Je commence donc par son aspect anecdotique, lié à un succès fort sympathique du cinéma français. Il vient d'être gratifié pour la première fois de son histoire d'une pluie d'Oscar à Hollywood. J'imagine donc, sans lui vouloir de mal, que le très talentueux comédien Jean Dujardin ne l'avait pas prévu et que pendant un an ou deux il va recevoir des cachets exceptionnels qui tomberaient peut-être, je le lui souhaite sans en désirer la circonstance, si Hollande était élu et s'il pouvait mettre ses menaces à exécution, sous le coup de cette tranche exceptionnelle, absurde et sans autre efficacité.
Ne croyons pas que les vedettes du podosphère la ressentiraient ni avec la même intensité, ni de la même manière : leurs salaires très élevés durent une dizaine d'années, en vue desquelles leurs réseaux professionnels et syndicats sont organisés. Du reste leurs homologues du chaud-bise savent eux aussi s'expatrier fiscalement, au bout d'un certain temps. De plus il semble bien que les contrats de ces sportifs prévoient des clauses de rémunérations nettes, mettant les hausses d'impôts à la charge de leurs employeurs.
La délocalisation juridique personnelle continuerait pour eux tous, par conséquent sa marche lente, mais inexorable, entamée depuis que la république jacobine s'est muée plus ou moins volontairement en enfer fiscal.
Frappant par surprise les gains exceptionnels déclenchés par des prestations spectaculaires dont tout un pays tire, finalement profit, elle dénote une attitude contre productive, hélas trop courante.
Prenons le cas de quelques patrons de grands groupes industriels et financiers dont certains encaissent, parfois, des primes choquantes : la véritable question porterait plutôt sur la légitimité, parfois sur la légalité, sur le concept même de l'abus de biens sociaux, autorisés en catimini par des conseils d'administrations de complaisance, de ces profits de dirigeants ; non sur leur reprise par l'impôt.
Si par malheur, par exemple, la famille Peugeot perdait complètement tout contrôle de PSA, ou si trois ou quatre mauvaises années supplémentaires affectaient l'indépendance du groupe, actuellement fragilisée, toute une partie de la Franche-Comté en souffrirait. Vaut-il mieux une dynastie encaissant certes des dividendes héréditaires et une direction fortement intéressée à des résultats brillants ou quelques impôts supplémentaires qui seront gaspillés en redistributions éphémères ?
Je crois connaître la réponse des ouvriers de Sochaux, des ménagères de Montbéliard, des commerçants et artisans, et même, au fond d'eux-mêmes de la plupart des cégétistes. Elle ne convient peut-être pas à l'idéologie de gens comme Hollande. Les bureaucrates n'ont jamais travaillé dans l'économie productive de biens ou de services. Ils n'ont jamais établi une facture, ni attendu son règlement, jamais déclaré de TVA, jamais pointé à l'usine et probablement jamais, non plus, ni trait une vache, ni vendangé une vigne, ni bouchonné un cheval.
La surprenante proposition de François Hollande, non prévue dans ses divers programmes précédents, d'une taxation à 75 % des revenus excédant 12 millions par an soulève donc évidemment, d'une manière que l'on ne doit ni contourner ni feindre d'ignorer plusieurs types de questionnement.
Le premier touche à la nature même du débat. L'élection présidentielle doit-elle remettre en question tous les cinq ans certains choix fondamentaux qui font, par exemple, que la France, comme l'ensemble des 27 pays de l'Union européenne, a tourné le dos au socialisme étatique, et que la seule expérience esquissée en 1981, s'est achevée d'elle-même en 1983 par le désastre interne du gouvernement Mauroy ? On peut certes jouer à ce jeu régulièrement : il ne faudra pas s'étonner si ceux qui refusent d'y jouer fuient cette insécurité juridique, et cessent d'investir en France. Rappelons que le traité de Rome, signé en 1957, bien avant et même bien plus que celui de Maastricht négocié en 1991, permet ce choix non seulement aux Étrangers, mais aux Français.
Le second porte sur le sérieux de la démarche en général de ce candidat et des gens qui lui ont confié un mandat de défendre leurs couleurs. Connu pour ses facéties, parfois drôles, le personnage ne semble pas avoir tiré les leçons de l'échec de Mme Royal en 2007. À force de foucades de ce genre elle était parvenue dans son propre camp à faire le vide autour d'elle. Et on doit se demander désormais quelle sorte de confiance peut encore exister, non seulement entre la masse électorale et le chef de file de la gauche, mais surtout entre celui-ci et sa propre garde rapprochée. La réaction de Jérôme Cahuzac, président socialiste de la Commission des Finances en dit long sur ce que précisément leurs autres camarades peuvent éprouver.
Il apparaît par ailleurs, de ce fait, une foule d'autres angles de réflexion pour enrichir cette idée de libération fiscale que j'oppose à celle de révolution fiscale de Piketty et consorts.
M'investissant désormais exclusivement, pour une dizaine de jours encore, sur la finition de mon petit bouquin de la Libération fiscale, je livrerai ici en pièces détachées ces nouvelles réponses auxquelles me condamne Lolo le démago. Tant pis pour lui.
JG Malliarakis
A ce propos les médiats citent depuis le début de la semaine le précédent de Roosevelt qui aurait porté le taux d'imposition à 91%.
Voir l'analyse de ce mensonge par Charles Gave : http://bit.ly/zK9n0Y
Rédigé par : Georges | jeudi 01 mar 2012 à 14:37
Permettez moi d'apporter une petite correction concernant le montant annuel des gains qu se verraient de fait soumis à taxation ; je suppose qu'il s'agit d'un simple oubli d'une petite virgule séparant le 1 du 2, ramenant la somme à 1,2 millions d'euros annuel.
J'espère ne pas dire de bêtise, mais n'y aurait-il pas dans cette mesure, visant une catégorie bien précise de personnes, matière à procédure auprès de la cours de justice européenne du Luxembourg pour discrimination quant à la fortune, tel qu'il en est fait mention dans l'article II 81, de la charte des droits fondamentaux, chapitre II de la constitution européenne intitulé "Non- discrimination", et fort probablement repris tel quel dans le texte du traité de Lisbonne,laquelle charte des droits fondamentaux fut ratifiée par le parlement européen ( avec l'approbation du PSE auquel est affilié Mr Hollande ) en décembre 2007.
Peut être une suggestion à faire à ceux des futurs taxés en cas de victoire Hollandaise, et qui par "patriotisme économique" si cela existe encore chez ces gens là ( il y aurai de quoi ne plus l'être patriote, avouons le ! )voudraient néanmoins rester au pays sans pour autant se faire rançonner par l'état.
Rédigé par : Claude | jeudi 01 mar 2012 à 22:41
C'est bizarre que tout le monde se focalise sur ce taux de 75% en disant que cela touchera que quelques milliers de personnes ! Les socialistes ne se priveront pas de mettre des taux intermédiaires entre les 45 ou 50% annoncés pour 150000 € et les 75% pour 1 million d'€. Si bien qu'à partir de 150 000 € il y aura à nouveau des tranches jusqu'à 75% et ce sera alors des centaines de milliers de foyers qui seront touchés. Ceux là qui réussissent et aident tous les autres en leur donnant du travail. Quand les gros maigrissent, les autres périssent...
Rédigé par : Pierre | vendredi 02 mar 2012 à 11:27
en cas de victoire de l'étranger (la victoire Hollandaise selon Claude ) il sera amusant de noter si l'homme-le-plus-aimé-des-Français reviendra vers ceux qu'il dit aimer, puisqu'on sait qu'il était parti ailleurs pour des considérations en réalité fiscales.
LOL
Rédigé par : Dominique Dutour | vendredi 02 mar 2012 à 12:56
Petites remarques à l'attention de l'auteur du commentaire précédent
Ayant raté un épisode je voudrais savoir
1° qui est "l'homme-le-plus-aimé-des-Français" ? M. Yannick Noah peut-être ?
2° de quel "Claude" s'agit-il ?
3° l'abréviation "LOL" est inconnue des utilisateurs du Littré.
Rédigé par : Emile Koch | vendredi 02 mar 2012 à 13:10