Le jour de son 70e anniversaire officiel, Le Parisien ex-Libéré installait en ligne un article répondant à une curieuse logique. Fabriqué à partir d'un sondage Tilder/LCI/OpinionWay, ce petit texte nous révèle notamment que :
"Sept Français sur dix attribuent au gouvernement, plutôt qu'à la situation économique européenne, l'augmentation annoncée du déficit public en 2014".
Pour faire court disons que, sur ce point, 7 Français sur 10, ont raison. Ce qui devrait nous interpeller, ce qui interpelle en tout état de cause votre serviteur c'est plutôt le fait que 3 Français sur 10 tombent encore dans le panneau que leur tend la propagande gouvernementale. Car elle répète à l'envi que l'augmentation annoncée du déficit public pour l'année 2014, ne parlant même pas des chiffres avancés pour 2015, entièrement hypothétiques, doit être attribuée "à la situation économique européenne" plutôt qu'à l'action, et en l'occurrence à la part dominante d'inaction, depuis 2012, du pouvoir hollandiste.
Dans un pays, et ce point très important mérite d'être rappelé, où 5 ménages sur 10 ne supportent pas l'impôt sur revenu, voilà qui prouve que, certes, une bonne partie de ces ménages a, quand même, mieux compris la situation que la plupart des socialistes. Mais on ne saurait trop insister sur la nécessité de "continuer le combat" pour éclairer les autres.
Ne perdons pas de vue qu'il existe un feu roulant de désinformation à propos de l'économie.
Par exemple les auditeurs de Radio Classique avaient pu entendre le matin même, à 7 h 20 pendant 5 minutes et 42 secondes, qui ont paru interminables, un entretien entre Nicolas Pierron et son "invité de l'économie" le camarade Éric Aubin, présenté comme le "numéro 2" de la CGT. Ses responsabilités exactes le définissent comme le "secrétaire confédéral en charge des retraites" – c'est-à-dire en fait le spécialiste des questions économiques. (1)⇓
Tous les poncifs de ce qu'on appelle "la gauche de la gauche" y sont passés pendant ces quelques instants de "bonheur" néomarxiste. On a appris par exemple que la "politique de l'offre a ses limites", qu'il faut donc "augmenter le pouvoir d'achat de tous les salariés", car "la consommation pèse pour 51 %" de l'activité économique.
On ne répète plus bêtement à l'identique les slogans éculés, d'une Arlette Laguillier tonnant contre "les cadeaux aux patrons" ni le programme d'un Thorez de 1936 proposant de "faire payer les riches" [c'est déjà fait].
On se contente de faire semblant de chiffrer. Et d'évaluer à "220 milliards chaque année (les) aides publiques aux entreprises". Et notre homme d'oser se poser, enfin, en défenseur des très petites entreprises. Que 17 branches n'aient même pas entamé de discussion sur le pacte de responsabilité, perche tendue par son interlocuteur, ne l'intéresse même pas.
Pour la CGT, en fait, il ne faut rien changer, sauf à aggraver le poids du système hexagonal de la redistribution sociale.
Contre cette extraordinaire force d'inertie, aucun pouvoir n'a vraiment osé entreprendre depuis 15 ans la moindre réforme.
Seules deux mesures ont légèrement rogné une part de ses pouvoirs de nuisance. On doit, en toute honnêteté, les porter à l'actif
- pour la première, d'un roublard Raffarin mettant en 2003 le holà à la tradition du paiement des jours de grèves,
- ou, pour la seconde, de la présidence Sarkozy tenant sa promesse en 2007 d'instituer un service minimum dans les transports publics.
Malheureusement, en regard, depuis 15 ans, la législation s'est par ailleurs aggravée, le code du travail s'est alourdi, les fiscalités se sont multipliées.
Ce contexte rend la récente prise de position du gouverneur de la Banque de France, M. Christian Noyer, fort convaincante en théorie, mais problématique dans la pratique. Il déplore à juste titre que l'objectif d'une réduction du déficit public à 3 % du produit intérieur brut ait de nouveau été repoussé, cette fois à 2017. Il explique qu'on "ne peut pas accumuler indéfiniment les déficits." Et il souligne : "Quand on dévie des engagements sur lesquels on s'est porté, on risque une perte de crédibilité". (2)⇓
Tout cela est incontestable mais depuis l'entrée en vigueur de l'euro au 1er janvier 2002, pas un seul des engagements de l'État français au titre de la convergence monétaire n'a été tenu.
Quand M. Noyer déclare par conséquent "c'est l'heure du sursaut ou du déclin. Il faut choisir et, évidemment, il faut choisir le sursaut" et quand il propose de "poursuivre inflexiblement la réduction des dépenses", il parle comme si cette réduction avait vraiment été entreprise depuis 2012.
En fait non seulement elle n'a jamais eu lieu, mais on a continué et on continue d'augmenter les budgets en misant sur la croissance et la hausse du niveau général des prix qui, ni l'une ni l'autre, ne se sont confirmées.
La complaisance des socialistes en direction de ce qui reste de l'électorat communiste n'est donc pas seule en cause. La connivence institutionnelle avec la CGT, syndicat où dominent les représentants et les intérêts des personnels à statuts reste le fond du problème. La sauvegarde discrète des privilèges de la haute fonction publique et de la classe politique l'explique en grande partie, car ils s'appuient sur la capacité de nuisance de cette force "conservatrice" attachée à défendre bec et ongles ce qu'on appelle le "modèle social français".
JG Malliarakis
Apostilles
- cf. Sur le site de Radio classique.⇑
- Le 11 septembre, sur Europe 1.⇑
Certes, mais c'est l'ensemble des Français qui réclame ce prétendu modèle social depuis un demi-siècle.
On peut trouver quantité de boucs émissaires, et il s'en trouve beaucoup de fort méritants ; mais c'est parce que où que l'on se tourne, on se heurte à des anti-libéraux et à des étatistes forcenés.
OK pour la CGT, OK pour la haute fonction publique, OK pour les politiciens, OK pour la petite fonction publique... OK pour 60 millions de Français, en fait.
Rédigé par : Robert Marchenoir | vendredi 12 sep 2014 à 19:07
L'Insolent le dit depuis longtempss : les boulets et chaîne des Français sont d'un côté les ( faux) syndicats et de l'autre les hommes-de-l'état. La chaîne étant leur alliance malsaine depuis 1945 et qui est fatale à la liberté.
Mon constat est que cela fait le jeu des maîtres-du-monde et que ceux ci font le nécessaire pour que tout continue (média soumis et complices, élections bidon, organisations supra étatiques, guerres s'il le faut) cela n'est donc pas prêt de changer. Préparons nous, individuellement, et prions.
Rédigé par : Dominique | vendredi 12 sep 2014 à 20:21