Les deux ectoplasmes qui nous gouvernent nominalement n'ont rencontré en 20 mois aucun succès. La situation dramatique du sous-emploi atteint désormais, en fait, 6 millions de personnes, bien au-delà du nombre officiel des chômeurs indemnisés en métropole. Les autres chiffres, eux des défaillances d'entreprises, ceux du commerce extérieur, ceux du déficit budgétaire, ceux des comptes sociaux, ceux des recettes fiscales encaissés pr l'État témoignent tous de la même pente catastrophique vers l'abîme et le chaos.
Tout cela reflète autant la médiocrité des hommes que l'absurdité d'un système.
Les lois de plus en plus attentatoires au droit naturel que les socialistes ont fait voter et celles qu'ils se proposent d'aggraver encore, entraîneront des conséquences culturelles catastrophiques, au plan de la morale sociale, au plan de la famille, au plan de la démographie.
Mais nos gouvernants peuvent se targuer d'un résultat imprévu.
Ils sont parvenus à abaisser encore plus les deux fonctions qu'ils exercent en tant que chef de l'État et chef du gouvernement. Au point que bientôt il deviendra évident que l'une des deux ne sert plus à rien.
Commençons par la présidence.
Mérite paradoxal de Sa Hollandaise Nullité : l'actuel tenant du titre est parvenu à baisser au-dessous de tout niveau prévisible le prestige de sa fonction, en lente érosion depuis 40 ans, que les sots persistent à tenir pour "suprême". Il ouvre ainsi le champ de la réflexion à une nécessaire réforme des institutions.
Un jour à Ankara, après avoir subi le camouflet poli de sa réception glaciale au Vatican, "il" joue encore au chef de l'État. Il semble même décidé à faire la guerre, indépendamment de la disproportion des moyens, parce que cela pose au grand homme.
On peut le dire : dans la dégringolade constante du pouvoir, là aussi depuis la mort de Georges Pompidou, jamais le pays n'était tombé aussi bas. Après deux années d'exercice la question apparaît de plus en plus dans les conversations : Tiendra-t-il "ses" 5 ans ? Et le peuple français, tiendra-t-il jusqu'au terme ?
En France, le bail du président de la République française a été ramené à un quinquennat renouvelable. La durée de ce mandat est définie aux termes l'article 6 de la Constitution de la Cinquième République française.
Il y a plus de 13 ans, à la suite d'un référendum organisé par le lamentable Jacques Chirac, la loi constitutionnelle du 2 octobre 2000 l'a ramené de sept à cinq ans. Le quinquennat est ainsi entré en vigueur à l'occasion de l'élection atypique de 2002.
Cette réforme, passant de l'ancien septennat, durée traditionnelle inventée en 1873, à l'actuel mandat de 5 ans, avait été votée dans l'indifférence. Elle a pourtant profondément modifié l'équilibre des pouvoirs. Par un surcroît de malfaisance, le calendrier si malencontreusement adopté au même moment par le gouvernement Jospin n'a fait qu'en aggraver les conséquences.
Plaçant systématiquement, depuis plus de 10 ans, l'élection de l'Assemblée nationale juste après celle du chef de l'État, cette disposition pratique a encore renforcé le caractère plébiscitaire de nos institutions.
On veut inciter les Français à se déterminer autour d'une personne. On l'identifie à un concept. On l'affuble d'une illusion, sans tenir compte de la représentation nationale.
La pratique tourne encore plus le dos à la théorie juridique selon laquelle nous vivrions dans une régime ... parlementaire. Car, en droit strict notre constitution prévoit la possibilité, tout à fait virtuelle, pour les députés de "mettre en cause la responsabilité du Gouvernement par le vote d'une motion de censure".
Organisée par l'article 49-2, cette éventualité ne s'est concrétisée qu'une fois, il y a plus d'un demi-siècle, en 1962. Cette date coïncide précisément avec le moment où l'on opéra la nouvelle rédaction de l'article 7, cette réforme décisive et dramatique ayant institué l'élection du président au suffrage universel.
Tout cela amène à se demander aussi à quoi sert l'hôtel Matignon, ses douzaines de douzaines de collaborateurs, de conseillers, de mouches du coche, de chauffeurs de maîtres, de coulissiers et de cuisiniers.
Le Premier ministre n'est, depuis 50 ans, qu'un "collaborateur" du chef de l'État. Le mot choqua lorsqu'il faut employé pour la première fois, lapsus commis au détriment de François Fillon. Mais la chose fut solidement installée, dès le gouvernement Debré de 1959. Les périodes dites de "cohabitation" ont constitué des exceptions, renvoyant vers l'Élysée le soupçon d'inutilité du double pouvoir et ce fut en grande partie pour ne pas y revenir que l'on fit voter le quinquennat.
On peut sans doute regretter que les Français ne s'intéressent pas aux avantages évidents de la monarchie constitutionnelle ou d'une véritable démocratie parlementaire.
L'ensemble de ces facteurs pourrait donc conduire à la seule évolution logique du système, instituant dans le cadre actuel un véritable régime présidentiel, en supprimant la fiction d'un prétendu chef de gouvernement.
On économiserait dès lors beaucoup d'argent, on pourrait réduire le nombre de ministres et celui des technocrates investissant leurs cabinets. Rappelons que le gouvernement de Mme Merkel compte 16 membres, y compris la chancelière. Autour de M. Ayrault gravitent 20 ministres et 17 ministres délégués.
Ne pourrait-on commencer par cette source évidente de gaspillage la baisse nécessaire des dépenses publiques ?
JG Malliarakis
Ce qui est très étrange c'est la mise en cause publique de la légitimité du pouvoir. A cet égard la manifestation "Jour de colère" était démonstrative. C'est la première fois que cela arrive, peut-être depuis 1968, mais à mon avis le régime est plus profondément ébranlé qu'en 1968.
Au fond, je ne pense pas qu'on puisse dire que Hollande soit totalement illégitime comme président. Il n’est que quasi-illégitime. Ce qui explique qu’il n’ait bénéficié d’aucun état de grâce politique après son élection et que le corps social exprime un rejet diffus de la politique menée. Comme en plus Hollande, sur cette base de légitimité excessivement précaire se permet d’engager des changements anthropologiques comme le « mariage pour tous » ou l’enseignement de la « théorie du genre » (qui n'existe pas nous dit-on) dans les écoles, il y a un grand risque que cette quasi illégitimité se transformera bientôt en illégitimité complète et que la France sombrera dans une situation révolutionnaire.
Si (ce qui est mon cas) on pense que la république en tant que telle, fondée sur l'idéologie des Lumières, est illégitime en soi, bien sur Hollande est illégitime, mais pas beaucoup plus que Chirac, Mitterrand, Giscard d'Estaing, et les autres présidents. Comme il n'y a pas de possibilité pour le moment d'établir un régime conforme à la vocation de la France, on doit bien reconnaitre une certaine légitimité temporaire à ces gérants transitoires d'un état de fait que sont les présidents de la république. Il faut quand même bien que quelqu'un gouverne, même mal.
Si l'on considère les choses selon les critères de la république elle-même, alors il n'y a aucun doute que Hollande a été légalement élu, puisqu'il a obtenu plus de suffrages que son concurrent Nicolas Sarkozy auquel les Français ont explicitement retiré leur consentement et qu'ils ont explicitement rejeté.
La definition de la légitimité c'est le consentement du peuple au pouvoir des gouvernants. Hollande dispose d'une légitimité extrêmement faible. Il est comme un bateau qui certes flotte encore mais prend l'eau de toute part et menace de sombrer à chaque instant.
Ceci est du au fait qu'il a été élu non par un vrai assentiment à sa personne et à son programme, mais par défaut. En effet les Français n'ont pas élu Hollande, ils ont avant tout congédié Sarkozy. Ils ont juste élu Hollande "techniquement", sans aucune adhésion ni à sa personne ni à son programme.
C'était déjà un peu le cas de Mitterrand qui avait été élu en bonne partie par des Français de gauche et de droite, qui tous voulaient se débarrasser de Giscard et du gaullisme. Il y avait cependant une différence, car dans une partie minoritaire du pays : le "peuple de gauche", existait un véritable espoir de changement. Il y avait donc une réelle adhésion, partielle, à l'élection de Mitterrand. C'était mieux que rien, mieux que Hollande.
Chirac a été élu en 1995 parce que les Français ne voulaient pas de Balladur, trop tortueux, trop éloigné de la sensibilité des gens, pas assez français (à demi turc) trop affecté trop chichiteux, et ils n'accordaient pas assez de confiance non plus à Jospin, le candidat de gauche, car la gauche avait profondément déçu les espoirs placés en elle.
En 2002 Chirac n'avait presque plus aucune légitimité, tant il était usé par le pouvoir. D'où son score piteux au premier tour. Jospin quant à lui était encore plus laminé, au point d'être carrément, brutalement et définitivement éliminé au premier tour: une sanction inouïe dans les annales de la république française.
Ce premier tour des élections présidentielles de 2002 a vu aussi un évènement historique significatif au point de vue de la légitimité du régime dans son ensemble: la présence au deuxième tour de l'homme: Jean-Marie Le Pen, qui avait été présenté unanimement depuis 40 ans par l'establishment et les médias comme le diable, l'infréquentable, illégitime par essence.
Cet évènement a déchaîné une véritable hystérie entre les deux tours car le régime ayant développé depuis 1944 sa propagande sur l'exclusion de la droite nationale antigaulliste, présentée comme incompatible avec les "valeurs républicaines". La présence de Le Pen au deuxième tour représentait donc un défi lance au régime lui-même tel qu'il se définissait lui-même et se présentait au public.
En réalité la république ni le régime n'étaient nullement en cause. On avait simplement un républicain national au deuxième tour. Mais cela contrariait la règle « pas d'ennemi à gauche », c'est à dire l'exclusion de la droite nationale, qui est le fondement de la république maçonnique. Chaque glissement vers la gauche est censé créé des « acquis » irréversibles sauf à aller contre le sens de l’histoire dans le perspective eschatologique du progressisme.
C'est pourquoi la présence de Le Pen au deuxième tour a été un évènement de portée historique, car il signifiait manifestement le rejet par le peuple français de la construction idéologique républicaine progressiste de l'après guerre, ce mensonge d'état sur lequel repose la république des loges. (Et ce, nonobstant le fait que Le Pen, s'il avait été en âge et s'il avait eu réellement le désir de gouverner, ce qui n'était pas le cas, n'était nullement un doctrinaire nationaliste et n'aurait pas demandé mieux que de s'entendre amiablement avec les loges pour exercer le pouvoir).
Voilà pourquoi il y eût ce déchainement hystérique entre les deux tours, où l'on a vu les représentants de la gauche la plus avancée eux-mêmes, mais aussi l'Eglise, toutes les autorités (pseudo) morales, religieuses et "philosophiques" réunies toutes obédiences confondues, appelant à voter Chirac, même en se bouchant le nez (car Chirac était complètement déconsidéré et fortement suspecté de corruption). En outre les profs sont allés jusqu'à entraîner leurs élèves de manière parfaitement illégale à déserter les cours pour manifester contre le "fascisme".
Résultat, Chirac a été élu avec 82% des suffrages, alors même qu'il n'avait plus, à titre personnel, de vraie légitimité. Dans ce climat d'hystérie il y a eu sans doute des fraudes massives, mais il n'y aura jamais aucun moyen de le constater.
C'est dire à quel niveau était tombée la légitimité du régime. Quand on demande aux gens de voter pour quelqu'un contre leur conscience en se bouchant le nez, parce qu'un principe, celui de « l'antifascisme », est en jeu, c'est bien la preuve que le régime ne repose plus sur une assise légitime.
L'armature du régime, c'est à dire la franc maçonnerie, en a pris parfaitement conscience. Ceux qui ont observé les choses de près auront remarqué le jeu qui s'est déroulé entre les deux tours, sous la houlette du frère Juppé, qui est allé chercher le frère Raffarin pour incarner après l'élection une sorte de renaissance de la IIIe république que ce personnage plutôt ridicule incarnait jusqu'à la caricature. Dans tout ça on peut dire que la république a réagi comme après le 6 février 34, en faisant le signe de détresse: « à moi les enfants de la veuve, la république est en danger ».
On a donc eu ce gouvernement Raffarin, qui n'a cessé d'en appeler avec une phraséologie pathétique au rétablissement de « l’autorité de la république ». Seulement ça a échoué et ne pouvait qu’échouer parce que les francs maçons de droite ont tenté de profiter de l’occasion pour forger un immense parti politique de « droite », l’UMP, qu’il fut question de baptiser « la maison bleue », ce qui indiquait bien d’où venait l’inspiration. Dans le jargon la « maison bleue » ou la « grande maison éclairée » désigne en effet la franc maçonnerie bleue des trois premiers grades : apprenti, compagnon, maître.
C’était l’idée de Juppé, bras droit et ami intime de Chirac. Mais c’était oublier que Chirac avait été élu autant par la gauche que par la droite. Si donc on avait voulu élargir l’assise du gouvernement républicain et stabiliser les choses, il eût fallu former une grande coalition à l’allemande, avec des ministres de droite et de gauche, comme Angela Merkel le fait intelligemment en Allemagne.
Or, au lieu de ça Chirac et Raffarin ont confisqué la victoire pour gouverner à droite (une droite économique pas une droite des valeurs) avec leur majorité UMP sortie des urnes en espérant que cette formation reste au pouvoir pour l’éternité, ou presque, et ils ont accentué la politique antisociale voulue pour Bruxelles.
Dans ces conditions rien d’étonnant si le peuple français leur a bientôt retiré sa confiance, constatant que la politique suivie ne faisait qu’aggraver la situation (chômage, désindustrialisation, etc.)
Pourquoi ont-ils commis cette erreur ? Peut-être ne pouvaient-ils pas faire autrement dans les conditions politiques de la France avec les haines recuites existant entre les partis. D’ailleurs un gouvernement de grande coalition aurait fait la même politique discréditant ainsi encore plus vite les « partis républicains » dans leur ensemble.
Puis il y a eu l’intermède Sarkozy, qui a consisté à exacerber volontairement l’état de quasi-guerre civile dans laquelle le pouvoir semble vouloir plonger la France et l’Europe. Rappelons nous les provocations sur les « racailles », le « karcher », etc., et les émeutes de banlieue en 2005 dont on ne m’enlèvera pas de l’idée qu’elles ont été voulues par le pouvoir, ou plutôt par la CIA et d’autres services étrangers, pour porter Sarkozy au pouvoir comme Pompidou avait été porté au pouvoir après que par les évènements de mai 68 on se soit débarrassés de la politique gaullienne.
Sarkozy s’est mis à disposition pour ce rôle de satrape au service de l’Empire et ainsi ce personnage bourré de complexes a pu se hisser dans la cour des grands, avec les autres marionnettes de l’Empire comme Tony Blair. Il a montré un cynisme total et une certaine habileté, sachant siphonner une bonne partie de l’électorat lepéniste par ses gesticulations sécuritaires et en appelant à « la France qui se lève tôt » grâce au slogan « travailler plus pour gagner plus ».
L’astuce a fonctionné un bref moment, mais, fondé entièrement sur le mensonge ce succès ne pouvait pas durer. Cela duré juste assez longtemps pour permettre de rompre avec la politique étrangère de Chirac, pas assez va-t-en guerre aux yeux d’oncle Sam et d’Israël, et lancer des expéditions criminelles comme celle de Libye. Mais comme Sarkozy a encore augmenté l’immigration invasion et le nombre de naturalisation, tout le monde a compris, malgré le discours droitier soufflé par son conseiller Patrick Buisson, que Sarkozy aggravait les problèmes qu’il prétendait combattre.
Ainsi il a perdu toute légitimité. Il a été facile à Marine Le Pen (mais elle a tout de même démontré là son envergure de tueuse politique) de mettre en évidence les contradictions du pouvoir sarkoziste déconsidéré et retirer le tapis sous les pieds du nabot, ce qu'elle a fait.
En appelant à voter blanc au deuxième tour elle rendait absolument impossible la réélection du président sortant.
Et c’est ce qui a causé l’étrange élection de Hollande en forme de victoire à la Pyrrhus. En effet, et c’est cela le point névralgique qui n’a pas assez été relevé par les commentateurs : Pour la première fois dans les annales françaises, Hollande a été élu sans avoir pour lui la majorité des suffrages exprimés, ou plus exactement il n’a pas obtenu la majorité des votants.
Regardons les chiffres :
Elections présidentielle de 2012, 2ème tour :
Inscrits:46 066 307
Suffrages « exprimés »*: 37 016 309 soit 80,35 % des inscrits
Dont blancs ou nuls : 2 154 956
C’est à dire : 34 861 353 bulletins libellés au nom de Hollande ou Sarkozy.
Hollande: 18 000 668 soit seulement 48.63 % des votants
Sarkozy 16 860 685 soit seulement 45.54% des votants
* selon la terminologie officielle
En d’autres termes si Hollande a bien été élu par une (très faible) majorité des suffrages exprimés (selon la terminologie officielle tropmpeuse), il n’a recueilli qu’une minorité des votants : 48.36% contre 45.54% pour Sarkozy.
Aucun des deux finalistes n’a atteint un score représentant une majorité des votants. C’est le signe constatable d’un défaut de légitimité du système.
L’aspect fallacieux de la présentation officielle des chiffres provient de la définition des suffrages exprimés. On présente comme suffrages exprimés, dans le décompte officiel, seulement le nombre de bulletins libellés au nom de l’un des deux candidats finalistes. A ce taux là, Hollande a eu 51,64% des suffrages et Sarkozy 48.36%.
C’est faire l’impasse sur les 2 154 956 de bulletins blancs ou nuls, qui sont en réalité aussi des suffrages « exprimés » et même ils expriment une volonté négative, rejetante, plus forte que la volonté positive, acceptante, des bulletins libellés Hollande ou Sarkozy.
Un électeur s’étant déplacé aux urnes pour y déposer un bulletin au nom de « biquette », la petite chèvre pour laquelle Dieudonné avait appelé à voter, sera comptabilisé dans les bulletins nuls. L’électeur s’étant déplacé et ayant déposé un bulletin blanc à l’appel de Marine Le Pen, sera comptabilisé lui aussi dans les blancs et nuls, même le site du ministère de l’intérieur ne publie pas le décompte séparé des blancs et des nuls, ce qui est en soi déshonnête.
Un bulletin blanc ou nul (par exemple un bulletin « biquette ») exprime un choix politique. Un bulletin biquette exprime un refus radical du consentement à la mascarade dans son ensemble. Un bulletin blanc, vraisemablablement exprimait une allégeance à Marine Le Pen dans son refus d’accorder son consentement à l’un comme à l’autre des candidats. C’est un choix délibéré dans les deux cas. Ce n’équivaut pas à une abstention qu’on pourrait à la rigueur considérer comme un consentement tacite. Un bulletin blanc ou nul, c’est clairement un refus d’accorder son consentement au futur élu.
On peut donc dire que les deux candidats Hollande et Sarkozy ont eu chacun contre eux une majorité des votants qui leur ont refusé leur consentement.
Les chiffres sont cruels :
20'155'624 votants c’est-à-dire 54.4% des votants ont expressément rejeté Sarkozy.
19'015 641 votants c’est-à-dire 51.4% des votants ont expressément rejeté Hollande.
Voici la véritable limite de la légitimité démocratique de François Hollande. Il a été élu par une minorité des votants. Pour la première fois dans l’histoire de l’élection des présidents au suffrage universel un président est l’élu d’une minorité des votants. C’est dire le degré d’affaiblissement du régime.
Faisons une rapide récapitulation historique de toutes les élections présidentielles de l’histoire de France en considérant les scores par rapport aux votants et non aux « suffrages exprimés ». (Et en laissant de côté le 2ème tour de 2002, dans lequel évidemment Jacques Chirac élu a eu une majorité écrasante des votants, des suffrages exprimés et même des inscrits. Mais c’était une situation unique et anormale analysée plus haut).
Elections présidentielle de 2007, 2ème tour :
Votants 37 342 004 (soit 83,97 % des inscrits)
Royal 16 790 440 soit 44.96% des votants
Sarkozy 18 983 138 soit 50.84% des votants
Soit une majorité infime des votants, mais une majorité quand-même, signifiant une adhésion minimale.
Elections présidentielle de 1995, 2ème tour :
Votants 31 345 794 (soit 78,38 % des électeurs inscrits)
Jospin 14 180 644 soit 45.24% des votants
Chirac 15 763 027 soit 50.29% des votants
Elections présidentielle de 1988, 2ème tour :
Votants : 32 085 071 (soit 84,35 % des inscrits)
Chirac: 14 218 970 soit 44.3% des votants
Mitterrand : 16 704 279 soit 52.1% des votants
Elections présidentielle de 1981, 2ème tour :
Votants: 31 249 552 (soit 85,85 % des inscrits)
Giscard d’Estaing : 14 642 306 soit 46.86% des votants
Mitterrand: 15 708 262 soit 50.27% des votants
Elections présidentielle de 1974, 2ème tour :
Votants : 26 724 595 (soit 87,33 % des inscrits)
Mitterrand : 12 971 604 soit 48.53% des votants
Giscard d’Estaing : 13 396 203 soit 50.13% des votants
Elections présidentielle de 1969, 2ème tour :
Votants : 20 311 287 (soit 68.85% des inscrits)
Poher : 7 943 118 soit 39.11% des votants
Pompidou: 11 064 371 soit 54.47% des votants
Elections présidentielle de 1965, 2ème tour :
Votants: 24 371 647 (soit 84,32 % des inscrits)
Mitterrand: 10 619 735 soit 43.57% des votants
De Gaulle: 13 083 699 soit 53.68% des votants
Bref dans toutes ces élections de la Ve république, l’élu a eu une majorité des votants, certes très faible, mais une majorité quand même. Il y a un déclin constant de la clarté du résultat depuis de Gaulle qui avait été très déçu de son résultat de 1965, première élection du président au suffrage universel. De Gaulle aurait sans doute souhaité une élection comparable à celle de Napoléon III en 1848.
Elections présidentielle de 1848, 1er tour :
Votants 7 323 972, dont 12 600 « voix perdues » (blancs ou nuls).
Louis-Napoléon Bonaparte 5 434 226 soit 74.19% des votants, élu au premier tour
Général Louis-Eugène Cavaignac 1 448 107 soit 19.77% des votants
Les autres candidats font des scores ridicules: Ledru-Rollin (républicain radical socialiste 5%) Raspail (républicain socialiste 0.5%) Lamartine (républicain libéral 0.2%) et Changarnier (monarchiste 0.06%).
Lors de sa déclaration de candidature du 4 novembre 1965 le général de Gaulle avait dit :
« Que l'adhésion franche et massive des citoyens m'engage à rester en fonctions, l'avenir de la République nouvelle sera décidément assuré. Sinon, personne ne peut douter qu'elle s'écroulera aussitôt et que la France devra subir - mais cette fois sans recours possible - une confusion de l'Etat plus désastreuse encore que celle qu'elle connut autrefois. »
Il sentait donc qu’une majorité faible aurait pour conséquence une faible légitimité du régime qu’il venait de fonder. Il n’y eut pas « une adhésion franche et massive ». Et avec ses successeurs l’adhésion ira en diminuant à chaque élection jusqu’à l’étiage actuel.
En résumé le seul candidat de l’histoire de la France républicaine élu au premier tour avec une « adhésion franche et massive » est Napoléon III. Par la suite aucun président n’a plus jamais été élu au premier tour.
Sous la Ve république la légitimité des présidents a toujours été très faible, sauf peut-être de Gaulle et Pompidou mais pour de Gaulle c’était déjà insupportable d’avoir été mis en ballottage par Mitterrand. Chirac a eu un score colossal en 2002 mais cela exprimait, nous l’avons vu, une crise de régime.
Enfin, le seul dans l’histoire de France qui ait élu par une minorié des votants, c’est Hollande.
Il devrait comprendre, il est suffisamment cultivé pour cela, que cela lui interdit toute aventure allant dans le sens d’un chambardement anthropologique radical de notre civilisation. Jusqu’ici, même avec une majorité très courte, tous les présidents ont été élus par une majorité des votants, sauf lui. S’opposer à eux radicalement était de ce fait quelque pu incivique. Il en va autrement s’agissant d’un président élu par une minorité de votants. Ce dernier est tenu à gouverner de manière extrêmement conservatrice et prudente faute de quoi il tombe dans l’illégitimité absolue. Tout au plus peut-il, par une gestion de l’économie courronnée de succès, asseoir sa légitimité. (Et de ce point de vue Hollande est dans l’échec.) Mais en aucun cas il ne peut s’attaquer à des questions se société comme le mariage homosexuel ou la théorie du genre.
François Mitterrand, élu de gauche dans un pays majoritairement de droite, connaissait la fragilité de sa légitimité. C’est pourquoi il a su « changer de pied » quand il le fallait. Ainsi il a retiré des projets qui suscitaient une trop forte résistance (loi scolaire Savary, visant à supprimer l’enseignement libre par exemple. Il y avait eu une grande manifestation, mais bien moins imposante que la manif pour tous, et Mitterrand avait dit : « Quand il y a un million de Français dans la rue, c’est une crise de régime ». Et il avait retiré la loi sans phrases. Ce n’est qu’à ce prix qu’il a pu se maintenir en fonctions.
Hollande ignore et méprise ces préceptes de prudence politique élémentaire, que connaissait le vieux Mitterrand. La présidence Hollande va très mal finir. La manif pour tous qui a réuni plus sieurs fois de suite plus d’un million de personnes dans la rue, n’a pas fait reculer le pouvoir. Par cette obstination François Hollande a fait un bras d’honneur au peuple français. Il devra sans doute en payer le prix. On en voit déjà les signes : le phénomène Dieudonné peut être lu comme une mise en cause de la légitimité du régime. Il en va de même de la manifestation « Jour de colère ».
N’est-ce là qu’un début ?
Rédigé par : Zwingli | samedi 01 fév 2014 à 17:55