Premier constat : si l'on daignait observer le nombre de votes blancs et nuls, on remarquerait qu'il est passé de 701 000 le 22 avril à 2 125 000 le 6 mai. Le gain égale 1 400 000 suffrages. Il se révèle supérieur à l'écart des deux candidats. Il permet de mieux mesurer le nombre d'électeurs qui se sentent effectivement rejetés par une partie des droites sans vouloir adhérer à la gauche.
En face, le candidat du centre gauche n'a nullement craché sur les 613 000 voix des deux militants trotskistes. Ayant obtenu 1,7 % à eux deux, ceux-ci représentent un peu moins que les précédents. Néanmoins la marge majoritaire de l'heureux élu s'en trouve grignotée d'autant.
Savoir tourner la page suppose au moins de l'avoir lue. On doit donc certes rendre cet hommage au président sortant qu'il a tiré, pour lui-même avec dignité, les leçons de la défaite. Celle-ci doit être tenue cependant pour fort honorable, si on la rapporte à toutes les avanies que lui ont infligées les médiats depuis 2007, à commencer par ceux de son propre camp.
Inutile d'épiloguer par conséquent sur les erreurs personnelles liées au style d'un homme.
Interrogeons-nous plutôt sur les carences structurelles de la majorité sortante. Elle demeure tributaire de l'héritage gaullo-chiraquien des technocrates qui la composent ou qui l'inspirent encore. Jamais ces gens n'ont su rompre avec le poids de l'étatisme. Aggravé depuis 30 ans par toutes les phases d'alternance il pénalise le pays. Il avait encore été gravement alourdi par le plan Juppé de 1995-1997. Les prélèvements qui en résultent battent tous les records. L'invention perverse de la CSG a été multipliée follement depuis 20 ans. On notera qu'elle a encore été aggravée de manière continuelle, jusqu'en février 2012.
Sur le site internet du "Figaro", on pouvait consulter ainsi le 5 mai, les résultats d'un intéressant sondage. À la question "la campagne présidentielle a-t-elle répondu à vos attentes ?" (1)⇓, 22 615 lecteurs avaient alors donné leur avis, 285 publiant leurs réactions. Sur le site, les "oui" se comptaient moins de 22 %. Les "non" apparaissaient pour plus de 78 %. Le rédacteur de ces lignes s'est rangé dans la seconde catégorie. Hélas, en effet, il faut répondre à ces tests toujours ambigus afin de découvrir les statistiques s'en dégageant.
Or tout dépend de ce que l'on entend par "attentes".
Car, pour dire le vrai on pouvait d'emblée "s'attendre" à la pauvreté des choix offerts, à l'étroitesse des catalogues et au caractère strictement binaire de l'affrontement.
Le summum de la déception de beaucoup, pourtant prévisible, fut atteint lors du dialogue de sourds du 2 mai.
Croit-on vraiment que les mérites respectifs des deux protagonistes résiduels de ce scrutin ont dès lors pesé plus de quelques grammes dans nos consciences ?
Imagine-t-on qu'en dehors de quelques très jeunes gens déculturés par les médiats et par l'absence d'éducation étatique, la masse de la population française ignorerait tout des choix les plus simples entre le parti de l'ordre et celui du désordre ?
Ce système ne peut que marcher, lentement mais sûrement sur la voie de sa décadence, à peine moins rapide que celle de la démocratie athénienne après la mort de Périclès.
Positions fugaces, postures douteuses, propositions jetables, une campagne électorale assume toujours cependant de très anciennes racines.
Le sentiment de frustration résultant des promesses non tenues compte en général au moins autant dans le désarroi du camp perdant que le glissement beaucoup plus lent des opinions profondes dans la détermination du parti vainqueur.
La formule plébiscitaire de la cinquième république ne fait qu'en dramatiser et en caricaturer les contours.
On a évoqué avec emphase le renversement électoral de Paris qui vote à 55 % pour le candidat de gauche pour la première fois depuis que le chef de l'État est élu au suffrage universel, c'est-à-dire depuis 1965. Mais curieusement, et en dépit d'une évolution sociologique considérable, la géographie politique de la capitale est revenue au découpage de 1848 (2)⇓.
La droite comme la gauche remontent, l'une et l'autre, à beaucoup plus loin que ne semblent l'imaginer les commentateurs agréés. Elles prennent leur source la plus repérable, s'agissant de la France, à la fin du XVIIIe siècle. Dans d'autres pays on retrouvera des partis formés bien avant. En Angleterre les tories, aujourd'hui au pouvoir, et qui viennent encore de l'emporter à Londres, sont apparus à la fin du XVIIe siècle. En Italie la lutte du XIIIe siècle, et dans chaque cité, entre guelfes et gibelins se retrouve toujours présente. En Allemagne la guerre des paysans du XVIe siècle a laissé des traces, etc.
Ce matin encore on feint d’ignorer les mouvements électoraux, que l'on doit analyser par bureaux de votes.
Pour une fois certes les sondages avaient prévu quelque chose qui ressemble au résultat. Bravo.
Mais la critique légitime de ces enquêtes, et plus encore celle des utilisations de leurs pourcentages demeure. Elle devrait d'abord porter sur leurs méthodes. Issues d'une sociologie rustique, d'inspiration marxisante, elles veulent voir de manière dominante les prétendues catégories socioprofessionnelles du chef de ménage. Et elles sont encore aggravées par l'utilisation de l'annuaire téléphonique. Une dérisoire naïveté consiste à tenir pour sincères et profondes toutes les réponses obtenues. On croit ainsi savoir que plus de 20 % des votants se sont décidés dans l'isoloir. Mais d'où vient leur décision ?
Nous ne savons que trop, pourtant, le poids du passé dans nos conditionnements, dans notre manière d'appréhender l'avenir.
Cette chronique se propose de fournir un certain éclairage à ses lecteurs sans adhérer à aucun parti. Elle ne cache pas sa préférence pour certaines idées. Et, de toute évidence, celles-ci se retrouvaient plus dans une partie des thèmes de propagande de la droite institutionnelle que dans celles du candidat Hollande.
On ne se ralliera donc pas plus ici aux nouvelles équipes qu'on ne s'alignait sur les précédentes.
La liberté de manœuvre dont les utopies gauchistes disposeront dans les semaines à venir va jouer un rôle déterminant. La vérité du nouveau pouvoir risque fort de se révéler après l'élection de l'Assemblée nationale les 10 et 17 juin. Les mauvaises surprises s'accumuleront sans doute pendant l'été.
Tout le monde redoute à juste titre un surcroît d'impôts. Il pèsera sur tous les Français. Les matraquages médiatiques à prétention pédagogique des dernières années tendront à les justifier, dans un premier temps, auprès de l'opinion. Ils rendent donc d'autant plus nécessaire une riposte en faveur de cette libération fiscale et sociale (3)⇓, pour laquelle il faut militer.
JG Malliarakis
Apostilles
- Mis à jour le 4 mai 2012 à 18 h 14, chiffres arrêtés le 5 mai à 12 h 32.⇑
- Rappelons ceci : rédigé par Marx en 1850, et publié initialement à Londres dans la fameuse revue "Neue Rheinische Zeitung" le texte connu sous le titre de la brochure de 1895 les "Luttes sociales en France" a le mérite de souligner l'importance du problème. La conception de la "dictature du prolétariat" repose sur le retournement entre février et juin 1848 de la "petite bourgeoisie" parisienne. .⇑
- Le 14 mai je présenterai mon livre "Pour une libération fiscale"aux amis du Café Liberté qui se réunissent à leur habitude le lundi à 20 heures au café Le Luxembourg, 58 Bd Saint-Michel, 75006 Paris (croisement avec la rue Monsieur-le-Prince, M° Luxembourg).⇑
Ce fut une campagne à charge contre le président sortant, dans laquelle le pouvoir médiatique a mis une force et une virulence hallucinante. Il en résulte une élection par défaut. Tout de qu'il reste à souhaiter, c'est que la situation politique et économique se dégrade au plus vite avant que la nouvelle bande organisée n'ait le temps de prendre des mesures catastrophiques pour la nation.
Rédigé par : Hubert Marchadier | mardi 08 mai 2012 à 12:35
Effectivement l'internationaliste n'a pas craché sur les votes trotskistes : ils sont main dans la main.
Dès que les capitaux refuseront les demandes de France Trésor pour obtenir des Euros, Méchanlon et ses affidés pourraient bien s'opposer à une politique de rigueur du P S ; et fournir un prétexte pour nous faire sortir notre peuple de l'Europe : ce seraient des décennies d'efforts rayées d'un coup.
Craignons que tout ce qui affaiblit les peuples européens sera exploité par ces ennemis des patries ; de la même façon que les banksters et leurs relais mondialistes : OMC, FMI, ONU, TIP, UNESCO, depuis des décennies. Au FMI Mme Lagarde s'y emploie très activement déjà depuis des mois.
La ruine du rapprochement franco-allemand sonnerait alors le glas de la France, alors que tout restait possible : " Pays ruiné échangerait participation à ses industries d'armements contre aides pour le réindustrialiser "
Dans un tel scénario catastrophe pour la France, le Royaume-Uni pourrait sortir du bois et prendre la place de Nicolas auprès de Angela.
Ce silence actuel des zénarques socialistes sur la défense des peuples européens m'apparait assourdissant, pire : leur renoncement (retrait précipité de l'Afghanistan) augure d'une trahison. Une de plus.
Rédigé par : sparte | mardi 08 mai 2012 à 15:49
Avec autant de votes blancs ou nuls, il n'y a pas de quoi pavoiser !
Ajoutez à cela ceux qui ont voté pour Hollande pour ne plus avoir Sarkozy... que lui reste-t-il comme voix "pour" ? 40% ? Un bon tiers ?
Au moins là, le PS n'a pas été pris de court et ne va pas mettre n'importe qui comme ministre.
Rédigé par : ANKOU | mercredi 09 mai 2012 à 09:14
Rappelez-vous : il y a eu la même campagne haineuse contre M. Giscard d'Estaing en 1981 !
Rédigé par : c duchatelet | jeudi 24 mai 2012 à 14:07