En revanche son déplacement à Dijon le 6 février a ouvert une autre brèche dans la confiance que le milieu des éducateurs, une partie assez stratégique de ses électeurs potentiels, peut porter en son programme. Elle aurait dû consolider son avantage. Elle paraît plutôt l'avoir effrité.
Tirant le bilan de cette journée, Philippe Aymard, éducateur à Dijon et secrétaire régional du Snpes-PJJ, syndicat majoritaire dans la protection judiciaire de la jeunesse, ne cache pas sa déception :"Nous sommes en accord avec les principes affichés par François Hollande : priorité à la jeunesse, "aimer les gens", l’importance de la prévention, Mais nous sommes restés sur notre faim côté réponses précises. Quand un parti aspire à la présidentielle, on attend autre chose que des effets de manche sur les questions liées à la protection de la jeunesse." (2)⇓
Au Bourget le 22 janvier le candidat de la gauche avait, en effet, été fort applaudi lorsqu'il s'était exclamé : "Je ne tolère pas qu'un petit caïd avec sa bande mette une cité en coupe réglée". Restait à remplir une page encore à peu près blanche, celle des propositions concrètes et crédibles par lesquelles il envisage de transformer cette intolérance affirmée en réalité constatable.
L'organisateur du déplacement le sénateur-maire François Rebsamen, chargé du pôle sécurité au sein de son équipe de campagne avait pourtant bien fait les choses. Dès le 1er février, il avait réuni 400 personnes à Marseille et lancé les mots d'ordre : autour de ce qu'il appelle le "carré magique" : "prévention, dissuasion, sanction, réparation". Il s'était même taillé un gros succès en lançant : "Nous rétablirons la police de proximité". Et en même temps, afin de désengorger police et justice, on allait contraventionnaliser la consommation de cannabis. Un programme é-pa-tant.
On allait voir à Dijon ce que l'on allait voir. Au gré d'une visite "très cadrée" en territoire balisé, aux Grésilles, une zone urbaine sensible, le candidat de la gauche allait se montrer, enfin, fiable sur le terrain de la sécurité.
Les vents lui semblaient d'autant plus favorables que les professionnels de la protection judiciaire de la jeunesse, cible du déplacement, s'inquiètent assez légitimement. Depuis 2008, en effet, ce secteur a perdu 632 postes soit 7 % de ses effectifs. À ces préoccupations, pour sûr le grand homme de gauche réformateur que la France attendait depuis 15 ans devait apporter une réponse, devant son public acquis d'avance.
Mais le président parisien du Conseil général de Corrèze n'a guère convaincu. Quand on les voit de près, quand on vit les problèmes au quotidien, la langue de bois politicienne et les promesses creuses, cela ne pardonne pas.
S'il est élu le 6 mai, le candidat socialiste a ainsi cru de nature à rehausser son image de marque préventive et sécuritaire, de promettre le passage de 44 centres éducatifs fermés pour mineurs existant à ce jour, à 80. À noter que, jusqu'alors son parti était opposé à ces institutions.
De plus, le même François Hollande prétend agir à budget constant. Il faudrait donc transformer des foyers classiques en centres éducatifs fermés. Comme bien d'autres propositions hollandaises, elles s'alignent exactement sur ce que fait le gouvernement actuel : celui-ci s'apprête à reconvertir ainsi 20 établissements. Substituts à la prison, jugée criminogène, ces centres coûtent malheureusement fort cher : 600 euros par jour. En 2011, la loi Loppsi 2 les a élargis aux mineurs primo délinquants. En 2012, la gauche se propose donc de les doubler. Cherchez l'erreur.
Le hic, à l'arrivée, tient au fait qu'en l'absence de débouché professionnel, en l'absence d'insertion, en l'absence d'un suivi efficace, le résultat se révèle, exactement le même que celui de la prison : il se traduit par la récidive.
François Hollande a donc estimé que "le juge des enfants est la clé de voûte du système". Il énonce alors trois principes : "rapidité", "différenciation des placements en fonction du profil des jeunes" et "cohérence dans leur suivi". Et comment appliquer tout cela, quelle politique pénale, quel modèle éducatif en amont ? La suite de cette campagne le précisera sûrement. Nous resterons donc à l'écoute.
Mais le doute n'est certainement pas levé.
Le fonctionnement même de la rencontre semble avoir induit un malaise : la plupart des participants étaient des cadres et directeurs de la protection judiciaire de la jeunesse ou d’associations habilitées. L'un des assistants a ainsi déclaré : "Nous avons fait tapisserie, je ne sais même pas pourquoi on était là."
Geneviève Avenard, directrice d'une association habilitée qui suit quelque 4 500 jeunes en Haute-Marne et Côte-d’Or constate "on ne voit pas trop le lien entre ces principes et sa volonté de doubler les places en centre éducatifs fermé. Tout existe déjà, dit-elle, en matière de délinquance des mineurs, ce n’est pas la peine de légiférer mais il faut mieux articuler les différents acteurs." Le moins qu'on puisse dire c'est qu'avec le retour annoncé au flou artistique de l'ère Mitterrand on n'en prend pas le chemin.
Certes, à Dijon François Rebsamen a montré ce qu’est l'actuel infléchissement sécuritaire du PS. On a rebaptisé de la sorte [bonne] vidéo protection la [méchante] vidéosurveillance. Cela change tout. La ville dispose de 26 caméras, reliées à un centre de supervision urbaine, que François Hollande a visité. Sept employés municipaux s'y relaient 24 heures sur 24.
Mais quid de la machine à former des délinquants ? Ne comptons pas sur cette gauche molle et son capitaine de pédalo pour la casser.
JG Malliarakis
Apostilles
Ce faux mage de Hollande avec ses phrases creuses en forme de trou de gruyère! Son mental a fondu. Jospin avait déjà, avec force trémolo dans la voix, évoqué la "Sécurité" dans "sa" campagne. Sans résultat. Comme on dirait sans doute à un novice : les maladies!!!
Un délinquant mineur placé nous coûte 10.000 € par mois. Certains vont en vacances et n'en sont pas plus instruits ou cultivés pour autant. Un incendiaire de voiture paye rarement le véhicule brûlé (38.000 par an). Les gens se font insulter, provoquer, mépriser, et j'en passe. Alors cet imbécile a beau jeu de parler en l'air, le système lui permet d'être élu même avec des bla-bla. C'est pourquoi je trouve étonnant d'en trouver l'écho dans ces lignes acceuillantes.
Rédigé par : Minvielle-Sébastia | jeudi 09 fév 2012 à 21:22
Moi je le trouve plutôt bien Nolande .... ne fait il pas notre travail ?
et
je me demande même s'il n'est pas un sous marin de Nicolas ?
Rédigé par : Dominique Dutour | samedi 11 fév 2012 à 12:15