Depuis le 24 juin les grévistes de la SNCM bloquent le port de Marseille. Président de l’Union pour les entreprises des Bouches-du-Rhône, Jean-Luc Chauvin tente, comme il est déjà parvenu à le faire par le passé de mobiliser l'opinion sur le thème : "Touche pas à mon port."
Les dégâts sont considérables. En terme d'images, évidemment, pour ce qu'il en reste. En pertes sèches de clientèle : 30 000 passagers de ferries et 37 000 croisiéristes ont d'ores et déjà été débarqués dans d’autres ports. Ce sont entre 7 et 10 millions d’euros qui ont déjà été perdus pour l'économie locale.
Scandale typiquement cégétiste, les gros bras du syndicat paralysent à quai l'activité des concurrents. Ainsi le Kallisté : tout un symbole que ce beau navire mixte, parcourant régulièrement les 214 miles marins, 396 km, séparant Marseille de Bastia son port d'attache. Construit en Finlande, agrandi à Brème, baptisé en 1993, il transporte 500 passagers, 120 voitures de tourisme, mais aussi des camions et remorques routières contenant des marchandises, etc.
Faut-il rappeler à ce sujet que l'agriculture corse non seulement a besoin de ce fret, mais qu'elle ne peut pas attendre.
Dès le premier jour, "La Méridionale" armateur du bâtiment ‑ pris en otage, parmi pas mal d'autres immobilisés à quai – ont obtenu en référé d'expulsion. Mais non seulement la force publique n'intervient pas mais elle a laissé les grévistes installer un terrain de pétanque, seule activité sans doute que ces marins très spéciaux laisseront loisible en Provence.
Pendant des années l'État central parisien a laissé planer l'illusion qu'il pourrait subventionner éternellement au titre de la continuité territoriale. Cette usine à pertes est appelée, depuis 1969, "Société nationale Corse Méditerranée". Pendant des décennies on y a laissé s'installer cette insupportable culture du déficit qui gangrène l'économie française.
Au départ il s'agissait d'une compagnie d'État, filiale de notre brillante SNCF et de la Compagnie générale maritime, l'ex-glorieuse Transat. Entachée des tares sociales du ferroviaire français, la SNCM a été partiellement privatisée : l'actionnaire Veolia représenté par sa filiale Transdev prévoit très logiquement de se retirer de ce guêpier comme de pas mal d'autres, dans 10 des 27 pays où ce groupe de transports collectifs est impliqué. La participation de l'État s'élevant encore à 25 % il ne restait plus le 4 juillet, au pathétique secrétaire d'État aux Transports Cuvillier, d'autre perspective à envisager que celle d'un dépôt de bilan devant le Tribunal de Commerce.
La nécessité de rembourser les aides publiques illicites, sanctionnées par les autorités européennes à hauteur de 440 millions, pose évidemment un problème insoluble pour une compagnie au chiffre d'affaires annuel inférieur à 300 millions, subventions comprises, et dont la part de marché est passée en 15 ans de 82 à 30 %.
Dans la même période, les effectifs, jugés excessifs, ne diminuent pas sur les 8 bateaux de la compagnie. En 2005 un audit mettait en évidence diverses irrégularités, détournement de marchandises, pillage des caves, trafics, etc. correspondant au caractère quasi-mafieux d'une partie du personnel empochant visiblement toutes les retombées commerciales des croisières : celles-ci figurent en général pour 30 à 40 % du chiffre d'affaires dans le compte d'exploitation de sociétés comparables. Elles sont comptabilisées pour zéro à la SNCM… dix ans après la révélation de ce scandale, rien n'a changé. N'accusons pas ici le STC. Ce syndicat nationaliste des travailleurs corses se partage le personnel avec la CGT communiste : on avait repéré une "particularité" sur les navires de SeaFrance, autre filiale maritime de la SNCF exploitant jusqu'en 2012 la liaison Calais-Douvres. Elle aussi fonctionnait à perte : lorsque l'activité de cette compagnie fut liquidée par le Tribunal de Commerce, son passif s'élevait à 400 millions dont 250 pour la SNCF de l'inévitable Guillaume Pépy.
Soulignons qu'aujourd'hui la SNCM non seulement n'assure pas la desserte de la Corse, mais la paralyse au détriment de concurrents plus efficaces comme Corsica Ferries ou La Méridionale. Certes on observera que l'assemblée régionale majoritairement de gauche a encore voté en décembre 2013 en sa faveur une "délégation de service public" imposant un consortium avec La Méridionale, vote sur lequel la droite et les nationalistes se sont abstenus.
Il est donc urgent que l'État intervienne pour faire son métier qui n'est pas de subventionner, mais de défendre l'ordre, la loi et la liberté.
→ Lien permanent pour écouter l'enregistrement de cette chronique sur Lumière 101.comJG Malliarakis
Rien n'a donc changé depuis la fin du transatlantique France !
À l' époque le Premier ministre licencia tout le personnel (avec de grosses indemnités plus le chômage longue durée) et vendit le bateau à une compagnie étrangère. Mais de véritable réforme de fond pour balayer ces monopoles dans le transport (et ailleurs) comme chez les "syndicats" aucun homme-de-l'État n'en a entreprise.
À mon avis il y a deux scénarios possibles : soit les politiciens s'allieront pour de bon avec les syndicats dits historiques pour pousser à la sortie de l'Europe afin de préserver leurs privilèges, et nous continuerons vers le grand naufrage; soit nous connaîtrons une crise de régime qui permettra de tout rebâtir, enfin!
Autrement que pourrait il se passer?
Rédigé par : Hermes | mercredi 09 juil 2014 à 01:09
Si je comprends bien notre gouvernement n' applique pas une décision de justice ? On les a connu connu plus réactifs contre des enfants et leurs parents en 2013. C'est fou ce qu'on peut changer en une année !
Rédigé par : Dominique | mercredi 09 juil 2014 à 07:49
La France meurt de tous ces voyous. On n'en sortira jamais.
Rédigé par : jlb | mercredi 09 juil 2014 à 08:04
Encore la dictature du "trop laid paria"!
Rédigé par : minvielle | mercredi 09 juil 2014 à 09:12
Nous avons donc le capitalisme de connivence plus l'Etat-bandit.
Concernant la pétanque, même cette activité est menacée : le Daily Telegraph explique comment, lors d'un récent match à Marseille, une équipe nordiste a été contrainte de quitter la compétition après une triche ouverte de l'équipe locale, suivie de menaces de mort :
http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/europe/france/10957060/Boycotts-blight-annual-French-boules-championships.html
Commentaire de la présidente de la fédération des Bouches-du-Rhône : ce genre de désaccord arrive de temps à autre, en pétanque comme dans tous les sports.
Il n'y a donc pas que la CGT qui soit en cause. Les Marseillais sont eux aussi, comment dire... spéciaux.
Rédigé par : Robert Marchenoir | mercredi 09 juil 2014 à 22:40
Hermés
Le propre des pouvoirs faibles est d'être durs contre ceux qui ne peuvent pas se défendre et lâches dès qu'ils rencontrent une résistance.
Et nous sommes sous le régime d'une dictature molle.
Rédigé par : Rouletabille | vendredi 11 juil 2014 à 09:10
@ Rouletabille
Tout est peut être d'abord une question d'éducation ?
Depuis la confiscation de l'enseignement par les socialo-communistes et les franc maçons (de 1789 à nos jours en passant par Jules Ferry) l'Education Nationale n'est elle pas une machine à broyer les esprits et les âmes des petits. Pour former un "hommes nouveau" ? sur le modèle orwelien de la ferme des animaux. C'est là que tout commence pour faire une Nation.
Mais il y a aussi les grands manipulateurs, fous d'orgueil et de pouvoir : comme ce général à une étoile provisoire qui déroula le tapis rouge devant Thorez revenant de Moscou, instrumentalisa le procès du Maréchal, puis fit exécuter Bastien Thiry. Fut il un faible ou un orgueilleux ?
Rédigé par : sparte | mardi 29 juil 2014 à 18:41