Aujourd'hui surannée, son utilisation diplomatique ancienne a laissé quelques traces. Les contresens abondent en cette matière. On se souviendra au besoin que Clemenceau, désastreuse fausse gloire du jacobinisme, a stupidement accepté au lendemain de la victoire militaire de 1918, d'abandonner un usage international qui n'avait pas été démenti depuis 1815, en dépit des défaites de Waterloo et de Sedan. Ce que la Sainte-Alliance et Bismarck n'avaient pas effacé, la Troisième république a su l'accomplir à l'occasion des négociations du traité de Versailles.
Cependant c'est encore dans la langue de Voltaire, ou plutôt dans celle d'Édouard Herriot, que notre président Monsieur Normal s'est adressé statutairement, à la 67e l'Assemblée générale des Nations unies ce 25 septembre à New York. On pourrait écrire qu'il s'est exprimé "normalement", puisqu'il a repris presque mot pour mot les idées développées, avant lui, par un élégant prédicateur mondialiste nommé Barrack Husseïn Obama.
Son Excellence M. François Hollande fonde en effet sa propre politique étrangère de dérision sur ce qu'il considère comme des "valeurs universelles". En l'occurrence il décline : "la liberté, la sûreté, la résistance à l'oppression". Et pour bien faire comprendre combien il s'accroche à ce qu'Augustin Cochin définit comme un "patriotisme humanitaire" (1)⇓ le compagnon de Mme Twitter rappelle au monde le brevet de la balle dans le pied inventée par nos républiques. Le voici soutenant en effet la demande d'élargissement du Conseil de sécurité formulée par le Japon, l'Inde ou le Brésil, insistant sur l'engagement de la France en faveur d'une "présence accrue de l'Afrique, y compris parmi les membres permanents".
Mais son plus notable morceau d'éloquence s'investissait ce soir-là dans la nouvelle croisade. Il s'agissait de nous faire connaître les nouveaux couplets du fameux "Partant pour la Syrie", l'hymne qu'affectionnait l'impératrice Eugénie. Qu'après 1870, cette malheureuse souveraine réfugiée à Londres ait langui d'un exil d'un demi-siècle, n'inquiète pas nos élus d'aujourd'hui, éphémères pour ne pas dire jetables.
Sous la plume de son envoyé spécial David Revault d'Allonnes, "Le Monde" du 27 septembre parle à ce sujet d'un discours "très balisé". Les adjectifs utilisés ne manquent pas de force : "insupportable, inadmissible, inacceptable" l'occupation du nord du Mali "par des groupes terroristes" et de préconiser, de la part des autres, une réaction rapide : "Il n'y a pas de temps à perdre." "La France soutiendra toutes les initiatives que prendront les Africains". Tout cela ne manque pas d'une vigueur, qu'on pourra juger, cependant comme malheureusement très virtuelle, dans la mesure ce conflit est annoncé depuis des mois.
S'agissant de Damas François Hollande tient à se présenter comme un homme de décision. Ah mais.
"J'ai pris la décision au nom de la France, a-t-il dit, de reconnaître le gouvernement provisoire, représentatif de la nouvelle Syrie libre, dès lors qu'il sera formé." Voilà donc la phrase qu'il a exactement prononcée. Dommage que nos médiats l'aient légèrement déformée. Car, si l'on comprend bien le français, langue infiniment plus précise que ne le pensent peut-être ceux qui ne la parlent pas, cette "décision" ne se traduit pas par un acte véritable. Elle ne s'applique pas puisque le comité insurrectionnel que l'on se propose de légitimer, au nom sans doute du "droit à l'insurrection", de la "résistance à l'oppression" etc. n'est à l'heure où nous écrivons pas encore constitué.
De plus, le successeur d'Armand Fallières a soigneusement complété son propos par une phrase dont il mesure parfaitement l'ambiguïté :
"Ce gouvernement devra lui-même donner des garanties pour que chaque communauté soit respectée et puisse vivre en sécurité". Pour être tout à fait clair dans "cette langue qui sait si bien mentir", il faut rajouter au verbe devoir, conjugué au futur, l'expression adverbiale "au préalable".
Mais alors on pourra s'interroger sur ce que veut dire "donner des garanties". S'agissant des alaouites qui disposent d'un territoire presque homogène, entre le Djebel Alaouite de l'époque du mandat français, on peut imaginer où elles pourraient conduire. S'agissant des chrétiens on découvre une fois de plus, combien faible est devenu l'intérêt que nos humanistes laïcs portent aux plus constants des amis de la France en Orient.
On ne perdra jamais de vue, en effet, que le diable se loge dans les détails.
JG Malliarakis
Apostilles
- cf. "Les Sociétés de pensée et la démocratie moderne"par Augustin Cochin. Les lecteurs de L'Insolent peuvent se ce livre procurer, en le commandant
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Mes chers amis, cet affront ne restera point vain, car les parties en présence sauront négocier en termes clairs tous les points de notre volonté commune. C'est au nom de la liberté et des droits inaliénables de l'homme, comme l'a si bien dit Antonin Filiboni aux heures les plus glorieuses de notre république, que nous mèneront notre action, en pleine conscience de nos droits, et je fais le serment, sur les champs arrosés de la promesse formelle, que rien ne pourra être dit contre nous à l'issue de cette lutte contre les ennemis de nos idéaux.
Vous avez compris? Moi pas, alors....
Rédigé par : minvielle | vendredi 28 sep 2012 à 18:38