En main une imposante base de donnée publiée à Washington. Ordinairement de bon aloi, les rapports du Pew Forum permettent de faire le point sur divers problèmes mondiaux dans une optique plutôt libérale conservatrice en général. Ils nous disent beaucoup à la fois sur les faits et plus encore sur les idées reçues en occident.
Le document que nous citons ici est consacré aux "Musulmans du monde, religion, politique et société". Publié en avril 2013, il se présente comme un assez fort volume de 226 pages. On y trouve un certain nombre de conclusions peu surprenantes. Par exemple, on y découvre que "dans leur ensemble les femmes musulmanes sont plus attachées aux droits des femmes que les hommes". (page 42)
Notre étonnement grandit lorsque nous lisons que "dans leur ensemble les musulmans soutiennent largement l'idée de liberté religieuse. Parmi les musulmans qui disent que les gens sont libres de pratiquer leur foi, les trois quarts ou plus dans chaque pays disent que c'est une bonne chose". (page 63)
Si l'on se base sur une telle évaluation, on sera par conséquent porté à considérer, en toute bonne foi, que, dans leur grande majorité les mahométans opinent en faveur de la liberté de religion pour les autres.
Et ceci inclinerait certains habiles à croire que leurs interlocuteurs pourraient, pourquoi pas, se mobiliser pour la défendre.
Ceci prend un tour plus préoccupant dès lors que l'on s'engage contre l'islamisme extrême du néo Califat. Celui-ci s'est affirmé en mai 2014 à Mossoul. Il s'est illustré depuis lors dans des assassinats d'otages innocents.
Notons à cet égard que ces crimes ont été honteusement étiquetés par les moyens de désinformations français : on les entend présentés comme des "exécutions", ce mot supposant dans notre langue une notion de culpabilité et de décision de justice…
On pourrait commencer par remarquer que la manière dont ont répondu "dans leur ensemble" les personnes interrogées a quelque chose de conventionnel. De plus, pour oser dire dans le cadre d'un sondage que l'on récuse le droit élémentaire des autres il faut une bonne dose d'arrogance, et de franchise...
Mais avant tout il conviendrait de s'entendre sur ce que l'on appelle, au XXIe siècle en occident, la liberté religieuse...
Les musulmans considèrent celle-ci comme établie dès lors qu'ils laissent aux dhimmis la liberté de culte dans des églises ou des synagogues, et que l'on ne les détruit pas. Ils peuvent se rendre aux offices, on ne les emprisonnera pas.
Cette liberté-là est reconnue en gros dans la pratique, en temps ordinaire. Elle ne se verrait donc contestée "que" par 25 % environ des musulmans du monde entier.
Mais, d'autre part, tous les autres aspects de la liberté religieuse se trouvent, même dans les périodes de cohabitation calme, systématiquement bafoués.
Citons d'abord le droit de changer de religion. C'est peut-être le point essentiel.
La doctrine islamique en matière d'apostasie n'est pas formulée par le Coran. On entend parfois citer, de façon totalement tronquée et détournée, un passage de la Sourate 2, verset 256 : "pas de contrainte en religion". Le contexte de ce bout de phrase dément de façon radicale l'interprétation que l'on imagine. Rien dans le livre saint des mahométans, rien dans la Sîra retraçant la vie du beau modèle ne plaide en fait pour une telle tolérance.
Ce qui prévaut aujourd'hui encore est apparu au IXe siècle, soit 200 ans après la mort de Mahomet, et dans un seul hadith. Or, aucune puissance islamique ne le remet vraiment en cause. Et pourtant il ne repose que sur un seul témoignage : "celui qui change de religion tue-le" ! Ce hadith est accepté dans les 57 législations des 57 pays de la conférence islamique. Il est reçu sous des formes différentes, mais, dans la pratique, on ne condamne jamais le musulman extrémiste qui obéit et assassine l'apostat.
Évoquons aussi au titre de la liberté d'expression le droit d'exprimer des critiques contre la religion : face à l'islam la controverse devient très vite blasphème. (1)⇓
Toute propagation de leur foi est également interdite aux dhimmis. Or, on doit rappeler ici qu'une certaine forme de prosélytisme est un devoir pour un chrétien. (2)⇓
Ne parlons même pas d'autres aspects, dans le mariage par ex., d'une conception libérale de la pratique religieuse.
Ne parlons même pas du droit de construire des lieux de cultes.
Se laisser prendre à la conception que l'islam considère de sa "liberté religieuse" me semble donc une faute majeure commises par les Occidentaux.
JG Malliarakis
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Les milieux "conservateurs et plutôt libéraux" américains dont le Pew Forum est l'un des organe d'expression, sont-ils totalement imbéciles, ou bien considèrent-ils plutôt l'extension de la religion mahométane...à la "vieille Europe" comme un moyen de conserver aux USA le rôle qu'ils estiment devoir être le leur : celui de "dirigeant du monde" ou "world leader" ?
Poser la question ,c'est y répondre : les élites nord-américaines, et leurs zélateurs en Europe, constituent, en commun avec la "vague verte", un ferment de mort pour la civilisation européenne. Aucun des deux problèmes ne peut être réglés sans l'autre.
Rédigé par : MP | mardi 14 oct 2014 à 00:17
Vous avez raison de faire observer ce que la quasi-totalité des journalistes, politiques, etc. ne saisissent pas : les réponses des musulmans doivent être interprétées selon l'acception qu'ils donnent aux mots.
Ainsi un musulman peut parfaitement se déclarer "modéré", et cela en toute bonne foi, alors que ses convictions nous feraient hésiter à le qualifier ainsi. C'est parce que la plus belle des religions est celle de la "communauté du juste milieu", censée se garder de tout excès. Au contraire, le christianisme est perçu comme déséquilibré.
Autrefois tel professeur à la Sorbonne dispensait des cours sur les différentes sortes de "démocraties", y compris les "démocraties populaires". On peut toujours décider que les vessies s'appelleront "lanternes".
Rédigé par : Curmudgeon | mardi 14 oct 2014 à 07:18
D'abord l'islam, à l'image du judaïsme dont elle est une copie, n'est pas une religion! L'islam, toujours à l'image du judaïsme, se veut une communauté. Qui dit communauté dit mois intrinsèques. Cela doit être le postulat de base pour examiner toutes ces questions.
Ensuite, quel crédit donner aux sondages d'opinions? Là-bas comme ailleurs et sans doute plus qu'ailleurs ne sont que des opinions exprimées mais qui sera capable de mettre un fusil au bout de ses idées? Là-bas comme ici, très peu de gens! Et à supposer que opinion et idée veulent dire la même chose!
Rédigé par : mersenne | mardi 14 oct 2014 à 08:11
Je ne suis pas d'accord avec Mersenne. Si, l'islam est une religion. Mais, au moins idéalement, il vise en plus à être un système total, et cela jusque dans des prescriptions minutieuses sur de menues activités journalières (un musulman vraiment pieux doit faire ses besoins de telle et telle manière, etc.). Les Romains, et une multitude d'autres peuples avaient une religion, mais cette religion leur imposait de considérer aussi ce qui est faste ou néfaste. Un Occidental d'aujourd'hui, catholique ou irréligieux ou déiste ou ce qu'on voudra, a un peu de peine à se placer sur ce terrain.
Rédigé par : Curmudgeon | mardi 14 oct 2014 à 11:48
le "totalitarisme" même de l'islam me prouve que ce n'est pas une religion mais un ensemble de lois et coutumes qui concerne et défini une communauté.
C'est nous qui sommes bifides en étant laïcs et chrétiens.Notre communauté formée de laïcs aurait besoin d'une définition positive, intrinsèque. Il me semble que c'est le "droitdel'hommisme". Je ne sais plus qui a pu écrire que nous étions tous, Le Pen y compris, les enfants de 89. Je crois que c'est vrai.Et l'islam nous tombe dessus un peu comme un cheveu dans la soupe...
Rédigé par : mersenne | mercredi 15 oct 2014 à 08:12
Je suis bien d'accord avec MP. Les américains sont d'un pragmatisme inouï,inconcevable pour nous. ( d'ailleurs concevoir le pragmatisme c'est ne plus l'être )Tout "pour leur gueule" et ils n'hésitent pas à dîner avec le diable sans longues cuillères car ils se sentent trop forts pour avoir peur. C'est une communauté qui ne vit que pour elle. ( par ailleurs, c'est comme cela que les antisémites fustigent les juifs et c'est comme çà qu'il faut prendre les américains car c'est une calomnie concernant les juifs mais une vérité concernant les américains )
Rédigé par : mersenne | mercredi 15 oct 2014 à 08:23
Je lis des commentaires qui, s'écartant du sujet de la chronique, s'en prennent aux méchants Américains. A mon avis on y confond un peu le fait que l'Amérique est actuellement la puissance dominante, qui, en tant que telle, voit ses intérêts, et une culture qui se caracteriserait simplement par un pragmatisme brutal et cynique (apparemment inconnu ailleurs). On pourrait s' amuser à proposer exactement la meme analyse, suivant les moments et les lieux, pour n'importe quel pays : Athènes, Rome, la Chine, la France...
Rédigé par : Curmudgeon | mercredi 15 oct 2014 à 10:06
A propos du billet de M. Malliarakis, cette vidéo propose une analyse de la société algérienne (et, probablement d'autres sociétés musulmanes) peu complaisante, specialement pour ce qui touche à la "modération" :
http://youtu.be/0t6NYw26wQ4
Rédigé par : Curmudgeon | mercredi 15 oct 2014 à 10:14
à Curmudgéon, je suis bien d'accord avec les "amusements" que vous proposez. Jeux où notre France aurait sans doute le premier rôle de son époque mais il n'est pas question de repentance et de morale si chère à nos amis américains, horribles puritains jusqu'à la moelle, non.
Il s'agit de ne pas faire le taureau qui abruti par les clameurs fonce sur le chiffon rouge laissant le prestigieux toréador à sa gloire! Gloire d'avoir doublé la pauvre bête qui n'en peut mais et qui retourne avec l'obstination des imbéciles sur ce fameux chiffon rouge.
Rédigé par : mersenne | mercredi 15 oct 2014 à 11:44
La France continue à souffrir de son passé qui ne passe pas, avec le Syndrome de Vichy, analysé à travers ses ouvrages par l'historien Henry Rousso. Ainsi ses autorités, élues et nommées, naviguent entre deux contenus rassurants, parus chez Plon:
- Henri Pena-Ruiz. Dictionnaire amoureux de la laicité et Malek Chebel. Dictionnaire amoureux de l'Islam.
Mais il faut creuser la question et ne pas rester à la surface du phénomène étudié. Ainsi les origines judéo-nazaréennes de l'Islam, comme évoquées déjà par Edmond Sayous dans: Jésus-Christ d'après Mahomet ou les notions et les doctrines musulmanes sur le christianisme, réédité à l'Aencre.
Edmond-Marie Gallez le confirme dans sa monumentale expertise en deux tomes, consacrée aux racines théologiques de cette nouvelle religion syncrétique, parue aux éditions de Paris. Il a accordé un entretien sur Cypress.fr:
" D'un côté, il y a le Parti de Dieu, et de l'autre le reste de ceux qui, forcément, sont contre Dieu, ne serait-ce qu'à cause de leur ignorance. Au temps du communisme, les sectateurs de cette idéologie avaient une vision très semblable du monde, divisé dialectiquement entre monde socialiste et monde à conquérir. Cette manière de voir est toujours fondamentalement celle de l'Islam, depuis l'irruption de la tribu des Qoréchites."
L'auteur montre que l'Islam devient le vecteur idéologique des Arabes, face à l'Empire Byzantin (sa victoire de Mouta, à l'Est du Jourdain en 629), et face à l'Empire Perse Sassanide déclinant.
En actualisant ce parcours, Norbert Multeau l'adapte à notre continent et à l'époque contemporaine, dans son livre: L'Islam chez lui chez nous à l'Aencre.
" Un homme de la planète sur quatre est musulman. L'objectif de l'Islam, sa vocation historique comme sa mission divine, est de convertir les trois autres. Le monde non-musulman ne semble pas s'apercevoir que l'Islam, conscient de sa force, réactive son projet multi-séculaire de domination de l'univers: imposer partout le règne d'Allah et la loi coranique. En France, l'immigration à flot continu aboutit, non au choc des civilisations, tout se passe sans heurt violent, mais à l'évincement progressif de l'une (chrétienne) par l'autre (la musulmane). Et cela dans l'indifférence des élites, quand ce n'est pas avec la complicité des activistes du métissage. Voici ce qu'est l'Occident: une civilisation honteuse d'être ce qu'elle est, qui n'affirme plus rien, qui ne se défend plus."
Comme le rappelait le regretté Dominique Venner, seuls les Nationalistes combattirent les Communistes, les armes à la main, comme ils combattent les Islamistes aujourd'hui.
- Bruno Dumézil. Les racines chrétiennes de l'Europe. Conversion et liberté dans les royaumes barbares Vème-VIIIème siècle. Fayard
NB: veuillez m'excuser pour l'emploi inapproprié des majuscules, mais j'ai l'habitude d'orthographier les noms propres de cette manière, et j'ignorais que c'était réserver à un autre usage dans l'écriture électronique. D'autant plus que le correcteur souligne l'anomalie. Dorénavant, seule la première lettre sera dans ce caractère. Cordialement.
Rédigé par : Coriolan | mercredi 21 jan 2015 à 00:53