L'année 2013 a vu en France, parmi tant de sujets d'inquiétude, un signe d'espoir : la naissance d'un peuple de droite, très au-delà des clivages artificiels, enraciné dans la société civile, de moins en moins sensible aux tentatives de récupération et aux exclusives de la vieille classe politique.
Le premier vœu que l'on peut formuler, en ce premier janvier 2014, pour ce vieux pays fatigué, consiste à espérer qu'une telle tendance se confirme, et à tout faire dans ce sens. Et déjà pour ces mois de janvier et février les rendez-vous, les mobilisations se multiplient. Le ministère de l'Intérieur et, derrière les manœuvres obliques de la Préfecture de Police, la cellule spéciale de l'Élysée chercheront comme toujours à manipuler l'opinion. Mais ils se tromperaient s'ils croient pouvoir en déjouer la portée par leurs mensonges habituels.
L'étonnante apparition de ces refus massifs, s'est d'abord révélée de nature morale. Des centaines de milliers de manifestants se sont opposés, d'une manière constamment pacifique, adoptant une discipline spontanée, à la dénaturation décadentielle du mariage et de la destruction de la famille par l'État.
Puis d'autres contestations, d'ordre fiscal, ô combien nécessaires, se sont enhardies.
Au-delà des détails, des frilosités, des mots d'ordre, il faut y voir une double profondeur.
D'une part les gros moyens de désinformation subventionnés ne remplissent plus leur mission d'intoxication. Les condamnations conformistes des prétendus "dérapages", les lisières et les œillères imposées par les serre-files et les censeurs n'intimident plus personne.
D'autre part, et contrairement à toutes les prédictions issues du matérialisme marxiste, qui constituent la vulgate non dite des discours officiels et des commentaires agréés, la protestation morale a précédé la mobilisation sociale.
Nous devons nous convaincre qu'il ne se produira pas de relèvement économique de la France sans un profond redressement culturel, remettant en cause tous les discours officiels, toutes les fausses vénérations égalitaristes, et faussement progressistes, sur lesquelles se fondent les diverses formes d'étatisme.
À vrai dire, en sens inverse, le pouvoir actuel montre bien comment fonctionne la détermination de ses propres urgences.
Plus personne dans ce pays, du moins là où subsiste une once de bon sens, n'attache vraiment d'importance aux propos de M. Hollande. Encore doit-on s'intéresser à ses interventions télévisées de fin d'année, à les suivre à la trace, comme autant de jalons sur la route de notre écœurement.
Devons-nous le remercier ce matin d'avoir fait semblant, hier soir, de découvrir les difficultés que les Français subissent au quotidien ?
Certes, en surface, il fait mine de se préoccuper de la situation matérielle des gens et même des entreprises grâce auxquelles ils travaillent. Pourtant il les noie tous et toutes sous le poids des impôts, des taxes et des réglementations.
Soulignons à cet égard que la loi de Finances qui vient d'être votée prévoit non seulement des impôts plus lourds, des tarifs publics en hausse, mais aussi une nouvelle aggravation des dépenses.
Dans la langue des pouvoirs publics en effet on appelle désormais "baisse", le ralentissement de la hausse. Cela vaut pour le chômage comme pour la gabegie financière.
Comble de cynisme, le chef de l'État parlait ce 31 décembre comme s'il découvrait, sans y avoir pris part, cet empoisonnement de tous les jours. Sur ce point je crois qu'il a commis, en prenant ses auditeurs pour des imbéciles, une erreur qui lui coûtera cher.
Mais son véritable programme de destruction massive consiste à avancer sur ce terrain que l'on dit aujourd'hui "sociétal", celui de Terra Nova de préférence à celui de son allié communiste, celui de la subversion culturelle, celui de l'arasement des identités, des enracinements, des traditions, celui de la haine de ce que Sartre après Marx appelait "bourgeoisie" et, plus encore, du mépris pour la "petite bourgeoisie", autrement dit, en France, pour les Français.
Certes les citoyens eussent gagné à tenir compte en 2012 de cet avertissement que leur avait donné dès le départ Claude Allègre : "L’une des caractéristiques de François Hollande – homme très intelligent par ailleurs – c’est, en effet, de considérer que le mensonge est une pratique normale en politique… Il a toujours fait comme ça. C’est un manœuvrier. Intelligent et fin, je le répète, mais foncièrement manœuvrier." (1)⇓
J'ignore quelle nature d'esprit l'ancien ministre de la Recherche salue de la sorte, créditant ce personnage d'un fort quotient intellectuel. On constate seulement que le successeur d'Armand Fallières confirme l'avertissement d'Anatole France : "la république ne sait pas gouverner mais elle sait se défendre."
JG Malliarakis
Apostilles
- cf "Je me suis trompé sur Hollande" "France-Soir" le 18 mars 2012⇑
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