Au lendemain du discours de politique générale prononcé ce Mardi 8 avril 2014 par le Premier ministre Manuel Valls, la plupart des commentateurs agréés se sont employés à un exercice de louanges. Désolé mais, pour un esprit indépendant, il se révèle difficile de s'y joindre.
Reconnaissons toutefois que le genre littéraire auquel l'ancien ministre de l'Intérieur s'est livré, s'adresse par principe à deux types de publics, bien distincts.
Il visait d'une part les députés de gauche, d'extrême gauche, écologistes compris. De ce côté-là il s'agissait de limiter au maximum la casse, à savoir une défection de parlementaires qui marquerait l'effritement de la majorité.
D'un tel point de vue, l'orateur peut se targuer d'une réussite relativement complète. Les 86 députés socialistes qui avaient annoncé leurs réticences ont finalement voté la confiance, adoptée par 306 voix pour et 239 contre, principalement les 197 UMP, les 30 centristes et les 2 FN ; 26 députés se sont abstenus, dont 11 membres de l'aile gauche du PS et 6 membres d'EELV. Les votes "contre" de gauche se limitent aux 12 communistes et front de gauche.
D'autre part, il s'agissait aussi de reconquérir un peu de la crédibilité perdue, depuis 2012, auprès de l'opinion populaire.
Or, le prix à payer de la victoire parlementaire ambiguë, remportée sur les critiques gauchisantes au sein du parti socialiste, se retrouve dans le caractère même du programme esquissé.
Ce que l'on nous promet ne tend en rien à baisser les réglementations, à développer la concurrence, à libérer l'initiative.
Dans le texte intégral des 47 minutes d'intervention, le mot liberté ne figure qu'une fois. Voici très exactement comment le terme apparaît : "La République, c’est la laïcité. C’est l’essence de notre nation, sa sève, sa flamme. La France, c’est aussi un pays de liberté. Cette majorité l’a montré en ouvrant le mariage aux couples de même sexe. Mais je souhaite l’apaisement, et c’est la volonté du Président de la République. Et c’est aussi cela la gauche !" Beaucoup de choses sont dites dans ce seul passage de quelques lignes. Elles me semblent se passer de commentaires. Plus encore : on observera que la notion même de liberté, qui caractériserait "aussi" la nation française se trouve ramenée à bien peu de choses.
Or, voilà en quoi, même "social-démocrate" c'est-à-dire "non-marxiste" le chef du gouvernement reste un socialiste et un étatiste. Tant qu'il demeurera dans cette culture, il se voue lui-même, par conséquent, à l'échec. Ceci doit être considéré non pas "malgré" les sympathiques éloges qu'il décerne aux entreprises, grandes et petites, mais précisément parce qu'il paraît y croire. Avec Hollande, et sous son contrôle, il assume en effet les responsabilités d'un pays qui ressent l'ardent besoin d'une cure de désintoxication radicale. Ceci vient après quelque 40 années de hausses régulières des prélèvements obligatoires, de redistribution et d'activités subventionnaires.
Remarquons dès lors que, jusqu'ici, les baisses de charges et de taxes qui ont été annoncées, ressembleront plus à des transferts qu'à des allègements globaux. On nous parle, à longue échéance, L'Étatisme se propose de faire passer l'effort d'une catégorie sur l'autre ; En particulier ses exonérations arbitrairement ciblées iront au bénéfice des catégories ou des secteurs en difficulté. On frappera, au contraire, ceux qui, jusqu'ici, parvenaient à survivre et que l'on s'apprête à pénaliser. Une telle exécrable méthode se réclame au besoin de la "solidarité" : comme si la France n'en avait pas absorbé une overdose, généralement mal investie et absente là où elle demeurerait nécessaire.
Quand on entend une partie du discours gouvernemental, comme ce 9 avril au matin le ministre des Finances Michel Sapin sur Radio Classique, on peut, certes, s'efforcer de croire que des mesures raisonnables ont été préparées et qu'elles ne vont pas tarder à intervenir.
Mais tout ce qui pourrait, le jour, être entrepris de sérieux, non seulement restera marqué par l'interventionnisme et l'étatisme les plus ruineux, mais se verra détricoté, la nuit, par les petites mains montebourgeoises.
Disons clairement que l'on ne pourra y croire que lorsque les Dr Jekyll "sociaux-démocrates" se seront franchement et explicitement débarrassés de leurs Mr Hyde de gauche, dont ils pensent avoir besoin en vue du scrutin européen. Un gouvernement qui ne verrait pas plus loin qu'une telle échéance ne saurait être pris au sérieux.
Si l'on ne peut que souhaiter, par patriotisme, le succès de la France, on se trouve, à regret, obligé de penser et de conclure : non, ça ne peut pas marcher comme ça.
JG Malliarakis
Et pourtant ça marche comme cela - c'est a dire de plus en plus mal - depuis des décennies. Ce qui n'est pas pour nous rassurer. La question n'est elle pas de savoir combien de temps cela peut il encore continuer ainsi ?
Rédigé par : sparte | jeudi 10 avr 2014 à 11:14
C'est "in fine" la bonne question !
Excellente analyse.
Merci.
Rédigé par : Cougar | jeudi 10 avr 2014 à 12:28
Mon sentiment fut différent, ce discours ressemblait à celui d'un PDlR... Habile manœuvrier, le Manolo Solo fut un grand moment dans le concert des ténors du vide.
Rédigé par : minvielle | jeudi 10 avr 2014 à 15:41
Comme toujours venant de la gauche , des annonces ronflantes (vous allez voir ce que vous allez voir), des formules creuses (pacte, choc etc...), de la brosse à reluire (je vous ai compris) et au final pchittt, rien ou si peu.
Rédigé par : Carpe Diem | jeudi 10 avr 2014 à 15:51
Certains prédisent une révolution populaire justement le ... 14 juillet car les gens n'en peuvent plus ! Nous sommes les seuls à montrer une porte de sortie qui ne donne pas dans le vide.
Rédigé par : Jean | jeudi 10 avr 2014 à 20:50
Ca marche comme cela parce que nous sommes dans un parfait pays communiste.
Bien sûr, nous sommes une minorité à être en rébellion, dont tous les lecteurs ici font partie. Cependant, je constate et vous rappelle une évidence : tout est pour le mieux en parfait harmonie, puisque la majorité de nos concitoyens désirent ce système et votent avec constance pour lui depuis des dizaines d'années. Ergo, il va continuer encore longtemps, longtemps ; quoique notre liberté individuelle, notre raisonnement logique, la puissance du pays en deviennent.
Rédigé par : Jacques-Marie Bichot | jeudi 10 avr 2014 à 23:38
La composition de ce gouvernement montre une radicalisation gauchiste, plus une grosse dose mondialiste. Le contraire du ositionnement au centre, tel que les urnes l'ont exprimé a minima. Valls n'est là que pour faire de la cosmétique, trotskiste camouflé, ayant réussi a se faire revêtir d'un costume d'homme de droite, par les grossmedia.
Rédigé par : dominique | vendredi 11 avr 2014 à 14:03
Lorsque j'ai commencé a travailler au début des années 1970 il y avait tout au plus quelques dizaines de milliers de chômeurs et il s'agissait de salariés entre deux postes. Les charges sociales n'avaient pas atteint les taux actuels, la durée du travail était de 45 heures, l'apprentissage était assez correctement assuré par les corps professionnels (et non le mammouth), le droit du travail moins lourd, ... Puis Chirac inventa le « chômage économique » indemnisé a 90% du brut ! Et nous connaissons la suite, helas.
Rien dans le fumeux pacte de compétitivité ne prévoit de revenir sur ces règles encore efficaces de ces années 70 !
Certes il y eut des événements extérieurs comme le choc pétrolier en 1973, puis les accords de l'OMC et l' intronisation de l'atelier de la Chine communiste par le mondialiste nord américain, etc., mais l'hypertrophie du fameux « système social » ruina toutes nos chances.
Sans une sortie de la Sécurité Sociale rien ne sera plus possible, même si cette condition nécessaire ne saurait, maintenant, être suffisante pour redonner du travail aux plus de 9 millions de chômeurs réels.
Rédigé par : Hermes | vendredi 11 avr 2014 à 21:11
Je suis a penser,croire,comme vous Hermes,la secu je l'ai baptiser a ma maniere,le Fléau.
Rédigé par : Dom | samedi 12 avr 2014 à 21:37
"La République, c’est la laïcité. C’est l’essence de notre nation, sa sève, sa flamme"
Comme le dit JG Malliarakis, cela se passe de commentaire.
On ne sortira pas de cet aveuglement idéologique de la gauche qui ne veut toujours pas admettre le passé fondateur d'avant révolution.
Pour ce qui est de la laïcité, son prédécesseur n'hésitait pas à en respecter le principe en allant célébrer certaines fêtes musulmanes jusque dans la grande mosquée de Paris, gageons que le nouveau "chef" du gouvernement, continuera à sacrifier à l'usage ( quoique l'intérêt électoral semble avoir été partiellement remis en cause lors des élections municipales.
Peut être qu'une conversion massive de nos socialo-communistes à l'Islam pourrait être réparatrice de cette mésentente passagère (?)
Quant à l'apaisement réclamé par l'intéressé, après son passage au ministère de l'intérieur et son zèle répressif, le déni des libertés qui ne peuvent pas être qu'économiques, il suffit d'écouter son discours délirant désignant une certaine catégorie de français comme étant à l'avant garde des valeurs de la république ( quelle république ?.....plus personnes n'ose poser la question ) faisant par le propos même des autres français l'arrière garde, pour ne pas dire une communauté négligeable......pour comprendre que l'apaisement souhaité, peut se comprendre par un : et maintenant fermez la et foutez nous la paix ( pour rester poli )
cette distinction faite par l'un de ceux qui appelle au vivre ensemble et au rassemblement autour des valeurs de la république est assez significative d'un état d'esprit bien précis.........car cela s'appelle faire de la discrimination !
Mais venant de la gauche "bien pensante et moralisatrice", plus rien n'étonne, en tout cas pas ceux dont parle Jacques-Marie Bichot.
Rédigé par : Claude | dimanche 13 avr 2014 à 20:40