Une vieille recette marche toujours. Elle consiste à imputer tous les dysfonctionnements au débit de l'équipe précédente. Mitterrand appelait cela l'héritage, les gens de Monsieur Normal invoquaient l'hypothèse de "l'ardoise cachée".
Le rapport de la cour des comptes, rendu public le 2 juillet, a démenti totalement cette rumeur. Et on aurait pu dès lors en conclure que la piste désirée par l'équipe gouvernementale, celle de "faire payer les riches" [ou plutôt de faire semblant] aurait dû s'évanouir le même jour dans la mesure même où le président de la Cour des comptes, le socialiste Didier Migaud, en démontrait les évidentes limites, autant dire : l'inanité.
On ne s'y est pas résolu. Ainsi, le ministre du Budget Jérôme Cahuzac, présentait ce 4 juillet le "rapport préparatoire du débat d'orientation des finances publiques". Les choix de celui-ci montrent bien que peu de choses a changé dans la doctrine gouvernementale socialiste.
Avec le discours de politique générale de Jean-Marc Ayrault du 3 juillet, on avait pu comprendre, au-delà de la déception infligée aux électeurs naïfs, que les vraies réformes nécessaires attendront.
On doit mesurer le caractère catastrophique de cette remise au lendemain, car la conjoncture politiquement favorable aurait pu l'éviter : les Français étaient dans leur majorité prêts à entendre un discours fort. Ils devront se contenter pendant l'été de faux-fuyants hypocrites en attendant de nouveaux virages. Ceux-ci devraient apparaître avec les budgets et lois de financement de la sécurité sociale pour 2013 ne seront dévoilés qu'à l'automne.
Le conseil européen des 28 et 29 juin a été marqué par l'acceptation discrète de la règle d'or. Elle prévaudra à Paris : le pays aurait gagné à ce que l'on mette l'emphase sur le ralliement d'une gauche responsable à cette nécessaire discipline. Les communicants du nouveau pouvoir ne l'ont pas voulu. Ils n'ont reculé que pour sauter encore plus mal.
Dans mon petit livre bleu (1)⇓ je me suis efforcé de souligner ce que l'on cache aux citoyens et que l'on devrait tenir pour une évidence : à 56 % de dépenses publiques dans la richesse nationale, la seule piste possible d'un retour à l'équilibre repose sur une diminution nette, franche et chirurgicale, de cette même dépense.
Donnons un ordre de grandeur : il faudra obligatoirement en France réduire la masse d'ensemble des budgets étatiques, administratifs, subventionnaires, scolaires, locaux, et sociaux et ceci dans une proportion qui dépassera globalement 20 %.
En effet les prélèvements actuels, extrêmement lourds, s'élèvent à environ 44 points de PIB, pour calculer comme nos technocrates. 12 points de PIB rapportés à 56 cela veut bien dire que plus de 20 % de cette masse devra disparaître... 56 x 0,20 = 11,2. La solution peut seulement étaler le chantier sur plusieurs années.
Mathématiquement, arithmétiquement incontournable, cette certitude dispose de plusieurs voies pour se manifester.
La pire hypothèse correspond à des plans d'interventions extérieurs imposés par des organismes internationaux, incapables de mesurer le temps d'adaptation du malade, de distinguer l'urgence des réformes et d'opérer un tri entre les dépenses régaliennes indispensables et les gaspillages.
Dans les pays de l'est où elle a été pratiquée par les autorités nationales cette thérapie de choc a donné des résultats appréciables.
Cependant cette chirurgie produit des conséquences évidemment terribles si on ne lui donne pas une contrepartie politique, ouvrant effectivement la voie à l'initiative individuelle et à l'économie de marché, permettant de résorber le chômage et de construire une véritable prospérité.
Nous disposons, hélas pour ce malheureux pays, d'un exemple catastrophique avec ce qui a été pratiqué en Grèce.
Entre l'automne 2009, arrivée de Papandréou, et juin 2012, courte victoire permettant le retour de la droite, ce pays a été dévasté par l'absence de toute perspective entrepreneuriale. Et le discours même des technocrates internationaux, des gazetiers occidentaux, relayant celui des imprécateurs gauchisants locaux, désignant "les riches", "la droite", les "armateurs", etc. a bien évidemment aggravé la défiance et la paralysie. Tout en espérant pouvoir dans quelque temps dresser un tableau plus favorable grâce à l'œuvre que pourra, éventuellement, accomplir le gouvernement Samaras, on est obligé de constater le désastre.
Malheureusement la France de Monsieur Normal, accompagné à la Cour de Madame Twitter, s'achemine, à la Ville, vers une politique comparable. On reste dans la logique même du président de l'Internationale socialiste Georges Andreas Papandréou, tout simplement parce qu'elle est réalisée et inspirée par les mêmes cercles, avec les mêmes idées, les mêmes fausses solutions, les mêmes atermoiements.
Certes Monsieur Normal, à la différence de son "modèle" athénien, ne bénéficiera pas des mêmes interventions personnelles et des mêmes conseils directs. En effet, Dominique Strauss-Kahn reste hors-jeu pour quelque temps encore. Mais tout l'appareil est infesté de strauss-kahniens, c'est-à-dire de gens bien décidés à finasser avec l'obligation de libéraliser l'économie, avec la nécessité de casser les monopoles sociaux, avec l'impératif de responsabiliser de haut en bas les opérateurs économiques, etc.
J'avoue ma difficulté à trouver des arguments optimistes en faveur de cette gestion sociale-démocrate. Son seul mérite consiste à ne pas envisager la restauration de la guillotine. Du fond du cœur, merci Monsieur Normal. Et merci au camarade Ayrault de ne pas promettre à Nantes le retour aux exploits du citoyen Carrier et aux mariages que l'on appelait, déjà, "républicains".
JG Malliarakis
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