Le ministère de la Culture de Mme Filippetti fait bien les choses. Il vient d'établir en effet une liste de célébrations nationales pour 2014. Ses services se sont basés naturellement sur les grands événements dont on pourra commémorer le centenaire, le deuxième centenaire, etc.
Cela commence avec la mort de Charlemagne en 814, la victoire de Bouvines en 1214, etc. Jusque-là rien de surprenant.
En 1914 la bataille de la Marne est mise à égalité avec la naissance de Marguerite Duras et celle de Haroun Tazieff...
La plus récente année, 1964, va donner l'occasion de célébrer sur le plan culturel les cinquantenaires de la publication des "Héritiers" de Pierre Bourdieu et celle des "Mots" de Jean-Paul Sartre – du beau linge – mais aussi la réalisation du plafond de l’Opéra Garnier par Marc Chagall.
Et savez-vous ce qui s'est passé sur le plan politique : la mort de Maurice Thorez. Rien de marquant par ailleurs. Édifiant.
Nos lecteurs peuvent être divisés en deux catégories : ceux qui savent à quoi s'en tenir sur Thorez et auxquels nous ne proposons qu'un très court rappel. Les autres, s'ils souhaitent en savoir plus, peuvent commencer par se référer à la biographie de Philippe Robrieux. (1)⇓
Empruntons donc les grandes lignes d'un texte éploré "Le camarade Thorez finit ses jours en Mer noire"...
"Maurice Thorez a péri aujourd'hui à l'âge de 64 ans à Istanbul, en Mer noire, alors qu'y faisait escale le navire qui le conduisait comme chaque été en vacances en URSS.
Il était malade depuis 1950, date où, à l'apogée de son prestige et de son autorité sur le PCF, il a été victime d'une grave attaque d'hémiplégie.
Avec lui disparaît un des meilleurs élèves de Staline en France."
Supposé mineur sans être trop souvent descendu à la mine, il naquit en effet dans une famille de mineurs. Il intitulera sa prétendue autobiographie "Fils du peuple". Publiée une première fois en 1937, largement mensongère et bourrée d'erreurs, elle fut maintes fois rééditée et remaniée. Elle avait été rédigée par Jean Fréville.
L'engagement de Thorez remonte à l'âge de ses 19 ans, très jeune donc comme la quasi-totalité des dirigeants communistes.
Il intègre rapidement les cadres du parti communiste et rencontre Staline à Moscou à l'âge de 25 ans. Il lui restera fidèle jusqu'au bout.
Partisan de la politique "classe contre classe", il devient secrétaire général du parti à partir de 1931. Avec à ses côtés Jacques Duclos et Benoît Frachon, il applique de façon stricte les consignes du Komintern. Il élimine son rival Doriot qui deviendra ouvertement fasciste puis collaborateur.
En 1935-1936 changement de ligne de l'Internationale communiste : Thorez opte donc pour le Front populaire.
En 1939 au lendemain du pacte germano-soviétique du 23 août, qu'il refuse de désavouer, le parti communiste est dissous. Thorez se réfugie en URSS où il demeurera jusqu'à la fin de la guerre. Il est alors considéré comme déserteur. De Gaulle lui permettra de rentrer en 1944. Il devient alors ministre de la Fonction publique dont il élabore le statut toujours en vigueur.
En mai 1947, il est écarté du gouvernement par Ramadier.
Après la mort de Staline, au XXe congrès du PCUS de février 1956, il a été le seul avec Mao à encore se référer au "petit père des peuples". Il s'opposera sourdement au "rapport Khrouchtchev". Le PCF tentera pendant plusieurs mois d'entraver sa diffusion en France.
La brouille avec le Kremlin dure peu. En octobre, au moment de l'insurrection de Budapest il s'aligne de nouveau sur l'URSS dont il soutient l'intervention contre les "fascistes" hongrois.
Waldeck Rochet lui succédera comme secrétaire général du PCF, lui-même ayant pris le titre de président.
"Le PCF va faire ramener sa dépouille en France à bord d'un Tupolev et lui organiser des funérailles grandioses à Paris, dans quatre jours."
Il existe une quantité scandaleuse de rue, avenue, boulevard Thorez.
Ce n'est donc pas Hollande qui les débaptisera. Ce ne sera d'ailleurs pas non plus Mme Kosciusko-Morizet.
JG Malliarakis
Apostilles
- Philippe Robrieux, "Maurice Thorez. Vie secrète et vie publique", Fayard, 1975, 660 pages..⇑
N'oublions pas que le PCF a félicité Staline pour sa victoire sur la Pologne !
Qu'il a appelé les ouvriers français à fraterniser avec les soldats allemands qui sont des ouvriers.
Il y a plusieurs dizaines d’années, j'ai vu une affiche de l’époque aux puces de Saint-Ouen, n'ayant pas pu l'acheter tout de suite, elle avait disparu le lendemain. Qui sait où la télécharger ?!
Rédigé par : Maurice | mardi 31 déc 2013 à 07:21
Staline aurait dit à De Gaulle en lui rendant le déserteur Thorez en 1944: j'espère bien que vous allez le fusiller! De Gaulle en a fait un ministre!
Rédigé par : Saint-Georges | mardi 31 déc 2013 à 07:51