Appliquées à des situations, des traditions et des nations différentes, les mêmes lois et les mêmes tendances se traduisent parfois par des faits dissemblables dont on doit discerner les racines et les causes communes.
Des deux côtés de l'Adriatique, à l'automne dernier, l'évolution politique a ainsi été perçue et traitée sous l'angle culturel des deux peuples : à Rome la commedia dell'arte, à Athènes l'antique tragédie.
Nées en Italie en 1960 (1)⇓ les formules de "l'arc constitutionnel", excluaient la droite nationale et faisaient la part belle au parti communiste. Ces combinaisons ne sont mortes qu'avec le coup d'arrêt donné en 1993.
En Grèce les dérives du même ordre étaient apparues après 1974. Elles se sont enfin interrompues en 2011 du fait de la crise et de la nécessité pour le pays d'un programme crédible, à la fois, de rigueur budgétaire et de relance économique.
En novembre 2011 sont dès lors apparus, en Italie autour de Mario Monti, en Grèce autour de Lucas Papadimos, deux gouvernements de coopération nationale. En Espagne Mariano Rajoy, après une écrasante victoire de son parti populaire le 20 novembre, constituait en décembre un ministère adossé à une nouvelle majorité conservatrice balayant huit années de socialisme. Dès les élections de mai, le Portugal avait précédé la nouvelle mode, donnant une forte majorité aux deux partis du centre droit. Cette volonté générale et nécessaire de l'Europe du sud de sortir des héritages socialistes se base un peu partout sur une acceptation beaucoup plus large que ne le disent les médias.
Vues de près, les situations politiques s'inscrivent dans les méandres des intrigues, des ambitions et souvent des malentendus. Le regroupement des forces qui s'opposent à la gauche doit toujours être salué par les défenseurs de la Liberté, à l'exacte proportion des insultes dont on les accable toujours. Je ne manquerai pas ici de me féliciter que depuis l'automne le tabou de la participation de la droite de conviction soit tombé.
La crise grecque impose évidemment des révisions très dures. Elles se traduisent par des sacrifices et des humiliations à la limite du supportable.
On doit ainsi constater qu'elle aura été complètement caricaturée depuis des mois par les professionnels de la désinformation. Cyniquement alliés aux spéculateurs, acquéreurs de CDS à découvert, pariant sur le défaut de paiement, les désinformateurs ont voulu présenter les mouvements dits d'indignation, et les actes extrémistes de groupuscules gauchistes, réprouvés par les dirigeants syndicaux eux-mêmes, pour l'expression du sentiment populaire.
Le peuple grec est à l'évidence soumis à rude épreuve matérielle mais aussi psychologique. Observons quand même, au vu des chiffres réels de manifestants qu'il ne se trompe pas sur les responsabilités politiques.
Ainsi les plus récents sondages d'opinions publiés ces derniers jours à Athènes, donnent certes 11 % des voix au parti communiste. C'est beaucoup trop, mais on doit comparer ce pourcentage avec les 9 % attribués au candidat Mélenchon en France. On peut mettre cette poussée au débit des technocrates et des manipulateurs cités plus haut.
Mais les études d'opinion placent aussi en tête la droite avec 11 points d'avance sur le parti socialiste, effectivement discrédité. Les projections de sièges à l'Assemblée donnent ainsi une majorité aux droites, — si elles acceptent de s'unir. (2)⇓
À Paris, les officines habituelles de la paranoïa ont sombré depuis novembre dans un contresens absolu en faisant semblant de voir dans la formation du gouvernement d'entente nationale de novembre 2011 la prise de pouvoir par les financiers de Goldman Sachs [certes nuisibles].
L'Europe n'est donc pas seulement confrontée à la crise des dettes. Elle n'est pas encore parvenue à surmonter les fausses valeurs éminemment mensongères de la sociale démocratie.
À Madrid, le retour au pouvoir de la droite a d'abord sanctionné la faillite du gouvernement Zapatero. Mais elle a aussi rétabli une tendance longue, interrompue par surprise au lendemain de l'attentat du 11 mars 2004 à la gare d'Attocha.
On assiste, au bout du compte et en vérité, dans un nombre grandissant de pays de l'Union Européenne, non seulement à un rejet du mythe de l'État Providence mais à la consolidation d'une volonté politique majoritaire. Et ceci se traduit par la réintégration de la droite de conviction dans les équipes gouvernementales.
Cette nouvelle donne ne s'est pas effectué en un jour.
Cela ne s'affirme pas sans criailleries de la presse du « cœur à gauche ». Les professionnels de la bonne conscience y hurlent comme des cochons qu'on égorge à l'hypothèse d'une alliance qualifiée d'impure entre la droite et ce que l'on appelle « l'extrême droite », sans que jamais ne soit définie la frontière séparant les deux concepts.
On connaît bien en France depuis les années 1990 cette démarche fabriquée à l'époque Mitterrand. Le règne calamiteux de celui-ci n'a pu s'instaurer et durer que par la division artificielle de ses adversaires. Elle ne se contente pas de friser l'imposture elle en fait son métier. Les deux mandats de Chirac (1995-2007) auront marqué l'apogée du dispositif, machine à perdre pour les droites, consolidation de la rente pour les gauches minoritaires.
On doit se souvenir qu'à l'époque du gouvernement Jospin, mais avec l'appui de Chirac, spécialiste de ce genre d'interventions outrecuidantes, la république jacobine n'avait cessé d'interférer dans le gouvernement de l'Autriche cherchant à mettre celle-ci au ban de l'Union Européenne. Si on l'avait écouté, et si l'on avait continué sur cette lancée, c'est probablement 10 ou 12 pays, de la Slovaquie au Danemark, de la Hollande à la Pologne, qu'il aurait fallu ostraciser.
Or, on reconnaîtra que depuis l'élection de 2007, le ton s'est radouci à Paris, mais il reste encore pas mal de chemin à accomplir, et même énormément, si l'on veut sortir du "politiquement correct".
Partout, le revirement silencieux s'est opéré, notamment parce que la marche des choses internationales l'impose. Et elle l'imposera de plus en plus.
-JG Malliarakis
Apostilles
- Avec le renversement du Gouvernement Tambroni.⇑
- On doit donc situer les déclarations de Makis Voridis dans une telle perspective. Actuel ministre des Transports, figure bien connue de la droite militante anticommuniste, élu de l'Attique en 2009 sous l'étiquette du "Laos" national-orthodoxe, il n'avait cessé depuis de défendre au parlement, avec le courage et le talent qu'on lui connaît, un programme de diminution des dépenses et de rigueur. Entré au gouvernement en novembre, il avait accepté de voter le mémorandum du 12 février. Le 17 février il soulignait ainsi : "En ces moments extrêmement cruciaux, ce qui doit être garanti, c'est une grande formation politique libérale, patriotique et crédible, qui puisse non seulement d'une part négocier de manière efficace face aux créanciers, mais qui d'autre part puisse garantir aux citoyens que le développement viendra. Antonis Samaras [chef actuel de la droite] a pris des décisions difficiles, j'ai senti que je devais me tenir à ses côtés".⇑
Un peu partout dans le sud de l'Europe des gouvernements responsables tentent de sortir leurs pays du socialisme.
Mais en France on n'en voit pas le début du commencement.
Rédigé par : Jacques Peter | lundi 20 fév 2012 à 14:24
Une voix discordante fait toujours plaisir, mais peut-on savoir pourquoi le Laos a quitté la coalition ? Quel est le calcul exact ?
Rédigé par : Martin Peltier | lundi 20 fév 2012 à 16:36
Officiellement Karatzaféris, lors de la réunion dramatique des chefs de partis, qui a précédé le vote du 12, n'a pas accepté certaines clauses effectivement très dures (notamment celles relatives aux retraites). Ses déclarations invoquent la souveraineté du pays.
Je pense que la présence de son parti n'était, au fond, guère désirée par les socialistes, compte tenu des pressions et ramifications internationales. Le soutien des 14 députés qui l'ont suivi lorsqu'il a refusé de voter, dans la nuit du 12 au 13, n'était d'ailleurs pas nécessaire [le vote a été acquis, sans eux, par 199 voix sur 300].
Makis Voridis a été maintenu ministre parce qu'il réalise depuis des semaines un boulot très important sur le terrain.
À terme, il semble que l'accord de la Nouvelle Démocratie avec le Laos, et avec l'Alliance démocratique de Dora Bakoyannis, soit la seule majorité qui puisse sortir des urnes.
Tout l'enjeu du problème évoqué dans la chronique de ce jour consiste à permettre, en Grèce comme ailleurs, une telle alliance.
Rédigé par : JG Malliarakis | lundi 20 fév 2012 à 16:56
Merci
C'est bien envoyé!
Claude Mennessier
Rédigé par : Claude Mennessier | lundi 20 fév 2012 à 19:27
Oui, tout cela c'est très bien, mais je pense qu'il est un peu facile d'incriminer tel système de pensée pour expliquer la déroute des finances.
Je pense que les bonnes volontés sont solubles dans le goût de l'argent et le mépris des peuples en général, alors qu'importe l'ivresse, pourvu qu'on ait le flacon!
La tyrannie de la possession et de l'outrage fait aux familles humbles me semble être plutôt le véritable moteur spirituel qui guide les âmes corrompues, alors que vos bons sens prêtent à croire que les solutions existent mais ne peuvent naître dans un tel terreau d'avidité.
Felix qui potuit rerum cognoscere causas disait mon pote Virgile chez Carrefour...
Rédigé par : minvielle | lundi 20 fév 2012 à 22:45
Je crois surtout que les dirigeants européens n'auraient jamais dû laisser entrer la Grèce (et autres pays)trop tôt dans l'Europe.Ils se berçaient de l'illusion "plus nous serons nombreux, plus nous serons forts" face aux USA et autres.
Je crois que la Grèce ne pourra jamais rembourser ses dettes. Souvenez-vous du diktat imposé en 1920 à l'Allemagne : elle auraitdû payer jusqu'en 1988 et ne le pouvait pas ayant de plus été privée de tous moyens de production et de commerce (voir KEYNES : "Les conséquences économiques de la paix" écrit en 1920). Elle sortira de fait de l'Euro et sa dette sera régulée par l'inflation.
Il parait que des sommes colossales ont été détournées par certains dirigeants grecs. Pourquoi aucune poursuite n'est engagée contre eux à ce jour ?
Enfin le pilonnage français contre l'Eglise Orthodoxe qui ne paye pas d'impôts a une odeur nauséabonde de Jacobinisme. Les églises et religions payent-elles des impôts en France. En particulier l'Islam subventionné, en contradiction avec la laïcité, et qui au contraire encaisse l'impôt de tous les français qui consomment halal.
Révolution française, les maux que tu as causés sont infinis.
La position économico-financière de la France n'est pas un modèle de gestion. Notre tour est proche.
Rédigé par : Louis DELAGARDE | mardi 21 fév 2012 à 06:17