Depuis plusieurs jours on communique, mais de façon hélas un peu trop vague, sur le dernier rapport de la Cour des comptes. Rappelons que cet organisme est aujourd'hui présidé par un député socialiste, Didier Migaud. Cet honnête diplômé de droit public, conseiller de Martine Aubry pour les questions fiscales, a été propulsé à cette fonction par la présidence de la république. Il s'agissait en février 2010 de remplacer la machine à perdre Séguin. Toute la classe politique s'était empressée de le porter aux nues, mort, après l'avoir presque unanimement détesté de son vivant. Au moins son successeur apparaît comme un opposant déclaré, tout en reprenant exactement le même discours. Pour tous ces personnages qui ont toujours vécu d'argent public le courage politique consisterait dans les temps à venir à augmenter les impôts.(1)
Le chiffre qui semble impressionner le plus l'opinion évalue à 1 646 milliards d'euros la dette "du pays". Et l'Insee considère, au 30 juin, que ce montant représente 85 % de ce qu'on appelle le produit intérieur brut. Les 2/3 figureraient au passif de l'État central parisien, si cette structure publiait un bilan. Les statisticiens nous assurent, par ailleurs, que les collectivités locales, de leur côté seraient entrées en voie de désendettement, cependant que l'émission de produits du Trésor alourdissait l'addition de 55 milliards nets au cours du premier trimestre. Si nous calculons de manière rustique, cela représente un rythme de 55 x 4 = 220 milliards de plus sur 12 mois. À titre de comparaison, la dette d'Athènes est évaluée aux alentours de 350 milliards. Soit 18 mois à ce rythme.
Les bons esprits saluent donc, sans doute, avec raison la nomination de Mme Lagarde à la direction générale du FMI. Peut-être surestiment-ils le rôle de cette institution. Son remplacement au ministère des Finances par François Baroin et l'arrivée de Valérie Pécresse changeront-ils fondamentalement le lancinant problème du déséquilibre des finances publiques de la république jacobine ? La réponse est non.
Un auditeur de Lumière 101, qui reconnaissant après moi [cette évidence](2) que "certes la Grèce n’est pas un paradis fiscal," essaye de m'expliquer que "mais on ne peut pas dire non plus qu’elle soit rigoureuse concernant le recouvrement des impôts directs," et, considère-t-il, "c’est tant mieux" etc. Habituellement, je ne gère pas moi-même les "commentaires" du site Lumière 101. Cependant je me suis cru obligé de répondre. Le cas de la Grèce ne m'indiffère absolument pas. En revanche je ne suis ni citoyen de très beau pays, ni contribuable, ni mobilisable dans cette armée, etc. Mes informations et mon attention peuvent paraître supérieures à la plupart de celles des commentateurs et informateurs agréés. Ceux-ci, en général ne cherchent pas à savoir grand-chose. Dans le meilleur des cas ils sollicitent l'avis des imprécateurs gauchistes ou misérabilistes locaux. Mais je ne prétends aucunement à une science totale.
En effet, la question que j’essaye d’aborder est tout autre. Il s’agit de savoir si on se tire du genre de situation évoqué plus haut, dans n'importe quel pays, en augmentant les taux d’imposition.
Ce correspondant évoque le recouvrement des taxes : il s'agit d'un autre paramètre. Contrairement à ce qu'il écrit je crois déplorable, sous n'importe quelle latitude, que l'impôt ne soit pas perçu dès lors qu'il est émis. Je ne formule, non plus, aucun pronostic. Mais je plaide en fait, au contraire des socialistes, et donc à l'inverse du président actuel de la Cour des comptes et, par conséquent au rebours de tous les strauss-kahniens, pour une diminution radicale de la dépense publique en France.
Je tiens aussi cette piste pour la seule voie de libération susceptible de sauver notre société de sa lente dérive collectiviste commencée dès le septennat de Giscard d'Estaing qui vit les dépenses augmenter de 7 points en 7 ans. Et cela continue régulièrement depuis 30 ans.
Ce pays-ci gaspille, aujourd'hui, 57 % de ses ressources annuelles en prélèvements et emprunts. La seule doctrine qui me paraisse convaincante pour le sortir du marasme conduit un moindre périmètre du secteur d'État, un tribut plus léger et une meilleure perception.
Techniquement l'évaluation des dettes d'un pays pose un certain nombre de problèmes. On peut les aborder de différentes manières. Le plus souvent, on se focalise sur les titres émis directement par l'État. Cela peut conduire à certains raisonnement aberrant, par exemple sur la situation des États-Unis qui certes ont accumulé depuis 10 ans d'importants déficits budgétaires, mais dont les créances sur le reste du monde demeurent considérables.
Fondamentalement la richesse d'une nation ne dépend de son État central et de son secteur public que d'une manière marginale, voire négative.
D'autre part, on doit tenir compte de l'ensemble des administrations publiques. Les fameux critères de Maastricht ont essayé d'intégrer ce concept. Mais celles-ci à leur tour sont souvent plombées par des engagements, des garanties, des participations dans l'économie mixte, des contrats mal négociés, des subventions récurrentes ressenties comme un droit, etc.
Tout cela compose une réalité dont on évite trop souvent de tenir compte dans le détail. Elle se précise cependant, dans toute sa lourdeur, le jour où se présente l'addition.
Globalement l'urgence pourrait devenir telle qu'il se révélerait périlleux de tenir les Français en 2012 dans l'ignorance des choix faits en leur nom. Ceux-ci sont opérés de manière trop discrète. Ils sont relayés par des discours trop démagogiques. La ruine de la démocratie athénienne n'a pas commencé à l'arrivée de Papandréou mais à la mort de Périclès, peut-être même avant. S'agissant de l'Hexagone un certain compte à rebours semble avoir commencé.
JG Malliarakis
Apostilles
- cf. L'Insolent du 18 décembre 2009 "La nuisance Séguin a encore frappé" ⇑
- cf. L'Insolent du 29 juin 2011 " Le fiscalisme ne sauvera aucun peuple"
À lire en relation avec cette chronique
Le titre de ce livre bleu "Pour une libération fiscale" en fait une réponse au livre rouge de l'équipe de gauche dirigée par Thomas Piketty "Pour une révolution fiscale". Paru en 2012, il soulignait alors les voies de réformes possibles de l'archaïque fiscalité française, appelant à une réduction de la dépense publique, quise révèle d'autant plus nécessaire 10 ans plus tard. Un livre de 202 pages au prix de vente 20 euros port compris.••• Les lecteurs de L'Insolent peuvent le commander : - par carte bancaire sur la page catalogue des Éditions du Trident - ou par un bon de commande à nous adresser avec un chèque de 20 euros à Éditions du Trident Publications JG Malliarakis 28 rue Le Sueur 75116 Paris -- Tel : (+33) 06 72 87 31 59.
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Bonjour, je ne vais pas faire régresser la dette publique, ni faire avancer le schmilblique, mais soit je comprends mieux, soit vous avez affûté votre plume.
Pas de flagornerie, mais je trouve cette article-ci si clair, et si concis, que je vais le faire suivre. Finalement, tout cela porte ses fruits... comme quoi écrire peut faire du bien.
Amitiés.
Rédigé par : minvielle | vendredi 01 juil 2011 à 13:34
Merci pour ce bon article.
La France se complaît depuis longtemps dans la spirale d'une faillite qu'elle ne veut pas s'avouer. Elle est dans une situation comparable à celle d'une entreprise qui travaille, produit et vend de moins en moins, ne cesse d'augmenter ses charges improductives et laisse le tiroir-caisse généreusement ouvert à tous les passants !
Et pour entretenir ce déficit structurel sans fin, ses dirigeants ne proposent pas d'autre solution que de taxer son personnel productif en reprenant les salaires versés!!!
Pour la France, à défaut de mesures pertinentes d'assainissement,
l'avènement du libéralisme mondialisé ne pourra qu'accélérer sa faillite financière.
Je suis plus optimiste sur la capacité de la Grèce à assainir son économie : ses citoyens, dont le niveau de vie est resté modeste, semblent plus aptes à réagir que les Français englués dans l'Etat Providence et la société de consommation.
Rédigé par : Hubert Marchadier | samedi 02 juil 2011 à 11:56