Oui, la victoire des républicains connue à Paris ce 5 novembre, doit être considérée comme une bonne nouvelle pour l'Europe.
À l'heure où ces lignes sont écrites, le site du Washington Post indique la composition suivante du Congrès : on connaissait 97 sénateurs sur 100, 52 aux républicains, 45 aux démocrates ; 418 représentants sur 435, 242 aux républicains, contre 176 aux démocrates ; 46 gouverneurs sur 50, 31 aux républicains, 15 seulement aux démocrates.
La poussée conservatrice continue par conséquent. Le peuple américain repousse ce que la gauche française trouvait épatant, notamment l'assurance-maladie étatique de l'Obamacare. Amplifiant les résultats de 2010, ce rejet n'a même pas été entravé par le phénomène Tea Party, supposé diviseur, sans doute surestimé.
Obama, président réélu en 2012, par la division et l'absence d'un bon candidat d'opposition, ne disposait déjà plus de la majorité nécessaire à la chambre des représentants pour faire voter ses budgets. Perdant aussi le Sénat, qui contrôle la politique extérieure, il se trouvera en position de faiblesse pour les deux années qui lui restent. N'oublions d'ailleurs jamais qu'il était ridicule de parler de ce que font ou projettent de faire "les Américains" en réduisant les 316 millions d'Américains, à Obama aujourd'hui, comme on le fit pour GW Bush hier.
Les amoureux de la francophonie trouveront-ils à cet égard leur compte à la vue des résultats de la 4e circonscription de l'Utah, où Mma Mia Love, nouvelle élue, est à la fois la première représentante noire républicaine, le premier élu d'origine haïtienne, son père portant le nom bien français de Jean Maxime Bourdeau.
Rappelons aussi que tout ce que l'on nous a enseigné sur le régime bipartisan, sur la séparation des pouvoirs, etc. fonctionne autrement que dans les cours et les manuels de Maurice Duverger ou dans les articles du Monde pour lesquels:
1° républicains et démocrates c'est pareil (en fait c'est très différent)
2° mais les bons sont les démocrates, évidemment, et les affreux sont les républicains (en fait c'est le contraire).
On ne doit pas se figurer non plus que cette configuration affaiblisse l'Amérique sur la scène internationale. Elle reproduit celle de la présidence Clinton, de novembre 1995 à novembre 2000, c'est-à-dire au moment même où l'on parlait d'une seule et unique "hyperpuissance" mondiale.
On retrouve aussi une situation oubliée, mais très importante. Ce fut celle du commencement de la guerre froide à la fin du mandat de Truman entre 1947 et 1948. Les démocrates furent battus à plate couture aux élections de novembre 1946, pour la première fois depuis 1928. A cette époque certes l'Union soviétique allait encore réaliser son fameux "coup de Prague" renforçant son contrôle sur la Tchécoslovaquie. Mais, partout ailleurs, s'élève la politique du "communisme containment" et de la guerre froide.
Le raidissement occidental doit beaucoup au résultat de ces élections intermédiaires de 1946. Le raz-de-marée allait annoncer la naissance du mouvement conservateur théorisé à partir de 1953 par National Review. Jusque-là les "conservateurs" et ceux qu'on appelle "libéraux" (dans le vocabulaire politique américain un "libéral" c'est quelque chose comme un socialiste) se retrouvaient dans les deux partis. Le grand old party "républicain" était né plutôt "à gauche" en 1854. En 1860 il l'emporte avec Lincoln. Ce n'est donc que beaucoup plus tard que "républicain" deviendra quasi synonyme de conservateur. Traditionnellement ils étaient le parti des "WASP" blancs et protestants, toutes les minorités étant attirées par les démocrates. Ceci n'est plus tout à fait vrai.
En 1946, les choses commencent à changer. Par exemple, un Joseph McCarthy était élu, pour la première fois, sénateur du Wisconsin, fief traditionnel des progressistes La Follette. Il était républicain quoique catholique d'origine irlandaise. Mais la même année, c'est en tant que démocrate de nuance conservatrice que le jeune John Fitzgerald Kennedy apparaît; élu représentant de la 11e circonscription du Massachussets. À noter que, devenu sénateur, Kennedy votera jusqu'au bout pour McCarthy, ami de sa famille, et s'opposera au voté de blâme de décembre 1954 qui brisa la carrière du courageux anticommuniste.
Petit à petit, les républicains vont devenir "la droite", et les démocrates "la gauche", etc.
Certains craignent parfois, curieusement, en Europe, qu'une telle vague politique de ce parti prenne un tour "isolationniste". Telle était autrefois la marque des républicains. Ainsi, après leur victoire et l'élection de leur candidat Harding à la présidence en novembre 1920, avaient-ils refusé de ratifier le système mis en place sous l'influence du démocrate Wilson.
Est-il interdit de rêver ? On pourrait se demander d'ailleurs dans quelle mesure un moindre engagement de Washington dans la défense du Vieux Continent n'obligerait pas, au contraire, l'Europe à se réveiller et à prendre, enfin, la décision de consacrer les moyens nécessaires et de se défendre elle-même contre des périls grandissants ?
Malheureusement le problème de l'asservissement de l'Europe, aujourd'hui, ne vient pas d'outre-Atlantique. Il résulte d'abord de la veulerie décadentielle et déliquescente de nos classes politiques, de nos opinions publiques, de nos fabriques de crétins éducatives, etc.
Les commentaires que la presse parisienne consacre à ces élections américaines de mi-mandat font, de toute manière, plaisir à voir. Non seulement, en effet, ils traduisent le dépit de nos commentateurs agréés, mais ils semblent refléter aussi leur ignorance des institutions et de l'Histoire politique des États-Unis.
Mentionnons à peine le travail préparatoire du "Monde". Dans un article en ligne le 4 novembre veille du scrutin, Élise Barthet collaboratrice de la rédaction parisienne prétendait expliquer :"Pourquoi les 'midterms' n'intéressent, selon elle, personne aux États-Unis ?". (1)⇓
Le but de cette désinformation consiste à délégitimer d'avance et à minimiser cette défaite de la gauche. Il ne s'agit plus de "ne pas désespérer Billancourt" puisque le problème, non résolu du parti socialiste aujourd'hui est de se défaire de sa "prolophobie". (2)⇓ Cet objectif révélateur était avancé par l'illustrissime François Kalfon soutien de Hollande en 2012. Il s'agit avant tout de conforter la gauche caviar la plus intelligente du monde dans son rêve pourri d'un changement de peuple.
JG Malliarakis
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Il y a peut-être désinformation mais ce qui est sûr, c'est la profonde ignorance de la part des français de l'idiosyncrasie anglo-saxonne. Nous en avions déjà débattu ailleurs et il y a longtemps à propos de la démocratie anglaise..En quelques mots dans votre exposé çà apparaît clairement ( si l'on peut dire ) on comprend bien que c'est difficile! Chevennement disait qu'il se sentait plus proche des grecs que des finlandais, c'est du politiquement correct pour dire que nous sommes plus proches des arabes que des anglais! N'en déplaises aux arabophobes si nombreux dans ces colonnes. Mais vous savez, la haine de soi n'a rien de spécifique juive. Nous aimons les américains car ils ne sont pas nous et haïssons les arabes qui nous ressemblent redoutablement.
Rédigé par : mersenne | jeudi 06 nov 2014 à 08:12
Malheureusement le problème de l'asservissement de l'Europe, aujourd'hui, ne vient pas d'outre-Atlantique. Il résulte d'abord de la veulerie décadentielle et déliquescente de nos classes politiques, de nos opinions publiques, de nos fabriques de crétins éducatives, etc.
Ce n'est pas le mot asservissement qu'il faut employer car on est asservi à quelqu'un. Comme ce ne peut être ( pas encore en tout cas ) les arabes c'est donc des USA qu'il s'agit! çà me fait penser à la plaisanterie mexicaine sur le Mexique si proche des américains et si loin de Dieu! Les USA dominent pourquoi le niez vous? Vous avez honte? Les liens de dépendances sont objectifs vous qui êtes économiste devriez le savoir! Aimer ou pas les USA n'a absolument aucune importance. Que viennent faire ces sentiments de petites filles dans un débat politique?
Rédigé par : mersenne | jeudi 06 nov 2014 à 15:50
Bonjour à tous
Ce que je lis sur cette rubrique "commentaires" m'étonne souvent. Je maintiendrai en l'état son fonctionnement, tant que "L'Insolent" sera publié sous forme de "blogue". J'entends ne pratiquer aucune autre censure que celle de la loi, étant juridiquement responsable de tout ce qui figure sur mon site, et de la bienséance.
Reste, quand même, que je ne me reconnais absolument pas dans ce que je lis et qui me prête des sentiments que je n'ai jamais éprouvés, ou sous-entend même des allégeances entièrement farfelues.
De plus, outre ma "personne", qui n'a aucun intérêt en l'occurrence, je souhaiterais que l'on s'en tienne dans ces commentaires aux faits, donc à des contributions, aux correctifs, etc. et non aux arrière-pensées, aux interprétations, aux connotations, etc.
Enfin les commentaires ne devraient intervenir que par rapport aux sujets des articles et non s'ouvrir au débat privé entre intervenants sous pseudonymes.
Dans mes projets d'évolution de cette chronique dont le nombre de lecteurs augmente, et je m'en félicite, j'étudie donc une modification radicale du système de "commentaires" appelés à devenir plutôt des "contributions au sujet".
Rédigé par : JG Malliarakis | jeudi 06 nov 2014 à 16:54
si votre personne n'a aucun intérêt en l’occurrence les pseudos eux me paraissent n'en avoir aucun de quelques occurrence qui soient. Mon nom propre n'offre aucun intérêt du moment que je ne me cache pas derrière, je fais comme tout le monde tout simplement. Vous êtes le maître à bord dont la prérogative essentielle est de maintenir le cap et d'empêcher les débordements qui sont inévitables. Je vous salue bien.
Rédigé par : mersenne | vendredi 07 nov 2014 à 16:13
Aux Presses Universitaires du Québec:
- Charles-Philippe DAVID et Julien TOURREILLE.Le Conservatisme américain. Un mouvement qui a transformé les Etats-Unis.
- Frédérick GAGNON. Le Congrès des Etats-Unis.
- Karine PREMONT. Les secrets de la Maison-Blanche.L'impact des fuites d'informations confidentielles sur la politique étrangère des Etats-Unis.
- Barthélémy COURMONT.L'empire blessé.Washington à l'épreuve de l'asymétrie.
Rédigé par : Coriolan | dimanche 14 déc 2014 à 01:21