L'un comme l'autre, partant de points de vue certes différents, manifestent une commune consternation devant l'affaissement de la France ; ils pointent les mêmes carences qui nous préoccupent ici. Leurs propos, fort stimulants, m'ont permis de noter plein d'idées que je me ferais un devoir de développer à ma façon.
L'urgence de ces questions ne découle pas seulement de la situation financière prévisible. La société civile doit en effet mettre à profit ce simple répit du calendrier. Notre confiance dans les capacités de réformes de la classe politique appelle de sérieuses réserves. Or, nous allons bientôt nous trouver replongés, que cela nous plaise ou non, dans la perspective assourdissante des scrutins successifs : élections municipales et européennes dès 2014, puis cantonales, régionales, fusionnées ou non, sénatoriales et enfin présidentielles de 2017 suivies du scrutin législatif, et précédées de primaires en 2016. (3)⇓.
Or, actuellement, à droite comme à gauche, l'incohérence du gouvernement Hollande-Ayrault provoque un grand désarroi. Peut-être s'agit-il d'une stratégie profonde et subtile de Monsieur Normal. Peut-être nous trouvons-nous en présence des conséquences d'un décalque servile des astuces du mentor Mitterrand, maître calamiteux qu'on en vient presque à regretter. Peut-être, enfin, et disons-le : plus probablement encore, convient-il de parler, tout simplement d'incompétence, sinon d'ahurissement tant du chef de l'État que du chef du gouvernement.
Dans les mois à venir, hélas, les Français vont être appelés à mesurer l'ampleur du recul national qui les frappe de plein fouet et dont l'incidence sur leur niveau de vie viendra inéluctablement.
Désespérance plus encore que déchéance, cette situation nous amène à croire en l'homme providentiel, en son apparition voire même, pour certains, au retour de l'administration précédente.
Saurons-nous, en majorité comprendre les quelques causes corrigibles de la catastrophe ? Saurons-nous dès lors y apporter les remèdes nécessaires ?
On devrait se garder de tout pessimisme inutile : on doit donc se refuser à répondre obligatoirement "non" à cette double question. On ne devrait jamais insulter l'espérance, tant que l'on n'a pas entrepris tout ce que l'on peut pour en déjouer l'échec, pour éclairer les voies de salut, pour ouvrir les yeux de nos contemporains, co-contribuables et concitoyens.
En revanche, une telle profession de foi s'écarte elle-même des optimismes béats et niais. Les peuples reçoivent le plus souvent les gouvernements qu'ils méritent. Les élites subissent les révolutions qu'elles ont appelées de leurs fautes. Les gens qui attendent l'arrivée de nouveaux prétendus sauveurs, innocemment propulsés par les gros médiats, s'exposent à ne récolter que l'ivraie qu'ils n'ont pas manifesté la lucidité d'arracher. Les exemples de l'Histoire récente ne devraient même pas se révéler nécessaires. Chacun en tient une part présente à l'esprit.
Il s'agit en effet d'une loi essentielle, logique, de l'action des hommes : aide-toi le ciel t'aidera.
Beaucoup de Français aiment à raisonner par comparaison, concurrence ou consanguinité avec l'Allemagne et l'Angleterre. Ils admirent à juste titre l'efficacité germanique ou la pugnacité britannique, des qualités qui font souvent défaut à nos compatriotes. Mille fois d'accord, sans doute.
Mais les situations actuellement plus enviables outre-Rhin comme outre-Manche ne doivent pas nous tromper : n'oublions pas, précisément le caractère récent de l'effondrement français. Dans les années 1970 la France pompidolienne pouvait sembler infiniment plus active, plus prospère, plus futuriste que l'Angleterre travailliste, engluée dans son Welfare State et sa décadence. Dans les années 1990, l'Allemagne réunifiée semblait à son tour plombée dans sa dénatalité, dans sa part d'héritage post-soviétique, ses idéologies gauchisantes, son chômage, etc.
Si Margaret Thatcher à Londres, Gerhard Schröder à Berlin s'étaient enfermés dans les pessimismes structurels, dans les renoncements, ni Angela Merckel, ni David Cameron ne bénéficierait aujourd'hui de leurs indiscutables avantages comparatifs.
JG Malliarakis
Apostilles
- Christian Saint-Étienne "France état d'urgence" (éditions Odile Jacob).⇑
- Ancien journaliste et docteur ès sciences économiques, Philippe Simonnot dirige l'Observatoire économique de la Méditerranée, l'Atelier de l'économie contemporaine, ainsi que le Séminaire monétaire de l'Institut Turgot. Il vient de publier "Chômeurs ou esclaves : le dilemme français." (Editions Pierre-Guillaume de Roux) Il interviendra le lundi 25 février dans le cadre du Café Liberté à 20 h 00 au café Le Horse Odéon, 16 carrefour de l'Odéon, 75006 Paris (M° Odéon).⇑
- Je ne crois pas en oublier, puisque la sécurité sociale, dont les Finances dépassent et plombent celles de l'État central parisien se trouve administrée, sans aucun vote populaire des cotisants, en théorie par le ministère de la Santé, y compris s'agissant des retraites, mais en fait par la citadelle anonyme de Bercy. Cf. "La sécurité sociale et comment s'en sortir" par Georges Lane (Editions du Trident)⇑
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Un, le désespoir est salvateur car au coeur du désespoir, on peut trouver son contraire...
"Aides-toi, le Ciel t'aideras" encore faut-il avoir préalablement prié le Ciel, s'aider ensuite... Dans ce sens, cela peut marcher. Mais qui prie encore de nos jours dans cette France chèvre de Monsieur Seguin ?
Rédigé par : josick | vendredi 22 fév 2013 à 18:35
Chers amis républicains,
aucun président élu pour 5 ans, aucun député itou, démocrate et tout et tout, ne s'attaquera à la dette. Ce serait suicidaire: ils ne penseront qu'à alourdir la barque par clientélisme et quitteront le navire juste avant le naufrage.
La solution n'est pas là.
Le problème de la dette est régalien et ne peut se régler que dans la durée par un pouvoir indiscutable.
Rédigé par : Saint-Georges | samedi 23 fév 2013 à 08:42
Sur le principe vous mettez l'accent sur une vraie question, qui plaide en faveur de la Monarchie, seule forme de gouvernement qui ne soit pas "court-termiste", y compris lorsqu'elle est "constitutionnelle". En Angleterre elle impose aux deux partis des règles nationales.
Les rois de France, cependant, empruntaient beaucoup, essentiellement pour faire la guerre. L'endettement systématique a conduit François Ier à créer la rente perpétuelle...
Rédigé par : Emile Koch | samedi 23 fév 2013 à 14:19