Bon sang ne saurait mentir pensent tous ceux qui avaient aimé Yvon Gattaz, remarquable défenseur de la libre entreprise et industriel lui-même, face aux lamentables années Mitterrand.
"Moins d'aides, moins de charges", réclamait alors le porte-parole du patronat français.
À l'heure présente, deux familles de débats se présentent à notre pays et à ses entreprises. D'un autre côté, l'Europe entière se pose le problème de l'accès des jeunes au marché du travail ; dans chaque pays, affublé de sa propre réglementation sociale souveraine, peut et doit s'interroger sur les causes spécifiques du chômage qu'il enregistre.
Un de mes correspondants amicaux habituels me pose la question : "De quelle mesure incitative serait accompagné selon vous l'abaissement des charges et des taxes afin que l'employeur embauche plutôt que de garder la différence en ne majorant point les salaires par ailleurs et en ne créant pas de postes ?"
Ma réponse personnelle se situe en quelque sorte au-delà du propos d'il y a 30 ans : l'accord entre les entreprises et l'État doit se faire sur "Zéro aides zéro charges".
Certes je ne suis évidemment pas le représentant de Pierre Gattaz. En tant qu'entrepreneur individuel moi-même depuis bientôt 40 ans je n'ai jamais éprouvé le sentiment d'avoir jamais été représenté par les instances "patronales" officielles, encore moins par l'Union patronale artisanale que par le Medef.
La vraie libération sociale s'appelle le salaire direct. (2)⇓ Le Medef dispose d'une arme extraordinaire et il ne s'en est jamais servi jusqu'ici : les chefs d'entreprises doivent demander la révision des procédures qui les font percepteurs pour le compte des Urssaf. Ce système paternaliste remonte à la charte du Travail de 1941. Il n'a aucune raison de perdurer.
Le tribut infligé au travail est ainsi occulté. Car toutes les cotisations, aussi bien "patronales" que "salariales" sont prélevées sur le coût économique du travail. Dans les années 1990, le multiplicateur de coût salarial (3)⇓ est passé de 1,53 au 1er janvier 1993, sous le gouvernement Bérégovoy, à 1,57 en février 1996 sous le gouvernement Juppé. Aujourd'hui ce multiplicateur est de l'ordre de 1,8.
Le jour où les entreprises verseront directement l'intégralité du coût du travail à leurs employés, soit une augmentation de la fiche de paye de 80%, ceux-ci militeront nécessairement pour l'abrogation effective des monopoles sociaux qui nous ruinent tous.
JG Malliarakis
Apostilles
- cf. Les Échos en ligne le 03/07 à 20:58.⇑
- d'autres préfèrent l'exppression "salaire complet" : je la trouve moins parlante.⇑
- je renvoie ici aux archives des chroniques sociales qui ont donné naissance à l'Insolent, et notamment celles du 28 février 2001 et du 31 janvier 1996. ⇑
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Bonjour,
Vivement le retour à la liberté individuelle des travailleurs de choisir leur mode de protection sociale et de retraite!
Rédigé par : BAIN | jeudi 04 juil 2013 à 10:53
je ne crois pas une seconde à ce discours de GATTAZ, s'il était vrai, le patronat aurait depuis longtemps milité pour la fin du monopole de la sécurité sociale. Au lieu de cela, il se sert du poids des charges pour dégraisser les effectifs alors qu'il a la possibilité d'échapper à la CSG et la CRDS... le patronat français n'appartient que très peu à l'idéologie libérale.
Rédigé par : Brunoalaincoubat | jeudi 04 juil 2013 à 11:28
Quand j'en parle autour de moi les gens y sont favorables, mes élèves quasiment émerveillés ! Puis se pose la question de financer la fameuse "solidarité nationale" bien dévoyée et mal utilisée. Je réponds par la fin du monopole de la SECU et l'entrée des assurances privées, caisses de retraites etc. un peu sur le mode suisse des 3 piliers. Objections et compléments SVP ?
Petite réponse : à suivre en effet.
Rédigé par : commenoz jean michel | jeudi 04 juil 2013 à 17:36
Un petit texte reprenant quelques lignes de votre point de vue.
Bien cordialement
http://lequidampost.fr/augmentez-les-salaires-de-80-des-la-fin-du-mois/
Rédigé par : lequidampost | mardi 09 juil 2013 à 15:43