Si l'on se sentait décontenancé par les nouvelles du front à New York et dans l'attente des procédures judiciaires de Tripoli, on se surprenait, en cette matinée encore estivale et vacancière pour beaucoup, à explorer d'autres rubriques d'actualités, sans doute moins clinquantes. Or, un titre alléchant du Parisien ce 23 août n'a pas manqué d'attirer mon attention.
"Borloo, affirmait ainsi le journal, propose un plan de 20 milliards d'économies pour réduire le déficit".
Attractif, pour sûr,
Le président du Parti radical considère qu'il existe ce qu'il appelle "une alternative" à la rigueur. "On peut très vite revenir dans un système vertueux sans toucher aux revenus des ménages, ni à l'activité économique, ni aux prestations sociales, mais en taxant le capital et les très hauts revenus".
M. Borloo défend l'idée "d'augmenter tout de suite de 19 à 25 % le prélèvement forfaitaire libératoire qui s'applique au rendement du capital financier. Ceci rapporterait [au Trésor public, c'est-à-dire, une fois de plus, cela coûterait aux Français], à son estimation : deux milliards d'euros par an".
Comme s'il s'agissait de son idée personnelle, il s'affirme, comme on s'en serait douté "favorable à une nouvelle tranche d'imposition de 46 % pour les hauts revenus". Et "pour les très très hauts revenus, c'est-à-dire plus d'un million d'euros par personne", l'ancien ministre propose "une taxe exceptionnelle de 4 % pendant trois ans".
Pour les grandes entreprises cotées en bourse, il se prononce tranquillement en plus pour "une taxe de 2 % sur les bénéfices".
S'agissant des niches fiscales, le responsable radical-socialiste ci-devant UMP mais qui veut se faire passer pour "centriste" se proclame opposé à la suppression de celles touchant "les foyers". Ce personnage fait mine d'ignorer qu'en définitive ce sont toujours des ménages qui supportent le poids de la fiscalité.
Mais il propose de supprimer la déductibilité qu'il dit "réservée aux groupes qui vendent des filiales, qui sont exonérés de taxe sur les plus-values depuis 2004". Ceci vise en réalité le ministre du budget de l'époque, c'est-à-dire l'actuel secrétaire général de l'UMP.
"Cela n'affectera ni la croissance, théorise-t-il doctement, ni l'emploi, et cela rapportera au moins six milliards d'euros".
M. Borloo se rallie après tant d'autres bons esprits à la taxe sur les transactions financières. Il en demande la mise en place "avant la fin de l'année. C'est la seule activité, clame-t-il, qui n'est pas taxée ! Un tel prélèvement rapporterait 8 ou 17 milliards, selon le taux retenu".
Additionnant toutes ces hausses d'impôts, dont le caractère démagogique ne lui échappe peut-être pas, il chiffre alors son prétendu plan à "une vingtaine de milliards d'euros". Et il n'hésite pas à prétendre que celui-ci "permettrait de réduire le déficit autour de 3 % du PIB".
La seule baisse de dépenses à laquelle il invite le pouvoir ne toucherait habilement que ses détenteurs.
"Et pour montrer l'exemple", le rénovateur de l'imposture radicale socialiste propose que "symboliquement les membres du gouvernement et les parlementaires décident spontanément une baisse de 5 % de leurs revenus. Ce n'est pas cela, concède-t-il, qui va changer le déficit du pays, mais ça veut dire qu'on se mobilise et ça a valeur d'exemple".
Rappelons tout d'abord que "le même mec", comme aurait dit Coluche, avait siégé pendant près de dix ans dans toutes les combinaisons UMP. Numéro deux du gouvernement Fillon de 2007 à 2010, il n'a jamais donné lui-même l'exemple.
Remarquons surtout que la novlangue se porte bien. Voici ce qu'un lecteur du journal fait observer, à fort juste titre : "20 milliards d'économie en créant des taxes supplémentaires. La novlangue [est] a son plus haut. Et la baisse des dépenses, c'est pour quand ?"
Inutile je crois de paraphraser ici ce fort pertinent commentaire.
Recommandons plutôt au zozo Borloo, charlot et zigoto de se mettre à l'eau et de ne plus faire semblant d'envisager une candidature à la présidence de cette république finalement bien douce pour les charlatans de son espèce.
JG Malliarakis
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