Depuis plusieurs mois, on rappelle aux Européens sur tous les tons, le centenaire de la guerre de 1914.
Comme il est de règle désormais, cette "communication" systématique s'inscrit dans le registre de la "mémoire". Elle évoque ainsi les faits en contradiction flagrante avec le respect de la vérité en Histoire.
Maître incontesté de la Psychologie des foules, Gustave Le Bon au contraire avait cherché dès 1915 à tirer les "enseignements psychologiques de la guerre européenne".
On y redécouvre, par exemple, un fait longtemps occulté depuis 1918: avant le déclenchement du conflit, et sans avoir besoin de la guerre, l'industrie et la finance allemandes étaient en train de dominer, pacifiquement, le continent européen…
L'auteur, de plus, s'inscrit en faux face aux explications matérialistes et marxisantes.
"Derrière les événements dont nous voyons se dérouler le cours, écrit-il ainsi, se trouve l'immense région des forces immatérielles qui les firent naître. (...) Les phénomènes du monde visible ont leur racine dans un monde invisible où s'élaborent les sentiments et les croyances qui nous mènent. Cette région des causes est la seule dont nous nous proposons d'aborder l'étude. (...) La guerre qui mit tant de peuples aux prises éclata comme un coup de tonnerre dans une Europe pacifiste, bien que condamnée à rester en armes."
Tout conspirait donc, en dépit de l’autorité de l’auteur, pour que cet écrit soit relégué dans l'oubli des textes maudits, politiquement incorrects.
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374 pages ISBN 978-2-84880-19-4 prix 29 euros
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"On y redécouvre, par exemple, un fait longtemps occulté depuis 1918: avant le déclenchement du conflit, et sans avoir besoin de la guerre, l'industrie et la finance allemandes étaient en train de dominer, pacifiquement, le continent européen…"
Occulté par qui ?
De mes lointains souvenirs de cours d'Histoire-Géographie dans un lycée public de province sous la houlette d'enseignants certifiés "union de la gauche", il me revient clairement que l'Allemagne de la belle époque était la première puissance économique et scientifique du continent européen, et qu'elle taillait allègrement des croupières à une industrie britannique dont la suprématie était également menacée dans ce domaine par la jeune nation américaine.
Au yeux de ces aimables professeurs, l'Allemagne de Guillaume se coiffait même d'une couronne philosophique supplémentaire : elle était la "Jérusalem" du socialisme, c'est dire si elle était par eux encensée.
De notre point de vue contemporain, celui d'un monde aux frontières économiques très ouvertes, l'Allemagne n'avait, effectivement, aucun véritable intérêt à attaquer ses voisins (ce qu'elle a fait, indubitablement, avec celui dont elle ne pouvait pourtant pas prétendre qu'il constituait la moindre menace, à savoir la Belgique...).
A nos yeux, donc, pas plus d'intérêt à l'agression contre la France, puisque la guerre nous a tout de même été déclarée
par elle, que les USA n'avaient d'intérêts à agresser l'Irak en 2000...car l'Irak ne menaçait aucunement ni la suprématie américaine au Proche-Orient ni le dynamisme de l'économie outre-atlantique.
Cependant, ce raisonnement, pour logique qu'il puisse paraître aujourd'hui, souffre d'un mal encore pire que le travestissement volontaire de l'Histoire, qui est, lui, aisément décelable : c'est le mal de l'anachronisme.
L'Allemagne de 1914 n'était pas principalement dirigée par des élites rhénanes fortement américanisées et libérales comme elle l'est aujourd'hui et cela depuis 1945, mais par une vieille dynastie prussienne, appuyée politiquement sur une aristocratie de la même eau et une bourgeoisie toute imbue d'y entrer, dynastie dont le représentant principal, l'empereur lui-même, rappellait lors d'un déplacement en Norvège avant-guerre, qu'elle représentait les valeurs traditionnelles de l'Europe chrétienne, contre le "mercantilisme anglo-saxon".
Dans le monde de 1914, la puissance économique allemande ne manquait de rien, en matière de dynamisme démographique, de connaissances scientifiques et de capitaux, mais manquait de tout en matière de pérennisation des ses approvisionnements et de ses débouchés économiques.
Plus de 30% du minerai de fer consommé par l'industrie Allemande provenait...de France, dont une bonne part de ce bassin de Briey, dont le premier ministre impérial, Bethmann-Hollweg, ne manquera pas de demander, devant le Reichstag début Septembre 1914, le bénéfice pour son pays en cas de victoire, à ce moment assurée, pour ses armes.
D'autre part, dans un monde qui, à l'époque, faisait de l'expansion coloniale la "marque de fabrique" des nations qui comptent, l'empire allemand n'en comptait presque pas, hormis quelques pauvres confetti, auquel l'empereur lui-même n'avait pas pu ou su ajouter le royaume chérifien en 1906, et à nouveau 1912, au grand dam de son opinion, vexée que le vaincu de 70, supposé se vautrer dans la décadence du "gai Paris" puissent ainsi en remontrer aux successeurs de chancelier de Bismarck.
Dans le même ordre d'idées, avec la démographie très dynamique qui était la sienne, l'empire n'était déjà plus tout à fait auto-suffisant du point de vue alimentaire dans ses frontières de l'époque, et ses élites lorgnaient donc avec envie vers les vastes espaces agricoles de l'Ukraine occidentale dont la mise en valeur était si fortement limitée par l'arriération de l'agriculture russe.
Pour finir, il n'est pas jusqu'au socio-démocrates qui ne menacaient ce magnifique, mais pourtant fragile, édifice économique et social.
Bien que tenus, par les lois du Reich, à distance du gouvernement (le Reichstag ne pouvait pas renverser le gouvernement impérial et ses membres prussiens était élus par ordres, assurant de fait la majorité à l'aristocratie et à la bourgeoisie conservatrice) et même des administrations (il était interdit aux membres du SPD de postuler pour cause de non-compatibilité du programme social-démocrate avec la nature monarchique du régime) civiles et municipales, la progression électorale constante des socio-démocrates ne lassait pas d'inquiéter des élites qui redoutaient l'affaiblissement de cette "paix bourgeoise" qui constituait l'un des piliers, à leurs yeux, de la réussite de l'empire depuis sa proclamation en 1871...dans la galerie des glaces de Versailles.
Comment, dès lors, ne pas rêver de ré-affermir par un nouvel exploit militaire, semblable à celui de 1870, cette "sainte alliance" entre aristocratie prussienne et bourgeoisie rhénane sur le dos du vieux concurrent de l'ouest, à savoir la France ?
De la Russie, déjà humiliée dix ans plus tôt par une nation, le Japon, formée militairement à l'allemande, et minée par les dissensions politiques et sociales, il ne serait fait qu'une bouchée, une fois l'adversaire principal, la France, mise hors-jeu.
C'est ainsi qu'a pu germer, dans l'esprit des responsables allemands, l'idée que par un coup de poker imité de celui de 1870, ils pourraient tout à la fois dérober aux français une part significatives de leurs colonies africaines, asiatiques et océaniennes, un bassin minier en Lorraine, peut-être même un port sur la Manche (Dunkerque), et aux russes leurs marches occidentales dont ils jetteraient alors un morceau à leur vassal autrichien, à toutes fins utiles.
L'Allemagne est aussi coupable de 1914 que nous le sommes de 1792, ou de 1812, que les russes le sont de 1940 et de 1941, et les britanniques et les américains de 1939, et de toutes les guerres depuis 2000 jusqu'à nos jours.
La repentance française, même pour aller une dernière fois uriner sur la pierre tombale des "rad-soc", qui ne méritent pas tant d'honneurs, doit cesser.
Sur ce sujet aussi.
Rédigé par : MP | samedi 20 sep 2014 à 17:50
Bravo à l'énigmatique MP!
Je suis preneur d'autres proses de sa part.
Grand merci.
Rédigé par : mersenne | mercredi 24 sep 2014 à 18:49
-Nouvelle Revue d'Histoire numéro 14:Le monde de 1914,septembre 2004 et Hors-série numéro 8:Eté 1914.Pourquoi le suicide de l'Europe?Printemps 2014.
Rédigé par : Coriolan | vendredi 26 déc 2014 à 14:14
Les réflexions de MP me font penser qu'il y a une faiblesse dans le nationalisme français à la Bainville, qui veut à tout prix opposer la France à l'Allemagne.
On oublie que la France comme l'Allemagne sont issues de l'empire carolingien, ou Francie, empire des Francs, qui était germanique et regroupait des territoires tant germaniques que romanisés. (Etaient romanisées l'actuelle France, l'Italie, la Burgondie, même si le royaume de Bourgogne était bilingue et regroupait des territoires comme les actuels cantons de Berne, Bâle, Soleure, de langue germanique).
Si l'on regarde l'histoire médiévale on s'aperçoit qu'existait une sorte d'allégeance secrète du royaume de France, formé patiemment les Capétiens, envers l'empire romain germanique sous le sceptre des dynasties ottoniennes, saliennes puis Hohenstaufen, etc. Ca s'est gâté avec les Habsbourgs.
Les empereurs allemands prenaient soin de préserver la dignité et la sensibilité du royaume de France mais n'en considéraient pas moins le roi de France comme un "regulus", petit roi, de rang inférieur à l'empereur, même s'il convenait de ne pas le lui dire explicitement.
L'indépendance française s'affirme à la bataille de Bouvines, mais il est à noter que cette guerre opposait le roi de France à un empereur allemand illégitime puisqu'il s'agissait de Otton IV de la maison des Welfs, qui avait en quelque sorte usurpé l'empire à son souverain légitime Hohenstaufen, après l'assassinat de Philipe de Souabe.
Donc la France s'affirme comme leader en Europe dans les temps d'illégitimité du pouvoir impérial.
Plus tard Frédéric II de Hohenstaufen reprendra ses droits et le roi saint Louis sera de ceux qui lui témoigneront la déférence qui lui était due, s'opposant aux campagnes excessives de la papauté contre l'Empire.
Le "souverainisme" français se marquera plus tard avec Philipe-Auguste qui se déclarera "empereur en son royaume", et promulguera un droit public propre avec ses fameux légistes. Cela revenait à renforcer le pouvoir royal en interne mais sans vraiment contester la prééminence de l'Empire.
Cette dialectique des relations france Allemagne au moyen-âge était toute en nuances.
Quand Jeanne d'Arc, qui était lorraine, c'est à dire issue d'une terre d'empire, réussit à sauver le royaume de France de l'occupation anglaise, c'était l'empereur Sigismond de la maison de Luxembourg, qui régnait sur l'Empire. L'action de Jeanne d'Arc consista à libérer le royaume d'une hégémonie anglaise illégitime, mais ne consista pas à opposer la France à l'Empire.
C'est en somme seulement avec la politique de Richelieu que s'opéra un renversement de l'hégémonie tacite qui avait été celle de la Germanie sur la France et que s'imposa durement l'hégémonie française en Europe, sur les Allemagnes divisées.
Il est à noter que ceci fut permis, ou causé, par la tentative des Habsbourgs de recatholiciser de force l'Empire, tentative qui apparemment ne plût pas à Dieu puisqu'elle échoua. Ceux qui accordent de l'importance à l'aspect spirituel des choses noteront que Louis XIII avait consacré son royaume à la Vierge, ce qui spirituellement contribua à lui donner la victoire alors même qu'en bonne théologie le roi de France avait tort, puisqu'il fricotait avec les hérétiques en Allemagne, et en Suède.
Louis XIV avait été candidat à la couronne impériale. C'est peu connu mais je communiquerai volontiers à ceux qui sont intéressé de la documentation à ce sujet. Il a finalement échoué, malgré le fait que la plupart des princes allemands étaient à ses gages, parce que la manière dont il a pris possession de l'Alsace avait vraiment trop horrifié les Allemands.
J'espère que mes propos ne choqueront pas trop les nationalistes français cocorico, mais ce que je veux dire ce n'est pas que la France doit être subordonnée à l'Allemagne. C'est que la France et l'Allemagne appartiennent toutes deux à une même unité, dans laquelle tantôt l'élément allemand tantôt l'élément français domine. Aujourd'hui, il semblerait bien qu'à nouveau ce soit l'élément allemand, au sein de l'Union Européenne.
Il est bon que la France et l'Allemagne soient conscients de leur interdépendance et se concertent, celle des deux qui tient momentanément le couteau par le manche étant bien avisée de ne pas trop le faire sentir à l'autre.
J'admire la pensée de Bainville et de Maurras, mais je déplore qu'elle consiste trop souvent à dresser la France contre l'Allemagne, haineusement, dans un conflit fratricide et en entretenant un chauvinisme qui est au fond surtout jacobin.
Rédigé par : Helveticus | lundi 18 mai 2020 à 12:44
@ Helveticus
"J'admire la pensée de Bainville et de Maurras, mais je déplore qu'elle consiste trop souvent à dresser la France contre l'Allemagne, haineusement, dans un conflit fratricide et en entretenant un chauvinisme qui est au fond surtout jacobin."
À leur décharge, ils avaient parfaitement compris le danger pangermaniste d'alors (d'inspiration nullement nietzschéenne contrairement à ce que pensent nombre de maurrassiens - l'immense et génial philosophe allemand y était profondément hostile). Mais vous avez raison, la France et l'Allemagne doivent s'entendre en se respectant mutuellement. Le malheur est que ces deux pays sont dirigés par des tenants du mondialisme cosmopolite et de l'affairisme non moins cosmopolite et s'entendent d'ailleurs très bien sur le dos de nos deux peuples.
L'avenir, ce n'est pas un nationalisme français (souvent en effet teinté de Jacobinisme), mais l'Archéofuturisme défini par notre regretté camarade Guillaume Faye.
Rédigé par : RR | lundi 18 mai 2020 à 18:37
Les princes allemands firent partie des coalitions étrangères qui donnèrent beaucoup de soucis aux rois de France, et il faut plutôt remercier Louis XIV d'y avoir mis fin. Et la destruction du Palatinat s'explique pour priver de vivres les Impériaux et parce que les soldats de Turenne étaient bien moins nombreux. Cela n'excuse évidemment pas les massacres. Ce fut en tout cas ensuite une très, très longue période de paix, jusqu'aux tragiques guerres des révolutionnaires puis de Napoléon, contre toute l'Europe.
Le souvenir du Palatinat est il il aussi fort que celui de la grande défaite prussienne à la bataille d'Iéna ? La perte de tant d'hommes à Iéna entraîna un désir de revanche des officiers prussiens, et fut encore exploitée avant 1870. Mais la Confédération germanique se développa contre les voisins de la Prusse et non contre la France.
Ce n'est que parce la France risquait de s'opposer évidemment à la création d'un état allemand unifié à sa frontière que Bismarck estima que la guerre serait inévitable. Ce fut une guerre conjoncturelle et non le résultat d'une animosité entre les peuples français et allemands.
La défaite et la capitulation françaises, puis l'humiliation de la proclamation de l'Empire allemand à Versailles en janvier 1871, et la perte de nos belles provinces ont certainement déclenché une rancoeur anti-allemande en France. Mais est ce certain ? Car les Français reconnurent les erreurs de Napoléon III qui cèda aux politiciens, et ce ne fut pas une guerre acharnée entre deux peuples ; la Commune et dès 1875 les Francs maçons qui commirent une guerre de 30 ans contre tout le peuple français majoritairement catholique qui furent autrement plus terribles.
La guerre de 14-18 n’a pas été ensuite une guerre de revanche française pour récupérer l'Alsace et la Lorraine annexées par Bismarck, même si l'espoir et la promesse de récupérer nos belles provinces permirent au gouvernement de faire partir nos soldats Français “ la fleur au fusil … pour une guerre courte.“ On leur promit d'être de retour pour les moissons… Les malheureux ne savaient pas qu'il s'agissait d'une Grande guerre civile européenne.
Mon grand-père n'a pas eu cette chance de revenir vite… il fit une guerre atroce dont je passe les quelques détails qu'il me raconta et fut gazé. C'est peut être pour cela qu'il parlait des … “ boches “. Ignorant peut être que le conflit allemand qui prit sa source dans les Balkans, était motivé par le dessein d'autres puissances de briser, à l'ouest, l'empire austro-hongrois.
Tellement de morts ont forcément marqué les hommes pour longtemps, mais les familles qui fuyaient en juin 1940 devant l'avancée des armées allemandes n'avaient plus la haine, elles fuyaient tout simplement la guerre.
Mon père non plus n’était pas anti-allemand bien qu'ayant perdu 10 années de 1936 à 1945, entre ses premières classes, puis la mobilisation, puis la guerre de 39 à 40 sur le front Lorrain ( les soldats s'ennuyaient aux alentours de la Ligne Maginot et ils faisaient des incursions de type commando en Allemagne - je le signale car ce n'est pas connu ) où il reçut la Croix de guerre, et enfin une longue période comme prisonnier de guerre chez un forestier près de Prague.
Ces soldats français prisonniers de guerre ont été correctement traités - malgré des tentatives d’évasion répétées - , surtout en campagne où la nourriture resta suffisante, et ils furent autorisés à travailler le dimanche chez des particuliers ce qui leur permit… d'acheter une voiture et de l'essence, pour fuir vers l'ouest vers les troupes américaines lorsque les canons russes se firent entendre, avec la permission du soldat allemand chargé de garder les prisonniers !
Ceci pour dire que les Français de cette génération ont pu faire la guerre non par haine, mais par devoir. Dans le devoir il y a aussi une part d’obligation subie et acceptée. On sait aussi que les soldats Allemands n'avaient pas de haine contre les Français. Mais il y a des fous partout.
A la lumière des combats menées par mes deux héros, certainement reproductibles par millions de soldats Français, il m'a par la suite semblé que le destin des Français et des Allemands, et les relations entre peuples, leur ont échappés au XXème siècle. J'ai aussi appris que d'autres puissances notamment financières furent à la manoeuvre…
Ma petite personne ne fait pas partie des anti-allemands et je n'en connais pas, et je n'ai que de bons souvenirs de ceux que j'ai rencontrés. J’ai plusieurs fois entendu des Allemands dire qu'ils étaient trop jeunes pour avoir fait la guerre en 1939-40, histoire de mieux chasser le démon invisible qui oppose les hommes.
Et, dans une ville russe, j'ai vu des Russes et des Allemands fleurir ensemble les tombes de soldats allemands tombés en Russie durant la dernière guerre...
Rédigé par : Dominique | mardi 19 mai 2020 à 02:35
Merci pour votre témoignage très touchant sur votre famille. C'est sûr que beaucoup d'existences ont été gâchées en France et en Allemagne par toutes ces guerres fratricides.
Je n'ai pas de souvenirs familiaux aussi récents que vous. La neutralité nous a bien protégés en Suisse, en 1870, 1914-18 et 39-45, grâce à Dieu.
Mais dans ma famille, il y a eu beaucoup d'officiers suisses qui se sont battus glorieusement dans les guerres de Louis XIV et Louis XV. Donc il y a un certain sentiment pro français et monarchiste, peut-être étonnant chez un Suisse.
Malgré tout je deviens de plus en plus germanophile, surtout avec l'âge. Je serais pour le rétablissement de l'empire carolingien, avec une monarchie commune décentralisée, germano française.
Je suis convaincu en tous cas que le républicanisme en France est illégitime et ne pourra pas durer à la longue. La preuve de cette illégitimité est que les officiels en France se sentent toujours obligés de réaffirmer les "valeurs républicaines". Si elles allaient de soi, devraient-ils les réaffirmer? Est-ce que les Suisses se sentent obligés de réaffirmer ce genre de choses? Non, parce qu'il ne viendrait à l'idée de personne de contester le caractère républicain de la Suisse. On ne doit réaffirmer que ce qui branle au manche, comme la République en France. Elle ne va pas de soi, donc elle n'est pas légitime.
L'Allemagne non plus n'est pas du tout républicaine et très peu démocratique. Il est très regrettable que les yankees aient exigé l'abdication de l'excellent Guillaume II, qui n'était pas du tout coupable de la guerre. Je pense qu'on reverra un jour une Allemagne monarchique, avec un roi de Prusse et un roi de Bavière, en plus du roi de France.
En revanche je ne crois pas du tout à l'avenir des Habsbourgs, dans les pays allemands. Mais en Hongrie c'est différent.
Je prendrais les paris que Victor Orban fera comme Franco. Il gouvernera jusqu'à sa mort comme un caudillo en négociant discrètement sa succession avec les Habsbourgs qui ne demandent que ça. Et ça donnera une aimable royauté d'opérette rétablie avec l'aide des Juifs et de l'Eglise, conformément à une ancienne tradition de la famille Habsbourg.
Rédigé par : Helveticus | mardi 19 mai 2020 à 11:09
@ Helveticus
"Je prendrais les paris que Victor Orban fera comme Franco. Il gouvernera jusqu'à sa mort comme un caudillo en négociant discrètement sa succession avec les Habsbourgs qui ne demandent que ça."
Le régime hongrois est à priori beaucoup plus démocratique que ne l'était l'espagnol franquiste qui n'était rien d'autre qu'une dictature (infiniment plus dure que celle de Mussolini comme l'a d'ailleurs reconnu Pierre Milza lui-même)
Franco n'était qu'une immonde pourriture, traitre à la Phalange pourtant fortement impliquée à ses cotés pendant la guerre civile et qui en a payé le prix fort. J'ai rencontré beaucoup d'Espagnols notamment des jeunes et si Jose Antonio et la Phalange ont encore chez quelques uns la cote, Franco lui, est unanimement rejeté.
La monarchie espagnole établie par ce dictateur abject, comme toutes les autres monarchies européennes, c'est l'entretien d'une famille de parasites sans le moindre bénéfice pour le peuple.
Ce n'est pas parce que l'actuel régime français est pourri qu'il faille se diriger vers la pseudo-solution royale.
Des hommes comme Alain de Benoist et Guillaume Faye ont défini ce que peut être un régime réellement démocratique, impératif pour le bien être du peuple.
Rédigé par : RR | mardi 19 mai 2020 à 12:47
Pour information, mon arrière-grand père a fait le Tonkin.
Il en est certes revenu, mais que de sacrifices pour ces terres étrangères où nous n'avions rien à faire comme d'ailleurs le disaient à l'époque Déroulède et Barrès déplorant en revanche la perte de l'Alsace et de la Lorraine.
(pour ma part, je n'étais pas né lors de la Guerre d'Algérie, mais si j'avais été appelé, j'aurai tout fait pour déserter; rien à faire de cette terre qui n'était pas la notre)
Rédigé par : RR | mardi 19 mai 2020 à 14:07
On s'éloigne un peu du sujet de "La Grande guerre", mais pour en revenir à l'Espagne, on ne peut que regretter que le Cercle Franco-Hispanique qui avait beaucoup fait pour faire connaitre en France Jose Antonio et la Phalange n'ait pas voulu clairement dissocier le mouvement phalangiste et le Franquisme, rendant perpétuellement hommage aux deux.
En Espagne, Fuerza Nueva pratiquait le même amalgame particulièrement malvenu. Mais si son chef Blas Piñar a été résolument franquiste puis tout le restant de sa vie néo-franquiste, sa branche jeune était largement phalangiste !
C'est tout à l'honneur des nationalistes-révolutionnaires (et de la Nouvelle Droite) de n'avoir jamais eu la moindre sympathie pour le Franquisme et d'avoir même dénoncé sa nuisance. L'"extrême-droite" quant à elle, exprime encore de nos jours des opinions tout à fait malvenues à ce propos. Cela semble incurable et grave car je constate que cela déteint même chez une droite dite de gouvernement. On mesure là l'échec de la mission que s'était fixée la Nouvelle Droite à savoir fournir à la Droite un corpus d'idées pour le combat d'aujourd'hui dégagé de vieilles nostalgies malsaines.
La Droite reprend souvent ces dernières à son compte au nom de son amour de l'ordre tout en restant engluée dans sa vision purement économique du monde, le tout sur fond de cosmopolitisme et de dégénérescence, histoire en partie de ne pas effaroucher la Gauche.
Rédigé par : RR | mercredi 20 mai 2020 à 18:33
@RR
Vous dites souvent des choses avec lesquelles je me sens d'accord mais souvent aussi vous avez des propos que je trouve excessifs. Visiblement vous n'aimez pas Franco. OK. Mais de le traiter d'"immonde pourriture" et de "dictateur abject", est-ce que vous n'y allez pas un peu fort? Je m'attendrais plutôt à lire ces appréciations dans L'Humanité.
Sans prétendre me faire l'avocat du caudillo, et tout en admettant qu'il n'avait pas la générosité sociale qu'on pouvait trouver chez José Antonio Primo de Rivera, je dirais simplement que Franco avait d'autres qualités. C'était un militaire impitoyable, qui a mené une guerre de reconquête avec des méthodes très dures, en étant aidé par Hitler et Mussolini, mais il faut voir aussi à qui il était opposé. Auriez-vous préféré le triomphe des "rouges"?
La personnalité de Franco me paraît dénoter d'un jugement pratique un peu court, mais très sûr de ce qu'il faut faire pour l'emporter au combat en prenant le minimum de risques et en ne laissant aucune chance à l'adversaire. Ensuite par un instinct très sûr de ce qu'il faut faire pour se maintenir jusqu'à sa mort dans ce pouvoir qu'on a conquis par la force militaire: éviter de se laisser entraîner par Hitler dans des aventures militaires (entrevue d'Hendaye) ; ensuite quand les "démocraties victorieuses qui voulaient lui voir les talons boycottaient l'Espagne: "Si on n'a plus de benzine pour les voitures, eh bien on ira à dos de mules". Les puissances ont vite compris que Franco était indéboulonnable, alors quand la guerre froide a commencé, l'Espagne a fait partie de l'OTAN. Il avait été malin de s'accrocher et attendre jusqu'au moment où on a eu besoin de lui. Puis il avait cru pouvoir pérenniser son système "verticaliste" de "démocratie organique" grâce à l'amiral Carrero Blanco qui était un dur. Mais voilà, Carrero Blanco a sauté sur une bombe qui a projeté sa voiture blindée par dessus une maison de cinq étages. Informé par téléphone, le général Franco a été laconique: "Ce sont des choses de la vie". Il s'est alors appuyé sur l'Opus Dei et a tenu jusqu'au bout passant la main à Juan Carlos. Lequel est entouré de francs maçons et maintenant l'Espagne a le mariage gay. On se demande si Franco ne s'est pas retourné dans sa tombe en se demandant si ça valait la peine d'avoir fait un soulèvement militaire contre la république pour en arriver là.
Franco n'est pas une figure spécialement sympathique, il n'était pas brillant ni bon orateur. Il avait quelque chose d'un peu mesquin. Mais il avait une forme de génie et je ne peux m'empêcher d'avoir pour lui un certain respect. Ce qui est dommage c'est que les idées politiques auxquelles il avait cru n'ont pas pu lui survivre. Sa personnalité y est peut-être pour quelque chose.
Quoique sa trajectoire soit bien différente, je maintiens qu'il y a des similarités entre lui et Victor Orban: leur extraordinaire sens du pouvoir, la volonté et la capacité de s'y maintenir jusqu'à la mort. Mon pronostic sur la manière dont Victor Orban organisera sa succession peut paraître un boutade. C'est sarcastique mais je prends les paris que ça se passera exactement comme je l'ai dit. Jean-Gilles Malliarakis sera content, lui qui avait tant d'admiration pour Otton de Habsbourg.
C'est vrai qu'Orban est un démocrate, mais sa démocratie "illibérale" n'est pas du goût des progressistes bien pensants. Avec le temps, le fossé se creusera toujours plus entre le pouvoir hongrois et le mainstream européen. Orban saura se maintenir avec les mêmes qualités de Franco, comme un clam sur son rocher.
Rédigé par : Helveticus | jeudi 21 mai 2020 à 02:00
@ RR
Toujours au sujet de Franco, je voudrais vous faire connaître ces lignes de Jorge Semprun, qui a été toute sa vie un opposant au franquisme. Elles remettent les choses à leur juste proportion si on pense à la présentation idéologique tendancieuse actuelle où la gauche espagnole veut refaire symboliquement la guerre civile qui avait été gagnée militairement par Franco:
« La répression franquiste, qui a été très brutale, n'est pas comparable aux répressions staliniennes. Elle n'est pas comparable parce qu'elle n'a pas les mêmes moyens, parce qu'elle compte ses victimes par centaines ou milliers mais pas par millions. Je connais beaucoup de gens qui ont passé quinze ans dans une prison franquiste, ce qui est monstrueux ; mais une prison franquiste, comme celle de Burgos, comparée à un camp soviétique, c'est de la rigolade. Les détenus recevaient des paquets, ils avaient une vie politique. Pendant des heures entières ils se dispensaient des cours. Ils arrivaient à voir des contacts avec l'extérieur et dans leur trou avaient des postes de radio. Les bonnes sœurs étaient aimables et faisaient passer des lettres. Ils avaient des visites non pas tous les six mois, mais deux fois par semaine. Je le rappelle afin de faire comprendre à un certain nombre d'intellectuels espagnols qu'ils ont, bien sûr, vécu la dictature et la répression, que tout cela était horrible, mais qu’ils ne sont pas pour autant le nombril du monde, et que les souffrances endurées par l'Espagne n'ont pas été les plus intolérables du XXe siècle. Il faut garder le sens des proportions. »
Quant au Tonkin: bien sûr, les familles françaises qui ont mis en valeur ce territoire et en ont été chassées par les Viets ont droit à notre respect, comme y ont droit les héros de Dien Bien Fu et tous les anciens d'Indo, mais permettez moi de vous dire qu'en Chine on considère Jules Ferry comme un "voleur". C'est à dire comme un "long nez" qui a osé venir en Asie avec des bateaux modernes et des soldats bien armés pour voler, et violer même, un territoire asiatique sur lequel il n'avait aucun droit et qui faisait partie naturellement de la zone d'influence chinoise. En revanche Ho Chi Min, pour lequel je n'ai aucune sympathie, est vu comme un patriote qui a bouté hors de son pays des usurpateurs.
Si les Français ont perdu à Dien Bien Fu et si les Américains ont du repartir du Vietnam la queue entre les jambes, c'est parce que les Chinois ont fait ce qu'il fallait pour ça.
J'ai été témoin de conversations à ces sujets et je peux vous dire que pour les Chinois ça ne fait pas un pli. Ils sont très remontés contre la colonisation française en Asie et surtout contre Jules Ferry.
Le seul personnage de culture française qui trouve grâce à leurs yeux est le prince, puis roi Sihanouk du Cambodge, car lui a su s'entendre avec Mao.
Ici je ne peux pas résister à la tentation de vous raconter une anecdote: Sihanouk était tellement cul et chemise avec Mao que quand les Khmers rouges ont été au pouvoir, avec le soutien de Mao, Sihanouk était réfugié en Chine entouré de grands honneurs. Et si la dynastie Sihanouk règne encore au Cambodge, c'est parce que sachant que les khmers rouges avaient décidé d'exterminer tous les rejetons de la famille royale, Mao avait prié qu'on ne touche pas un cheveu de la tête des enfants de Monique, la femme de Sihanouk. Seulement il n'avait pas pensé que Sihanouk avait une dizaine d'épouses en plus de Monique. Donc les enfants de Monique ont tous eu la vie sauve, y compris le roi actuel, mais tous les autres enfants des autres femmes ont été soigneusement zigouillés.
La royauté cambodgienne est du dernier bien avec les autorités chinoises actuelles et j'ai vu à la télévision la cérémonie de réception du roi à Pékin, avec tout le cérémonial traditionnel, les ombrelles dorées, les palanquins et tout le tremblement. C'était très impressionant.
Le régime communiste chinois actuel n'est pas exactement ce que JGM pense.
Mais j'oubliais, tout ça ne vous intéresse pas, vous êtes républicain.
Je voulais encore vous contredire sur l'Algérie qui ne serait pas une terre française, mais je renonce. C'est déjà trop long.
Rédigé par : Helveticus | jeudi 21 mai 2020 à 02:55
@ Helveticus
"Ce qui est dommage c'est que les idées politiques auxquelles il avait cru [Franco] n'ont pas pu lui survivre."
Quelles idées ? Un ultra-conservatisme dans le sens d'interdire le divorce ? De ne pas reconnaitre l'identité basque ? De considérer comme subversive toute revendication sociale ? De rejeter toute aspiration démocratique ?
"C'est vrai qu'Orban est un démocrate, mais sa démocratie "illibérale" n'est pas du goût des progressistes bien pensants."
La Hongrie est une république démocratique et Orban est Premier ministre; il y a là une grande différence avec un "Nouvel État" et un "Caudillo" à sa tête.
" je voudrais vous faire connaître ces lignes de Jorge Semprun, qui a été toute sa vie un opposant au franquisme."
Évidemment, Semprun qui était intellectuellement honnête (tout comme Costa-Gavras du reste) a eu raison d'affirmer que la répression franquiste était moindre que celle qui prévalait sous Staline. Mais est-ce une raison pour la minimiser (ce que n'a d'ailleurs je pense jamais fait Semprun) ? Je prétend moi, m'appuyant sur l'historien d'origine italienne et de tradition antifasciste Pierre Milza que la répression franquiste était beaucoup plus dure que celle exercée sous le régime de Mussolini.
"Quant au Tonkin: bien sûr, les familles françaises qui ont mis en valeur ce territoire et en ont été chassées par les Viets ont droit à notre respect, comme y ont droit les héros de Dien Bien Fu et tous les anciens d'Indo, mais permettez moi de vous dire qu'en Chine on considère Jules Ferry comme un "voleur". C'est à dire comme un "long nez" qui a osé venir en Asie avec des bateaux modernes et des soldats bien armés pour voler, et violer même, un territoire asiatique sur lequel il n'avait aucun droit et qui faisait partie naturellement de la zone d'influence chinoise. En revanche Ho Chi Min, pour lequel je n'ai aucune sympathie, est vu comme un patriote qui a bouté hors de son pays des usurpateurs."
Le véritable et seul drame dans cette affaire est que l'on a envoyé dans ces territoires étrangers des Français se faire trouer la peau pour les conquérir puis les maintenir dans l'"Empire", et idem pour l'Algérie. Je n'ai en ce qui me concerne pas une très bonne opinion sur l'œuvre de Jules Ferry et suis en parfait accord avec ce que disaient Déroulède et Barrès au sujet des entreprises coloniales.
Rédigé par : RR | jeudi 21 mai 2020 à 21:59