien de cela qu'il faut sortir.
JG Malliarakis
Apostilles
- Propos relayé en boucle sur France Info le 17 février. ⇑
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http://www.liberation.fr/societe/2015/02/17/des-profs-de-marseille-ecoeures-par-la-mascarade-d-une-visite-ministerielle_1204436?utm_source=Facebook&utm_campaign=Echobox&utm_medium=Social
" L'esprit de C Hebdo" dites vous ? Je crains que l'ancien ministre de l'intérieur qui fit gazer et matraquer les adolescents sur l'esplanade des Invalides le 25 mai se contrefiche de cet esprit là.
Son ralliement à la réaction populaire reposa sur la nécessité pour le gouvernement de masquer une des causes de cet attentat : l'échec des politiques de l'immigration et de ce qu'on pourrait désormais appeler "l'Islamisme de France".
Et d'empêcher un procès qu'il serait légitime de faire au ministre qui fit relacher des criminels condamnés, comme au ministre responsable de la collaboration avec les états wahabites financeurs, et avec les groupes armés islamistes ayant envahi la Syrie.
Tout cela est une "comédie du spectacle" y compris le 49.3 rendu visible par la nécessité, alors que le pays vit dans un 49.3 permanent depuis des lustres. On appelle cela le scrutin majoritaire à 2 tours, et à l'A N la discipline de vote. La seule chose qui est réjouissante, est qu'on ne tue pas d'Aldo Moro.
Petite réponse
Je n'ai pas parlé d'esprit de "Charlie hebdo" mais "d'esprit du 11 janvier" (ou prétendu tel)
Rédigé par : Sparte | jeudi 19 fév 2015 à 13:21
http://www.liberation.fr/societe/2015/02/17/des-profs-de-marseille-ecoeures-par-la-mascarade-d-une-visite-ministerielle_1204436?utm_source=Facebook&utm_campaign=Echobox&utm_medium=Social
Une brève qui comme tant d'autres, montre que l'ancien ministre de l'intérieur joue, après tant d'autres, à la « comédie du spectacle ». En fait la France est sous un 49.3 permanent depuis des lustres : on appelle cela la discipline de vote. D'une façon générale la 5ème république n'admet aucun autre pouvoir que l'Elysée et Matignon ; contrairement aux autres nations parlementaires.
Rédigé par : Sparte | vendredi 20 fév 2015 à 11:05
Effectivement : ne pas confondre Charlie Hebdo et le 11/1. Ne pas faire d'amalgame.
Rédigé par : Sparte | vendredi 20 fév 2015 à 14:55
Tout ce théâtre est grotesque. Une loi interminable, des amendements par wagons, et pour quoi ? Des ajustements à la marge, une modification de la forme des trombones autorisés pour la fixation des documents administratifs, la permission de changer la musique d'attente sur les répondeurs de l'administration, et autres mesures révolutionnaires propres à libérer les énergies et stimuler la création d'emplois.
Rédigé par : Robert Marchenoir | vendredi 20 fév 2015 à 15:33
S'il n'y avait eu que la libéralisation du transport en autocar, il eut fallu voter pour. Cette liberté de se déplacer - en France - est une révolution en soi, et pas seulement pour ceux qui n'ont ni véhicule individuel ni les moyens de payer le cheval de fer (nationalisé depuis 70 ans !)
Les technocrates y ont été effectivement contraints : merci à Blablacar, Hubert, et les autres.
Rédigé par : hermès | samedi 21 fév 2015 à 16:36
Ann' effé, la libéralisation du transport en autocar est la seule mesure intéressante de la loi. Mais... d'après ce que j'en ai lu, on a introduit suffisamment d'exceptions en petits caractères pour l'émasculer complètement.
Plus précisément, on pourra créér des lignes d'autocar, mais... seulement sur longues distances, pas en desserte locale, précisément là où elles seraient le plus utiles, et... ce sera permis SAUF si les collectivités locales s'y opposent... parce qu'elles estimeraient que cela créerait une "concurrence déloyale" pour la SNCF... alors que tout l'intérêt de la chose est précisément de concurrencer la SNCF !
On m'excusera de ne pas avoir consulté les centaines de pages de la loi définitive, où les conditions ont peut-être encore changé par rapport à ce que je décris. Si quelqu'un a des lumières précises sur le résultat des courses, je suis preneur.
Tous comptes faits, la loi Macron me semble dupliquer exactement la logique sarkozyste : j'annonce des réformes révolutionnaires, quasiment "ultra-libérales", je les fais, je dis : vous avez vu, hein, je l'ai fait, et quand on regarde de près, on s'aperçoit qu'il y a fourré cent cinquante notes de bas de page qui créent des exceptions, des exceptions aux exceptions et des exceptions aux exceptions aux exceptions, le tout faisant qu'on a remué énormément d'air pour, en gros, rester sur place.
L'essentiel étant qu'on a "sauvegardé le modèle social français que le monde entier nous envie", alors qu'il faudrait le détruire.
Sachant que Macron est allé beaucoup moins loin que Sarkozy, ce qui est déjà un record d'immobilisme.
Rédigé par : Robert Marchenoir | samedi 21 fév 2015 à 17:54