Il paraît qu'on violerait ainsi un principe fondamental de la démocratie parlementaire. En effet celle-ci suppose la solidarité ministérielle : quand un ministre est censuré par l'Assemblée Nationale, tous doivent démissionner. Cela se produit rarement. La dernière motion de censure votée par les députés remonte à 1962.
On évoque alors ce qu'avait dit plus rudement un jour Chevénement "on ferme sa gueule ou on démissionne". Certes l'auteur de cet élégant apophtegme avait traduit alors ses paroles par des actes. Ministre de la Défense, il désapprouvait en 1991 la participation de la France à la première guerre du Golfe, il s'en est allé dignement.
Que Mme Duflot n'arrive pas à la cheville de Chevénement, nous n'en avons jamais douté.
Les journalistes s'indignent que le chef de file des Verts refuse de se laisser entraîner par eux sur le terrain d'une polémique où la droite n'est pas seule à vouloir faire tomber cette quille. Soulignons, à cet égard, que la CGT, par exemple, a toujours manifesté son opposition à ce qu'elle représente. "On" voudrait donc la voir, ou plutôt l'entendre s'exprimer sur le Traité que la France va ratifier à la sauvette, pour appliquer à reculons une politique, jugée très impopulaire "à gauche" de redressement budgétaire. David Pujadas le 24 septembre sur France 2 a essayé de la faire parler. Il n'y est pas parvenu.
Cependant on doit observer que Mme Duflot, ni dans son département ministériel ni sur le fond politique n'entre pas en contradiction avec le chef du gouvernement, lui-même assez intéressant à entendre sur les questions européennes.
Voici ce qu'il déclarait, le 6 février 2008, s'exprimant à la tribune de l'Assemblée Nationale sur la ratification du traité de Lisbonne :
"Eh bien moi, affirmait-il, je ne veux plus de cette Europe obscure, de cette Europe honteuse. Je veux une Europe au grand jour. Une Europe sincère et populaire. Une Europe dont on soit fier. C’est à force de dissimuler l’Europe, de la rendre incompréhensible qu’on a fini par en détourner notre peuple. C’est en masquant la réalité de ses acquis et de ses insuffisances qu’on a construit la défiance envers elle."
Bien dit, intelligent... mais, au bout du compte, réclamant à la fois la ratification et le référendum, qu'a-t-il fait ? Ainsi, on pourrait reprendre presque entièrement les propos de M. Jean-Marc Ayrault, quoiqu'ils entraînassent alors pour conclusion pratique la même contorsion que l'on reproche aujourd'hui à Madame Duflot. Au nom du groupe socialiste, en effet, il acceptait dans la pratique de voter la ratification parlementaire de ce traité.
Et à Rennes, le 25 septembre, le ci-devant maire de Nantes volait au secours de la petite écolote. Avec elle, il "travaille en confiance". Et le Premier ministre réaffirme, sur ce point, la "solidarité gouvernementale", s'agissant précisément de la politique du Logement annoncée à grand fracas par Duflot et Vallaud-Belkacem. (1)⇓ Les conséquences de leur démagogie se révéleront désastreuses, mais à moyen terme. On reste ici dans le "tout pour la com".
Toute cette esbroufe fait passer au second plan, avec la complicité des gros médiats, une autre contradiction, beaucoup plus grave pour le pouvoir, celle qui oppose les responsables de la sécurité publique à la magistrature syndiquée.
À sa manière, habituellement fausse, Edwy Plenel présente les choses, dans son article de Médiapart en date du 20 septembre. On retiendra le titre : "Ce reniement dont Manuel Valls est le nom". Et de lui reprocher la manière dont agissent les services de police avec les Roms, avec les immigrés illégaux, etc.
Aux yeux de la gauche en effet la ligne du ministre de l'Intérieur ne pourra pas cohabiter longtemps avec celle qu'exprime Mme Taubira. On peut regretter, que Mme Duflot puisse demeurer chargée de ce qu'on appelle ridiculement "l'égalité des territoires" et du logement. Mais dans un pays où la collaboration entre magistrats et policiers pose un problème majeur, combien de mois la contradiction évidente entre les deux ministres, celle de la Justice et celui de l'Intérieur pourra-t-elle durer ? Voila une vraie question. Pourquoi les gros médiats ne la posent-ils pas ?
JG Malliarakis
Apostilles
- cf. à ce sujet notre Insolent du 18 septembre : " Duflot ses bourdes et ses destructions".⇑
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