Tout le monde le soupçonnait. Mélenchon l'a clairement avoué (1)⇓. Il ne souhaite pas vraiment la victoire de la gauche aux élections législatives. La situation idéale pour lui, celle par conséquent qu'il préfère, permettrait au groupe de 15 ou 20 députés qu'il constituerait avec les communistes de faire ou de défaire la majorité.
Dans un tel contexte de division, on se demande donc pourquoi les instituts de sondages additionnent artificiellement les intentions de vote du PS, des écolos et du front de gauche, quand ils les comparent à celles en faveur de l'UMP, d'une part, et du FN ou du Modem d'autre part.
Ce tout petit détail n'échappe pas à la première secrétaire du parti socialiste. Et elle semble, elle aussi, pencher pour cette capacité de chantage et de nuisance de tous les nostalgiques du marxisme, en dehors comme au sein de son appareil.
Dans des déclarations (2)⇓ du 4 et du 5 juin, en effet, la Mégère Aubry s'en est prise, une fois de plus, à "ceux qui ont tant de privilèges aux dépens des autres". Elle fait mine de croire possible de leur faire payer de plus en plus d'impôts.
La voici donc revenue au point de départ du projet socialiste préfabriqué début 2011 par l'équipe Hamon. Ce document, qu'on nous a présenté depuis lors, comme périmé par la présentation du programme Hollande de janvier 2012, était en son temps étayé par le livre "Pour une révolution fiscale" (3)⇓ de Piketty et de ses camarades. Tout cela venait des éléments les plus imbibés des idées les plus archaïques à l'intérieur, aux marges ou en dehors du PS.
Ceux qui se nourrissaient de l'illusion que les primaires de l'automne avaient clairement tranché en faveur d'un candidat plus modéré gagneraient maintenant à revoir leur optimisme. Prendront-ils conscience du danger avant le deuxième tour du scrutin législatif" ?
Si, au bout du compte, l'assemblée devait en effet compter par exemple 270 ou 280 socialistes, écologistes et radicaux de gauche, et simplement une vingtaine de mélenchonistes, PCF et PG confondus, cette situation permettrait au maire de Lille et à ses amis de jouer le rôle politique central. L'appoint du petit groupe marginal d'extrême gauche demeurerait, dans ce cas de figure, indispensable pour assurer la majorité constitutionnelle de 289 députés.
Mme Aubry aura au moins réussi, probablement, à élimer toute représentation significative du Modem rebaptisé "Centre pour la France".
Autrement dit le président ne pourrait envisager aucune majorité alternative à celle dictée par la vieille combinaison socialo-communiste. Le film ne revient même plus à l'époque du noir et blanc, on retourne aux images bistres, à la TSF et au cinéma muet. Cela combinerait les pires aspects de la IVe république associés aux tares inhérentes à la Ve.
Avec ses gros pieds et son propos démagogique, l'ex-rivale du candidat Hollande, en pleine campagne électorale des législatives, est donc revenue souligner le caractère essentiel pour la gauche de l'illusion fiscaliste.
Elle agit d'ailleurs comme si, extérieure au gouvernement, mise en minorité par les primaires du parti qu'elle administre, elle était autorisée à poser ses conditions politiques.
Que propose-t-elle en effet" ? Elle refuse ce que la classe politique et médiatique appelle faussement "l'austérité". Le propos d'Aubry signifie que l'on se propose de continuer à faire du "social" à crédit, à bercer l'opinion du bien fondé des "attentes", du "toujours plus" etc.
À sa manière le candidat Poutou avait résumé cette aspiration sur un mode auto-dérisoire plaisant : "Bosser le moins possible, gagner le plus possible." (4)⇓ Et de conclure lui-même de façon très logique : "Si on pouvait ne pas travailler du tout, on ne serait pas contre."
Mme Aubry n'a jamais rechigné sur ce terrain. Au cours de sa longue carrière d'héritière du chouchou des curés de gauche, elle a toujours flatté cette part de l'électorat qui se félicite des programmes de "partage du travail". Elle l'a fait par les 35 heures, elle y adhère par la fausse promesse du retour à la retraite à 60 ans dont elle se veut le porte drapeau. Que cela travestisse les promesses beaucoup plus mesurées du candidat Hollande importe peu, le trou dialectique est creusé.
Mais le point crucial de son offensive actuelle porte sur les soi disant "énormes marges de manœuvres fiscales" dont, à l'attendre, disposerait la gauche pour éviter tout programme de réduction de la dépense publique.
Elle prétend poser comme unique exemple le barème de l'ISF, que si peu d'électeurs acquittent et qu'elle croit possible de manipuler à sa guise. Elle imagine que "rien qu'en refaisant cela, 2 milliards d'euros qui rentrent. Les revenus du capital qui paient les mêmes impôts que le revenu du travail, c'est quand même la moindre des choses, c'est 4 milliards qui rentrent par an".
2 milliards dit-elle ? voire même 4 milliards par an ?? : le "Pot au lait" de cette nouvelle Perrette représente 1 ou 2 % des sommes que l'État central parisien va devoir demander aux très méchants marchés financiers.
Le fameux "ennemi" dénoncé par le candidat Hollande en janvier, sera prié de prêter de l'argent, à des taux de confiance, à moitié pour couvrir les déficits, à moitié pour faire face aux échéances des emprunts antérieurs.
Dans mon petit livre sur la question fiscale je soulignai en effet (5)⇓ à partir des chiffres les plus officiels, et les plus optimistes, que l'étau fiscal dans lequel se trouve la France porte sur plus de 189 milliards pour la seule année 2012. Ce trou représente plus de 52 % d'un budget de l'État s'élevant à 365 pour le même exercice. Ce chiffre ne sort d'aucune contorsion statistique. Il s'agit très officiellement des prévisions du recours à l'emprunt figurant dans la loi de finances.
Rappelons aussi que ces émissions de produits du Trésor ne tiennent pas compte des emprunts contractés chaque année par des établissements publics français bénéficiant de la garantie de l'État, telle la CADES, caisse d'amortissement de la dette sociale créée par le plan Juppé, etc.
Ceci veut dire qu'il n'existe aucune autre manière de rétablir les comptes de la France, comme de tous les pays surendettés d'Europe, qu'en entreprenant une diminution radicale du périmètre de la dépense publique.
Qui cela ne plaise ni à Mme Aubry, ni à Montebourg, ni à Mélenchon nous pouvons le concevoir. Le fait s'impose : si Monsieur Hollande et son ami Ayrault prétendent gouverner la France ils doivent se débarrasser eux-mêmes de ces gens-là, avant qu'il soit trop tard.
JG Malliarakis
Apostilles
- Il l'a dit d'ailleurs dès le lendemain du premier tour de la présidentielle cf. cet article du 28 avril. ⇑
- Complaisamment médiatisées et répétées ⇑
- Auquel mon petit livre "Pour une libération fiscale"a la prétention de répondre.⇑
- Le 11 avril sur RTL.⇑
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Françaises, français, et toutes les pièces rapportées! Merci pour votre confiance!
Depuis que je suis été élu par vous, la minorité jalouse, j'ai décidé de n'emprunter qu'aux riches! Car ils sont méchants et voleurs! Na!
Bon, au pays des bisounours, les solutions sont toujours simples...
La fille Delors, du nanan...
Par contre, je porte à votre connaissance deux faits têtus : les cotisations Ircec, Ircantec, et Agessa sont majorées (1 à 2 %) depuis la semaine qui suivit les résultats de la Starac élyséenne.
Bon, ben déjà c'est pas les riches là qui trinquent, que je sache... Je survis en tant qu'artiste non salarié, droits d'auteurs et royautés (beûrk), je paye le pot donc.
Deuxio : j'ai un copain employé à la mairie d'Elancourt (maire : Fourgous) qui touche 2400 neuros par mois (oui, par mois) pour 35 h de " boulot" dont environ 15h de glandouillette.... Voilà.
Je vous laisse débattre là-dessus.
Rédigé par : minvielle | mercredi 06 juin 2012 à 12:36
Bonsoir ! Je viens de recevoir les petits papiers pour les législatives. Je peux dire que j'ai le choix. Voyez plutôt : pas moins de 5 candidats communistes (vous lisez bien: les étiquettes sont "PCF", "Communistes, parti révolutionnaire créé en 2002", "NPA", "Lutte Ouvrière" et "Parti Ouvrier Indépendant"), 1 candidate FN, 1 candidat UMP/Nouveau Centre, 1 candidate PCD, 1 candidat MODEM, 1 candidat CNIP/MPF, 1 candidate PS, 2 candidats écologistes, 1 candidat estampillé "Parti Pirate" (là encore, vous lisez bien...). Pardonnez-moi la longueur de cette liste, mais ce n'est vraiment pas ma faute. Je crois que c'est symptomatique du caractère essentiellement fiscaliste et démagogique de la quasi-totalité des candidats à la députation. Du coup, j'hésite fortement entre aller à la pêche (pas aux voix) ou visiter un musée plutôt que d'aller voter (je sais, c'est pas bien, mais bon...). Amicalement, Pierrot
Rédigé par : Pierrot de la Luna | mercredi 06 juin 2012 à 21:44
Ce n'est pas sympa de proposer de nous la renvoyer d'urgence à Lille. On a fini par s'y faire, à ses absences de maire qui allait bosser rien que pour les Lillois et comme c'est un peu moins pire que quand elle est là...!
Mais bon, on va se dévouer pour que Flanby ne souffre pas trop.
Rédigé par : VXLV | mercredi 06 juin 2012 à 23:22