Entendons-nous en effet. Ce détail peut nous éclairer.
On se trouve en présence d'un "psittacisme", d'une répétition de perroquets de la part des commentateurs agréés : ils reproduisent à l'identique ce qui vient des agences de presse. Et, s'agissant de la prononciation des noms étrangers on effectue un copié collé à partir du premier grognement des con-frères. Une bêtise est commise : on peut être assuré qu'elle sera majoritairement relayée, très difficilement corrigée. Ils disent "Romneille", éventuellement en liquéfiant le "R" initial ; ce qui ne devrait pas se faire dans la langue de Molière. Mais ils grasseyent sur la terminaison.
Écoutons un minimum la manière dont ce nom est prononcé en anglo-américain : ce "ey" final est toujours court, intermédiaire entre "i" et "é" [aigu] : il devrait donc, une fois importé en français devenir "i" ou "é".
Mais nous refusons d'accorder un statut de partenaire futur équiprobable à ce personnage que la pensée unique caricature, car la quasi-unanimité des manipulateurs de l'opinion hexagonale penche sans réserve en faveur du président sortant.
Rien ne devrait nous obliger, sauf le conformisme et la lâcheté de nos dirigeants, à nous aligner sur tout ce qui se pense et se fait outre-Atlantique. Nous devons au contraire comprendre, à défaut de pouvoir choisir, ce qui nous convient le mieux. Et s'agissant de l'allié américain l'Europe n'a certes pas à intervenir dans son processus électoral. Nous ne devons pas plus admettre certaines interventions de Mme Clinton, ministre des Affaires étrangères d'Obama. Le Département d'État et les présidents des États-Unis aiment à nous indiquer les candidats qu'ils agréent à l'Union européenne.
Ils l'ont fait régulièrement depuis 20 ans en faveur de la candidature de la Turquie (2)⇓.
Ils le font à peine plus discrètement depuis qu'Ankara a changé de ligne [apparente] dans le conflit du proche orient. Mais aujourd'hui encore Mme Clinton vient de se prononcer en faveur du gouvernement musulman de la Bosnie-Herzégovyne, qu'elle veut une et indivisible.
Cette politique se veut subtilement balancée : entre intérêts pétroliers et alliance israélienne, soutien systématique à l'islam, aux frères musulmans contre les laïcs, aux sunnites contre les chiites, partenariats avec l'Arabie Saoudites, -- mais en même temps guerre proclamée à l'islamo-terrorisme,-- tout en se retirant d'Irak et d'Afghanistan : tout cela se révèle difficile à suivre au jour le jour.
En revanche une ligne directrice ne trompe pas : si les présidences républicaines ont pu commettre certaines erreurs, celles du parti démocrate, sous Wilson, sous Roosevelt, sous Carter ou sous Clinton se sont toujours traduites par un plus fort mondialisme, par une tendance systématique à imposer des vues plus dangereuses pour l'identité européenne.
Nous éprouvons naturellement une certaine réticence face à ce fouillis de dénominations protestantes américaines, si puissantes dans les choix politiques. Et le candidat Romney, issu d'une dénomination "restaurationniste" a été suffisamment caricaturé à ce titre. Mais au moins se trouve-t-on en présence d'une partie de l'Amérique profonde, marquée par le christianisme (3)⇓, dont on aimerait savoir à quel moment de son parcours personnel et familial Barack Husseïn Obama y a "adhéré".
Cette Amérique-là croit dans la libre entreprise, la propriété privée, l'initiative individuelle, elle rejette l'étatisme, l'assistanat et ce qu'elle considère comme le socialisme du parti démocrate. Elle a contre elle Hollywood, et tout ce que nos sociétés comptent de partisans conformistes du "radical chic" et du "politiquement correct". Nous avons les mêmes à la maison.
Sur la photo, j'ai du mal à ne pas la préférer, cette Amérique-là, à ce que qui se rassemble autour du prédicateur bien-pensant Obama et de la très suspecte Mme Clinton.
JG Malliarakis
Apostilles
- cf. Vos nouvelles de Paris.⇑
- Ayant consacré un petit livre à "La Question turque et l'Europe" je n'en retire pas une ligne. J'aurais plutôt tendance à en rajouter, quand je vois l'évolution annoncée du gouvernement Erdogan. ⇑
- Les adventistes, les mormons et les témoins de Jéhovah ne sont pas considérés comme chrétiens par les confessions traditionnelles dans la mesure où ils récusent la succession apostolique reconnue par la communion anglicane, par les catholiques-romains, et par les orthodoxes. Mais ils se réclament de Jésus Christ et, dans la pratique, ils diffèrent assez peu finalement du protestantisme puritain et des communautés cromwelliennes "indépendantes" fondatrices de l'Amérique. ⇑
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