Une série spectaculaire de catastrophes est survenue cet été dans les transports collectifs. En France, en Italie ou en Espagne ceci a peut-être conduit le public à prendre, plus ou moins consciemment ou non, la mesure de leur place dans la vie de nos cités.
Ainsi, moins dramatiquement, l'observation la plus élémentaire des projets du "Grand Paris" et de la "Métropole" francilienne nous indique aussi combien fondamentale se révèle la part attribuée par les décideurs d'État aux moyens de déplacements. Et les investissements, annoncés à hauteur de 5,3 milliards, concerneraient par priorité l'aménagement de gares et de voies ferrées.
À ce stade on ne saurait faire l'économie d'une réflexion sur les manipulateurs de l'opinion.
Le cas du camarade Braouezec peut être ainsi considéré comme celui du parfait représentant de la pensée dominante, celle qui se propose de guider l'urbanisme du futur soutenu par les applaudissements de la gauche caviar.
Longtemps député-maire de Saint-Denis, l'intéressé imagine sans doute admirable sa propre contribution à l'urbanisme dirigé, solidaire, et collectiviste tendant au remplacement de peuple. Ce projet, plus populaire en général dans les beaux quartiers que chez les populations d'origine, compense sans doute par un bel avenir de notoriété mondaine le piétinement de sa carrière politique.
Car on doit dire quelques mots de sa légitimité d'humaniste. Ancien "rénovateur" du parti communiste, il n'a quitté celui-ci qu'en 2010. Or, en "trente-huit ans de militance", il n'avait jamais remarqué le caractère criminel du stalinisme. Il déplore seulement que "le PCF n'est pas capable d'impulser un vrai rassemblement de la gauche critique et de porter un projet novateur." (1)⇓
Sur le terrain de l'urbanisme comme sur celui des droits humains qui donc oserait le concurrencer ?
Et de définir ainsi la nouvelle utopie : "En ville, le droit à la centralité pour tous" (2)⇓.
Cette revendication, littéralement ridicule, ne verra jamais le jour, on s'en doute. Mais elle permettra aux promoteurs des projets technocratiques de s'appuyer sur elle. Tout ceci se réclamera aussi d'une "alternative de transformation sociale et écologique". (3)⇓
Or, non seulement on considère comme naturelle et évidente la part étatisée des services de transport, mais les alternatives les plus nécessaires sont combattues, dénoncées, stigmatisées, y compris les "concurrences intermodales."
On entend parfois, trop rarement, Certains politiques, quand ils siègent dans l'opposition pointer les dysfonctionnements de ces structures, les retards accablants, l'insécurité, etc.
Pour la seule région Ile-de-France, on relève qu'en sus du Versement transport, prélèvement social récolté par le STIF monopoliste, la région subventionne à hauteur de 1,6 milliard d'euros par an les transports publics. Mais celle-ci n'impose aucun engagement en matière de régularité et de sécurité et aucune sanction. Le Rapport de la Cour des Comptes déplore que Syndicat des transports d'Ile-de-France, qui les finance n'arrive à se faire respecter ni de la SNCF ni la RATP. Chaque jour 3 millions de voyageurs sont victimes d'un réseau métro/train/RER dont 60 % des lignes ne remplissent pas leur objectif de régularité. Sur les transiliens : seules 2 lignes sur 8 atteignent leurs objectifs. On considère comme un exploit que les métros soient à 91 % de régularité et le RER E, seul dans ce cas atteigne 95 %. Les chiffres des autres lignes sont accablants RER A 85 % (objectif contractuel 94 %), RER B 84 % (94 %), RER C 91 % (93 %), RER D 84 % (92 %).
Il convient donc d'exiger de la classe politique qu'elle ose enfin se prononcer en faveur d'un autre mode de gestion. Quitte à mécontenter la CGT.
JG Malliarakis
Apostilles
- cf. "Le Monde" en ligne le 25.03.2010. ⇑
- in "Médiapart" 22 septembre 2012 ⇑
- cf. l'entretien précité au "Monde" "Patrick Braouezec : pourquoi j'ai décidé de quitter le Parti". ⇑
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Quelle arrière pensée poursuit l'actuel maire de Saint Denis quand il déclare vouloir faire reconstruire la flèche de la basilique nécropole des Rois de France ????
fbr
Rédigé par : FBR | vendredi 02 août 2013 à 09:46
Le long des (trop larges) emprises pour les tramways ou les convois de bus qui prennent la place des voies automobiles, les pompiers et les secouristes vivent dorénavant des cauchemars. En effet comment faire progresser un convoi transportant - en principe à toute vitesse - un homme qui fait une crise cardiaque, un brûlé, une victime ayant reçu un coup de couteau (dans le RER par exemple comme cela est hélas fréquent), lorsqu'il n'y a plus qu'une voie routière ? Et lorsqu'il y a tous les 50 m un feu rouge ?
Car les politiciens font toutes les misères aux véhicules individuels autos et camions : rond-points, stops, gendarmes-couchés et feux-rouges surnuméraires. Jusqu'à élargir outre mesure et inutilement les trottoirs dans les villes, et rétrécir volontairement les voies routières dans les banlieues. Sans compter des flash cachés dans les feux rouges, sur une sorte de passerelle, derrière un bosquet qui vous canardent au delà de 30 km/h !
Quant à ces gares du Grand-Paris des urbanistes censés - il y en a - estiment que leurs emprises vont être démesurées.
Tout cela pour des transports en commun qui ne roulent pas ou si peu dès la nuit venue : c'est vrai qu' "ils" veulent le peuple devant leurs petites lucarnes à la Orwell89.
Rédigé par : Dominique | jeudi 11 juin 2015 à 10:08