Ce 25 février au menu du conseil des Ministres vient une question technico-syndicale que les gros moyens de désinformation maîtrisent en général assez mal. En réalité elle se situe pourtant au cœur de cette nuisance qu'on appelle pompeusement "modèle social français".
Il s'agit en effet de la représentation du personnel dans les entreprises. Ceci pose à la fois la question du "CE" proprement dit, mais aussi celle de ce qu'on appelle les seuils sociaux, c'est-à-dire ce qui distingue les petites entreprises des grandes, et parallèlement, point de détail qui pourrait bien devenir pomme de discorde, celle des "CHSCT" - Comités d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail.
À cet égard, les cégétistes et quelques autres ont prétendu rappeler ce 22 février ce qu'ils feignent de considérer comme le 70e anniversaire de la fondation, par un décret signé Alexandre Parodi, des comités d'entreprise.
Revenons ici sur l'erreur de cette approximation, sans doute volontairement biaisée. Nous devons la déplorer extrêmement répandue depuis quelque 20 ans, en très grande partie par la faute des chiraquiens : si l'on cherche une origine historique aux CE "à la française" il ne faut pas les dater de 1945, année où le gouvernement est encore présidé par De Gaulle, mais en 1946, année où furent votées toutes les grandes lois d'inspiration communiste, et en l'occurrence celle du 16 mai 1946.
Ce texte sert de base légale, aujourd'hui encore, à l'existence même de ces comités.
Mais leur préhistoire remonte, comme bien souvent, à la combinaison du Front Populaire et du gouvernement de Vichy. Le premier institua en 1936 les délégués du personnel. Le second avait promulgué la charte du travail de 1941. Ce dernier compromis cherchait à transférer la protection des travailleurs à un corporatisme que musellerait l'administration. Dans la pratique le contrôle en était confié aux technocrates – on parlait à l'époque de Synarchie – alors aux manettes du ministère des Finances (Yves Bouthillier) et de la Production industrielle (Jean Bichelonne).
Les décrets signés par Alexandre Parodi après la Libération, n'ont fait, à cet égard, que concrétiser un état de fait, avalisé par la continuité historique de la haute administration parisienne, ce que tout le monde s'emploie à camoufler en général.
Quant au texte du 16 mai 1946, il fut adopté, lui, dans un contexte très particulier. À cette date, Ambroise Croizat secrétaire général de la Fédération CGT de la métallurgie, siégeait au gouvernement en qualité de Ministre du travail et de la Sécurité sociale. Signalons à cet égard que son projet fut voté par une assemblée constituante qui avait pourtant été désavouée quelques jours plus tôt, le 5 mai, par 53 % des électeurs. Cette gifle inattendue représentait alors le premier référendum négatif de l'Histoire politique de la France. Néanmoins, dans l'attente d'élections qui allaient se dérouler le 2 juin, la chambre, sur la proposition de Jacques Duclos, allait continuer à légiférer. On ne peut pas dire par conséquent que, démocratiquement, le peuple français ait adhéré à l'élaboration de ce corpus juridique sur lequel on a bâti, depuis, lors, tout l'édifice du Code du Travail. On ne peut pas non plus en accabler la mémoire controversée du général De Gaulle, qui contribua puissamment en l'occurrence à la victoire du Non.
Et il semble assez significatif que cette manipulation historique coïncide ces jours-ci avec l'annonce de nouvelles mesures gouvernementales autour de nos chères fictions syndicalistes.
Celles-ci fonctionnent si mal en France, sauf à produire de considérables gaspillages, carambouilles et escroqueries, au point que la solution toute trouvée serait, nous dit-on gravement, de les subventionner.
Des lois successives ont déjà été expérimentées au profit des partis politiques. La première invention vint de MM. Balladur et Chirac en 1988. Ces réglementations ont donné de si remarquables résultats, qu'après plusieurs aggravations successives, sous Rocard en 1990, sous Bérégovoy en 1992, sous Juppé en 1995, sous Raffarin en 2003, il devient impératif, maintenant, aux yeux des princes qui nous gouvernent, d'en faire bénéficier à l'avenir les bureaucraties syndicales.
Ceci serait mis, dès lors et une fois de plus, au compte des frais de la généreuse princesse, c'est-à-dire du contribuable, appelé à payer, en sus des subventions allouées aux partis de la république, pour tout cet ersatz de corporatisme.
JG Malliarakis
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Ambroise Croizat : un nom parfaitement inconnu aujourd'hui, contrairement à celui de son camarade Maurice Thorez. Et pourtant...
Ecoutons-le, en 1950, un an avant sa mort : "Jamais nous ne tolérerons que ne soit renié un seul des avantages de la Sécurité sociale. Nous défendrons à en mourir et avec la dernière énergie, cette loi humaine et de progrès..."
Une bien curieuse façon de parler d'une loi "humaine et de progrès". Ce genre de rhétorique rappelle plutôt les coups de menton hitlériens, fascistes ou communistes...
Après tout, la Sécurité sociale n'est jamais qu'une assurance-maladie. En principe. Sur le papier. Est-ce que vous vous imagineriez proclamer : "Jamais je ne tolérerai que soit renié un seul des avantages de mon contrat d'assurance automobile ! Je défendrai jusqu'à en mourir, et avec la dernière énergie, les Assurances Achille Talon SARL (Maubeuge, France) qui m'ont toujours donné entière satisfaction !"
Absurde, évidemment. Sauf... sauf si la Sécurité sociale n'a rien à voir avec une assurance-maladie ou un "système de santé", et tout à voir avec la prise de pouvoir souterraine des communistes en France, par le contrôle de l'économie et des entreprises.
A la Libération, l'Autriche a eu brièvement quelques ministres communistes, bien que le pays fût occupé par les Alliés jusqu'en 1955. Le ministre communiste de l'Intérieur, Franz Honner, nommé en avril 1945, n'est resté en poste que 7 mois, et son parti n'a recueilli que 5 % des voix aux élections de novembre.
Pourtant, cela lui a suffi pour infiltrer dans la police un nombre de communistes tel, que leur présence s'est fait sentir jusque dans les années 1980, malgré les tentatives de purge ultérieures. Faisant au passage, de la police autrichienne, un nid d'espions du KGB.
Alors la France, où les ministres communistes ont eu le loisir de mettre en place la Sécurité sociale, le statut des fonctionnaires, le statut des syndicats, les nationalisations, EDF, la SNCF, l'Education nationale...
Sans compter les nombreux espions que le PCF a aidé Moscou à recruter -- quand ses membres, déclarés ou clandestins, ne servaient pas eux-mêmes d'agents du KGB...
Rédigé par : Robert Marchenoir | mercredi 25 fév 2015 à 15:53
L'entrisme est une belle religion....
Rédigé par : minvielle | mercredi 25 fév 2015 à 20:09