Le délitement du gouvernement Ayrault part en ce moment dans tous les sens. Montebourg boude visiblement le Premier ministre en perte de vitesse. Tout le monde se gausse de sa prétention à"remettre à plat" une fiscalité qu'il est jugé incapable de réformer, et que le chef de l'État lui-même en a immédiatement saboté l'annonce. Même le docile Moscovici montre des signes d'impatience. (1)⇓
Une telle situation autorise d'autant plus aux interrogations et aux dévoilements des ambitions et arrière-pensées que les décisions semblent remises, sinon à la conférence de presse du 14 janvier au lendemain des élections municipales des 23 et 30 mars 2014 et européennes du 25 mai. Autant imaginer une nouvelle combinaison ministérielle pour fin juin, à la veille des départs en vacances.
Or l'une des derniers atouts professionnels que l'on peut reconnaître au successeur des glorieux Émile Loubet (1899-1906) et Armand Fallières (1906-1913) tient à la manipulation méthodique de l'opinion. Elles reposent sur les faux bruits et sur l'activation des réseaux.
Parler d'une "combinaison" dans la composition du gouvernement peut sembler anachronique sous la Ve république. Mais la fameuse anaphore "moi président" ouvrait-elle autre chose, outre sa part de mensonge, qu'un retour à la IIIe république. À nouveau, nous voici gouvernés par la science des dosages à partir des tendances internes du parti socialiste. Certains imaginent le retour d'Aubry, une catastrophe pouvant toujours en cacher une autre. On ne s'étonnera même pas que certains milieux maçonniques en arrivent à répandre l'hypothèse d'un retour de Fabius à Matignon en dépit des diverses casseroles qui lestent le parcours de ce brillant cavalier.
En réalité, on feint de commencer à se servir d'une nouvelle potion magique gauloise. Le plus éclatant clin d'œil a consisté a emmener le prédécesseur de Hollande, que l'on traînait jusqu’ici dans la boue, pour rendre un hommage à Mandela. On fait appel à l'idée d'union nationale. Ceci permettra bientôt de tout justifier. S'y référer suppose l'abandon de l'union de la gauche, et, au sein de la droite mobilise le thème d'une opposition qui se prétend "constructive".
Ainsi Borloo, toujours président du parti radical socialiste, était-il le 4 décembre l'invité de Guillaume Durand. (2)⇓
Ses dernières initiatives ont été prises sans consultation des instances et des adhérents de l'UDI. Aussi bien son rapprochement avec François Bayrou que le largage de la candidature de Christian Saint-Étienne à Paris, au profit de NKM – en laquelle il ne croit pas, confirment le peu de conviction du personnage. On veut le faire parler d'une éventuelle candidature à la présidentielle de 2017, alors qu'il vise Matignon, dont il raté le coche en 2011.
Car ses propos, lors des 5 premières minutes de l'entretien correspondent exactement à l'hypothèse de son ralliement comme "sauveur"
il accuse certes d'amateurisme l'équipe Ayrault, mais son propos entend le poser lui, l'inventeur de l'écotaxe, en professionnel de la bonne gouvernance. Dans le cadre de l'union nationale, à laquelle il se dit ouvert, il se prétend prêt à gouverner alors que toute le monde le sait, à l'UDI, incapable de dessiner le moindre brouillon de programme.
Retenons simplement qu'il s'offre à étudier la "mise à plat" fiscale que. dans ce cadre, il s'engouffre dans la dénonciation de la grande injustice fiscale qui entacherait, selon lui, la fiscalité locale. On voit poindre la mise en œuvre de la "péréquation". Introduite de façon catastrophique, mais non fortuite, dans la constitution sous la présidence Chirac elle aboutirait à faire payer encore un peu plus.
Ce prétendu chef de "l'opposition sérieuse" ne dit pas que des âneries. Il raccourcit l'acte de naissance de notre "modèle social". Il le dit "né en 1945 d'un accord entre les communistes et les gaullistes". Le phénomène fut évidemment plus complexe. Il ose s'écarter du cliché selon lequel la démographie française figurerait au nombre des atouts d'un pays dont, de toute évidence, 20 % de la natalité constitue plutôt un handicap, etc.
On peut donc faire confiance à M. Borloo pour décevoir ceux qui croient en lui. De ce point de vue, je ne serai pas déçu.
JG Malliarakis
Apostilles
- cf. "Moscovici règle ses comptes avec Jean-Marc Ayrault" in Le Monde" en ligne le 23 novembre.⇑
- sur LCI-Radio Classique.⇑
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Ca serait peut-être une idée, dans cette fin de règne de la Ve république, de nommer Borloo premier-ministre. "L'omelette coupée par les deux bouts" vieux rêve qui a été caressé par beaucoup, dont VGE.
Mais là, face à la détresse sociale profonde causée par l'impuissance française à formuler une politique industrielle à cause des traités euromondialistes qui lient les mains des gouvernements, il n'y a aucune chance qu'une "combinaison" subaltern de ce genre puisse calmer la colère qui gronde.
Vous avez relevé que Borloo est l'inventeur de l'écotaxe. Tout un symbole. Il est impossible qu'un pouvoir puisse s'en tirer grâce à l'inventeur de cette taxe.
Ce régime est en train de sombrer, cette fois pour de bon.
"Après une période de dix années de prospérité et de prestige retrouvés, la France, que nous aimons paternellement, retournera à ses jeux politiques favoris, à ses obsessions destructrices. Une succession de gouvernements faibles, laxistes, démagogues, laisseront se désagréger le sentiment national et les valeurs élémentaires. Une réaction brutale des forces vives et populaires du pays mettra fin à cette déliquescence voulue par certains, tolérée par d'autres. Pour ne pas sombrer la France changera de régime sans douceur."
Les prophéties du pape Pie XII, Paris, Trédaniel, 1988, ISBN 2-85707-286-6.
Il y a une belle blonde bretonne qui est bien placée pour ramasser le pouvoir tombé en quenouille. Ca fera des remous, il y aura des troubles graves fomentés par ceux qui n'accepteront pas un pouvoir un peu français. Pour moins que ça certains sont capables de mettre les banlieues en feu, tout est prêt. Mais dans la constitution de Gaulle, il y a un article 16 qui la sauvera, car elle se défendra. Elle a des c...
C'est pourquoi, Pie XII a dit "la France changera de regime" (il n'a pas dit de gouvernement) et il a ajouté "sans douceur".
Il va y avoir du sport.
Rédigé par : Zwingli | mercredi 11 déc 2013 à 14:42
La république porte le crime en elle : la guillotine pour le roi et la reine, la Terreur, les colonnes infernales les barques de la Loire pour le peuple de dieu en Vendée. Il me semble que nous en sommes toujours là. L'écotaxe est une persécution de nature orwélienne, c'est tout. Tout autant satanique, tout autant dressée contre le peuple.
Rédigé par : Sparte | samedi 14 déc 2013 à 16:14
Ah bon, me voilà rassuré. Mon post est malgré tout publié. Je ne l'avais pas vu. Il est vrai que vous l'avez expurgé de deux qualificatifs un peu épicés concernant Borloo. (Seraient-ils tombés sous le coup de la loi ?) Pourtant tout le monde sait qui est Borloo, d'où il sort et ce qu'il représente. Alors... Mais enfin, je peux comprendre votre prudence.
Avec mon meilleur souvenir.
Zwingli
Rédigé par : Zwingli | dimanche 15 déc 2013 à 00:55
Le Radical de Gauche Maurice FAURE fut pressenti comme PM par F. MITTERRAND. Le seul Centriste n'ayant pas son drapeau dans la poche et doté d'un volontarisme obstiné fut Jean-Jacques SERVAN-SCHREIBER, dont la carrière ministérielle fut avortée par J. CHIRAC et qui fut abandonné par VGE.
Jean BOTHOREL lui avait consacré une biographie: Celui qui voulait tout changer. Les années JJSS. Robert LAFFONT
"L'avantage d'être centriste, c'est que l'on peut taper un coup à gauche, et le coup d'après à droite, le tout sans jamais donner l'impression de retourner sa veste." Emilie TREVERT. Modem le second souffle de Bayrou, Le Point du 16 février 2012.
- Jean-Pierre RIOUX. Les centristes. De Mirabeau à Bayrou. Fayard
"La fédération des centres, nécessaire dans le système électoral majoritaire, a toujours été d'une actualité récurrente." La guerre des droites de Mathias BERNARD, Odile JACOB.
- Jean-Louis BOURLANGES. La tragédie du centre. Plon
Rédigé par : Coriolan | jeudi 15 jan 2015 à 20:12