Leur revirement doit-il nous étonner ? Avant même leur rencontre à Berlin le 14 avril avec Sigmar Gabriel et Martin Schulz, MM. Valls et Sapin auraient dépêché deux collaborateurs à Bruxelles. Ceux-ci dès le 10 avril auraient parallèlement assuré que le pouvoir socialiste allait revoir une nouvelle fois sa doctrine. Car l'on affirme désormais que l'État central parisien promet bien de tendre à un déficit de 3% dès 2015.
Peut-on imaginer qu'il s'agisse du dernier rebondissement ? Doit-on même l'espérer ? Observons en effet les changements de pied successifs de nos dirigeants.
Les gens de ma génération se souviennent des allers et retours des ministres des finances de la IVe république contraints de se rendre régulièrement à Washington et d'y solliciter l'aide généreuse mais humiliante des Etats-Unis. Cette situation de plus en plus critique aura sans doute, autant que les mensonges de la propagande communiste, contribué à l'alimentation de ressentiments irrationnels. Cela aboutit à l'ouverture à l'est du régime gaulliste, se traduisant en 1966 par le retrait de l'Otan.
Rappelons quand même que, de 1947 à 1951 on avait désigné le RPF comme le "parti américain" et que nombre de ses cadres avait participé, jusqu'en 1953, à la guerre de Corée sous le commandement du général Mac Arthur.
Pendant 25 ans, la France s'est donc trouvée dans la situation absurde d'appartenir au pacte atlantique mais de ne plus participer, au moins officiellement, aux structures interalliées. Il fallut attendre 1991, sous la présidence Mitterrand pour mettre fin à cette incohérence. Le gouvernement d'alors résolut de le faire en réintégrant une alliance, dont certains se demandaient pourtant, au même moment, à quoi elle servirait désormais puisque, pensait-on désormais, la puissance soviétique ne constituait plus une menace. Dix ans plus tard, en 2001, à la suite des attentats du 11 septembre l'Otan partait en croisade contre les talibans d'Afghanistan. (1)⇓ La classe politique à l'unanimité, sous le gouvernement Jospin et la présidence Chirac, décida ainsi de se joindre à l'expédition internationale conduite par l'alliance. Quelques années plus tôt, la même organisation était intervenue aux côtés des gentils islamistes contre les très méchants Serbes.
Chacune de ces palinodies peut certes recevoir des explications, plus ou moins convaincantes, plus ou moins tarabiscotées.
Mais précisément les peuples ne peuvent suivre que ce qu'on leur explique simplement et franchement. Nos dirigeants, eux-mêmes assez ignares le plus souvent, assistés de technocrates imbus d'idées fausses, emploient trop souvent le mot "pédagogie" pour désigner le bourrage des crânes : ils ne devraient pas abuser de ce terme qui suppose une connaissance élémentaire préalable.
Dans les affaires européennes, prolongées désormais par un dossier monétaire, on devra se souvenir de quelques notions fondamentales. Ce sont les hommes politiques français qui, depuis 1951, n'ont cessé de se placer au premier rang des fondateurs d'institutions, des rédacteurs de traités et des dispensateurs de mots d'ordre. Lorsque fut pensée la convergence monétaire, par exemple, le ministre allemand des Finances Théo Waigel souhaitait qu'aucun budget ne soit voté en temps ordinaire avec un déficit prévisionnel supérieur à 1 % du PIB. Les Français imposèrent 3 %.
Dans le même temps, les responsables français se sont ingéniés à envoyer principalement à Bruxelles que des ectoplasmes dont ils souhaitaient se débarrasser à Paris. À Strasbourg les appareils des partis imposent leurs candidats et désignent trop souvent des recalés du suffrage universel qui se révèlent les rois de l'absentéisme. Bénéficiaires d'indemnités disproportionnées à leur travail législatif, on les entend souvent cracher sur l'idée même de l'Europe. La nomination de M. Harlem Désir, à cet égard, ne doit pas être considérée comme une exception mais comme une faute de goût malheureusement habituelle.
On doit donc se féliciter que les lois naturelles reprennent le dessus. Après avoir laissé entendre que l'on reviendrait sur les engagements deux fois renégociés, cela tend à rendre le pays plus crédible.
Il faut donc, ou plutôt il faudrait, expliquer fermement aux Français que la réduction des déficits et de la dépense publique est dans leur intérêt, que le libre change leur profiterait plus largement s'ils ne consacraient pas 33 % de leur PIB à des dépenses de redistribution autodestructrices baptisées "modèle social", et qu'ils ne s'écartent de l'Europe que pour se rapprocher du tiers-monde.
JG Malliarakis
Apostilles
- On se reportera au besoin à la petite "Histoire de l'empire byzantin" de Charles Diehl pour découvrir que ce terme était apparu huit siècles plus tôt, en 1095, quand le concile latin de Clermont avait décidé de réagir à divers appels des chrétiens d'Orient et des pèlerins. En 1204 cependant ce fut l'empire romain d'orient que les Croisés frappèrent à mort… ⇑
L'argent teint d'une valse hésitation....
Rédigé par : minvielle | mercredi 16 avr 2014 à 18:13
Mon pauvre Monsieur Malliaraks, vous êtes mur pour l'UMP!
Ce n'est pas comme ça que votre beau pays de France va renouer avec ce qui a fait sa grandeur.
Rédigé par : zwingli | vendredi 23 mai 2014 à 12:06