Il existe plusieurs manières de réagir à l'action ministérielle de Cécile Duflot. L'indifférence, le haussement d'épaules, cela ne suffit pas. Car les dégâts que laissera son passage au gouvernement, le plus bref possible espérons-le, mais déjà trop long, se révéleront considérables. N'en doutons pas. Et cela s'appliquera tant pour "l'Égalité des Territoires", que pour le Logement dont elle a reçu la charge dans le gouvernement Ayrault depuis le 16 mai.
Premier registre : l'exaspération. Ne rejetons pas cette réaction épidermique légitime, devant ce "tout pour la com". S'agiter devant les caméras, telle semble sa ligne de conduite, depuis qu'elle est devenue ministre. Oh que les gloussements de cette poule d'eau exercent notre patience ! Dans son registre d'outrecuidance avancée, elle parvient [presque] à dépasser l'indépassable : l'insupportable Bernard Henry Lévy. Combien de temps, Seigneur, permettrez-vous qu'on maltraite et qu'on ridiculise aussi ce pauvre pays ? Fermons donc cette bonde. Trop facile.
Avant toute autre considération c'est bien cependant la part du grotesque qu'il convient de mesurer en Madame Duflot. Le grand chef des écolos, voulait rendre crédible dès le 6 septembre son propos.
Madame la ministre a décidé de construire 500 000 logements, dont 150 000 "sociaux". Ces bons vieux chiffres planificateurs soviétiques ne veulent rien dire en fait. Une maison familiale de 150 m2 plus une chambre d'étudiant de 12 m2 égalent deux "logements". Vous avez dit "social" : indispensable, bien sûr. La mairie de Paris, "de gauche" comme chacun le sait, en aménage actuellement 16 (seize) au 77 avenue de Villiers, plaine Monceau, à Paris 17e. Ces beaux appartements seront sûrement "attribués" selon des critères très objectifs. Et les bons esprits proposent déjà, avec M. Piketty, que l'on taxe les "loyers fictifs" des gens, – les "sales bourgeois" pour sûr, – qui ont payé au prix fort pendant 20 ans les annuités de remboursements de leurs pavillons.
Mais il ne lui suffisait pas de lancer ses slogans dans le vide. Il fallait à la "com" de Madame Duflot l'annonce d'un "choc foncier" au service de la construction. Aussi, pour satisfaire aux vues des organismes de HLM, elle a publié une liste officielle de terrains à exproprier, dont une partie sont déjà vendus, en cours de construction ou même d'aménagement public, etc.
La chose faisait frémir en slience les services compétents concernés.
La baudruche a éclaté le 7 septembre dans les colonnes du "Parisien", où l'on n'ignore pas, par exemple que les terrains ferroviaires du 13e et du 17e arrondissements créent déjà des quartiers parisiens nouveaux, parfois depuis 1991, comprenant, déjà, des programmes sociaux bénéficiant, déjà, de charges foncières allégées, etc.
Que cette urbaniste se promène donc à l'est de la gare d'Austerlitz ou au-delà des Batignolles. Elle pourra voir quel point ce qu'elle appelle "la mauvaise volonté" des gestionnaires du foncier public en France n'empêche pas un urbanisme qui vaut bien celui de ce son soi-disant foncier gratuit, des immeubles barres et autres quartiers devenus pourris et invivables, car abandonnés aux trafiquants de drogue.
Mais il y a plus.
L'insécurité juridique et fiscale constitue l'un des handicaps majeurs de la France. Avec un ministère incapable de produire une liste sérieuse de terrains effectivement disponibles, de leur coût d'aménagement ou d'assainissement et des prix de cession, on pénalise encore plus le pays.
On se trompe certainement, cependant, si on résume la personnalité de Mme Duflot à l'incompétence et à l'immaturité de ses propos..
Qu'on me permette de citer un texte venant des ultralibéraux. Horresco referens, le parti libéral démocrate fut le seul, à ma connaissance, à diffuser dès le 6 septembre une réponse appropriée à la politique du logement annoncée par le pouvoir, c'est-à-dire non seulement par ce ministre caricatural et décalé, mais aussi par le porte-parole du gouvernement. Mme Najat Vallaud-Belkacem nous annonçait en effet, à l'issue du Conseil des ministres un véritable plan quinquennal.
Le communiqué du PLD reprend aussi les choses au plan pratique. Il constate qu'en fait "les premières annonces du gouvernement en matière de logement ne sont qu'une continuation entêtée des recettes appliquées depuis plus de 20 ans, et qui ont prouvé leur incapacité à résoudre la crise du logement dans le pays aux 700 000 SDF et 3 millions de logés précaires."
Mais au-delà même de cette critique pertinente, soulignons enfin que Mme Duflot a ouvert un chantier plus dangereux encore : celui de la mainmise de "l'État" sur des terrains qui ne lui appartiennent plus, en envisageant de les redistribuer arbitrairement au profit des magouilles locales.
Ainsi les terrains de l'armée servent à boucler les fins de mois d'une défense nationale financièrement exsangue. De son côté, celle la vente des terrains de la SNCF et de RFF servent, difficilement, à la rénovation des voies, mal entretenues depuis des années. Depuis 1997 cela sert aussi à faire sortir la part "ferroviaire" de la dette "au sens de Maastricht" : en termes d'endettement de la France, si le projet de Mme Duflot passe, cela revient à un alourdissement de 30 ou 40 milliards.
Ceci vaut pour le cas où le texte serait adopté sur la base annoncée. Mais déjà sénateurs élus locaux et députés maires, tous intéressés à mettre la main sur les réserves foncières, s'emploient à l'aggraver, à transformer la subvention "sociale" en gratuité au bénéfice de leurs opérations municipales etc.
Mais qu'importe évidemment ? Ne vient-on pas d'annoncer que l'État va "mettre 20 milliards sur la table pour "sauver" le Crédit Immobilier de France" ? Où a-t-on trouvé, où iront ces 20 milliards ? Sur une table de casino ?
JG Malliarakis
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Rien ne m'étonne plus de la part de quelqu'un qui a un DEA de géographie et qui place le Japon dans l'hémisphère sud (vidéo):
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http://www.youtube.com/watch?v=k21PTiXAhe0
Rédigé par : Pandy | mardi 18 sep 2012 à 12:10
Le pire c'est que le PS lui a fait cadeau d'un poste de député à Paris. La moindre des choses serait qu'elle sache un minimum ce qui s'y passe.
Rédigé par : menfin | mardi 18 sep 2012 à 14:02
Heureusement qu'elle a un DEA ( diplôme d’études approfondies) de géographie ! Quand serait-il si elle s'était arrêtée à un simple certif. ! (qui ne devait plus exister)
C'est bien le cas de la dire : Ptdr ! (Péter de rire)
Rédigé par : Lesgrandschamps | mercredi 19 sep 2012 à 08:10