Déjà les sondages anticipent un désamour pour la gauche. Cette tendance, qui ne laisserait plus que 40 % d'opinions favorables à l'équipe dirigeante, semble voué à s'accentuer après les élections législatives. Et parmi les scénarios les plus vraisemblables, on doit s'attendre à une rupture, dès cet été entre les gens du gouvernement et les organisations syndicales.
Hier un ami me disait en souriant : "pas plus que son mentor Mitterrand, Hollande ne doit être considéré comme un véritable homme de gauche". Qu'entendait vraiment mon interlocuteur sous cette appellation, l'entretien ne devait pas permettre de l'élucider. Il conclut lui-même : "le seul président de gauche qu'a connu la France s'appelait Jacques Chirac". Pas entièrement faux.
Cela n'empêche pas, à mes yeux, le pouvoir de Monsieur Hollande de représenter un péril. Il risque même peut-être de se révéler plus sérieux encore puisque, pour se donner des apparences progressistes, il s'apprête à commettre diverses atteintes à une tradition qu'il exècre. Elles seront conçues, et elles ont été préparées, comme plus ou moins irréversibles, sur les divers terrains de cette décadence culturelle et morale de l'Europe qu'on fait passer pour expression de la modernité. Cela ne lui coûtera guère quant aux finances publiques à court terme. Et cela permettra de se contenter de rares miettes sur le plan social.
Qu'il s'agisse de l'augmentation du SMIC ou des plans sociaux, de la relance des projets fédéralistes européens, les difficultés vont très vite s'amonceler qui ne permettront pas au nouveau pouvoir de demeurer longtemps dans le flou.
Il faudra trancher, et malgré toutes les circonvolutions de la réunion informelle de Bruxelles, en attendant les décisions du Conseil européen de la fin juin, le gouvernement de Paris s'il ne fait ouvertement de concession à Frau Merkel, devra faire appel aux bailleurs de fonds internationaux.
Mutuellisation de la dette ou pas, évolution vers une plus contraignante administration européenne ou pas, guerre à la finance ou pas, le Trésor public parisien doit emprunter cette année officiellement 180 milliards d'euros.(1)⇓
Rappelons par ailleurs que d'autres structures épongent les déficits des administrations publiques françaises, et qu'elles empruntent aux mêmes marchés avec la garantie de l'État central : ainsi la fameuse CADES. Cette merveilleuse invention du plan Juppé est supposée "amortir la dette sociale", et, en réalité, elle sert surtout à la camoufler.
Les conséquences de tout cela vont peser sur les alliances au sein de l’actuelle majorité présidentielle, et sur les contours de la future majorité parlementaire, si les coalisés l'emportent.
On a beaucoup daubé ces derniers jours sur l'alliance conclue avec les écologistes et sur l'indécente boulimie ministérielle de ceux-ci. Rappelons que cette indiscrète structure groupusculaire est passée de son succès des élections européennes de 2009 où ils avaient fait 16,3 % pratiquement autant que le parti socialiste, au score de 2,3 % du scrutin présidentiel de 2012. Elle n'a pas complètement intériorisé encore le rapport de forces réel dans le pays.
Beaucoup moins attendu par les gros médiats, annoncé seulement par quelques esprits chagrins toujours préoccupés de la non-repentance du communisme, le réveil marxiste a su jouer de l'artifice d'un candidat unique. Il n'a pas été attisé par la crise. Il est simplement réapparu sur les décombres de l'extrême gauche : disparition de Pierre Lambert chez les trotskistes, essoufflement du jeune successeur de Krivine, retraite d'Arlette Laguiller. Le parti communiste a su habilement jouer dans l'ombre de l'agitateur Mélenchon, citron qu'il s'apprête, certes, à jeter à la première occasion et qui devrait savoir se ranger sagement le moment venu.
L'intéressé l'a d'ailleurs parfaitement compris et probablement accepté. Il a annoncé lui-même, à de nombreuses reprises qu'il ne ferait que "soutenir le mouvement social". Cela définit son rôle et celui du groupe communiste au sein quel il siégera si les électeurs du Pas-de-Calais se laissent prendre à sa rhétorique. Réconcilié avec les héritiers du vieil appareil stalinien, il se bornera à prendre la parole à l'Assemblée nationale pour justifier les grèves, les actions et les revendications de la FSU dans l'administration appelée "éducation nationale" et de la CGT dans les entreprises publiques, les ports et les grandes usines où elle reste fortement implantée.
Au moment où ces lignes sont écrites un lecteur, certainement occasionnel, demande, de façon presque providentielle : "Pourquoi toujours revenir sur les 200 millions de morts du communisme quand on sait que le capitalisme en a fait tout autant et peut-être plus, mais eux on les cache et on en parle beaucoup moins."
Une telle intervention ne s'invente pas.
Toujours poli, je lui poste donc la petite réponse suivante. Je l'emprunte à Georges Marchais : "bonne question, merci de l'avoir posée". Vous nous montrez en effet par votre propos lui-même qu'il faut rappeler aux Français ce que signifiait le mur de Berlin."
Et pour la petite minorité de ceux qui savent et aiment lire, il faut redécouvrir la Sociologie du communisme de Jules Monnerot. (2)⇓
JG Malliarakis
Apostilles
- voir chapitre "l'Étau budgétaire de 2012" in "Pour une libération fiscale", à commander en ligne sur le site des Éditions du Trident ou par correspondance 39 rue du Cherche-Midi 75006 Paris, au prix de 20 euros franco de port.⇑
- cf. "Sociologie du communisme" rééditée en 3 volumes que les lecteurs de L'Insolent peuvent nous commander par correspondance 39 rue du Cherche-Midi 75006 Paris, au prix de 60 euros franco les 3 volumes (chaque tome 20 euros). ⇑
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