Les travaux de James Quinn Wilson (1931-2012) ont permis aux États-Unis de prendre un virage fondamental dans la répression de la délinquance. De nombreuses cités en ont été durablement sauvées d'une croissance exponentielle de violences urbaines qui menaçaient toutes les mégalopoles, et, au bout du compte, tout le pays. (1)⇓
En effet, de nouvelles politiques de sécurité sont apparues à partir des années 1980. Reposant sur une approche criminologiste solide, elles rompaient de manière radicale avec toutes les idées permissives antérieures. Elles mettaient fin aux rengaines pseudo sociologiques et misérabilistes que l'on connaît encore en France.
On part de ce qu'on appelle l'hypothèse du "carreau cassé" ou de la "vitre brisée". Formulée en 1969 par le psychosociologue américain Philip Zimbardo, elle observe que les infractions considérées comme mineures, le nombre de carreau cassé dans un quartier, annoncent les délits majeurs qui vont rapidement pourrir la vie sociale.
On considère ici, et on a expérimenté le fait, que, dès lors qu'une vitre brisée n'est pas réparée, le mal s'étendra probablement à tout le quartier. Ce n'est pas la désagrégation du lien social qui génère les "petites incivilités" d'abord, la délinquance et le crime ensuite. C'est au contraire la petite impunité au quotidien qui entraîne la grande délinquance et démolit de la société.
Reformulée en 1982 cette doctrine aboutira au principe de la "sanction du premier délit" même mineur, elle recevra le nom malencontreux de "tolérance zéro". Elle fut mise en pratique avec succès par Rudolph Giuliani, procureur général associé des États Unis de 1981 à 1983 puis maire de New York de 1994 à 2001.
Or, on peut observer, statistiques à l'appui, qu'en fait, la criminalité ne résulte ni de la pauvreté, ni du chômage, ni de toutes les excuses invoquées par tous les systèmes de défense des délinquants de toute sorte, y compris l'enfance malheureuse, etc.
Le crime s'explique au bout du compte par le criminel lui-même.
Ainsi doit-on accepter d'analyser le terrorisme islamique : il ne peut invoquer aucune autre excuse que celle d'obéir aux "ordres". Et ceux-ci résultent d'une interprétation "salafiste" de la foi coranique.
"Salafiste" : un mot qu'on chercherait vainement dans l'édition 1877 du Littré ni dans l'édition 1964 vol. IX du grand Larousse Encyclopédique. Cependant, il figure dans le Petit Larousse 2009 avec une décourageante double définition. "Salafiste" = relatif au salafisme, qui en est partisan ; "salafisme" = nom sous lequel sont rassemblés les groupes se rattachant à la "Salafiyya". C'est donc à ce dernier terme qu'il faut se reporter. Il figure dans la partie nom propres : "courant réformiste de l'islam qui, au XIXe siècle prônait un retour à la religion pure des anciens" (salafi).
Depuis le XIXe siècle cependant les choses ont évolué. Le mouvement cherche toujours, par définition, le retour aux pratiques des pieux ancêtres, l’imitation de la vie du Prophète, de ses compagnons et des deux générations suivantes, le respect aveugle de la tradition islamique, la lettre du Coran, les recueils de hadiths (2)⇓ et la référence à la Sîra. (3)⇓ Autres points communs forts : refus de l'interprétation par la raison humaine, refus du culte des saints, refus des influences occidentales et notamment de la démocratie. La source de la législation doit se trouver dans la Coran.
Une partie de la mouvance salafiste, au sens du XIXe siècle, est qualifiée de "quiétiste". Elle est considérée comme inoffensive parce qu'elle se contente de prêcher un mode de vie traditionnel. On cite souvent à cet égard l'Arabie saoudite. On s'efforce de convenir que des émirats marqués par le wahhabisme, pays où les femmes n'ont pas le droit de conduire une voiture, où l'on ne doit pas introduire une bible, etc. pourraient ne pas être considérés comme totalitaires. Et restent toutes les autres formes de cet obscurantisme, racine de la violence terroriste.
La vraie question revient donc à se demander, comme pour les "petites" infractions qualifiées "incivilités", où commence l'inacceptable. Il est bien possible qu'il faille envisager sérieusement une politique de sanctions à la première infraction, toute forme d'incitation au djihadisme, d'incitation à la haine contre les "infidèles", toute dérive par rapport à la liberté de croire ou de ne pas croire, toute apologie de l'oppression de la femme, etc. – comme les lois et tribunaux le prévoient déjà et l'appliquent pour d'autres écrits ou propos délictueux.
Il convient donc, pour comprendre vraiment le "salafisme" de connaître un minimum les sources auxquelles il prétend revenir.
JG Malliarakis
Apostilles
- cf. notamment "Thinking about crime". Publié en 1975 ce livre n'a jamais été traduit en français. Ses idées ont été cependant reprises par Xavier Raufer et Alain Bauer dans leur excellent "Que sais-je" "Violences et insécurité urbaines." ⇑
- Ces recueils varient selon les écoles. ⇑
- cette vie de Mahomet est supposée servir de base à l'imitation du "Beau Modèle". Soulignons à et égard que l'interprétation dominante des aspects les plus "spécifiques" de cette biographie, ses mariages par exemple, indique que ceux-ci étaient destinés à prouver la simple humanité du Prophète. ⇑
C'est l'hétérogénéité ethnique qui est le ferment de la "petite" délinquance.
Les états ou régions dotés d'une grande homogénéité ethnique sont ceux où la délinquance "de rue" est la plus faible, grâce à la solidarité organique qui y règne. En revanche, ces états ou régions peuvent souffrir de formes accentuées de délinquances de type mafieuses, toujours grâce à la solidarité ethnique qui y règne.
L'Islam étant une religion qui s'est développée au sein de société multi-ethniques, il a privilégié le principe du "zéro tolérance" (membres coupés en cas de récidive, etc...)
Pour retrouver paix civile et concorde sociale, les états doivent revenir vers le plus d'homogénéité ethnique possible.
Sinon, les sociétés développées devront continuer à dépenser des sommes folles pour réprimer, toujours insuffisamment, la délinquance du quotidien.
Rédigé par : MP | mercredi 15 oct 2014 à 23:38
A propos de la note 2. Les recueils de hadiths de Bukhari et de Muslim sont universellement reçus comme fiables, authentiques, solides. Si, par sécurité, on se restreint à eux seuls, on a suffisamment de matière pour se former une image de l'islam correcte, contrairement à celle des journalistes ou intellectuels qui ont lu au mieux une demi-douzaine de versets du Coran (souvent ceux qui ont été éliminés par le principe de l'abrogation...).
Une habile apologétique musulmane, suivie aveuglément par les naïfs, consiste à jouer sur les divergences supposées considérables entre les fameuses écoles juridiques du sunnisme. Cette technique intimidante vise à détruire toute velléité de caractérisation précise et correcte de l'islam, et est un élément du rejet de l'abominable "essentialisme", lequel essentialisme n'est en définitive que la prétention assez raisonnable de ne pas parler pour ne rien dire. Magiquement, ces pourfendeurs de l'essentialisme deviennent farouchement essentialistes quand ça les arrange, par exemple pour empaqueter conceptuellement les "réactionnaires" réels ou, le plus souvent, supposés.
Rédigé par : Curmudgeon | jeudi 16 oct 2014 à 09:28
Excellente mise au point. Il existe donc bien un lien entre islam et islamisme... Il conviendrait d'en faire part à Mgr Bernard Poitevin, porte-parole des évêques de France, qui, voici deux semaines, avec le président des Mosquées de France, nous assura du contraire. Epousant la consigne gouvernementale...
Lothar
Rédigé par : LOTHAR | jeudi 16 oct 2014 à 11:07
Je me propose d ' envoyer votre billet à Mme . Le Pen .
Qui ne risque rien ... : )
Rédigé par : jerome | jeudi 16 oct 2014 à 18:19
la notion de tolérance zéro est très séduisante mais elle suppose la volonté. Volonté singulièrement faiblarde en occident. Ce que vous appelez rengaines misérabilistes n'est que l'expression de cette aboulie. Quand on ne veut pas on se cherche toutes les excuses c'est bien connu. Quand on ne peut pas vouloir c'est pareil sauf que çà devient inconscient. C'est notre cas où tous ces gens croient bien faire en donnant des raisons qui sont inconsciemment des cache-misères de la volonté défaillante généralisée. Bien sûr comme l'affirme MP l’homogénéité facilite les choses. Pas besoin de volonté qui s'use de ne pas être utilisée et quand l'invasion arrive elle est trop faible pour réagir.
Rédigé par : mersenne | jeudi 16 oct 2014 à 20:20
Merci beaucoup pour cet éclairage.
Puisque toute la source de la législation doit se retrouver dans le Coran, il faut comprendre que toute avancée obtenue par les musulmans sur le plan religieux dans nos pays occidentaux devient un acquis que l'on pourrait qualifier de politique.
C'est encore mal compris en France.
Claude Mennessier
Rédigé par : Claude Mennessier | vendredi 17 oct 2014 à 03:57
C'est encore mal compris en France parce que la France est une société de consommation comme toutes les nations occidentales. La société de consommation est, entre autres caractéristiques, invertébrée donc tout ce qui ne touche pas la consommation n'est pas compris! CQFD.
Rédigé par : mersenne | vendredi 17 oct 2014 à 20:02
Tout est dit dans cette phrase inoubliable du poète kabyle Feyrat Mehenni : « l’islam, c’est l’islamisme au repos, l’islamisme, c’est l’islam en action ».
Rédigé par : Liberte15 | vendredi 17 oct 2014 à 22:28